Chapitre 58

Comme je le craignais, je suis mené jusqu'aux appartements du roi. Mon cœur bat la chamade dans ma pauvre poitrine. Je dois mettre toutes les chances de mon côté, faire toutes les concessions possibles pour que mes amis restent en vie.

Enfin, l'insupportable attente prend fin et je me retrouve dans le salon d'Arnil. Ce dernier, adossé dans un fauteuil aux formes épurées, fixe un point précis de la pièce. Dans le canapé, Malgal sirote calmement un jus de fruit, totalement décomplexé. Mon regard parcourt le reste de la salle.

C'est à ce moment que mon sang se glace : dressé comme une statue inébranlable, un homme au corps d'acier garde solennellement le silence. Je le reconnais. C'est lui qui a éventré Morgal avant de l'emmener dans les prisons divines. L'ange gris.

Et le centre de l'attention réside sur les dalles lisses du sol. Recroquevillé sur lui-même, un garçon d'une quinzaine d'années laisse échapper des spasmes de sa silhouette pitoyable.

— Il va s'en remettre, assure l'ange d'une voix grave, le rituel l'a affaibli mais avec un peu de temps, il retrouvera ses capacités.

— C'est incroyable, murmure Arnil avec un sourire de satisfaction plaqué sur le visage, j'en déduis que l'Éveil a fonctionné...

— Parfaitement, Majesté. Mais le Balgivox est encore bien jeune. La maîtrise de sa magie devra attendre.

— Et la Gemme de Domination ?

— La voici, avec cela, l'enfant vous obéira sans faille.

— Tout se déroule exactement selon mes souhaits.

Je n'ai pas souvent croisé le roi astre mais ainsi présenté, il me semble tout aussi éclaté que les autres souverains du Cosmos. Pas d'exception à la règle. Même si de manière générale, je le trouve très énigmatique avec une personnalité bien plus complexe qu'elle en a l'air. Quoiqu'il en soit, ce n'est pas une raison pour se servir d'un pauvre gamin.

Et voir ces trois hommes le scruter sans lui venir en aide me révolte. Ignorant les retombées, je me précipite vers l'adolescent et m'accroupis auprès de lui afin de l'aider à se redresser. Son visage apparait soudain à ma vue et mon sang se glace devant ses iris d'un rouge sanglant. Des tatouages parsèment sa peau, disparaissant sous les vêtements en lambeaux.

Malgré la panique qui dépeint sa face, j'ai la brusque impression de l'avoir déjà vue.

— Dis-donc l'esclave, ricane Malgal, tu te sens pousser des velléités charitables ?

Alors lui... Je l'assassine du regard avant de me relever et de m'avancer vers lui.

— Vous êtes une sous-merde, Malgal, craché-je.

Il hausse un sourcil de surprise. Arnil se pince les lèvres, plutôt choqué par ma témérité. Quant à l'ange, il reste de marbre.

— Tu es au courant que ton sort et celui de tes amis dépend de notre bon vouloir ? murmure l'elfe en prenant un certain plaisir à m'angoisser.

— Ce sont vos esclaves, Malgal, ajoute le roi, que décidez-vous d'en faire ?

— Je ne sais pas trop, à vrai dire... Je les vendrai bien à Tornango en fin de compte ou aux laboratoires. Je me ferais une de ces sommes... Mais je crois que je vais les garder à mon service et à celui de votre cour. Ils sont si amusants.

— Je ne suis pas un objet, vieux toxicomane à la con ! vitupéré-je.

— Tu me fais rire, l'esclave, je vais faire de toi le bouffon de Lombal, ça t'ira à ravir, haha.

— Le seul bouffon ici, c'est vous !

— Allons, allons, intervient Arnil, je n'ai que faire d'assister à une dispute pareille.

Malgal laisse ses lèvres s'étirer vers ses oreilles et reporte son attention sur son cigare.

— Si tu veux te rendre utile, conclut-il, va étendre le Balgivox dans un sofa, le temps qu'il se calme.

— Mmh...

Je tourne les talons et rejoins le pauvre gosse avant de lui prendre le bras pour le passer sur mon épaule. À cause de ma petite taille, je peine à le trainer jusqu'à une pièce adjacente où je peux enfin le déposer sur une couchette rembourrée. Je profite de cette séparation pour écouter la conversation à côté.

