Chapitre 43
La porte s'ouvre suite à mes deux coups répétés. Püpe apparait en pyjamas, le regard blasé. Ses yeux se pose sur moi puis sur la boite de verre que je porte.
— Je t'ai apporté des macarons à l'orange pour m'excuser, je sais que ce sont tes préférés.
Je tire ma meilleure bouille de chaton éploré pour la convaincre mais elle reste de marbre. Ses yeux passent de moi au cadeau et puis finalement...
— Excuses acceptées !
Elle m'arrache la boite des mains et me ferme violemment la porte au nez. Quelle peste ! J'avais harcelé Clark pendant toute la soirée pour qu'il me fasse ces macarons et c'est comme ça qu'elle me remercie ?
Bon, c'est pas comme si je ne m'y attendais pas, aussi. Je m'approche du battant de bois et toque une seconde fois, plus doucement.
— Püpe, insisté-je, faut vraiment que je te parle.
Pas de réponses. S'il te plait, ouvre-moi, je ne vais pas te manger. Je voudrais juste lui expliquer pourquoi je ne serai plus là dans dix jours...
J'attends de longues minutes devant sa chambre, prostré comme une âme en peine. Et puis, la porte s'ouvre à nouveau.
— C'est bon, entre.
Pour la première fois, je pénètre dans ses appartements. Des petits pots de fleurs fluorescentes ornent les meubles et la fenêtre dans un esprit de symbiose avec la nature. Des vêtements de toutes sortes trainent sur les fauteuils, le rebord de la cheminée ou la table de séjour. Le rangement, ça n'a jamais été son point fort. Ironique pour une bonne de chambre.
— Qu'as-tu à me dire ? demande-t-elle glacialement en s'asseyant dans son petit canapé.
— Tout d'abord je tenais à m'excuser de toute à l'heure, assuré-je en tirant un tabouret.
Elle hausse les épaules et referme son peignoir sur sa poitrine, mimant le désintérêt. Mine de rien, elle a écopé d'un pansement sur l'arête du nez ainsi que sur le haut de la pommette. C'est vrai qu'on a connu pire : coups de dague, coups de dents, coups de fourche... ça a toujours été plus au moins explosif.
— Tu me rappelles les fois où tu essayais de te faire pardonner après avoir picolé comme un trou à la taverne.
Quelle désobligeance, j'en suis affligé !
— Oui, je suis désolé. Comme tu sais, j'ai un truc là qui va me réduire à l'état de confettis d'ici quelques semaines. Je voulais donc mettre les choses à plat avec toi.
— Tu devrais plutôt chercher un moyen de survivre plutôt que de gémir derrière moi.
Mais quelle peste ! En plus elle se boulote tous les macarons à elle seule !
— Je pars dans dix jours Püpe.
— Tu t'enfuis ?
— On peut dire ça, oui.
— Tant de bravoure ne m'étonne pas de toi.
Ma mâchoire se serre : elle réussit à m'agacer si vite !
— Il est probable que je parte pour toujours, tu sais... Je voudrais qu'on se quitte en bons termes.
— N'essaie pas de faire grincer les violons sur ton sort. J'ignore comment tu as récupéré cette puce dans le crâne mais je suis sûre que c'est en lien avec l'elfe. Et rien que pour ça, tu le mérites.
Je reste ahuri par ses mots, même si je me doute bien qu'elle ne les pense pas vraiment.
— Tu ne devrais pas être si dure avec lui, il t'a sauvé d'un viol, quand même.
— Oui, tu as bien été incapable de me porter secours d'ailleurs. À quel moment suis-je plus en sécurité avec le prince Morgal qu'avec toi ?
Elle appuie là où ça fait mal mais je ne me laisse pas démonter : je me lève et la rejoins malgré son regard qui m'ordonne de garder mes distances.
— Tu sais très bien que je mourrais pour toi, Püpe, même si tu me traites de tous les noms, que tu veuilles m'assassiner ou que tu refuses de partager avec moi.
Je pioche direct dans la boite et engouffre quatre macarons.
— J'aime bien ton concept de cadeaux, Binou.
— Tant mieux.
