Chapitre 18
Stiles était frustré. Dans la voiture de Derek, la somptueuse Camaro, mais frustré. Se retrouver en sa compagnie était toujours un plaisir même si la nature exacte de leur relation était on ne peut plus floue. Ce qu'il appréciait davantage, c'était de ne pas se retrouver seul après la discussion lunaire qu'ils avaient eue et de laquelle il était ressorti une chose en particulier, et pas des moindres : la modification du pacte.
Derek ne lui avait pas dit ce qu'il comptait changer.
Voilà sa frustration.
Se retrouver dans le bolide sublime du loup-garou était quelque chose de sympathique, néanmoins... Stiles apprécierait avoir davantage d'informations, ce que Derek se refusa à lui donner. Chaque fois que l'ancien alpha hochait négativement la tête, il arborait un air pensif.
- Est-ce que je peux au moins savoir où on va ? Demanda Stiles en soupirant, légèrement excédé.
- Ne me fais pas croire que tu ne reconnais pas la route qu'on prend, éluda à moitié Derek.
Bien sûr que l'hyperactif reconnaissait le chemin du loft. A vrai dire, il le connaissait par cœur, tant il avait dû le prendre, que ce soit pour une simple visite de courtoisie ou bien pour des réunions ayant le surnaturel pour principal sujet. Néanmoins, il ne voyait pas pourquoi Derek l'y amènerait et surtout, pourquoi il persistait à ne rien vouloir lui dire quant à ce qu'ils allaient y faire. Et puis merde, il se bornait à rester secret concernant ce foutu pacte !
- Tu veux pas, juste... Simplifier les choses et, au lieu de me faire attendre comme un idiot, me dire les modifications que tu veux apporter au pacte, histoire qu'on en discute ? Tenta l'hyperactif.
- Non.
Derek ne pouvait pas être plus clair dans ses propos. Son refus était net et s'il avait bien un point en commun avec Stiles, c'était ce côté têtu qui leur seyait parfaitement à tous les deux. L'hyperactif poussa un soupir agacé en s'enfonçant d'autant plus dans son siège.
- T'es en train de faire une connerie, Derek, maugréa-t-il.
Le loup, concentré sur la route, garda le silence. Pourquoi répondre lorsqu'il jugeait la chose aussi idiote qu'inutile ? A ses yeux, c'était Stiles, qui faisait une bêtise. Enfin... Le jeune homme l'avait déjà faite il y a bien longtemps de cela, en se renfermant peu à peu sur lui-même quant à ses problèmes et en jugeant son corps comme monstrueux. Les choses ne seraient pas allées aussi loin s'il avait reçu un peu d'aide, du soutien. Mais Stiles était quelqu'un d'extrêmement secret qui jugeait ses problèmes avec une dureté inouïe. A côté de cela, il se donnait corps et âme pour aider les autres.
Il fallait que cela change.
- T'es le loup le plus stupide que j'aie jamais connu, soupira Stiles en tournant la tête pour regarder le paysage urbain défiler.
Derek haussa un sourcil, lui jeta un regard de biais, sans ouvrir la bouche. Il reconnaissait le comportement de Stiles. Celui-ci agissait toujours ainsi lorsqu'il essayait de se protéger de quelque chose. De la peur qu'il ressentait, cette peur de ne pas contrôler la situation. Il était plus facile de gérer les choses en ayant ce fameux contrôle mais cette fois-ci, c'était Derek qui l'avait, et il allait bien en profiter. Ce qui l'étonna toutefois, ce fut l'absence de grande résistance de la part de Stiles. Il se protégeait, oui, mais ne l'abreuvait pas de paroles comme il en avait l'habitude. Il parlait de temps à autres, lâchait une petite pique sans réelle méchanceté, mais rien de plus. Parce qu'il n'était pas dans son élément et que dans le fond... Quelque chose l'empêchait d'être aussi véhément que d'ordinaire. Il y avait sans doute les mots de Scott, qui le hantaient encore, ses propres croyances qu'il plaçait au-dessus de tout, et cette confiance qu'il accordait à Derek malgré lui. Le loup... Il s'en rendait bien compte. L'hyperactif, bien qu'humain, avait toujours montré une certaine méfiance à l'égard de ses amis mais jamais il ne se laissait autant porter qu'avec lui, comme s'il avait quelque chose de plus.
Comme si leur relation avait débloqué quelques petites choses en lui, des choses qui donnaient certains privilèges au loup, qui n'avait pas la moindre intention de se plaindre à ce sujet. La confiance de Stiles était un cadeau qu'il ne fallait pas bafouer. Jamais. Si au départ, Derek prenait cela à la légère, il avait bien vu les différences subtiles de traitement que Stiles accordait aux autres. C'était toujours très léger mais à force... Le loup avait décrypté ses gestes, ses regards, son odeur en profondeur. Quant à savoir lorsqu'il avait commencé à voir tout cela... C'était un mystère. En fait, il avait graduellement remarqué toutes ces choses, parce qu'il aimait observer et analyser son entourage. Stiles... Était un garçon intéressant et bien plus complexe que n'importe qui pourrait l'imaginer.
