Il est bientôt 18h00, James ne devrait pas tarder à rentrer. Je l'attends impatiemment sur le divan, feuilletant un magasine de cuisine sans vraiment lire ce qui y est écrit. J'espère qu'il n'aura pas de retard, et qu'il pourra consacrer un peu de son temps libre pour moi. C'est rarement le cas, alors j'ai peu d'espoir. Gérer une entreprise demande beaucoup de temps et d'implication. Je sais qu'il travaille dur pour m'offrir la vie dont j'ai toujours rêvé. Enfin, je crois que c'est la vie dont je rêve. Je ne peux pas lui en vouloir, il fait d'énormes sacrifices pour moi, pour que nous soyons heureux ensemble et pour que nous manquions de rien. Mais seule la plupart du temps, dans cette grande maison, je passe beaucoup de temps à réfléchir et à m'imaginer une autre vie, pleins d'autres vies où je serai vraiment heureuse. Bon sang Elisa, ressaisis-toi. Tu es heureuse. Pleins de gens aimeraient avoir la vie que tu as, et toi tu oses encore te plaindre ?

Mes pensés sont interrompues quand j'entends la porte s'ouvrir. Je jette le magasine que je lisais sur la table basse et m'empresse de me lever pour accueillir mon mari.

- Salut chéri, le saluais-je.

Il me répond par un sourire et désigne son téléphone portable à son oreille. Mon sourire se désintègre. Sans un mot, il s'en va dans son bureau, me laissant seule pour de longues minutes. Je soupire en sachant que je vais passer ma soirée seule. Je n'ai même pas envie de nous faire à manger, James se débrouillera ou commandera quelque chose s'il le souhaite.

Je décide de monter à l'étage dans notre chambre. J'enfile une tenue confortable pour être à l'aise. Chose faite, je m'empare du dernier roman policier que j'ai acheté. Je ne l'ai pas encore commencé, mais j'en meure d'envie. Je vais sur le balcon, m'allonge sur la chaise longue et commence à lire. Je suis dérangée par du bruit venant de la maison voisine. Cela fait maintenant plusieurs semaines qu'elle n'est pas habitée. Je jette discrètement un regard et découvre un jeune homme entrain de porter des cartons de sa voiture à la maison. Sûrement le nouveau locataire. Je le regarde s'activer plusieurs minutes. Je ne peux m'en empêcher. Je n'arrive pas à bien voir les traits de son visage, mais je vois que c'est un bel homme. Il doit avoir mon âge, ou peut-être quelques années de moins. J'irai me présenter demain; je trouve important d'entretenir des bonnes relations avec ses voisins. Je l'observe encore quelques minutes, avant de continuer à lire mon roman policier.

SUITE AU CHAPITRE 2