19 | 'BAGUES ET CINÉMA'

Le regard rivé vers son téléphone, Tohma le regardait avec tellement d'intensité qu'il avait l'impression qu'il allait plonger dans l'écran.

> Ça te dirait toujours d'aller au ciné ?

Immobile, planté au milieu de sa chambre, le jeune homme hésita. Bien sûr qu'il avait envie, mais il ne savait pas comment le formuler. Après quelques essais un peu brouillons et des envies de se gifler, il finit par répondre à Izana.

> Ouais, bien sûr, mais t'es pas trop occupé ?

> Nan, sinon je te demanderai pas. Couillon. Je t'attendrai devant le ciné où on a été la dernière fois.

> Ok <3

> =v=♡

Tohma sourit et rangea son téléphone rapidement. Il jeta un coup d'œil dans son miroir, assez incertain. Il était habillé assez simplement, mais il n'était pas sûr que ça fasse l'affaire. Il n'avait après tout pas prévu de voir Kurokawa aujourd'hui.

« Tant pis, finit-il par soupirer en secouant la tête, J'ai pas le temps de toute façon. »

Au moment où il attrapait son manteau, prêt à quitter sa chambre, ses iris océaniques se posèrent sur le rubix-cub ouvert, trônant sur son bureau. Il grimaça devant les deux bagues, et finit par quitter la pièce sans les prendre. Il n'était pas prêt à actuellement faire quelque chose avec ces bijoux.

Il descendit rapidement les escaliers et enfila ses chaussures. Alors qu'il faisait ses lacets, sa mère entra dans son champ de vision assez brusquement. Il eut un mouvement de recul.

« Tu vas où ?

— Au cinéma.

— Je peux venir ?

— Non, répondit-il simplement, comme si c'était une évidence. Il fronça les sourcils et se redressa, T'as pas des choses à faire ?

— Pas là.

— Bah une prochaine fois alors, là j'y vais avec Izana. »

Elle hocha la tête, souriante, et tourna les talons.

« Amuse-toi bien !

— Oui, soupira-t-il simplement, les coins de ses lèvres se redressant en un timide sourire, À tout à l'heure. »

Dès qu'il sortit de chez lui, Tohma fut submergé par une immensité de blanc immaculé. Immédiatement ébloui, il comprit alors pourquoi certains vacanciers portaient des lunettes de soleil quand il allaient au ski. Il sourit un peu plus, amusé. Il aimait bien la neige, il trouvait ça joli, doux, voire assez apaisant. Par contre, quand il neigeait, la température chutait aussi assez considérablement. Et donc, le bout de son nez rougissait automatiquement plus qu'il ne l'était déjà, et ses pommettes aussi prenaient elles aussi une teinte assez saturée.

Il expira doucement. Un léger nuage de fumée vint quitter sa bouche. Il rit doucement, amusé. Il se souvenait de son enfance, quand il allait à l'école et qu'il s'amusait à faire le train. À cette époque, il y allait encore avec Rindo, et lui s'amusait à faire semblant de fumer. Il leva le regard vers le ciel et continua de se remémorer son passé, les fou rires qu'il avait avec les frères Haitani lui amplissant les oreilles, comme s'il pouvait s'entendre, avec sa voix de gamin. Les plaintes, les conversations de gosses – quoique. Un rire assez sarcastique quitta ses lèvres alors qu'il se souvenait qu'il écoutait plutôt ses voisins parler de leur envie de tuer leurs professeurs qui les prenaient de haut. Et il avait trouvé ça normal, à l'époque.

Il secoua doucement la tête. C'était plus simple avant.

Quand il arriva devant le cinéma, il s'arrêta à quelques mètres d'Izana, émerveillé. Le vent soufflait dans ses oreilles, empêchant tout autre son extérieur de lui parvenir : il était dans sa bulle, seul avec Kurokawa, qui n'avait pas encore l'air au courant de son arrivée.

Il avait ce même sentiment, celui qu'il avait ressenti la première fois qu'il l'avait vu. Celui de croiser un ange. C'était cette sensation, de tomber nez à nez avec un être éthéré, gracieux et léger dans chacun de ses gestes. Alors que la première fois, il regardait des chaussures, cette fois-ci, le Philipin avait le regard perdu vers l'horizon, des écouteurs enfoncés dans ses oreilles.

C'était agréable, comme sentiment. Cette impression d'être totalement submergé par la beauté de quelqu'un, une vague d'amour pour la-dite personne qui venait s'échouer sur soi.

Tohma avait pourtant aussi l'impression de se noyer, mais ça n'arrivait sûrement qu'à lui, cette oppression. Il posa une main sur sa cage thoracique et détourna le regard, la respiration sifflante. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'Izana lui coupait le souffle.

