Chapitre 25
Stiles ne se sentait pas réellement mal en tant que célibataire, c'était quelque chose qu'il vivait bien. De toute façon, il valait mieux ça que l'inverse. Evidemment, il aimerait beaucoup faire comme certains de ses amis et trouver chaussure à son pied, vivre un semblant de vie à deux.
Et s'il se plaignait du fait d'être seul, l'éternel célibataire de la bande, c'était souvent pour plaisanter. Sur certains sujets, dont celui-ci, l'hyperactif avait toujours fait preuve d'une certaine auto-dérision. Parce qu'il savait que ça amusait la galerie et... Il aimait faire rire. Son profil collait d'ailleurs plutôt bien au cliché du célibataire et il ne voyait aucun problème à cela.
Néanmoins, la pique que lui avait lancée Scott lui faisait mal. Pas au point qu'il fasse une crise d'angoisse comme la fois précédente, mais... Suffisamment pour que son moral se retrouve quelque peu à ras du sol. S'il avait assumé sa journée sans laisser paraître grand-chose, il était clair qu'il n'était pas d'humeur à retrouver du monde après les cours. Ainsi, lorsque Lydia avait proposé que tout le monde se rejoigne pour passer un petit moment de détente au parc de Beacon Hills, il avait décliné son offre sans attendre. Il n'avait rien prétexté de particulier, juste avoué qu'il n'en avait pas particulièrement envie. A côté de cela, Scott avait, de son côté, accepté tout de suite – pour Stiles, il s'agissait d'une raison supplémentaire pour refuser. Il n'avait pas envie de se prendre la tête et de récolter plus de remarques qu'il n'en avait déjà prises de sa part. Fut un temps où l'hyperactif lui aurait fait regretter ses paroles en un claquement de doigts : en ce moment, il ne s'en sentait pas capable. Alors, il appliquait la méthode douce, du joli nom d'ignorance. Un mot qui, à ses oreilles, sonnait magnifiquement bien et qui, visuellement, lui faisait voir des expressions qu'il n'avait que rarement vues sur le visage de Scott. Le latino n'était pas en colère contre lui à proprement parler, il n'avait simplement... Pas compris et tant qu'il ne lui viendrait pas à l'esprit que ses mots pouvaient faire mal, Stiles lui ferait insidieusement la gueule.
En tout cas, rentrer chez lui fit un bien fou au jeune homme. Dans cette maison vide de toute présence, pas la peine de faire semblant outre mesure : il était tranquille. Libre de faire tomber son masque, de pester contre l'idiotie générale de Scott, râler sur toutes ces inepties qu'il lui sortait. Il se disait d'ailleurs que son meilleur ami n'était même pas méchant. A son avis, Scott n'avait juste pas conscience du poids que pouvaient avoir les mots, de leur puissance, de leur impact. Un mot, plus qu'une parole, transportait avec lui un sens précis, qui en appelait à certaines réactions et souvent, à des émotions. Un mot n'était que rarement neutre. Et ça, Scott avait tendance à l'oublier ou à en minimiser l'importance. C'était toujours plus facile, quand on avait confiance en soi. On faisait moins attention à ceux qui n'étaient pas dans le même cas.
Stiles laissa tomber son sac à l'entrée de sa chambre et partit s'affaler sur son lit. Téléphone en main, il surfa sur internet sans réel but, sans autre objectif que de se perdre un peu. Il n'était pas déprimé à proprement parler, il était juste... Peu en forme, moralement parlant. On lui rappelait toujours ce qu'il n'était pas, ce qu'il n'avait pas, ce qu'il n'aurait ni ne serait probablement jamais. Au moins, il ne réagissait pas comme l'autre jour et prenait en quelque sorte « mieux » les choses – ce n'était pas pour autant qu'il les acceptait de bon cœur.
Cependant, c'était peut-être un peu stupide mais... Un câlin de Derek ne lui aurait pas fait de mal. Enfin... Pas une étreinte en tant que telle. A vrai dire, sa présence seule aurait suffi. Au départ, Stiles pensait que seule une partie de jambes en l'air avait le pouvoir de l'apaiser – momentanément, en plus. A force de passer du temps avec l'ancien alpha, il se rendait compte que le sexe n'avait pas le monopole de la détente. Derek dégageait, juste en étant là, une aura si calme que s'il s'agissait d'un virus, Stiles en aurait instantanément été contaminé, pour le temps qu'il aurait passé près de lui. Enfin, n'allez pas croire que c'était magique : la chose s'estompait rapidement. Au moins, Stiles s'en sortait avec quelques minutes voire quelques heures d'une sérénité relative – celle qui l'empêchait de paniquer ou de se laisser couler.
Là, une certaine déprime le guettait. Quoiqu'il avait tort : elle était d'ores et déjà en train de s'installer.
Ce qui le navrait le plus dans cette histoire, c'était de constater à quel point Scott se remettait peu en question. Il avait sa version et jugeait celle-ci, sinon la meilleure, comme étant la seule véritablement valable. Il s'agissait bien sûr d'une chose qui agaçait Stiles au plus haut point. Dans la mesure où le latino n'avait pas affaire aux mêmes problématiques que lui... Le voir s'exprimer sur ce genre de sujets lui donnait envie de lui mettre son poing dans la figure – et d'y imprimer sa forme. Mais Stiles n'avait ni la volonté, ni la force de faire quoi que ce soit. Rester reclus chez lui lui semblait une bonne idée. Pas de comptes à rendre, pas d'attitude spécifique à adopter.
