Chapitre 22
A cette heure-ci, Stiles devrait déjà être chez lui. Pas traîner sur le balcon du loft, à se demander ce qu'il foutait encore là. A se répéter les mots qu'il devait dire à Derek. Parce que pour l'instant... Ils avaient discuté de leur pacte, certes... Mais dans un sens, le loup-garou avait endormi Stiles, lui faisant momentanément oublier ses obligations. Et le voilà qui, maintenant, n'arrêtait pas de repousser le moment où il quitterait cet immeuble, parce que dans un sens... Il s'y sentait bien et il fallait avouer qu'il appréciait beaucoup la présence de Derek. A ses côtés, il se sentait rassuré, d'autant plus qu'il lui faisait confiance malgré leur passif quelque peu hargneux. Derek avait en lui ce quelque chose qui le poussait à se dire que tout irait bien, qu'importe ce qu'ils feraient par la suite.
Le seul point qui embêtait Stiles, si l'on exceptait le fait qu'il ne comptait absolument pas dormir ici, c'était sa réputation. Ils avaient beau en avoir discuté, l'hyperactif n'arrivait pas à se dire que Derek... N'avait réellement rien à faire du fait que l'on puisse sentir son odeur sur son corps. N'en déplaise à son amant, Stiles se doucherait longuement en rentrant chez lui. Deux, peut-être trois fois. Il se frotterait fort, juste pour faire en sorte que... Ça aille pour lui. Qu'on n'aille pas lui poser la moindre question à son sujet. Derek avait raison sur une chose : personne n'avait à se mêler de sa vie privée, de se soucier d'avec qui il couchait... D'autant plus que le flair d'un loup-garou rendait effectivement flou le concept d'intimité. Alors, autant lui facilité la tâche. D'ailleurs, Stiles était certain que l'ancien alpha se lavait bien comme il faut après chacune de leurs entrevues. L'hyperactif y mettrait sa main à couper. Derek était bien gentil d'essayer de le rassurer, mais l'humain qu'il était n'était pas dupe.
Au fond, il n'était même pas sûr que la modification du pacte soit vraiment ce qu'elle semblait être et pourtant... Pour le coup, il ne voyait pas pourquoi Derek s'embêtait à faire attention à ce que lui-même considérait comme un détail. Là encore, il n'arrivait pas à s'imaginer quoi que ce soit de logique. Rien n'avait de sens dans cette histoire.
Mais ce qui en avait encore moins, c'était son hésitation à lui. Il devrait déjà être parti. En soi, il n'avait pas peur d'une hypothétique réaction de la part du loup-garou qui, s'il était capable de ne pas lui faire l'amour s'il n'en avait pas envie, le laisserait partir sans problème s'il le désirait.
Il était là le hic.
Stiles n'avait pas vraiment envie de partir. C'était plus une question de nécessité qu'autre chose. S'en aller, pour ne pas réitérer l'épisode de sa première nuit au loft après une partie de jambes en l'air plus qu'appréciable. S'en aller, pour éviter de se ridiculiser davantage. S'en aller, pour ne pas déranger Derek. Stiles savait son sommeil aléatoire et tenait à ne pas l'imposer et en même temps... Lorsque le loup-garou avait passé la nuit chez lui récemment, tout s'était bien passé. Stiles avait passé la meilleure nuit de sa vie et n'avait eu à souffrir d'aucune crise. Absolument rien de notable.
En fait, après cette journée compliquée, Stiles n'avait tout bonnement pas envie d'être seul – et pas seulement parce que, Derek avait raison, il risquait de ruminer.
Stiles voulait rester avec Derek. Il appréciait réellement sa compagnie, aussi étrange soit-elle. Et ses étreintes... Il ne le montrait pas trop de peur de passer pour un idiot, mais il y était accro.
- Tout va bien ? Ça fait un moment que tu es dehors.
Stiles entendit les pas de Derek se rapprocher. Il ferma les yeux, garda pour lui la vision d'un loup-garou passant ses bras autour de sa taille, laissant ses mains se rejoindre sur son ventre. L'attirer à lui, simplement. Stiles ne devrait pas penser à Derek de cette façon... Mais il avait le droit de rêver, comme tout le monde. Et son rêve à lui était aussi agréable qu'impossible.
