Chap #79

Hello ! Chose promise, chose due, un chapitre toutes les deux semaine ;) bonne lecture et bon dimanche soir ! 

***

En rentrant de la salle, j'étais très enthousiaste à l'idée de cette soirée. Ça faisait longtemps que je n'avais pas réclamé Shoto pour moi seul et maintenant que j'en prenais conscience, je me rendais compte à quel point ça m'avait manqué.

J'arrivais à l'appart et je voulais me préparer pour la soirée. Shoto était rentré et bossait ses cours dans la cuisine, comme à son habitude. Avec les examens qui approchaient, dès qu'il avait du temps, il révisait. J'étais content de pouvoir compter sur sa présence dès mon retour.

- Tu étais encore à la salle ? me demande-t-il en m'entendant arriver sans pour autant lever les yeux vers moi.

- J'ai besoin de me défouler après une énième journée inutile, passée devant un bureau, dans un immeuble, rempli d'abrutis.

- Oh, je vois que tu es de bonne humeur, déclara-t-il alors que je m'approchais pour l'embrasser.

- Ça, c'est parce que je passe la soirée avec toi, répondis-je plus enjoué que je ne l'avais été depuis des jours.

Il leva la tête de ses notes pour constater le changement qu'il entendait dans mon ton et me répondit avec un de ses sourires ravageurs, puis déposa ses lèvres sur les miennes, dans un geste affectueux et habituel. Je jetais un œil sur ses fiches de révision.

- Le droit, c'est pas une matière, c'est une langue étrangère, c'est censé être du français ça ? dis-je en pointant une phrase qui n'avait ni queue, ni tête pour moi .

- Hum hum, répondit-il distraitement.

- Je te laisse travailler, je vais me préparer et ensuite tu ranges tes saletés de fiches de révision, je te veux pour moi tout seul !

Je partis m'enfermer dans la salle de bain et me lavai consciencieusement.

Une fois propre je fouillai dans mon placard à la recherche de ce t-shirt noir beaucoup trop moulant et je mis un jean qui met en valeur mes fesses. Je séchai mes cheveux et les stylisai avec un peu de cire. Je me regarde dans la glace et je me trouve plutôt canon. J'allais quitter la salle de bain, mais juste avant, mon regard se pose sur le bordel que la naine laisse près de l'évier. Il y avait un crayon noir qui traînait sur le meuble. Une idée me vint et je décidai de tenter quelque chose. Je prends le crayon et l'approche de mon œil. Je me concentre pour ne pas trop fermer la paupière alors que la mine froide entre en contact avec ma peau et arrive à déposer une fine ligne sur le bas de mon œil. Une petite larme s'échappe mais je cligne plusieurs fois et ça se calme. Je regarde dans la glace. C'est assez discret mais c'est cool. Je fais pareil sur mon autre oeil.

Je retourne dans la cuisine.

- On s'bouge ?

Shoto ne répond rien, fini de lire sa phrase puis tourne la tête dans ma direction. Son regard qui parcourt mon corps avec envie est bien plus plaisant que n'importe quel mot. Peut être qu'on ne va pas aller au restaurant et on va juste s'enfermer dans ma chambre ?

- Laisse-moi juste me changer, finit-il par répondre.

Je le suis jusqu'à la chambre.

- Au fait, c'est pour quelle occasion ce soir ? me demande t-il

- Parce que tu le mérites.

- C'est gentil.

Je le regardais chercher dans ses affaires, puis se déshabiller. Et j'ai vraiment envie de le jeter sur le lit. Comment j'avais fait pour ne pas penser à ça pendant les 2 dernières semaines. Je me retiens de toutes mes forces, il mérite vraiment que je l'invite au restaurant et que je lui dise des trucs gentils avant de le jeter sur le lit. Mais ce n'est pas facile.

- Dépêches-toi de t'habiller, grognais-je frustré. Tu m'excites à rester nu devant moi.

Il rit de mon impatience, comme à son habitude.

- Tu n'étais pas obligé de me suivre dans la chambre, ni de me regarder me changer, je te signale, répliqua t-il. Il ne fallait pas le faire si tu ne sais pas te contrôler.

- Allez, moins de blabla et plus de fringues, ralais-je ce qui ne fait qu'augmenter l'amusement de Shoto.

