Chapitre 44
Je me réveille en sursaut : mais qu'est-ce que je fais là ?! C'est pas mon lit ! Je me retourne dans les draps et finis par me vautrer sur la tommette dure. Aïe...
Cette chute a le mérite de me remettre les idées en place. Évidemment... Je suis encore chez Püpe. Je me rallonge sous les couvertures et calme mon souffle. Instinctivement, la gnome se blottit contre moi, comme pour chercher la chaleur de mon corps.
Pourquoi mais POURQUOI, ai-je couché avec elle ? Je m'étais répété qu'il fallait juste qu'on close cette relation chaotique dans les meilleurs termes et moi comme un imbécile, je fonce tête baissée. Ma raison m'ordonne quelque chose et mon cœur part dans le sens inverse, c'est lassant.
Püpe se réveille à son tour et m'offre un magnifique sourire qui a le don de me faire fondre. Elle est tellement craquante le matin, toute ébouriffée.
— Bonjour mon chéri, murmure-t-elle d'une voix pâteuse.
— Bien dormi ?
— Pas assez, sourit-elle en me lançant un clin d'œil.
C'est sûr qu'on a fêté toute la nuit : j'espère que les voisines de chambre ne vont pas trop nous en vouloir.
— Fernéo va arriver, assure-t-elle, il est temps pour toi de quitter ma chambre.
— Juste, promets-moi que quand je serai parti, tu arrêteras de le fréquenter, hein ? Trouve-toi un gnome plus charismatique, s'il-te-plait, un gnome qui me ressemble vraiment, quoi.
Elle se redresse sur son séant, la mine triste :
— Tu es certain de devoir partir ? Je ne vois pas en quoi ça t'épargnerait. Nous devrions plutôt nous atteler à trouver une solution.
— Avec Poulpinet, j'ai trouvé le zeppelin d'un nain qui pourrait me conduire en sécurité. Ne t'inquiète pas pour moi, hein ?
J'essaie de la convaincre par ce mensonge et elle hoche silencieusement la tête.
— J'attendrai ton retour, Binou.
— Non, pas cette fois.
Je m'assieds tranquillement à ma table, plus déterminé que jamais. Clark me rejoint en déposant le plateau de viennoiseries. Enfin, je meurs de faim ! Surtout après cette nuit. Je n'ose imaginer l'état de la chambre de Püpe. Déjà que c'était mal rangé mais maintenant, il ne doit plus y avoir un seul pot de fleurs debout.
— Comment te portes-tu ? me demande Poupinet sans vraiment s'inquiéter.
— Bien...
— Tu sembles plus paisible, ajoute Tiny en se coupant une pomme, où est Püpe, d'ailleurs ?
Je hausse les épaules :
— Elle devrait s'habiller.
Tiny pose son couteau et me regarde avec des yeux ronds :
— Où as-tu passé la nuit, Binou ?
Je regarde si Monsieur-Mèche-Rose ne traine pas dans le coin et chuchote rapidement :
— Chez elle.
La gnome aux cheveux bleus ne semble pas s'en remettre :
— Püpe a accepté ça ? Et moi qui pensait que ce serait peine perdue... Fernéo va vraiment être furieux ! Non seulement tu as agressé sa compagne mais en plus tu te la tapes dans la nuit !
— Tiny ! Moins fort, râlé-je les dents serrées.
Justement, Fernéo entre dans le réfectoire et s'arrête à notre table.
— Püpe n'est pas avec vous ? Elle n'était pas dans ses appartements.
— Mmh ? Non, répond distraitement Clark en signant un inventaire de courses.
— Ah, et puisque vous êtes là, Monsieur Binarvivox, j'ai trouvé ceci dans sa chambre qui vous appartient.
Je reçois un foulard à la figure, le même que je portais hier soir. Oups, je l'ai peut-être oublié. Comment l'a-t-il trouvé dans tout ce bordel que sont les appartements de la gnome ? Il a dû reconnaitre l'insigne des Falaises Sanglantes sur la soierie...
— Ah mais le voilà ! m'exclamé-je sans l'once d'une culpabilité, je l'avais perdu ! Que faisait-il dans les quartiers des femmes ?
— Je me le demande aussi, grogne Fernéo en croisant les bras sur son torse.
— Qu'allez-vous imaginer ? m'offusqué-je, Püpe a un petit côté cleptomane. Elle pique tout ce qui a de la valeur, voyons.
— Vous ne me racontez que des sornettes, Binou.
— Pensez-vous vraiment que votre maîtresse m'aurait laissé entrer avec tous les conflits qui sévissent entre nous ?
— Non, en effet...
— Alors laissez-moi prendre mon petit-déjeuner tranquillement... Et merci pour le foulard, c'est une pièce rare.
Dépité, Fernéo s'assied silencieusement sur le banc opposé. Il aurait pu changer de table mais après tout, c'est un ami de Tiny. D'ailleurs, Püpe apparait enfin, toujours aussi fraiche. Elle se pose à côté de son compagnon après l'avoir embrassé, et commence à se servir une tasse de thé comme si de rien n'était.
Je me mords la joue et tente de me concentrer sur mon croissant, mais en ce moment, c'est plutôt Püpe que je voudrais manger tout cru. Faut dire qu'avec son décolleté dans mon champ de vision, c'est difficile de ne pas repenser aux délices de la nuit. Déjà, une petite voix dans ma tête m'incite à réserver ma soirée... Stop, stop et stop. Une fois oui, mais là, je m'arrête.
Je décide de me lever et après avoir salué mes amis, je sors du réfectoire sans me faire repérer du regard vigilant de l'intendant.