- Ouais et d'ailleurs je commence à me les geler, fit-il en rouvrant les yeux une seconde plus tard.
Il se retourna et vit Derek près de lui, la main tendue. Il la regarda, ne sachant que faire.
- Rentre, ou tu vas attraper froid.
Prends ma main, crut entendre Stiles. Il aimait bien cette version-là. Alors, il glissa sa main dans celle de Derek en espérant ne pas avoir mal interprété son geste. Lorsque les doigts du loup s'entrelacèrent avec les siens, l'hyperactif crut défaillir. Fondre. Les deux à la fois. Ce n'était pas avec ce genre de gestes que Derek lui donnerait envie de se motiver pour rentrer chez lui...
- Tu fais chier, je suis censé partir, se plaignit-il, incapable de garder ses pensées pour lui.
Les doigts de Derek se resserrèrent sur les siens alors qu'il l'entraînait à l'intérieur. La chaleur que dégageait sa main était stupéfiante. Agréable, mais toujours aussi perturbante. Stiles imagina celle de son corps, qu'il connaissait pourtant bien, et se mordit la lèvre inférieure. Il n'était pas excité à proprement parler, mais la chose s'en rapprochait un peu. Il avait envie de se coller à lui, sans forcément que cela ne dérape. Bien sûr, il ne dirait pas non tant il avait pris de plaisir avec son amant toutes ces fois où ils s'étaient sautés dessus... Mais là, c'était différent. Comme un besoin d'intimité, quelque chose de simple et doux.
- Tu n'es pas pressé à ce que je sache, fit Derek en se retournant vers lui.
Ils étaient retournés à l'intérieur et même si la température était agréable, Stiles trouvait sa main toujours aussi chaude. Sans doute frissonnerait-il une fois que le loup-garou le lâcherait.
- Non, mais plus tu me gardes ici, moins j'aurai la motivation de rentrer chez moi après, laissa tomber Stiles malgré lui.
- C'était à ça que tu pensais, dehors ?
- Oui, enfin... Pas précisément. J'étais en train de me dire que j'aurais déjà dû te dire que je partais...
Sa phrase était un peu bizarre, presque incohérente. Stiles mélangeait ses pensées malgré lui et restait atrocement honnête. Lorsqu'il était avec Derek, les mots sortaient tous seuls. S'il y en avait certains qu'il désirait parfois garder pour lui, il restait heureux de se sentir aussi à l'aise avec lui. Bien sûr, il avait peur d'être jugé par rapport à certains sujets... Mais cette impression disparaissait toujours très rapidement. Chaque contact avec Derek était comme une caresse, un baume passé sur ses angoisses.
Une pommade magique.
Derek lui lança un regard étrange.
- Et tu en as envie ?
Stiles se sentit rougir.
- De quoi ?
- De partir.
Ah. Mélange de déception et de soulagement.
- Ben... Il le faut, finit-il par répondre en jetant un léger regard à leurs mains entrelacées.
- Ce n'est pas ce que je t'ai demandé, Stiles. Est-ce que tu as envie de partir ?
A la légère caresse qu'exécuta Derek sur le dos de sa main, l'hyperactif sut qu'il n'allait absolument pas pouvoir garder la vérité au fond de lui.
- Non.
Stiles dut s'avouer à lui-même qu'il avait un peu peur de la réaction potentielle de Derek. Mais le petit rictus qui étira ses lèvres fit danser quelque chose en lui. Son ventre dansait la samba sans même qu'il s'en rende compte.
- Alors tu restes, décida le loup-garou.
xxx
Stiles n'arrivait pas à y croire et pourtant, Derek l'avait prévenu. Ils dormiraient ensemble. L'hyperactif avait bien proposé de prendre le canapé, mais l'ancien alpha avait avancé plusieurs arguments pour qu'il ne l'occupe pas. Celui qui avait eu le plus d'impact ? « Stiles, on a déjà dormi ensemble. » C'était stupidement simple et atrocement véridique. Qu'aurait pu répondre le châtain à cela ? Qu'il avait tendance à avoir un sommeil agité et ça, il lui en avait pourtant fait part – sans entrer dans les détails – en lui rappelant la première nuit qu'il avait passée au loft, quelques jours plus tôt. Si Derek en avait eu quelque chose à faire ? A en croire son haussement d'épaules, pas vraiment.