— Dîtes-moi Asax, demande Arnil à l'ange, avez-vous croisé Anarrima ?

— En effet, Majesté.

— J'espère que l'enlèvement de son fils ne la dévaste pas trop...

— Je crains malheureusement qu'elle veuille à tout prix en découdre. Elle était folle de rage et je ne parle même pas du père : le roi Sanar fera tout pour retrouver sa progéniture. Méfiez-vous de lui. En tant qu'ange, il n'obéit à aucune loi valique, je suis bien placé pour le savoir.

Le fils d'Anarrima ? Mais alors... Ce gamin est le petit-fils de Morgal ! C'est vrai qu'il lui ressemble ! Et à Luinil aussi, d'ailleurs. Je trouve en fait que c'est une réplique plutôt fidèle de Tronche-Parfaite.

— Quoiqu'il en soit, ajoute Malgal avec nonchalance, ma nièce trouvera un moyen pour rejoindre son fils. Vous devez vous y préparer.

— C'est justement ce que je désire, Malgal. Je tiens à ce qu'Anarrima réapparaisse devant moi et qu'elle reconnaisse ce que je représente pour elle. Je suis son père, son vrai père. Votre frère jumeau n'a jamais daigné lui accorder la moindre attention sauf quand il s'agissait de se servir d'elle ou du Balgivox !

— Je doute qu'elle vous accepte si facilement. Surtout que vous lui demandez de renier les liens du sang. Vous n'êtes que son père adoptif, Majesté, sans vous vexer. Le sang des Fëalocen coule dans ses veines autant que la malice de la reine d'Arminassë.

— Elle a rejeté ses parents naturels, Malgal. Je suis désormais le seul à pouvoir l'épauler. Cette pauvre enfant est livrée à elle-même dans un monde bien cruel.

Les astres et leur désir de parentalité... C'est pathétique. J'ignore quel lien unit ainsi la fille de mon maître et cet homme mais je me rappelle que Morgal m'avait certifié qu'entre lui et Anarrima, les choses étaient compliquées.

Je reporte mon attention sur le Balgivox. Il semble s'être calmé. C'est une bien curieuse créature qui repose devant moi : un mélange étrange de Réceptacles, d'elfe, d'astre et d'ange. Le pauvre adolescent aurait sans doute préféré hériter d'une plus grande tranquillité.

Le domestique insipide passe derrière moi et dépose une pile de linge sur une commode. Dans le salon, je sens les hommes se retirer.

— Asax, ordonne le roi, veillez à ce que Farondar ne manque de rien. Je veux que ses moindres souhaits soient respectés.

— Bien, Majesté.

Sur ce, Malgal et Arnil disparaissent. L'ange me rejoint de son pas lent et me fixe silencieusement. Devant moi, l'enfant n'a pas repris ses esprits malgré son souffle régulier.

— Toi, lance-t-il à l'astre, prend le Balgivox et dépose-le dans une chambre. Et toi, l'esclave d'elfe, occupe-toi de lui.

— On délègue, on délègue...

Il ne répond pas à ma pique ; cela ne doit pas faire écho dans son esprit étriqué d'être supérieur. Le domestique époussète son uniforme gris et soulève l'adolescent dans les bras pour le déposer quelques pièces plus loin, sur un lit confortable. Je lui emboite le pas et trottine jusqu'au chevet du malade. Asax ne me lâche pas du regard ; un désagréable frisson court le long de mon échine et se finit pas sympathique bruit de déglutition. Sans rien ajouter, il s'adosse au chambranle de porte, les bras croisés pour continuer son inspection.

Je ne sais combien de temps je suis resté immobile sur le coin du lit avec ses yeux inquisiteurs dans mon dos. Aussi, lorsque l'ange se téléporte soudainement, je ne peux m'empêcher de lâcher un long sifflement. Je demeure seul avec le gamin.

Ce dernier ouvre d'ailleurs péniblement ses paupières lourdes. Lorsqu'il m'aperçoit, ses sourcils se froncent.

— Qui... Qui es-tu ?

Je hausse les sourcils, surpris d'entendre sa voix. Comme tous les Fëalocen, sont visage est marqué par des traits bien dessinés. Ses pommettes hautes et sa mâchoire déjà carrée pour son âge traduisent un patrimoine génétique plutôt privilégié en termes de charisme. Et surtout, je suis jaloux de sa magnifique chevelure noire qui bien que courte, laisse retomber une longue mèche sur son œil droit.