Direction l'orangerie ! Je trottine jusqu'aux immenses serres. À cette heure, beaucoup de courtisans se promènent en se pavanant sous les toits de verres. Ma sacoche sous le bras je pars en quête de mes plantes.
Cette petite excursion me rappelle Currunas, le médecin de mon maître. Qu'est-il devenu ? Aucune idée. En tout cas, sur les ordres d'Arquen, il m'avait fait tout un topo sur les plantes et leurs effets.
Je trottine donc dans les allées verdoyantes et après avoir vérifié que personne ne me remarquait, j'enjambe la barrière de bronze et m'élance dans toute cette nature domptée par la main de l'homme. C'est vraiment magnifique ; les jardiniers ont un talent qui me dépasse.
L'arbre aux fleurs roses apparait enfin et je me précipite pour couper ses feuilles. Je ne me rappelle plus exactement les conséquences du laurier rose mais je crois que c'est assez décisif.
Et j'accompagnerai ce joli cocktail d'une pincée d'aconit, de belladone et de sureau noir.
Alalah, ça va me trouer l'estomac, non ? Je ne sais pas encore si je vais clamser d'une diarrhée ou d'un éclatement cérébral, ma vie est géniale.
De toute façon, je me concocterai cette formidable mixture juste avant les équinoxes. Je compte bien vivre jusqu'à ce jour.
Ma petite liste de course en main, je m'en vais cueillir les ingrédients qui causeront ma mort.
De retour au dortoir, je dépose mon butin et le cache contentieusement sous une latte de parquet. Zut, où est ma liste ? Bon tant pis... Maintenant, je ferais bien de rejoindre les appartements royaux avant que je me fasse définitivement virer. Mais à peine je tourne les talons que je me trouve face à mon ex-femme.
— Où étais-tu ?
Je rêve ou madame commence à me surveiller ?
— Je prenais l'air à l'orangerie.
Elle hausse les sourcils, pas vraiment convaincue. Je ne tiens pas à ce qu'elle devine ma manœuvre :
— Et... Toi ? Que fais-tu ici ?
Pour toute réponse, elle s'approche et me roule la pelle de ma vie. À peine ai-je le temps de me défaire de son étreinte qu'elle m'a déjà retiré ma veste et mon horrible toque.
— Non, Püpe...
Je ne veux pas qu'elle se rattache comme ça à moi. Je ne veux pas lui briser le cœur...
— Arrête de jouer les rabat-joie, rit-elle, j'ai envie qu'on retrouve l'intimité qu'on entretenait quand on était marié. Je suis prête à renvoyer Fernéo et à oublier les menaces de Nim.
Elle ne sait pas ce qu'elle dit... Il y à peine un jour, elle me détestait et maintenant, elle ne peut plus se passer de moi ? En fait, ça ne m'étonne pas vraiment ; ce sont toujours les conséquences d'une trop grande séparation entre nous deux. Et maintenant, elle ne me lâchera plus. Je suis peiné pour elle ; je ne tiens pas à ce qu'elle souffre trop à ma mort.
— Ma performance de cette nuit ne t'a pas suffi, ma chérie ?
— Il va me falloir plusieurs nuits pour rattraper ça, glousse-t-elle en se mordant sensuellement les lèvres.
— Mais...
— Quoi ? Je ne te plais plus ?
Rien que cette supposition la fait éclater de rire. Elle se recentre sur moi et enroule ses bras autour de ma nuque. Évidemment qu'elle continuera à me plaire : elle est ma pire et ma meilleure malédiction, d'une certaine manière.
Et je crois que je n'aurais ni la volonté, ni l'envie de la repousser. Je suis bien trop attiré par elle.
Sans rien contrôler, mes lèvres rejoignent les siennes, d'abord tendrement puis avec plus de force. Et c'est reparti... J'ai laissé ma raison pleurer dans un coin de ma tête et je me donne une nouvelle fois tout entier à ma petite tigresse.
— Tu ne me voleras rien, cette fois-ci ? la taquiné-je en souvenir de ma première Grande Tournée.
— Rien mis à part ton énergie.
Satisfait, je la retourne et la pousse d ans mon lit où elle ne tarde pas à me présenter outrageusement sa croupe. Il ne m'en faut pas plus pour la rejoindre et m'installer derrière elle, la respiration déjà pénible. La gnome me fait alors part de son impatience en se cambrant davantage mais je compte bien faire durer le plaisir. Je lui titille ses chairs tendres et me frotte à elle sans la pénétrer, lui arrachant de longs gémissements de supplication.
— Binou... Arrête...
La voir ainsi gémir en trémoussant son charmant fessier contre mon bassin me met dans tous mes états. Je baisse mon pantalon et mon caleçon afin de libérer mon sexe durci.
— Tu veux que je m'en aille, Nalpalyre ? lui soufflé-je à l'oreille en même temps que je la caresse.
Elle gémit de plus belle alors que je flatte son plaisir :
— Si tu ne te... Binou !
Voilà, Madame est contente ? Ma hampe déjà gonflée bute au fond de son intimité, lui soutirant des couinements érotiques. J'accélère mes coups de reins et ne tarde pas à me répandre en elle pendant ma jouissance. Mes aïeux, c'était rapide mais je ferais bien une petite pause de la sorte après chaque petit-déjeuner.
Épuisé, je m'affale sur mes draps alors que Püpe essaie de se remettre de son orgasme. Encore, une fois, je n'ai pas su la repousser. Et ce sera sans doute encore le cas pour les jours à venir.
Je ne sais pas ce que Frère du Bon Conseil penserait de tout ça, mais j'aurais au moins récupéré ma femme.
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