- Je crois que j'ai envie de chier, lâcha élégamment Stiles.
Derek leva les yeux au ciel un instant.
- T'attendras qu'on soit arrivés, rétorqua-t-il durement.
Ce qui sous-entendait de laisser les sièges de la Camaro en dehors de ça.
- Donc si je comprends bien, il faut vraiment que je parle de merde pour que tu me répondes ? Releva l'hyperactif, un sourcil haussé.
- De quoi tu voudrais qu'on parle ? Soupira Derek, cachant son trouble de s'être fait complètement avoir.
- Je ne sais pas... Du pacte, par exemple ? Tenta Stiles, railleur.
Il y eut un instant de flottement. Puis, Derek répondit ceci :
- Tu peux toujours courir.
- Ou chier sur les sièges délicats de ta belle caisse, rétorqua Stiles.
Nouveau silence rapide.
- La ferme.
xxx
Derek sentait l'impatience de Stiles à plein nez. Oui, elle était aussi odorante que visible et cela ne le laissait pas indifférent. Alors, une fois garé, le loup sortit de la voiture et cueillit Stiles alors que celui-ci faisait de même. Après avoir verrouillé la Camaro, il prit d'autorité la main de l'hyperactif et l'entraîna à sa suite. La surprise et cette petite chose épicée qui s'ajouta faillit lui faire esquisser un rictus, mais il se retint. Mettre Stiles dans l'embarras n'était pas son but, d'autant plus qu'il aimait sentir cette main dans la sienne et qu'il sentait que c'était réciproque. Si Stiles était effectivement pris de cours par le geste du loup, il ne chercha pas le moins du monde à rompre le contact avec lui et Derek prit ça comme quelque chose de positif. A nouveau, il se sentit privilégié. Dans leurs mains liées se traduisaient un attachement fort ainsi qu'une confiance indéniable. Derek laissait entrer quelqu'un dans son cercle proche et Stiles acceptait de se laisser porter, entraîner. Le loup en lui prit un air fier.
Stiles tenta d'obtenir de nouvelles informations au fur et à mesure que l'ascenseur montait, les rapprochant d'un appartement qui gardait beaucoup de secrets. Ce loft qui avait accueilli leur premier ébat, leurs soupirs nocturnes. Si Derek garda le silence et ne laissa pas son expression indiquer le moindre indice à l'hyperactif, celui-ci n'en démordit pas : techniquement, il avait le droit de savoir puisqu'ils étaient plus ou moins arrivés. Le mutisme du loup l'agaça à tel point qu'il râla, sans jamais chercher à reprendre sa main. S'était-il rendu compte que leurs doigts s'étaient entrelacés durant ce court laps de temps ? Non, et cela amusait beaucoup Derek qui fit tout son possible pour ne rien laisser paraître. Autant qu'il garde son sérieux pour la suite. Et puis, voir la moue agacée du plus jeune et sa frustration le rendre impatient étaient un petit plaisir coupable qu'il ne lui avouerait pas de sitôt. A croire qu'il aimait bien l'asticoter, lui aussi. Le chercher. Le provoquer, dans le silence le plus complet. Stiles aimait les réactions, Derek ne lui en donnait pas. Alors, Stiles s'énervait, et Derek jubilait intérieurement. C'était comme avant, lorsque l'hyperactif cherchait sans arrêt à l'embêter, sauf que la situation s'était inversée et le loup jouait discrètement avec lui. Il y prenait un réel plaisir, sans jamais tomber dans la méchanceté. Il omettait simplement de lui répondre pour l'instant. Chaque chose en son temps.
Stiles redoubla d'ardeur et s'exclama tout naturellement, dès leur entrée à l'intérieur du loft :
- Non mais si tu veux qu'on baise, tu peux aussi me le dire clairement !
A nouveau, Derek se retint de montrer son amusement. Oui, il avait envie de l'hyperactif. Toujours. C'était comme s'il ne se lassait jamais de lui et que chaque fois était meilleure que la précédente. Cette main, dans la sienne... Il se l'imaginait, se la rappelait ainsi : durant une étreinte, entre deux gémissements, deux coups de butoir. Cela s'était déjà passé, alors il n'était pas difficile pour lui de se rappeler cette image des plus érotiques. Sans un mot, il l'emmena à l'étage, supportant avec patience et plaisirs ses commentaires saugrenus et ses exclamations décomplexées. Le prendre... Il l'aurait bien fait sans attendre, si les circonstances étaient différentes. Si le loup se mit à bouder en sachant que son plaisir serait grandement retardé, l'homme prôna la patience. Son but premier n'était pas de faire Stiles sien encore et encore. Non, ce qu'il voulait à cet instant, c'était l'aider.
Et il s'agissait de la raison pour laquelle il entendait bien modifier le pacte.
- Oui, bon, tu me diras, ta chambre n'est pas un mauvais choix... J'avoue que le matelas est sympa et...