Mais j'en oublie de me présenter :

— Je m'appelle Binou, lui souris-je comme pour le rassurer.

— Où sommes-nous ? continue-t-il d'une voix faible.

— À Lombal, dans les appartements du roi Arnil.

L'adolescent se redresse contre ses coussins et observe piteusement les innombrables tatouages tracés sur sa peau.

— Tu n'es pas trop fatigué ?

— Non... Enfin, si... Je suis épuisé...

— Tu es dans un sale état, c'est sûr. J'ai des vêtements plus présentables pour toi.

— Merci, c'est sympa.

Il retire sa chemise déchirée et dévoile les tatouages qui serpentent sur toute sa peau. Je lui tends ses nouveaux effets qu'il enfile sans broncher.

— Au fait ? demande-t-il, que fais-tu ici ?

— C'est une longue histoire... J'ignore encore si je serai en vie demain, pour tout t'avouer.

— Je ne pensais pas croiser un autre adolescent dans cette ville.

Mon cerveau disjoncte un moment. De quoi parle-t-il ? Il pense que j'ai son âge ? Je lui dis que j'ai plusieurs millénaires à mon actif ? Et que je torture des gens ?

— En tout cas, ce n'est pas tous les jours que je croise un elfe...

— Ah non ! Je veux bien que tu me prennes pour un ado boutonneux mais ne te trompe de race !

— Pardon ?

— Je suis un gnome. Et adulte qui plus est !

— Oh, je... je suis désolé.

Je hausse les épaules :

— Bah... faut pas. J'ai eu ton âge aussi. Et c'est vrai que je suis toujours un enfant dans ma tête.

Bon, sauf quand je regarde Püpe, là mes pensées sont loin d'être innocentes...

Sur ses draps, la mine du garçon se rembrunit, sûrement au souvenir des derniers évènements.

— Je ne sais pas comment, je vais m'en sortir, soupire-t-il, moi et ma famille.

— T'en fais pas ! On va tous trimer pour s'extirper de ce pétrin. T'es au courant que ton grand-père est prisonnier ici, que ta grand-mère est plongée dans le coma et que le Cosmos est sur le point de se renverser par ton exécution ?

Farondar porte les mains à sa gorge, paniqué.

— Hein ? Mais pourquoi ?! Pourquoi veulent-ils me supprimer ? Où est Morgal et la reine d'Arminassë ?

— Sans vouloir assombrir le tableau, leurs vies dépendent du bon vouloir d'Arnil, un peu comme les nôtres. Donc la seule stratégie à adopter c'est de ne pas se rebeller... Ah, et aussi : il y a des caméras partout.

— Des quoi ?

Bon, désolé mon coco mais je ne vais pas commencer à te brosser tout un exposé sur la technologie.

— Je vais te laisser. Ils ne te feront rien pour l'instant.

— Très rassurant.

Je m'éclipse et regagne silencieusement le couloir en vue de rejoindre mes appartements. Ce calme est un peu trop suspect...

— Dis donc l'asticot, tu ne pensais pas qu'on t'avait convoqué pour rien !

Rhooo pitié... Je me tourne vers Malgal. Son barreau de chaise toujours au bec, il laisse échapper une fumée infecte sur mon visage.

— Qu'est-ce que vous voulez de moi et de mes compagnons ?

— Le Chœur est tombé.

Ma face blanchit brusquement.

— C'est impossible.

— Absolument pas ; l'Empire sera définitivement dissout d'ici quelques jours et ses provinces annexées à celles de Lombal.

— Mais... Et les elfes d'Onyx ? Il y en avait des millions sur l'île !

— Haha. Ils ont brutalement perdu leur magie avec l'incarcération de mon jumeau. Depuis, ils dépérissent. Ma nièce Indil leur a ordonné de se rendre afin d'éviter le massacre.

Mon regard se perd dans le vide... C'est abominable. On a perdu.

— Et donc ? Pour moi et les trois autres gnomes ?

— La cour d'Arnil se rend au Chœur. Vous serez mes esclaves là-bas. Il faut bien du personnel pour la personne indispensable que je suis !

— Je sais pas, il faudrait faire le test : on vous tue et on voit ce que ça fait.