Elle s'adosse contre l'accoudoir de son sofa sans me lâcher de son regard incendiaire. Je préfère ne pas me formaliser sur son mauvais caractère, ce ne ferait que nourrir sa haine à mon égard.
— Tu ferais mieux de partir, crache-t-elle, je doute que Fernéo apprécie ta présence ici.
— J'ai vérifié qu'il était bien occupé toute la nuit à servir les orgies. Ton joli-cœur ne rentrera pas avant demain.
— Avec ce que tu m'as fait, il compte bien te faire payer.
— Tu approuverais ?
— Qu'il te mette une belle correction ? Oui.
Quelle vilaine fille. Malgré tout son mépris, je ne peux m'empêcher de la couver des yeux, comme si elle était un gros macaron à dévorer. Après, c'est plus fort que moi : je me trouve dans la même chambre qu'elle en pleine la nuit, mon cerveau a déjà programmé la suite. En plus, on ne peut pas dire qu'elle soit beaucoup vêtue, cette petite allumeuse. Bon, faut que je me calme ; Püpe n'est pas vraiment sur la même longueur d'ondes à l'heure qu'il est.
Je me secoue la tête pour remettre les neurones en place et ajoute :
— Sans vouloir briser tes rêves de vengeance, ma chérie, Fernéo n'a pas eu mon entrainement aux Falaises Sanglantes. Autrement dit, je le balaierai sans mal.
— Je trouverai un moyen de te faire payer, regarde la marque que tu m'as faite !
Elle se penche vers moi en me montrant la trace rougeâtre qui s'étend sur son cou de cygne. Aussitôt, mes yeux descendent dans son décolleté si bien garnis et la chaleur monte brusquement en moi. C'est vrai que je ne peux pas laisser l'autre imbécile avoir accès à de tels charmes ; c'est du gâchis.
Une calotte me ramène à la réalité :
— Non mais tu veux y mettre les mains aussi ?!
Je ne dirais pas non...
— Mais qu'est-ce que tu imagines, Püpe ? relevé-je innocemment.
— Que t'es un gros pervers. Je sens très bien quand ton cœur s'emballe.
— À défaut d'être douce et gentille, tu as toujours eu un physique renversant. C'est évident que je réagisse ainsi.
— Au moins tu avoues...
— Ne t'en fais pas, je ne tiens pas à coucher avec toi cette nuit.
Non mais c'est vrai : je ne vais pas m'amuser à copuler, même si mon corps en a diablement envie. Car si je me suicide dans quelques jours, ce n'est pas la peine de partir sur une nouvelle relation avec mon ex-femme.
De son côté, Püpe éclate de rire, incrédule.
— Toi ? Ne pas vouloir ? Mais que t'est-il arrivé ?
— Je suis venu pour présenter mes excuses et pour essayer de mettre fin à nos disputes incessantes.
— Ah vraiment ? Permets-moi de douter.
Elle se rapproche dangereusement de moi et je décide de reculer jusqu'à l'accoudoir opposé, pas vraiment rassuré par ce qu'il lui trotte dans la tête. Avec, le temps, j'ai appris à la connaitre, ma furie. Elle écarte mes genoux pour s'installer au-dessus de moi sans se départir de son sourire fourbe. Heureusement que ses cheveux sont attachés en un épais chignon, sinon j'aurais toutes ses mèches dans la figure et j'ai horreur de ça. Elle m'attrape les oreilles pour relever mon visage face au sien. Ses grands yeux bleus plongent dans les miens, décryptant mes moindres émotions. Tant de proximité finit par me troubler ; je crois que je vais devoir changer mon programme de cette nuit si je ne veux pas devenir fou. Une certaine partie de mon corps est déjà décidée à s'enjailler et ce n'est plus vraiment possible de le cacher, à présent.
Püpe sourit devant l'accélération soudaine de ma respiration. C'est trop facile, de son côté. Elle a juste à minauder trente secondes et je me sens plus. Dans sa position, le nœud de son peignoir s'ouvre pour découvrir sa nuisette légère qui révèle que trop bien son anatomie. Je déglutis sans pouvoir calmer l'excitation qui croit dans mon bas-ventre.