Il finit par se rapprocher, respirant avec un peu de difficulté, et fit un signe de la main au jeune homme qui l'attendait, tout en souriant doucement. Du coin de l'œil, le Philipin l'aperçu et l'observa. Son visage s'illumina très brièvement, et il retira ses écouteurs.

« Salut. Pas trop froid ?

— Ça va. C'est normal quand il neige comme ça. Tu m'as pas attendu trop longtemps ?

Il secoua la tête et attrapa la main du plus jeune pour l'emmener à l'intérieur.

J'ai vu deux films qui ont l'air de faire parler les gens, mais il faut que tu me donnes ton avis, il s'arrêta devant les grands posters des affiches, Les Noces Funèbres ou Saw II ? Les autres films ont l'air un peu nuls.

— On peut regarder Saw II si on n'a pas vu le premier ? s'interrogea Asanai, sentant déjà la chaleur le réchauffer. Il n'était pas certain que ça vienne de la main de Kurokawa qui paraissait si chaude dans la sienne ou si c'était grâce à l'atmosphère fermée du cinéma.

Je pense ? J'ai pas lu de critiques, j'avais pas envie.

— C'est pas le truc avec la poupée bizarre là ? J'aime pas trop ça.

— Ok. Tu veux voir l'autre alors ? »

Tohma garda la tête levée vers l'affiche des Noces Funèbres, et ne répondit pas sur le coup.

« Oh, c'est de Tim Burton.

— Qui ?

— Ma mère l'aime beaucoup.

— Ah, ça te tente.

— Ça a l'air glauque, mais avec une vraie histoire – probablement romantique, mais une histoire quand même. Ouais, ça a l'air cool. »

Izana l'entraîna alors vers le guichet assez rapidement.

« Y'a une séance sur le point de commencer, faut qu'on se dépêche si on veut pas la louper, expliqua-t-il en remarquant que le garçon aux cheveux mauves avait l'air totalement perdu, On aura pas des bonnes places, en plus. »

Quand ils arrivèrent devant le vendeur, ils furent accueillis par un regard assez suspect et sceptique.

« Vous êtes pas censés avoir cours, les lycéens ?

Izana avait l'air prêt à lui aboyer au visage. Tohma croyait devoir s'occuper d'un chien enragé auquel il devait s'empresser de mettre une muselière, et il se dépêcha de répondre :

Il y a une grève dans notre lycée, on a terminé les classes.

Le vendeur haussa les épaules.

Ok. Tarif étudiant alors, ça fait 320 yens la place, s'il vous plaît. »

Tohma sortit un billet de mille yens de sa poche et le glissa sur le comptoir, tout en lançant un discret clin d'œil au Philipin qui l'accompagnait. Ce dernier n'avait d'ailleurs pas l'air de comprendre ce qu'il faisait.

« Je paye pour nous deux, précisa-t-il. »

Le vendeur lui rendit sa monnaie ainsi que leur ticket, et Asanai tourna les talons. Dès qu'ils furent hors de portée, Izana finit par ouvrir sa bouche qui était restée comme scellée.

« Pourquoi t'as dit qu'on était au lycée ? J'ai pas foutu un pied à l'école depuis le primaire, et t'as arrêté d'y aller.

— C'est moins cher. On paye 320 yens la place au lieu de 500. Je prends tous les bénéfices possibles, on rigole pas avec l'argent. »

Ça fit étrangement sourire Kurokawa, qui rit un peu.

« Ah ouais je vois. »

Leurs doigts toujours lâchement entrelacés, ils entrèrent dans la salle prévue, pour remarquer que la pièce était déjà plongée dans le noir. Tohma posa un doigt sur sa bouche, pour faire signe à Izana de ne pas faire un seul bruit. Le connaissant, il savait qu'il aurait été capable d'être sans gêne et d'ennuyer tous les spectateurs. Ils s'assirent dans les dernières rangées, là où il n'y avait personne, mis à part un couple et une mère et son enfant – entre la primaire et le collège, le plus jeune ne voyait pas bien dans l'obscurité.

« Tu sais de quoi ça parle ? murmura-t-il alors que le film commençait déjà.

Bah, on verra. »

Il ne répondit rien, soupirant en silence, et se concentra sur le grand écran. La main d'Izana toujours dans la sienne lui faisait toujours autant d'effet, mais il préféra ne pas trop y prêter attention, sinon il ne paierait aucune attention au film qui se déroulait – ça lui donnait comme une impression de déjà-vu, de ce jour où ils étaient allés voir Charlie et la Chocolaterie. Seulement cette fois-ci, Tohma était moins paniqué de sentir la peau assez rugueuse du délinquant contre la sienne, de le sentir en train de tracer des petits cercles sur le dos de sa main avec son pouce. Il était plus apaisé. C'était étrange, mais il avait l'impression de recevoir un boost de sérotonine à chaque mouvement des doigts d'Izana, aussi infimes qu'ils puissent être. Souriant paisiblement, il se permit de se demander ce à quoi Kurokawa pouvait réfléchir à ce moment.

