Chapitre 11


Derek n'était pas de bonne humeur. Au volant de sa Camaro, il avait un visage des plus fermés. Il était clair qu'il ne fallait pas avoir besoin de lui à cet instant précis ou bien il ne répondrait de rien. C'était fou ce que de simples mots pouvaient avoir comme impact. S'il n'avait rien montré sur le moment, Derek n'en avait pas ressenti moins. Rentrer chez lui après avoir passé une nuit aussi merveilleuse que la matinée suivante était presque une délivrance. Parce que tout était parfait, jusqu'à cette confession.

Derek était parti tout à fait normalement de chez Stiles. Il n'avait rien laissé paraître de son trouble, ou presque : peut-être avait-il été un peu sec sur la fin, mais il n'y avait là rien de probant. Du moins, c'était ce dont il essayait de se convaincre.

En fait, Derek n'aimait pas ne pas comprendre les choses. Et quand il ne comprenait pas sur une période dépassant la minute, ça l'énervait. Par conséquent, il était donc en colère. En même temps, il n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi Stiles semblait haïr son corps à ce point. Enfin à ce niveau-là, ce n'était plus de la haine, mais du dégoût – l'hyperactif l'avait dit lui-même et son cœur n'avait pas raté le moindre battement.

Derek vira à droite et s'engagea dans la rue dans laquelle se trouvait son loft. Non, définitivement, il n'arrivait pas à comprendre. Stiles avait, objectivement, tout pour plaire. Ce qui ne jouait pas en sa faveur, à la limite, c'était son style vestimentaire, mais lorsque l'on savait le trésor que cachaient ses vêtements... Cela n'avait plus d'importance. Et son visage, parlons-en, de son visage ! Derek le trouvait harmonieux et particulièrement séduisant. Stiles avait ce quelque chose qui lui donnait envie de le plaquer contre un mur et de l'embrasser à en perdre haleine. Était-ce la faute de ses lèvres fines mais fort douces ? Son adorable petit nez retroussé ? Ses joues de hamster qu'il rêvait en secret de tripoter ? Ses yeux ?

Derek y repensa en se garant dans son parking. Il aimait beaucoup les yeux de Stiles. De loin, ils pouvaient paraître tout à fait ordinaires. Du marron, marron clair, à la limite. Un rayon de soleil suffisait toutefois à éclairer son regard en réalité un peu plus complexe que cela. Les iris de l'hyperactif étaient sensibles à la couleur que prenait un verre de whisky laissé à l'abandon sur la table d'un bar. Parfois, on dirait du miel et d'autres fois, de l'ambre. En se rapprochant de plus près, il était impossible de se décider entre ces trois comparaisons tant le regard de l'hyperactif devenait envoûtant. Se dégageait de lui quelque chose de spécial que Derek était incapable d'identifier, mais qui l'attirait plus que nécessaire. Le pire était qu'il en était conscient mais ne faisait rien pour réfréner cela. Si Stiles avait parfois le don de le mettre en colère en quelques secondes, Derek appréciait toutefois beaucoup de choses chez lui. Sa franchise était une de ses plus grandes qualités et il avait ce petit côté qui le rendait attachant. Ou plutôt attachiant. Non parce qu'il était têtu quand il s'y mettait. Lui faire cracher le morceau avait été rude.

Derek monta et pénétra à l'intérieur de son loft, dont il fit coulisser la grande porte après l'avoir déverrouillée. Le trajet ne l'avait pas vraiment calmé. Maintenant, il pensait au corps de Stiles. Et quel corps. Un trésor, comme dit précédemment. Même si le loup le dépassait, Stiles était grand et fin, sans l'être trop. Très honnêtement, il avait ce qu'il fallait de graisse et de muscles, et tout chez lui semblait bien proportionné. Pourquoi diable le haïssait-il tant ? Derek ne lui montrait-il pas bien à quel point il était désirable ? Sa vigueur et la régularité de leurs ébats n'étaient pas feintes ou disproportionnées. Si le loup continuait ce petit pacte avec Stiles, c'était non seulement parce qu'entre eux, ça matchait, mais également qu'il avait tout pour le satisfaire. A l'heure actuelle, Derek ne se voyait pas changer de partenaire de sexe et il y avait même peut-être moyen qu'il demande à Stiles si celui-ci était d'accord pour prolonger leur entente après la saison des chaleurs. C'était inédit, mais le bêta était honnête avec Stiles et avec lui-même. Si son corps avait réellement été un problème, il le lui aurait dit. Contrairement à ce qu'avait pensé l'adolescent de prime abord, il ne suffisait pas de trouver « un trou ». Non, il fallait que le loup et l'humain soient aient un minimum d'alchimie avec leur partenaire, quel qu'il soit. Le corps et l'âme devaient plaire, au moins un peu, ou bien les chaleurs deviendraient, pour Derek, impossible à contrôler. Il calmerait ses ardeurs un temps, sans pour autant que ça le soulage. Avec Stiles... Il était comblé. Très franchement, il n'aurait pas parié sur lui. Comme quoi...

Oui, mais la perception que le jeune homme avait de lui-même le dérangeait sérieusement. Il était jeune, si jeune... Comment pouvait-il se voir de cette manière ? Derek avait eu la confirmation que son dégoût concernant son corps allait beaucoup plus loin que le simple complexe. C'était presque maladif.