Mais il était vrai que ne pas avoir droit au réconfort d'une étreinte amoureuse lui manquait quelque peu. Il aimait s'imaginer le futur d'un monde alternatif, un futur où il rentrerait du boulot le soir et retrouverait sa moitié, elle aussi fatiguée de sa journée. Ils s'enlaceraient, se caresseraient, se feraient du bien sans avoir besoin de recourir au sexe, de manière si chaste et si efficace que cela suffirait. Puis, ils se poseraient sur le canapé, rigoleraient devant un vieux film un peu nul de science-fiction, ou l'une des plus anciennes séries de Batman... Et ils profiteraient simplement de la présence de l'autre. Stiles appréciait beaucoup ce genre d'idées et se disait qu'il n'était pas si compliqué que cela puisqu'il savait pouvoir se contenter de peu... Alors on pouvait vouloir de lui, non ? Et voilà que sa réflexion lentement migrait, son sens divaguait un peu comme si les mots de Scott, que Stiles pensait peu impactants, faisaient tout de même discrètement leur effet. Sa confiance en lui, déjà peu présence, gagnait encore en petitesse, si bien que l'humain considéra sa vision quant à sa vie sentimentale future particulièrement floue. Anecdotique. Sans doute vivrait-il quelques histoires sans lendemain, des choses sans valeurs, futiles. Il oublierait ses partenaires comme ceux-ci l'oublieraient. Rien d'étonnant puisqu'il n'avait rien de marquant... Et que les choses ne changeraient sans doute pas et ce, même si un temps infini passait. Qu'importe : tant qu'il avait la meute, ses amis... Tant qu'on lui confiait quelques taches de temps à autres, qu'on lui demandait son avis sur certaines affaires... Tant qu'on le considérait comme un membre à part entière de cette bande quelque peu particulière... De cette façon, la vie lui paraissait belle.
Puis l'absence d'une véritable vie amoureuse ne pourrait lui être bénéfique : ainsi, il serait plus aisé de se concentrer sur ses études et... Tout ce qu'il pouvait considérer comme prioritaire. La vie de célibataire n'était pas forcément mauvaise – puis il en avait l'habitude et ça, c'était un plus. Quelque chose qui ne le changerait pas, une routine solitaire familière.
Quelques parties de jambes en l'air avec Derek n'y changeraient rien... Surtout dans la mesure où l'arrangement encadrant leur union récurrente prendrait bientôt fin.
Stiles se redressa sur son lit, se donna de petites gifles.
- Allez gros nul, mets-toi à faire quelque chose de ta vie, maugréa-t-il pour lui-même, les sourcils froncés.
S'il connaissait bien un remède momentané à cette déprime quelque peu agaçante, à cet état qu'il repoussait au mieux. Les mots de Scott ne devaient pas l'atteindre et ils n'y arriveraient pas. Stiles ne finirait pas dans le même état que la dernière fois. Il était célibataire, c'était un fait. Le resterait sans doute sur le long terme – pas de problème. C'était quelque chose qu'il acceptait pleinement – avec un peu de regret tout de même. Face à cette situation, il pouvait exister deux types principaux de personnes : celles qui choisissaient de se battre contre ce qui avait l'air d'être le destin, et les autres. Celles qui ne faisaient rien, qui laissaient leur condition gagner la partie. Stiles faisait partie de ceux-là, parce qu'il n'avait aucune énergie et que son manque de confiance en lui était trop grand pour qu'il essaie de contrecarrer ses effets.
Alors oui, il se mit dans la tête de... Faire quelque chose. Assis sur son lit, le regard dans le vide, il réfléchit. Devoirs ? Recherches personnelles ? Révisions ? Quoique se faire plaisir n'était pas non plus une si mauvaise idée et des séries, il en avait un paquet à voir.
- Gros nul ? Répéta-t-on.
Stiles émit un petit cri de surprise extrêmement peu viril, mais sincère et tourna si brusquement la tête vers son invité impromptu. Un invité attendant patiemment sur le seuil de la chambre, candidement appuyé contre le chambranle de la porte, un sourcil haussé, l'autre froncé. Et si Stiles aurait, en temps normal, trouvé l'expression qu'arborait Derek cocasse voire un peu drôle, il n'eut pour réflexe que celui de poser sa main sur son cœur, dans l'espoir de calmer ses battements effrénés.
- Espèce de...
- Content de voir que tu continues à me craindre, fit Derek, un rictus quelque peu moqueur étirant ses lèvres.
- Je ne te crains pas, je ne t'ai juste pas vu arriver ! Répliqua Stiles. Et puis d'abord, t'es passé par où ?!
La fenêtre était fermée et son ouverture aurait fait un bruit monstrueux – même pour quelqu'un qui s'était perdu dans le vague comme il l'avait fait.
- Par la porte, répondit tout naturellement Derek, les bras croisés sur son torse et avec, dans le regard, une lueur particulière que Stiles ne saurait ni décrire, ni analyser.
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