Est-ce que ce n'était qu'un geste anodin pour lui ? Est-ce qu'il s'en fichait, ça lui paraissait normal et qu'il ne se concentrait que sur le film ? Ou était-ce aussi important à ses yeux ? Est-ce qu'il le vivait comme un moment particulier et personnel ?

Tohma se reprit brusquement en réalisant qu'il n'était déjà plus du tout focalisé sur le long métrage. Il eut une soudaine envie de se gifler pour revenir à ses esprits, mais il se retint. Il n'avait pas non plus envie de passer pour un fou. Il garda le regard rivé sur l'écran, en oubliant même de cligner des yeux, très concentré.

Très concentré, très concentré, c'était vite dit. Il ne pouvait pas s'empêcher de grimacer en entendant du bruit à sa droite, et il commençait à en avoir assez des gens qui faisaient du bruit dans le cinéma. Il y'en avait toujours un ou deux comme ça, soit qui parlaient en se croyant discrets, soit qui donnaient des coups dans le fauteuil de devant. C'était vraiment désagréable, et cette fois-ci, il tourna la tête vers le couple pour leur montrer très clairement que ça ne lui faisait pas plaisir.

Il se figea entièrement en remarquant qu'ils ne parlaient pas vraiment. Ses yeux s'écarquillèrent et il resta tétanisé. Il était très clairement en train d'observer un homme se faire branler devant lui.

Il tourna assez brusquement la tête pour ne plus les voir, comme si se retourner allait les faire disparaître. Il avait comme des sueurs froides qui parcouraient son échine, vraiment pas à l'aise. Izana eut l'air de remarquer qu'il s'était soudainement tendu sur son siège, parcequ'il lui jeta un rapide coup d'œil, et il haussa les sourcils, intrigué.

« Y'a des animaux à côté de moi, souffla simplement Asanai.

Hein ? »

Kurokawa se pencha en avant pour regarder, et il ne put discerner que des ombres assez obscènes dans la pénombre. Il ne fit rien, visiblement dégouté, et ses dents se serrèrent. Avant qu'il puisse commencer à ouvertement les critiquer – voire les menacer – Tohma posa sa main sur son épaule.

« Attends. »

Il fit volte-face une nouvelle fois encore et se détacha du Philipin pour se rapprocher du couple. Il en avait vu des choses, à cause de sa mère, mais même elle savait garder un minimum de décence dans les lieux publics.

« Eh Tohma, chuchota Izana assez sèchement en fronçant les sourcils, étonné.

Excusez-moi, lâcha le jeune homme en posant sa main sur l'épaule de la femme, qui sursauta brutalement, Vous pourriez arrêter de le branler s'il vous plaît ? C'est sale, j'ai pas envie de voir ça. Si vous aviez envie de coucher, fallait prendre une chambre d'hôtel, pas aller dans un cinéma. Je suis pas fan de voyeurisme, et les gens autour non plus je pense. Vous ruinez le film, dégagez s'il vous plaît. »

Izana resta assez bouche bée. D'ailleurs, l'autre couple resta immobile, incapable de vraiment comprendre qu'un jeune venait de leur dire ça.

« Bon tu ranges ta bite s'il te plaît ? Tohma commença à s'impatienter, Arrête de me regarder comme ça, tu peux t'en prendre qu'à toi même. Dépêche-toi ou je vais te la ranger moi-même mais je garantis pas que tu t'en tires avec un pénis entier. »

Après quelques secondes interminables, les deux amoureux finirent par se dépêcher et partir peut-être un peu trop précipitamment pour que ça paraisse naturel. Quand il retourna à sa place, soupirant d'épuisement, il jeta un coup d'œil assez confus à Izana, qui paraissait complètement abasourdi.

« Quoi ? murmura-t-il gentiment, beaucoup plus gentiment que quand il avait froidement agressé le couple quelques instants plus tôt. »

Le Philipin ne répondit rien. Il ne savait pas où se situer, complètement impressionné mais aussi très admiratif. Cette fois, c'est lui qui dû lutter pour ne pas lui dire qu'il l'aimait sans réfléchir. Les lèvres pincées, il l'observa en silence avant de prendre sa main assez brusquement pour déposer un baiser dessus. Contre sa peau, il murmura ces mots, sans pour autant les dire ou les mimer devant Tohma, parceque c'était bizarre, à ses yeux, de dire à quelqu'un qu'il l'aimait. Il ne l'avait jamais dit à personne, et trouvait ça étrange de le lui dire. Quand il finit par écarter ses lèvres du dos de sa main, il ne put s'empêcher de sourire assez malicieusement.