Stiles continuait de déblatérer, de faire des commentaires avec une légèreté surprenante. Cependant, Derek n'était pas dupe. Il sentait tout autant sa peur que sa gêne. Et surtout, il sentait quelque chose qu'il respecterait. Il savait que Stiles avait régulièrement envie de lui mais cette fois-ci faisait exception. L'hyperactif n'était pas d'humeur à faire des galipettes et le loup-garou le comprenait fort bien. Les mots de Scott, destructeurs, faisaient encore effet sur le châtain et ne s'en iraient pas en un claquement de doigt. Alors oui, Stiles acceptait la proximité et le contact de Derek, mais il n'avait pas envie de plus. Pas pour l'instant. Cela tombait bien, parce que ce n'était pas la priorité de l'ancien alpha.
- Hey, l'arrêta-t-il soudainement en se retournant vers lui.
Stiles écarquilla les yeux d'un air adorable, ne s'attendant pas à être coupé dans sa tirade qui, au départ, avait semblé ne pas avoir de fin. La main libre de Derek partir se loger sur sa joue, dans un geste étrangement naturel.
- Détends-toi, quémanda-t-il d'un ton grave et profond.
Un ton chaud, agréable... Tant et si bien que Stiles resta un instant interdit, avant de reprendre rapidement la parole, histoire de garder la face, tout en tentant d'ignorer la main chaude sur sa joue et l'autre, tenant encore la sienne, leurs doigts toujours entrelacés. Derek étant plus grand que lui d'une tête, il fut obligé de lever les yeux dans sa direction.
- Ecoute, je... Tu peux pas m'en vouloir de stresser. Tu me dis rien, tu m'amènes là... Mec, on dirait un pervers. Si tu veux me mettre dans ton lit, ok, mais préviens-moi, histoire que je... Je ne sais pas, que... Que je sache à quoi m'attendre, débita-t-il, nerveux.
Derek s'autorisa, cette fois-ci, un très léger rictus amusé. Rien de plus. Mais celui-ci était trop difficile à garder invisible et pourtant, il disparut rapidement. Il appliqua une caresse légère sur sa joue. La nervosité de Stiles était adorable, mais elle sous-entendait quelque chose de bien plus sombre et qu'il n'appréciait pas le moins du monde. Stiles voulait être au courant de ce qu'ils allaient faire, non pas pour savoir à quoi s'attendre, mais bien pour s'adapter. L'amour, les galipettes et toutes ces frivolités n'étaient pas une histoire d'adaptabilité. Le consentement mutuel était un concept important, que beaucoup de gens avaient tendance à oublier, obligeant plus ou moins consciemment leur moitié à faire quelque chose de pas vraiment désiré. Stiles n'avait pas à s'adapter. Pourquoi chercher à subir quelque chose qu'il ne voulait pas à l'heure actuelle ? La réponse lui vint quasiment instantanément, évidente. Il avait peur de le perdre. C'était bien Stiles qui était à l'origine du message tenant à rompre le pacte à l'origine de leur semblant de relation et pourtant, il n'en ressentait pas la moindre envie. Il en avait besoin car il l'aidait à se vider la tête... Cette tête sans arrêt soumise à un flux de pensées trop important. Et puis il l'appréciait. Derek savait que s'il avait gagné la confiance de Stiles, ce n'était pas pour rien. La manière dont ils s'offraient l'un à l'autre était trop naturelle pour qu'elle ne soit le fruit que d'une forme d'intérêt.
- On ne va rien faire du tout. Je sais que tu n'en as pas envie, lui indiqua-t-il avant d'enchaîner rapidement, de peur que Stiles ne tente de lui piquer la parole. Je le sens, je le sais. Mais même si tu avais voulu, on ne l'aurait pas fait. Je ne t'ai pas fait venir pour ça.
Peut-être plus tard, mais pas avant qu'ils aient discuté.
Stiles l'écoutait, était suspendu à ses lèvres, comme si elles disaient quelque chose de spécial. Mais non, elles remettaient simplement la vérité au goût du jour, lui montrant qu'il n'avait pas à se forcer à faire quoi que ce soit dont il n'avait pas envie. Et le fait, le simple fait que Derek le lui rappelle lui mit du baume au cœur. Fit disparaître en un instant sa peur. Parce que le loup lui montrait une fois de plus qu'il ne comptait pas pour du beurre.
- Et tu m'as fait venir pour quoi ? Demanda l'hyperactif en se rapprochant un peu plus de son amant.
Leurs mains jointes ne lui suffisaient pas. Celle sur sa joue non plus. Il avait l'étrange besoin de sentir un peu plus Derek contre lui, gardant comme souvenir leur étreinte passée. Jamais il n'oublierait la manière dont le loup l'avait enlacé un peu plus tôt, chez lui, lorsqu'il lui enjoignait de ne plus écouter Scott. Comme s'il lisait dans ses pensées, Derek laissa sa main descendre du visage de l'hyperactif, passant doucement sur sa nuque et chutant graduellement jusqu'à se loger au creux de son dos. Il le rapprocha de lui. Posa son front contre le sien, sans cesser de le regarder.
- Tu me fais confiance ? Murmura le loup.
Stiles, le visage rougissant à cause de cette proximité, n'eut pas besoin de répondre... Son regard parlait pour lui.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top