Chapitre 31

C'était dingue la façon dont Stiles se liquéfiait de plaisir entre les bras de Derek tout en étant habillé. Le loup-garou ne faisait rien, si ce n'est l'embrasser tout en l'étreignant d'une façon à la fois si lâche et si ferme que l'hyperactif savait d'instinct qu'il lui laissait la possibilité de s'écarter de lui à tout moment. Mais il n'en avait pas envie, bien au contraire. Tout ce qu'il voulait, c'était rester dans cette configuration. Lui, contre Derek, à se faire embrasser avec tant de tendresse que venant du loup-garou, la chose était plus qu'étonnante. Il ne se laissa toutefois pas aller à quelque questionnement que ce soit : l'heure était à la détente, au plaisir, au bonheur.

Scott n'existait plus, ses blagues et phrases désobligeantes non plus. Stiles oublia son humeur lourde et maussade, les réflexions qu'il s'était faites et toute la grisaille dans son cœur. Ses mains prirent le visage de son amant en coupe et il approfondit le baiser de lui-même. Il aima tout. De la façon qu'avait Derek de laisser ses mains descendre jusqu'à sa taille à la manière qu'il avait de lui laisser une partie du contrôle. Car il ne lui imposait rien et n'initia d'ailleurs rien de plus. S'il en avait envie, nul ne le savait. Le fait est qu'il n'avait pas envie d'agir comme un sauvage, sous le coup d'une impulsion, et puis... se tenir contre lui, l'embrasser étaient des choses qui semblaient lui suffire.

Lorsque fut venu le temps de se séparer pour respirer un peu, Stiles laissa son front reposer contre l'épaule solide sans regret aucun. Il se sentait étrangement bien, presque... Serein, comme si, juste en l'embrassant, Derek l'avait provisoirement débarrassé de tous ses soucis. Une main remonta dans son dos, le caressa un peu maladroitement. Mais le corps en lui-même ne bougea pas, ne s'éloigna pas de lui. Stiles y trouva là une sensation de plénitude étonnante, à laquelle il avait l'impression de n'avoir jamais eu accès jusqu'alors... Comme s'il avait passé une étape dont il ne connaissait ni la nature, ni la teneur.

Mais le fait est qu'il apprécia beaucoup la configuration dans laquelle ils se trouvaient tous les deux et qu'il n'en changerait pour rien au monde. Et le plus dingue dans tout ça, c'est qu'il se sentait plus en sécurité. Plus qu'intimement convaincu, il savait que Derek ne lui ferait jamais le moindre mal, de même qu'il ne redeviendrait pas celui qu'il semblait être lorsqu'ils s'étaient rencontrés. Ce Derek-là était une carapace utile à sa survie. Depuis qu'il n'en avait plus besoin, il se montrait sous son véritable jour : plus calme, plus ouvert – à sa manière. En cela, la meute et les liens qu'il avait tissé – même les plus ténus – avec chacun de ses membres l'y avait aidé. C'était ça, de ne plus être seul.

C'était ça, de s'autoriser à être soi-même.

Quoique lorsqu'il se trouvait seul avec lui, Stiles entrevoyait d'autres facettes de sa personnalité, des petits bonus qu'il ne pouvait qu'apprécier. Et il se prit à espérer que ce privilège durerait encore un peu. Il adorait connaître ce Derek-là et se doutait bien du fait qu'une fois leur petit arrangement arrivé à son terme, les choses changeraient. Derek resterait gentil avec lui mais ne lui accorderait plus cette douceur, cette prévenance si intime. Et c'était parfaitement logique, parfaitement normal. Mais Stiles choisit de se concentrer sur l'instant présent et réussit à mettre de côté la tristesse qui menaçait de pointer le bout de son nez sans trop d'efforts. Il avait encore sur ses lèvres le goût de celles de Derek.

Il perçut un très léger rire, presque de l'ordre du simple soufflement de nez.

- Je crois que je ne t'ai jamais vu aussi détendu.

Stiles manqua de rire. Si Derek savait dans quel état il se trouvait quelques minutes plus tôt... Même s'il n'y avait rien eu de grave, le loup-garou aurait sans doute ravalé ses paroles – et tenté de savoir, par la même occasion, ce qui lui était arrivé. Stiles n'aurait pas été très ouvert à ce sujet mais Derek aurait fini par lui tirer les vers du nez. Sauf que l'hyperactif trouvait inutile de le mettre au courant de cette histoire ridicule qui n'avait rien d'important. Il allait bien et... Préférait profiter de ce moment unique plutôt que de penser à un idiot tel que Scott. Pour l'instant, il n'y avait que Derek qui comptait. Derek et son côté tendre qui continuait de le surprendre.

- Faut croire que tu sais y faire, répliqua-t-il sans se détacher de lui.

- Bien sûr que je sais y faire.

Cette fois, Stiles rit vraiment. Doucement. Il aimait bien le ton qu'avait pris Derek. Tranquille et assuré, empli d'une confiance particulière. Tout ce que l'humain lui enviait.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Finit-il par s'enquérir, curieux.