Plus la peine d'essayer de démentir, à présent... Il n'y a plus qu'à espérer que la gnome ne me laisse pas en plan.
— Dis-moi, Binou, continue-t-elle sans dissimuler la courbe de ses seins, tu as couché avec la pétasse aux cheveux verts ?
Eh ben, elle est directe ! Elle n'a jamais respecté mes maîtresses de toutes façons.
— Myrabellia est morte avant, murmuré-je, ne salis pas trop sa mémoire, s'il-te-plait.
— Je voulais juste m'assurer que tu étais impuissant quand j'étais dans les parages.
— Non, mais je rêve ! Toi à côté tu t'es pas gênée avec l'autre crétin.
— Je me sens bien avec Fernéo, assure-t-elle en passant la main sous ma tunique, j'ai l'impression d'être une gnome normale. Mais il ne peut pas me satisfaire, tu vois.
— Et sinon, tu me considères autrement que comme un objet ?
Elle soupire devant ma réflexion et m'embrasse. Je lève les yeux au ciel sans refuser ses lèvres sur les miennes ; évidemment que Fernéo est une tanche au lit. Ça se voit à des kilomètres. Finalement, mes prédictions que je lui avais adressées se réalisent : Püpe revient toujours dans mes bras.
J'espère tout au moins que ce n'est pas uniquement pour une question physique.
Instinctivement, je lui retire son peignoir et relève sa nuisette pour attraper ses fesses rebondies, ce qui lui arrache un petit couinement faussement outré. Elle s'empresse de déboucler ma ceinture et de passer la main dans mon caleçon trop serré.
— Dis-donc, ça fait combien de temps que remonte ta dernière fois ?
— Il y a plusieurs mois pendant que j'étais attaché à une chaise, grondé-je au rappel de ce mauvais souvenir.
— Ça se sent que tu ne les as pas vidées depuis un temps.
— C'est un détail que je vais m'empresser de régler. Et crois-moi, je vais me venger pour ce que tu m'as fait subir dans cette maudite cellule.
Sur ce, je déchire sa nuisette d'un geste sec et Püpe se retrouve nue au-dessus de moi. Sans plus tarder, je la saisis par les cuisses et me lève du canapé pour la jeter sur le lit. Püpe se redresse aussitôt et m'attrape pour me faire basculer avec elle sur le matelas. Cette fois-ci, je me cale sur son bassin pour la maintenir et commencer le festin. J'hésite à l'attacher comme elle l'a fait pour moi mais lorsque je sens ses doigts reprendre l'assaut de mes burnes trop pleines, je capitule et la laisse augmenter mon plaisir. Mes mains finissent par atterrir sur ses seins volumineux que je presse dans une fièvre incontrôlable.
Püpe se tortille sous moi, tentant de m'éjecter de son bassin mais je garde mes positions. Elle doit déjà mouiller les draps et sa frustration commence à se faire sentir. Eh oui, ma jolie, c'est ce que j'ai ressenti pendant toutes ces longues semaines.
Mais comme je commence moi aussi à ne plus tenir, je décide de mettre fin à ses délicieuses souffrances. Je m'invite en elle et commence enfin à lui faire l'amour. Au moins, je mourrai en ayant mis fin à mon abstinence. Püpe ne tarde pas à gémir et ses ongles s'enfoncent dans mes épaules pendant mes va-et-vient.
Je finis par la soulever du lit et la pénètre une deuxième fois sur la table à manger.
— Tu vas jouir dans chaque coin de tes appartements, lui assuré-je en reprenant vigoureusement possession d'elle.
— À condition que tu varies les positions, souffle-t-elle en faisant basculer ses chevilles sur mes épaules.
— Oh mais ne t'inquiète pas, haleté-je, je vais te prendre dans tous les sens.
Et c'est une promesse que je me ferai une joie de respecter. Je lui retire son chignon pour laisser ses cheveux s'envoler autour de nous et l'embrasse de plus belle.
Nos retrouvailles se célèbrent toujours de la sorte, par une nuit intense où j'en oublie tous les sombres soucis qui planent au-dessus de ma tête.
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