La finalité de tout ça ? Stiles était effectivement dans le lit de Derek. En boxer. La couette remontée jusqu'à son menton. Dormir habillé, il n'aimait plus trop ça tant il avait l'impression d'étouffer, parfois. Avec Derek à côté de lui, ce serait encore pire s'il restait vêtu. Après tout, le loup-garou était un radiateur sur pattes et... Stiles aimait bien ça, d'autant plus qu'il raffolait de son contact. Naturellement, il se demanda s'ils allaient s'endormir l'un contre l'autre, comme cela avait été le cas chez lui, ou si cette fois Derek allait s'installer de l'autre côté du lit sans rien dire. Stiles savait qu'un loup, ça avait parfois besoin d'espace, notamment pour dormir. Etait-ce le cas de son amant ? L'hyperactif n'avait qu'à attendre qu'il revienne dans la chambre pour le savoir. Il n'eut à patienter que deux pauvres minutes. Stiles avait fait exprès de se laver les dents avant lui, de sorte à avoir le temps de se déshabiller et de se glisser dans le lit avant qu'il n'arrive. Ils avaient beau être intimes, l'hyperactif ne voulait toujours pas laisser son corps nu être visible, encore moins après l'épisode du miroir – durant lequel il était pourtant habillé. Dans sa tête, les mots de Scott continuaient de le hanter et ne faisaient qu'accentuer son mal-être et la puissance de son absence de confiance en lui.
Pour son plus grand bonheur, Derek éteignit la lumière avant de se déshabiller puis se glisser dans le lit. Presque aussitôt, Stiles sentit son bras l'entourer fermement et le rapprocher de lui. S'il se posa mille et une question face à ce geste, il ne pipa mot, profitant au maximum de cette proximité et ce contact tant désirés. Son corps entier se détendit et ses pensées quelque peu désagréables furent de moins en moins importantes au fil des secondes. La main du loup se déplaça jusqu'à trouver sa place au niveau de ce ventre qu'il imaginait tantôt plat, tantôt énorme. La sensation ne le dérangeait pas, au contraire : c'était le fait que l'on puisse voir son corps qui lui posait problème. Dans l'obscurité de la chambre, Stiles s'imaginait n'avoir aucun souci à se faire, même si en s'installant à ses côtés, Derek avait un peu baissé la couette.
Ce n'était pas grave car en cet instant, ça allait. Stiles se sentait bien, protégé par la noirceur de l'obscurité, qu'il pensait totale. En réalité, Derek apercevait ses courbes dans ce qui n'était, pour ses yeux lupins, rien de plus que de la pénombre.
- Ne te plains pas si je me réveille à cause d'un cauchemar, finit par lâcher Stiles pour briser le silence ambiant. Tu ne peux pas dire que je ne t'ai pas prévenu.
Un silence aussi agréable que gênant. Agréable parce qu'il était doux, gênant parce que l'hyperactif avait l'impression qu'il était censé dire quelque chose. Parler. Faire son Stiles Stilinski.
Dans l'obscurité de la chambre, Derek eut un sourire. Un sourire aux significations multiples.
- De ce qu'il me semble, j'ai signé en toute connaissance de cause, rétorqua-t-il.
- ... Et c'est encore plus dingue, soupira Stiles, qui râlait pour la forme.
- Tais-toi et dors.
Un ton pas si sec, pas si tranchant. Plutôt doux, d'ailleurs. Enchanteur, contrastant avec l'ordre concis et expéditif.
La nuit qui suivit fut d'un calme presque surnaturel tant le sommeil de Stiles fut dépourvu de tout songe délétère.
Pas de Nogitsune. Pas de rêve d'intrusion dans sa maison. Pas de cauchemar quelconque. Pas de pleurs. Pas de frissons.
Juste ses bras, sa présence.
Juste Derek.
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