Quoiqu'il n'était pas sûr de l'être tant que ça, en réalité. Disons que la question, il se l'était posée mais au final, tout ce qui lui importait, c'était de se trouver dans ses bras, de profiter de sa présence, de tout le bonheur qu'elle lui apportait. L'étreinte de Derek se raffermit légèrement sur lui.

- Tu m'as demandé quand je viendrais t'embrasser... J'ai trouvé que te répondre serait inutile.

Venir directement lui était apparu comme une bien meilleure option et de ce côté-là, Stiles n'irait certainement pas le contredire. Il adorait ses baisers tout comme il appréciait beaucoup sa façon de faire. Il ne serait jamais contre sa présence.

- Excellente initiative, valida Stiles.

Et il espérait secrètement que Derek en aurait d'autres comme celle-ci.

xxx

Plénitude. Sérénité. Le torse de Stiles se soulevait à une allure régulière. Dans son dos reposait la main de Derek, qui y effectuait des caresses distraites du bout des doigts. Repu et fourbu, il réfléchissait, profitant de la somnolence de Stiles pour le faire tranquillement.

Tout s'était passé de façon naturelle, comme si le fait qu'ils devaient s'unir finirait forcément par arriver. Après la tendresse était venu la chaleur. Doucement, sans pression. Derek ne se souvenait même plus de qui c'était venu. Le fait est qu'ils avaient fini lumière éteinte, rideaux fermés... Au lit. Cela faisait quelques temps que ce n'était pas arrivé et pourtant, Derek n'avait pas ressenti un grand manque – la seule présence de Stiles avait semblé lui suffire.

Et comme toujours, ç'avait été exquis, un pur bonheur. De sa vie, jamais Derek ne s'était aussi bien entendu avec quelqu'un sur le plan sexuel. Leurs corps partageaient une alchimie étonnante et c'était un fait qui continuait de le surprendre. Même au niveau de leurs personnalités, ça semblait coller. Ils s'entendaient bien, finalement.

Mais Derek n'oubliait pas que ce tableau somme toute sympathique possédait encore quelques ombres. Des ombres qui avaient une odeur.

C'était par choix qu'il avait choisi de ne pas aborder le sujet en arrivant. Il s'était dit que ce serait malvenu et à la façon dont Stiles s'était détendu dans ses bras... Le loup-garou s'était dit qu'il pouvait peut-être attendre un petit peu et, à la place, lui changer les idées. Il n'en revenait toujours pas de la confiance que l'humain lui accordait : elle était dingue, synonyme de l'abandon... Tant et si bien que Derek était heureux d'être – pour l'instant – celui qui partageait son lit parce qu'il savait qu'il ne lui ferait aucun mal. Il ne pouvait pas en dire autant de ses comparses masculins. De façon générale, n'importe qui pouvait faire valoir son fond et n'importe qui pouvait s'avérer mauvais par nature, ou envie.

Stiles, de son côté, était fondamentalement bon. Il avait ses défauts, certes, mais qui n'en avait pas ? Il était juste lui, attachant à sa façon. Le fait est qu'il l'avait suffisamment été pour attirer la sympathie de Derek. Enfin, il se doutait bien que c'était plus que ça, mais il préférait ne pas s'étendre là-dessus. Il le voyait simplement tel qu'il était, sans artifices, et ça lui convenait parfaitement... Au point de lui faire apprécier sa compagnie, d'en venir à la désirer.

C'était d'ailleurs pour cette raison qu'il avait songé à venir chez lui. Son message, cette demande concernant un hypothétique baiser n'avait été que le prétexte parfait pour justifier son arrivée si soudaine dans sa chambre. Ainsi, pas de prise de tête, pas besoin de se chercher une excuse puisqu'elle était toute trouvée.

Derek couva son amant du regard d'une façon qui lui était peu commune. Lui, il y voyait dans l'obscurité. Toute relative pour lui, complète pour un humain. Et bordel, il apprécia plus que de raison la sérénité qu'il lisait sur son visage endormi tout comme il aima voir cette façon qu'il avait de se reposer contre lui. La couverture ne lui recouvrait plus le haut du corps, elle s'arrêtait à sa taille. C'était Stiles qui l'avait repoussée en dormant parce qu'il avait eu chaud. Et ce petit geste, aussi inconscient soit-il, Derek le trouvait adorable.

Il n'oubliait pas ce qu'il avait senti en arrivant dans la chambre, ces fragrances émotionnelles volatiles pas forcément positives. Stiles ne lui avait pas parlé de ce qui le turlupinait. Derek pourrait même croire qu'il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour ne pas penser à ce qui lui avait fait dégager cette odeur. Puis peut-être que son arrivée l'y avait aidé – le loup-garou n'excluait pas cette possibilité.

Mais le fait est qu'il ne passerait pas l'éponge. Stiles lui faisait confiance au point de s'abandonner dans ses bras, de dormir contre lui, d'être lui en sa compagnie : il ne verrait donc aucun inconvénient à lui dire ce qui n'allait pas avant qu'il arrive.

La main de Derek remonta jusqu'à pouvoir se perdre dans ses cheveux châtains. Pour l'heure, le repos était de mise.

Derek ferma les yeux et raffermit, dans un réflexe instinctif, son étreinte sur son amant, cet humain si précieux qui était lentement mais sûrement en train de le changer.

En profondeur.

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