— Tu n'es pas drôle, Binou. Pourtant, je suis sûre que tu feras un excellent bouffon.

— Sans façon. Je n'aime pas les uniformes.

— Tu t'en accommoderas.

— Pourquoi trahissez-vous ainsi votre frère ?

Ma voix commence à gronder.

— Morgal n'est plus qu'un déchet, le gnome. Son apogée est révolue. Il sera d'ailleurs exécuté au Chœur, dans sa propre capitale. Ironique, non ?

— Je croyais qu'il vous était indispensable.

— C'est le cas. On trouvera bien un moyen de momifier sa dépouille, haha.

Il est complètement torché, c'est pas possible.

— Les informations de son sapior ne vous ont pas convaincues ?!

— Bien sûr que si ! Elles m'ont montré ma vraie destinée ! Je vais enfin épouser mes moindres désirs sans l'ombre d'un regret.

— En restant au service d'un astre ? J'en doute.

Il glousse pour mon plus grand énervement.

— La Mémoire n'est au service de personne.

— Oui et mon cul sur la commode, c'est du poulet.

Sur ces paroles d'une rare distinction, je quitte l'elfe d'un pas énervé.

— Préviens tes petits amis que nous partons demain, me lance-t-il sans s'attarder sur mon effronterie.





Je pousse la porte de mes appartements mais comme je ne croise personne dans le séjour, j'en déduis que mes colocataires se tapent leur meilleure sieste. Au lieu de ça, je trouve Bhaurisse, étalé comme une crêpe sur le canapé, les flancs palpitants. Je me mords les lèvres jusqu'au sang et referme la porte avec la plus grande douceur ; cette fois-ci, sale bête, tu ne m'échapperas pas ! Sur la pointe des pieds, je m'approche de la créature non sans avoir dégainé ma dague. Mon cœur bat la chamade dans ma cage thoracique comme emporté par un galop inarrêtable.

Mes pas se rapprochent du sofa et d'un coup, je passe à l'action. Tel le serpent sur sa proie, je pique sur le lapin et enfonce ma lame pour le clouer à même le coussin. Victoire !

Mais loin de capituler, le fauve se débat malgré le fer qui lui entrave la patte et tente de me déchirer le visage de ses quatre dents redoutables. Cependant, je garde mes positions, avachi sur lui. Une lutte acharnée nait alors de ce combat épique. Le sang commence à repeindre le canapé mais cela ne suffit pas pour mettre à bas le monstre.

Finalement, je parviens à l'attraper par les oreilles et à le plaquer sur la table basse avec une grande violence.

Je tire ma lame de la chair et m'apprête à l'enfoncer dans la gorge de ma cible. C'est à ce moment que le lapin tire sa meilleure bouille beaucoup trop mignonne. C'est pas possible, il est trop choupinou avec ses petites moustaches, son nez frémissant et ses billes noires.

Je penche la tête devant ce spectacle craquant et puis d'un coup, je tranche la tête d'un revers précis.

Bon débarras ! Je ramasse la dépouille sanguinolente et la dépose sur le bar de la cuisine avant de l'ouvrir dans toute la longueur. Alors... Vais-je retrouver cette maudite clé ?

J'ai beau fouillé dans les tripes chaudes, je ne vois nulle trace de ma libération.

C'est à ce moment que Püpe et Tiny pénètrent dans le séjour et poussent des cris d'affolements devant les giclures de sang qui repeignent la pièce.

— Mais ça va pas ! hurle la gnome aux cheveux bleus.

— Ce lapin me les brise depuis trop longtemps.

Ma femme croise les bras et soupire :

— Tu t'es donné tout ce mal pour rien ; Bhaurisse avait déjà évacué la clé.

Mes bras rougis retombent le long du corps. Super.

— Et puis-je savoir où elle se trouve, désormais ?

— Avec moi.

— Mais encore ? Si tu me dis que tu l'as avalée, je te jure que je te réserve le même sort que ton maudit animal de compagnie !

Clark se joint alors à la fête, ses cheveux carotte encore décoiffés par son sieston. Devant le cadavre sinistre du lapin, il fond en pleurs. Peu m'importe, je m'avance vers Püpe, les mains sur les hanches.

— Ton petit numéro a assez duré, maintenant.

— Il se passe quoiiii, gémit mon ami.

— Problèmes matrimoniaux, soupire Tiny en commençant à laver les dégâts.

