Jersey PDV

Cela fait un petit temps que la danse improvisée qui nous a mené à nous embrasser, à nous prendre la tête, à nous embrasser à nouveau et pour finir, dormir enlacés dans le canapé c'est déroulé. Cela fait deux semaines et depuis, je n'ai plus jamais revu Niall de face. Nous ne nous parlons que par messages mais ce n'est pas suffisant. Et puis, j'ai l'impression que ce n'est plus comme avant. Notre relation n'est plus la même depuis ce jour-là. Les paroles ne sont plus les mêmes et n'ont plus le même sens. Je le sens et je le sais. Je n'arrive pas à me sortir de la tête qu'on n'arrive pas à oublier cette soirée et à passer au-dessus de cette dernière. Tout nous ramène constamment à elle.

Je suis en manque terrible de ses lèvres, de ses bras, de sa présence, de son sourire, de sa voix, de tout son être simplement. Parce que des messages ne remplaceront jamais la présence humaine. Parce que des messages –peu importe à quel point ils sont mignons et pathétiques dans leur genre-, ils ne pourront jamais remplacer le contact humain et les paroles dîtes à vive voix. De ça, j'en suis sûre et certaine et je crois bien que je ne suis pas la seule à le penser.

Même Niall me rejoint là-dedans, mais il est de l'autre côté de l'océan Atlantique et je ne peux donc rien faire pour le toucher ou pour essayer de rattraper un peu du temps perdu. Si je venais jusqu'à lui par avion, cela ne servirait à rien du tout parce qu'il serait tellement occupé à courir à gauche et à droite que j'aurais à peine le temps d'arriver à l'endroit où il se trouvait dernièrement qu'il serait déjà partit à des kilomètres /miles plus loin. Et je me serais donc déplacée pour rien, puisque je n'ai clairement pas envie de lui courir après pendant des jours et des jours. Pour cela, je passe mon tour.

Je lis un roman qui me passionne vraiment. Déjà parce qu'il est intéressant puisqu'il parle d'un sujet que peu de livres abordes à mon goût, ce sont les familles recomposées avec des parents de même sexe. Autrement dit, l'héroïne apprend que ses parents divorcent et qu'elle va avoir deux belles-mères au lieu d'une puisque sa mère est devenue lesbienne. Elle ne sait même pas comment s'est arrivée et la situation la dépasse complètement. Et j'ai l'impression que je suis un peu comme elle, enfaite, même si nous ne vivons pas du tout la même situation. Moi, mes parents sont morts, pas divorcés. Mais je suis dépassée par la situation et la relation que j'entretiens avec Niall.

Il n'arrête pas de me faire des allusions sur ses sentiments. Mais il ne me dit jamais qu'il est amoureux de moi. Et tant qu'il ne me le dira pas, je n'y croirais pas. Il ne peut pas m'aimer vu la banalité que je suis. Il a tout a plein de femmes plus belles les unes que les autres autour de lui et il me choisirait moi ? Ce serait la plus grosse connerie et blague du siècle, mais apparemment c'est ce qu'il s'est décidé à faire. Je n'ai pas l'impression qu'il joue avec mes sentiments ou n'importe quelle autre connerie du genre. J'ai juste l'impression que je l'empêche de trouver tellement mieux que moi et ça me désole. Parce qu'il mérite tellement mieux qu'une femme parmi tant d'autres qui ne s'aime pas, qui refuse qu'on l'aime, qui est asociale et ne supporte pas grand monde. En parlant du loup, il vient de m'envoyer un message.

Niall : Jersey, je suis désolé si je te dérange mais j'avais envie de te parler. Tu as un peu de temps à m'accorder ?

J'allais lui répondre lorsque l'on toque à ma porte. Je verrouille mon cellulaire et le pose à côté du manuscrit de plus de 500 pages. Je mets un signe à l'endroit où je me trouve dans l'histoire et pars ouvrir la porte de mon bureau. Je tombe nez à nez avec Stacey et cela ne m'étonne pas. Elle ne s'est toujours pas décidée à me lâcher les basques depuis qu'elle m'a annoncé qu'elle voulait m'aider. Sauf que je ne lui ai parlé de rien du tout par rapport à Niall. Je préfère nettement lui faire croire et imaginer je-ne-sais quel scénario qui serait parfait sous forme de roman plutôt que de lui parler de Lui. Parce que cet irlandais m'appartient d'une certaine manière et même si je ne suis pas forcément pour mais je préfèrerais nettement qu'il me lâche pour une bombe californienne qui fait la couverture de tous les magazines avec un corps de rêve, plutôt que pour ma collègue.

-Comment ça va, depuis la dernière fois ? S'enquiert-elle en prenant place sur le siège en face de mon bureau.

-Rien n'a changé, répondis-je brièvement.

Je prends vite mon cellulaire et tape une réponse brève à l'irlandais. Je dois avouer que je ne me suis pas foulée le cul avec une réponse telle que « Non, je suis désolée, je n'ai pas le temps. Une prochaine fois ». Je n'aurais pas pu faire pire, ça c'est sûr mais en présence de Stacey, je n'avais pas envie de m'attarder sur mon cellulaire sinon elle le remarquerait et me supplierait pour lire mes messages ou simplement pour savoir à qui je parle. Et pour être franche et honnête le plus possible, je me vois très mal lui dire que je réponds à un message venant du très célèbre Niall Horan, une fierté de notre pays aux fortes origines celtiques.

-Jersey, si tu ne te confies pas à moi, sache que les choses n'avanceront jam-, commença-t-elle.

-Ta gueule Stacey et fiche-moi la paix putain ! Tu ne vois pas que cela fait deux mois que tu me casses les couilles ? Et bien maintenant tu le sais si ce n'est pas le cas. Laisse-moi tranquille et ne te mêle plus jamais de ma vie, la coupais-je.

Stacey tire la gueule jusque par terre, visiblement étonnée de mon comportement. Mais j'en ai assez qu'elle se mêle de ce qui ne la regarde pas. J'en ai assez qu'elle fourre son nez dans mes affaires comme si elle en avait pleinement le droit. Putain, elle n'est pas ma meilleure amie ! Et encore moins Nina et Nael, merde quoi ! Si elle voulait écouter les problèmes des gens et les conseiller, elle n'avait qu'à faire des études de psychologie et non littéraire comme moi. Elle se lève soudainement et sort du bureau en ne manquant pas de claquer la porte. Mais je m'en contrefous, parce que je n'ai pas besoin d'elle comme j'ai besoin de Niall.

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Musique ; Ed Sheeran - All Of The Stars