Derek jeta un coup d'œil à son évier plein de vaisselle sale et soupira en songeant qu'il allait devoir la faire lui-même. Il n'avait parfois pas le sens des priorités : il avait un grand loft et possédait même tout l'immeuble mais jusqu'à maintenant, il n'avait toujours pas acheté de lave-vaisselle. Autrefois, c'était inutile. Vivant seul, une assiette, un verre, deux pauvres couverts – facultatifs, parfois il se servait uniquement de ses griffes – et une casserole ou une poêle, c'était rapide à laver, cela ne l'embêtait pas et ne lui prenait pas beaucoup de temps. Oui, maintenant, il faisait partie d'une meute composée de son adorable oncle détestable et d'une bande d'adolescents avec pour la plupart une cervelle incomplète et une certaine propension pour le squat. Combien de fois ces idiots s'étaient-ils invités pour manger au loft ? En y repensant, Stiles faisait souvent partie du groupe.

Songer à lui recentra ses pensées. D'où pouvaient venir ce dégoût et cette honte ? Les deux allaient de pair, c'était certain. Alors qu'il nettoyait une assiette, Derek replongea dans ses souvenirs, essayant tant bien que mal de comprendre. Il avait fait la rencontre du jeune homme deux ans plus tôt, dans la forêt. Par la suite, ils avaient dû se rapprocher un peu et collaborer pour contrer les menaces surnaturelles qui menaçaient la ville de Beacon Hills. Stiles s'était toujours montré sarcastique, vif d'esprit et diablement intelligent. Mais jamais, ô grand jamais il ne se montrait découvert. Les fois où il avait débarqué en t-shirt se comptaient sur les doigts d'une main : l'hyperactif préférait enfiler une chemise par-dessus son haut, ou bien une veste. Rares étaient les fois où l'on voyait plus que ses poignets. Et puis, Derek se rappela ces quelques fois récentes où il était allé le voir, chez lui, dans sa chambre. A chaque fois, Stiles se précipitait pour enfiler une veste, quelque chose pour cacher ses bras. Derek avait bien songé à une idée scabreuse et ses yeux surnaturels avaient à chaque fois le temps de parcourir la peau claire de l'adolescent du regard, surtout lorsqu'ils s'unissait dans une obscurité que l'hyperactif pensait totale : non, Stiles n'avait pas l'air de se mutiler. Derek aurait senti une fragrance se rapportant à son sang, ce qui n'avait été le cas à aucun moment. En soi, c'était déjà une bonne nouvelle. Le loup du Hale couinait déjà à l'idée que son partenaire puisse se faire du mal de son plein gré. Cette sordide hypothèse écartée, il se pencha sur autre chose. L'évènement traumatique était pour lui une piste à la fois sérieuse et intéressante. Derek était certain que Stiles n'en était pas venu à se haïr seul. Il lui avait fallu autre chose. L'hyperactif n'était pas du genre à se laisser tomber seul dans l'abîme de son dégoût. On l'y avait poussé et au fond, ça tendait Derek. Stiles avait tout pour plaire, tout pour être heureux à sa manière : comment avait-on pu l'amener à se détester de la sorte ? On avait détruit sa vision de lui-même et voilà que c'était lui qui se mettait des bâtons dans les roues. Sa réaction par rapport au cours de piscine de l'autre fois était très parlante. Il était terrorisé à l'idée de devoir être présent et sa priorité avait été de tout faire pour éviter d'y aller, puis de faire en sorte que son père ne soit pas au courant. Le problème de Stiles ne concernait pas le shérif, ça, Derek en était sûr et certain. C'était autre chose, mais quoi ? Qui ? Quand ? Comment ?

Une chose était sûre, Derek n'allait pas laisser l'adolescent continuer de s'enfoncer dans son « complexe » sans rien faire. Il l'aimait bien, cet hyperactif. Il était peut-être un peu chiant, bavard, insistant et inconscient de la dangerosité de certaines situations, mais il avait ce petit quelque chose qui le rendait attachant. Derek était bien obligé de l'avouer : sans Stiles, la meute ne serait pas ce qu'elle était aujourd'hui. Lui-même se sentait toujours un peu plus léger quand il savait que l'hyperactif s'occupait de la meute, notamment en ce qui concernait les réunions. Si Stiles avait bien un talent, c'était d'exploiter son intelligence pour aider les autres. Ses plans qui paraissaient instables se révélaient être les meilleurs et les plus sécurisants. Combien de fois avait-il sauvé Scott, Lydia, Derek et les autres ? Alors oui, le loup lui devait bien ça. Maintenant qu'il connaissait le problème, il allait falloir qu'il remonte jusqu'à sa source pour en apercevoir l'origine et ainsi comprendre comment faire en sorte que Stiles apprenne à passer au-dessus de ce « complexe ».

Derek n'était pas un professionnel du social, c'était même tout l'inverse : néanmoins, ce n'était pas un mauvais bougre et le bien-être de l'hyperactif lui importait beaucoup. A vrai dire, le lycanthrope voulait toujours que les gens qui l'entouraient aillent bien. Généralement, ce n'était pas lui qui réglait leurs problèmes s'ils n'étaient pas dans son domaine de compétence, mais il faisait au mieux dans tous les cas. Et Stiles... Stiles faisait actuellement partie de son cercle le plus proche, non seulement parce qu'ils étaient sans doute sexfriends, mais aussi et surtout parce qu'il lui faisait confiance, sincèrement. Il avait confiance en son corps et en son esprit.

Alors oui, Derek l'aiderait à sa manière. Mais avant, il allait falloir qu'il enquête sur cette étrange visite nocturne qu'il avait surprise chez Stiles... Parce qu'il n'oubliait pas ce battement de cœur étranger, ni cette odeur inconnue.

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Désolée pour ce chapitre pas ouf, j'suis encore morte je crois. Enfin bref, ceci était un chapitre tout calme axé sur les pensées de Derek, sans aucune action, j'arrivais pas à le faire autrement. Le prochain devrait bouger un poco.

Bref déso pour cette bouse infâme, et à la prochaine ! (Si vous voulez vous remettre de votre lecture un peu nulle, j'ai d'autres fanfics un peu mieux xD)

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