Bon, je m'en vais fouiller leur chambre. Je contourne la gnome blonde et me rends chez elle pour examiner tous les tiroirs. Mais étant donné que c'est déjà le bordel, ça va être compliqué de mettre la main sur un objet aussi minuscule.

— Tu ne la trouveras pas, ricane Püpe adossée contre un mur.

— Ça tombe bien, je suis plutôt doué pour les séances de torture !

Je ferme la porte à clé et m'approche de ma femme d'une démarche menaçante. Elle hausse les sourcils, pas inquiétée le moins du monde par la tournure des évènements.

— Tu essaies de me faire comprendre que tu ne peux pas te retenir.

— Cela n'a rien à voir ! Ton truc me gêne et me fait mal. Alors cesse tes arriérations ou c'est moi qui vais y mettre fin !

— Oh mais j'attends ça, monsieur l'autoritaire.

Très bien... Je me jette sur elle et lui coince le cou dans l'angle de mon coude. Malheureusement, j'ai oublié que Püpe est aussi aguerrie que moi. Elle enfonce lâchement son talon dans mon pied et profite de ma perte d'attention pour me donner un formidable coup de poing dans le nez.

— Ça c'est pour tout ce que j'ai enduré par ta faute !

Loin d'abandonner la partie, je lui ceinture la taille et la soulève pour la fracasser sur le sol. Mais cette fois, elle me fait perdre l'équilibre. Heureusement que le lit amortit notre chute. J'en ai maaaare de passer ma vie à me bagarrer avec elle ; ça tourne toujours comme ça à un moment ou un autre. J'attrape ses poignets et la plaque sous moi :

— Où est cette clé ?

— Je ne sais pas, glousse-t-elle dans un mensonge même pas dissimulé.

— Püpe ! Ne me force pas à te faire mal !

— Mmh, c'est très excitant comme situation.

Elle lâche un ronronnement pour m'exaspérer davantage.

— Püpe, me répété-je en grondant.

— Sur moi.

— Où ça !

— Cherche.

Elle va me tuer un jour, celle-là. Je commence à la fouiller minutieusement d'un main tout en la maintenant de l'autre. L'impatience me gagne ; je déteste quand les choses s'éternisent et que la concernée en joue. Énervé, je lui retire sa veste d'un coup sec et secoue le vêtement pour vérifier que rien n'en tombe. Évidemment, rien ne se produit. Je continue mes recherches, cette fois-ci dans son décolleté et j'en viens à presser machinalement ses seins.

— Tu t'amuses bien ?

— Je vérifie que tu n'aies pas caché la clé dans tes ruchés.

— Bien sûr...

Je ne me suis même pas rendu compte que je lui ai lâché les poignets et que mes deux mains ont atterri sur sa poitrine. Je suis d'ailleurs étonné qu'elle me laisse ainsi la toucher. Püpe esquisse un sourire vicieux et commence à remuer pernicieusement son popotin contre mon bassin.

Il ne m'en faut pas plus pour m'écarter brusquement d'elle :

— Püpe !

— Tu n'as pas trouvé, mon chéri ?

— Tu voulais me chauffer, c'est ça ?! Tu n'es vraiment qu'une peste.

Elle se redresse sensuellement sur son séant et m'adresse un regard enjôleur :

— T'en fais pas, je ne vais pas me gêner durant les prochains jours.

— Je ne partage pas ce genre de délires !

Sur ce, je déverrouille la porte et regagne ma chambre, hors de moi. Je savais qu'elle était vicieuse mais pas à ce point !

Je m'affale sur mon lit, aussi irrité que frustré. Je tire rageusement le drap au-dessus de mon épaule et m'enroule dans ma couette.

— Tu es en colère, remarque tranquillement Clark.

— À peine... Et arrête de manger dans ton lit, je me passerais des craquements de biscuits pour mon sommeil.

— Si je ne prends pas ma vingtième collation, je tourne de l'œil... Au fait, que t'a dit le roi à notre propos ?

— Mmh... Je vous en parlerai demain...

— Bonne nuit, Binou.

— Bonne nuit, Grosse-Branche...

Je commence à m'endormir lentement malgré la précarité accablante qui pèse sur nos épaules. À l'aube, nous serons conduits au Chœur et je doute que les perspectives de notre futur s'améliorent par la suite.



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