Nous sommes tous les deux de très bonne humeur en arrivant au restaurant. La salle est plutôt grande et les tables sont assez espacées, j'apprécie ça. Un serveur nous apporte rapidement la carte et nous demande si on veut boire quelque chose. J'observe Shoto qui regarde la carte. J'ai réussi à trouver un restaurant qui sert des spécialités japonaises et pas que des sushis, j'espère que ça lui plait. Je lis avec perplexité, ne connaissant qu'à peine la moitié des plats servis ici. Je choisi un curry avec la mention * épicé. Il prend des udons, ce qui m'étonne.

- Tu ne prends pas de sobas ? demandais-je

-Non, je ne veux manger que ceux que tu cuisines, dit-il d'un ton détaché comme si cette information n'était pas putain d'agréable à entendre.

Ce soir, je suis prêt à lui donner tout ce qu'il voudra. Il me sourit et nous buvons le verre que nous a apporté le serveur.

- J'ai appelé Shinso aujourd'hui, déclarais-je pour entamer la conversation.

- Ça marche bien votre technique pour que tu ne travailles pas ? me questionne-t-il, sceptique.

- Encore mieux que ce que j'espérais, dis-je avec un grand sourire.

- Tu ne t'ennuies pas au bureau si tu ne travailles pas ?

- Bof, ça m'emmerde aussi de bosser alors... et puis on a pas mal discuté. Il m'a demandé ce que j'allais faire quand Deku aurait déménagé. Et ça m'a rappelé qu'on en a pas parlé.

- Non, c'est vrai. Tu y as réfléchi ?

- Je me demandais si on devait en parler ensemble avant que je prenne des décisions ?

- Tu n'as pas tellement de possibilités. Je veux dire, tu peux pas garder l'appartement tout seul, si ?

- Nop

- Il te faut un nouvel appartement. Pas trop loin de ton nouveau travail, ça serait bien pour que tu puisses rentrer à pieds si tu finis tard ?

- Hum... Je pensais plutôt à... non, laisse, me ravisais-je car j'aurais aimé que ce dîner soit léger et amusant.

- A quoi pensais-tu ? insiste-t-il.

- Rien, c'est juste qu'un appart pour moi tout seul, ça va couter cher, c'est pratique pour ça la coloc. Là ça va me couter quoi, entre 500 et 600 balles pour avoir 30m². Et toi... tu paies pareil pour ton petit studio.

- Tu es en train de me proposer d'habiter ensemble... parce que c'est moins cher ?

- On passe déjà notre temps ensemble de toute façon, ça serait con d'en payer deux, trop petits, super chers et miteux...

- J'adore mon studio, il n'est pas miteux.

- Ouais, mais on pourrait avoir un meilleur appart, avec une chambre séparée et une vraie salle de bain si on le prend ensemble.

- L'argent, ce n'est pas un motif suffisant pour moi.

- C'est trop tôt ? Je sais que je t'ai quitté et c'était con mais je le ferai plus. Je te laisserai pas tomber peu importe ce qui se passe entre nous et... je veux vivre avec toi. Si je prend un appartement on va toujours être chez l'un ou chez l'autre, on va vivre l'un sur l'autre et même si j'y vois des avantages, ça risque d'être relou, insistais-je, maintenant prêt à tout pour le faire accepter.

Il soupire, l'air soucieux.

- Bon, vas-y, dis moi ce qui t'inquiète au lieu de me laisser galérer comme ça, ou si tu veux pas dis moi juste non.

- Je me demande si tu es réellement sincère. La dernière fois tu m'as demandé de te prendre juste pour effacer la douleur. Dois-je dire non encore cette fois ? Parce que tu ne veux pas affronter la douleur et la solitude ? C'est une chose que je sois là pour toi, c'en est une autre de te servir de moi ainsi. Je veux que tu veuilles emménager avec moi parce que tu le veux et pas parce que ça coûte pas cher ou que tu n'as plus de colocataire.

Je pris un instant, en silence. C'était une question compliquée. Qu'est ce qu'on fait pour soi ou pour les autres, comment savoir quelles raisons profondes nous poussent à faire telle ou telle chose. Et finalement est-ce que la raison pour laquelle je sens au plus profond de mes tripes que je veux vivre avec lui, est plus important que, le fait que je le veuille ?

- Honnêtement. Je ne sais pas comment te prouver, ou même me prouver que ce que je ressens n'est pas en partie dû au départ du nerd. Mais je commence à penser que c'est pas si mal. Il fallait qu'on parte vivre de notre côté. Et je suis heureux que tu sois là.

