La solitude du meurtrier
Mistigri revint, les babines encore rougies. Il n'avait plus faim, et c'était une sensation très agréable. Il s'apprêtait à s'allonger sur le rebord de la fenêtre, bien chauffé par la journée, quand Dieu prit la parole :
« Qu'est-ce que ça t'a fait de tuer, de prendre une vie pour la première fois ?
– Pas grand-chose. J'avais faim, cette souris, c'était de la bouffe.
– Tu n'as pas songé à son existence ? À ce qu'elle avait pu vivre ? À ses enfants ?
– Et oit ? T'as pensé à quoi quand t'as fait sparaître les humains ?
– Hum, ce n'est pas pareil, ce sont mes créations, j'ai tout droit sur eux. Je suis en quelque sorte en dehors des règles.
– C'est oit qui a créé la règle qui me pousse à bouffer, oit encore qui m'a donné des griffes et des dents. J'm'en sers, c'est narmol. Et oit, tu as pensé à la mifa de l'humaine que tu as laissée en vie ?
– J'ai fait un tirage au sort. Elle ne peut pas m'en vouloir, c'est le hasard qui a décidé ! Disons que je lui ai offert une opportunité unique : vivre une situation digne de la fiction. Elle peut faire tout ce qu'elle veut, c'est une situation extraordinaire dans les deux sens du terme !
– Elle doit surtout se sentir seule. Même à moi, mes humains me manquent. Et pas uniquement parce qu'ils m'évitaient de bouger pour bouffer. Et puis, tu m'as créé pour te tenir compagnie, je te rappelle. »
La yaourtière se tut suffisamment longtemps pour que Mistigri puisse faire la sieste.
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