« T'as toujours été comme ça ou c'est moi qui ai déteint sur toi ? chuchota-t-il.

les Haitani se sont éduqués eux-mêmes, et m'ont éduqué en même temps, j'ai peut-être aucune force, mais je sais m'imposer quand il le faut, répondit-il simplement, ses joues se teintant légèrement dans le noir suite au baiser qu'Izana avait déposé sur sa peau. »

Les yeux grands ouverts, le délinquant ne répondit rien. Il se contenta d'hocher la tête avant de détourner le regard pour mieux se recentrer sur le film. Il reposa tout de même sa main sur celle de Tohma et la garda fermement serrée contre la sienne.

Le reste de la séance se passa plus calmement, parfois ponctuée de légères caresses sur la main, ou de regards assez subtiles pour observer les réactions de l'autre quand il était trop concentré pour le remarquer.

Quand le film fut enfin terminé, Tohma s'étira bruyamment, assez énergique. À ses côtés, Izana paraissait plus calme, et alors qu'ils quittaient la salle, le jeune homme aux cheveux lavande l'interpella.

« T'as bien aimé ? Je l'ai trouvé vraiment bien, personnellement !

Oui, ça allait, répondit-il simplement, Je ne pensais pas qu'une bague pouvait avoir autant d'importance.

— C'est juste un objet, renchérit le plus jeune en secouant la tête, C'est le sens que l'on y attache qui est important.

— Pas tort, il eut un timide sourire alors qu'ils descendaient les escaliers afin de sortir du bâtiment.

C'est fascinant, je trouve, le fait que quand un couple s'offre des bagues, c'est pour signifier qu'ils veulent rester ensemble pour toujours. C'est vraiment le symbole du mariage et d'un amour qui dure.

Je peux comprendre ça. Le fait de donner une bague, Kurokawa tourna la tête pour l'observer, Je pense que si tu veux rester avec quelqu'un, mieux vaut le lui dire, pas vrai ? »

Tohma hochait la tête, pensif, surtout par rapport aux bagues qu'il n'avait pas eu le choix d'avoir dans sa chambre, et au fait qu'il ne savait toujours pas quoi faire avec. Seulement, au moment même où il posa un pied à l'extérieur, une silhouette vint se placer dans son champ de vision. Il eut un mouvement de recul, surpris et loucha devant le visage un peu trop proche d'un inconnu. Ses traits faciaux étaient grossiers, ses yeux petits et énervés. Tohma n'arrivait même pas à le reconnaître.

« Ça t'a amusé, de me mettre la honte dans le cinéma ?! »

Ah, c'était l'exhibitionniste. Asanai aurait dû se douter, que s'il était du genre à avoir des rapports au fond d'un cinéma, alors il était aussi du genre à se battre pour sa fierté ridicule. Il n'eut pas le temps de faire une quelconque remarque pour souligner sa présence incongrue que l'étranger essaya de lui attraper le poignet. Essayer était le mot clé, parcequ'en l'espace d'une seconde, la main de l'homme qui s'était étendue fut attrapée par celle d'Izana, qui vint le plaquer brutalement contre le mur le plus proche.

Tohma ne savait plus où donner de la tête, en voyant le chef de gang commencer à frapper répétitivement la tête de l'inconnu contre le béton.

« Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre, de ta fierté de mâle Alpha ridicule ? Tu crées des problèmes puis tu les rejettes après sur la personne qui te corrige ? questionna-t-il froidement en l'empoignant par les cheveux, le regard assassin, Tu touches à un seul de ses cheveux et je te jure que je vais tellement te défigurer que même ta pute n'osera pas t'approcher. C'est clair ? »

En toute réponse, leur agresseur commença à cracher du sang. Izana fit la moue puis sourit assez franchement avant de détendre l'emprise qu'il avait sur lui. Au moment où il croyait pouvoir s'enfuir, Kurokawa vint lui balancer un grand coup de pied dans l'estomac pour l'envoyer voler contre le mur.

« Tu dégoûtes. Va crever. Essaye pas de te croire supérieur aux autres alors que t'es qu'une merde, hautain il tourna les talons et s'arrêta devant Tohma, qui paraissait totalement déboussolé. Il pencha doucement la tête sur le côté et le regarda de manière assez cynique, Quoi ? T'as peur ?

Non pas vraiment, c'est juste que t'as du sang, là, fit simplement remarquer le jeune homme en s'approchant pour essuyer les traces rougeâtres qui venaient tâcher sa joue, Là c'est mieux. »

Izana devait admettre qu'il ne s'attendait pas à ce que Tohma réagisse aussi calmement, et il sourit un peu plus gentiment, un peu amusé.

« Ça te dit d'aller manger des ramen ?

Tohma sourit à son tour et hocha vivement la tête.

Quand tu veux ! »

NDA : J'ai eu mes dates pour l'écrit du bac de français, je meurs quand 🌚 ?

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