Il se tait et me regarde et j'ai comme l'impression qu'il me jauge du regard, il réfléchit à ce que je viens de dire, mesure les risques, les bienfaits. Est-ce qu'on va trop vite ? Est-ce qu'il estime que j'ai besoin de temps "seul" ? Est-ce qu'il pense que c'est risqué pour notre couple ? Est-ce que lui ne se sent pas prêt à s'engager autant ?

Après tout il est sur une voie pour devenir juge, je ferais donc confiance en son jugement, mais je vais jouer le rôle de mon propre avocat, et décide de continuer à plaider ma cause.

- On pourrait trouver un appartement entre mon boulot et la fac pour que ce soit pratique pour tous les deux. On essayera de trouver un appart avec un bureau à part pour que tu puisses travailler tranquillement comme j'aurais surement des horaires décalées. Et pour Deku, je fais mon deuil, je t'assure qu'une partie de moi est contente de déménager et je veux que ce soit pour mieux, pour commencer une vie avec toi et aller vraiment de l'avant, je veux changer et accepter de laisser le nerd partir avec tout ce que ça implique et...

Je réfléchissais un instant avant de terminer ma phrase. Je n'avais pas vraiment réfléchi à tout ça, je m'étais juste laissé emporter et je savais pas si j'avais quelque chose à ajouter finalement.

- Et quoi d'autre ? demanda t-il, luttant visiblement contre un petit sourire.

- Je ferai la cuisine ? ajoutais-je tentant désespérément de le convaincre.

- Tu essayes de m'amadouer avec ta cuisine pour que je dise oui ? se moqua t-il en rigolant.

- Tais-toi et dis moi oui ! exigeais-je.

Il n'eut rien le temps de dire car le serveur arriva à cet instant avec nos plats, Shoto le remercia lorsqu'il eut posé les assiettes et attendit qu'il soit reparti avant de me répondre.

- Si tu penses vraiment ce que tu dis, c'est bien et tu semble évoluer. Tu sais ça serait bien de parler de tout ça avec moi, tu sais, quand les choses sont dures pour toi ou changent. Tu gardes tes pensées bien à l'abris dans ton crâne et tu ne livres pas grand-chose.

- Oui, j'intériorise beaucoup.

- Hum. C'est compliqué pour moi d'y voir clair parfois.

- Je trouve que tu te débrouilles bien pourtant.

Il me contemple comme s'il venait d'apprendre une information intéressante. C'est vrai qu'il ne le sait pas, toutes ces fois où il tape dans le mile. Je ne lui dit pas car il semble toujours si bien deviner et il le fait avec une assurance qui ne me laisse pas croire qu'il puisse douter d'avoir vu juste. Mais c'est peut être le cas après tout.

- En tout cas, c'est une décision importante d'emménager ensemble, même si on vit pratiquement ensemble, c'est pas pareil, tu es sûr de toi ?

- Quand est-ce que je suis pas sûr de moi ? dis-je levant les yeux au ciel.

- Voyons... la fois ou tu m'a quitté sur un coup de tête alors que tu m'aimais toujours et finalement que tu m'as repris ou alors la fois où tu as refusé qu'on sorte ensemble alors que finalement ça s'est fait quelques jours plus tard.

- Tch. si tu y réfléchis j'étais sûr à chaque fois. J'ai juste changé d'avis. Et c'est à mon tour de proposer un truc, donc tu peux faire comme moi et dire non puis changer d'avis et nous faire perdre du temps ou être plus intelligent et accepter tout de suite ? De toute façon on sait très bien comment ça va se finir.

- Ah ? Et comment ?

- Toi et moi.

Il me sourit et tend sa main à travers la table. Je dépose la mienne à côté de mon assiette avant de la faire glisser jusqu'à lui. Il caresse ma main du bout de ses doigts et je me sens rougir. Cette situation me met un peu mal à l'aise, d'autant plus que nous sommes dans un lieu public. En plus Shoto me fixe intensément.

- Quoi ? lui demandais-je un peu brutalement à cause des émotions que trahissaient mon visage, renforcant mon sentiment de gêne.

- Tu es... maquillé ?

J'avais oublié et voilà que je rougis encore un peu plus de cette attention soutenue que me porte Shoto, mes oreilles me cuisent et ça m'agace de pas pouvoir contrôler ça, ce qui me fait réagir encore plus vivement.

- Le crayon noir de tête d'ampoule traînait, j'avais envie d'essayer, grognais-je.

- Je me disais qu'il y avait quelque chose de différent, mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus. Je savais pas que tu te maquillais, c'est... sexy.

Je lutte contre un sourire, je suis content que ça lui plaise parce que j'aimais bien ça. Il faudrait que je m'en achète un. Il retire sa main et s'intéresse à son plat. J'en profite pour prendre quelques gorgées d'eau fraîche, pendant qu'il souffle sur ses udons avant de les avaler. Je goûte également mon plat. Le curry est bon, avec beaucoup de saveurs et d'épices, mais pas assez piquant à mon goût.

Je me demande si j'avais réussi à le convaincre. Je pense que oui mais je n'ai pas envie d'insister tout de suite. Je décide donc de dévier la conversation.

- Comment s'est passé ta journée à toi ? lui demandais-je.

- Doucement, avec l'approche des partiels, on fait surtout de la révision en cours.

- Tu te sens prêt ?

- Ouin dit-il d'un ton sur.

- Tant mieux.

- Tu t'inquiètes pour moi ? me demande-t-il avec un petit sourire.

- Absolument pas, je sais que tu vas réussir, je sors pas avec les loosers de toute façon. C'était juste pour faire la conversation. Je voulais juste te faire parler de toi.

- De moi ?

- Oui, de toi. T'es pas le mec le plus intéressant du monde mais bon comme je t'aime ça compense, dis-je avec humour.

- On va dire que je prends ça pour un compliment.

- Oh mais c'en est un.

- D'accord, puisque tu veux savoir, depuis que vous avez tous déserté la fac, je me suis mêlé à un nouveau groupe.

- Tu t'es fait de nouveaux amis ? demandé-je intrigué, pas sûr que ça me plaise trop. J'ai toujours été d'un naturel très possessif.

- Hum, hum

Je grimaçais, il pouvait dire que je parlais pas, il se foutait de ma gueule là ?

- Je les connais ? insistais-je.

- Je ne pense pas, ce sont des étudiants de droit. La plupart sont dans ma promo. Ils sont sympas, hormis ce Neito, je ne sais pas trop ce qu'il a mais il se montre assez imbuvable, ça serait dangereux de vous laisser dans la même pièce.

- Le blond de ton cours de TD qui parle très fort ?

- Oui ! Je savais pas que tu t'intéressais à ma classe ?

- Tch difficile de passer à côté du spécimen, il est plutôt bruyant.

- Venant de toi...

Je fronçais les sourcils.

- Mais heureusement, Itsuka est là pour le calmer quand il part trop loin. Il peuvent être assez amusants tous les deux, certains pensent qu'ils sont ensemble mais je pense qu'Itsuka est gay.

- Pourquoi ?

- Je sais pas... une intuition.

- Et sinon on habite ensemble ou pas ? demandais-je finalement trop impatient d'avoir une réponse claire.

- Il y a aussi 2 masters dans mon nouveau groupe d'amis, c'est bien, comme ils sont déjà passés par là, ils ont de précieux conseils, dit-il, ignorant sciemment ma question.

- Vivement la fin des partiels, que tu aies du temps pour visiter des apparts avec moi.

- Tu lâches rien toi, hein ?

- Jamais.

Je le regarde droit dans les yeux. Je veux qu'il sache que je suis déterminé. Non, je ne lâche rien, ce n'est pas mon genre. Cette idée, maintenant qu'elle est dans mon esprit, n'en sortira plus. Il soutient mon regard et je le vois plisser ses petits yeux et émettre un petit rire.

- C'est d'accord.

J'avalais tout rond la fourchette de riz que je venais de fourrer dans ma bouche. Je ne m'attendais pas à ça.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment, dit-il en reprenant une bouchée de son plat. Peut-être que c'est toi qui a raison. Voyons où ça nous mène. Et puis, l'idée de me réveiller près de toi, chez nous,t me donne envie de sourire. Je suppose que c'est un signe positif.

- Tu ne le regretteras pas, dis-je un sourire triomphant accroché à mon visage.

Il me fixa avec son regard un peu énigmatique, il n'était pas d'un naturel très expressif mais ma victoire me suffisait. Je savais ce que je faisais. Pour une fois, je voulais batir un véritable avenir.  

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top