41 - Sujets douloureux
Niall PDV
Nous rions de bon cœur ensemble et franchement ça fait du bien. Surtout de sentir sa peau contre la mienne. Je ferme un instant les yeux, riant encore une nouvelle fois. De un parce que son rire est contagieux mais aussi parce que sa blague était bonne. À priori, on ne pourrait pas se douter que ce si petit bout de femme aurait autant d'humour. Je me mords la lèvre inférieure alors que mes yeux filent partout sur son visage, s'attardant sur ses yeux et ses lèvres.
Son regard pétillant qui croise le mien me procure mille et un frissons dans tout mon corps. Je crois que je pourrais presque avancer le fait qu'elle est probablement la femme de ma vie. Puisqu'avant elle je n'ai jamais ressentis de telle chose. Avant elle, j'ai l'impression qu'il n'y a jamais eu d'amour dans ma vie. Avant elle, c'était presque comme si elles n'existaient plus.
-J'adore ton rire, la complimentais-je avec douceur.
Jersey me sourit timidement en retour, deux pommettes saillantes faisant leurs apparitions. Je ne les avais jamais remarqué auparavant, sûrement parce que maintenant je suis moins subjugué par sa beauté naturelle affligeante. Son sourire est sûrement sa manière de me remercier et je ne peux m'empêcher de me dire que je préfère tellement ce sourire qu'à un « merci » sincère. Son sourire est l'une des plus belles choses de ma vie. Aujourd'hui, après presque deux mois à avoir traîné les choses, j'ai envie de les concrétiser. Et il faut dire que rien de mieux qu'un chocolat chaud et un merveilleux au chocolat blanc que pour y arriver.
-Merci, finit-elle par quand même dire.
-De rien, renchéris-je immédiatement.
Son sourire est vraiment la plus belle chose que je n'ai jamais vue de toute ma vie. Son sourire est la plus belle que j'ai eu le droit de voir jusqu'à présent. Nous parlons pendant encore un petit temps, de tout comme de rien. De la pluie et du beau temps, comme le dit si bien l'expression. Nous parlons un peu de ma vie et de la sienne et le contraste entre les deux est vraiment flagrant.
Jamais je n'aurais cru que deux milieux pouvaient être si opposés mais avoir quand même quelques similitudes. Et puis viens les sujets dont nous n'avions jamais parlés ou si peu : La famille, les amis, le lycée, le collège, le passé en gros. Et c'est là que le malaise vient parce que j'avais posé ma question maladroitement et que ce sont des sujets qui la gênent. Ma question, on ne pouvait pas la faire plus pire et la voici :
-Bon Jersey, je dois avouer que je connais beaucoup de choses sur toi mais quasiment rien du tout sur ton passé et sur les sujets un peu de base tels que la famille et les amis. Peux-tu m'en dire un peu plus là-dessus ? Demandais-je en me pinçant les lèvres.
Jersey n'ose même plus me regarder, tellement elle est gênée et honteuse. C'est presque si je me demande si elle respire toujours ou si elle est sur le point de s'évanouir. Et c'est quand elle soupire fortement par le nez et la bouche en même temps que je sais qu'elle respirait toujours. Je tente de capter son regard, mais elle me fuit. Elle vient même de retirer sa main gauche qui était encore entourée de ma main droite il y a quelques secondes. Et maintenant que ma main est seule sur la table, qu'elle ne tient plus celle de la brunette, je ressens un putain de vide en moi. J'ai l'impression qu'une partie de mon être vient d'être arracher de mon corps. Et Seigneur ce que c'est douloureux.
-Jersey ? S'il te plaît, j'ai vraiment besoin de réponse, la suppliais-je. Mais si tu ne veux pas me les donner maintenant, ce n'est pas grave. Tu le feras plus tard lorsque tu te sentiras prête parce que je ne veux t'obliger en rien. Je t'en prie, regarde-moi au moins, réitérais-je l'expérience.
Jersey me regarde dans le blanc des yeux pendant 3 secondes maximum pour ensuite détourner le regard. Elle n'est pas à l'aise sur ces sujets-là, je le sais et même avec mes dernières paroles, elle ne paraît pas très soulagée. Je me mords l'intérieure de la joue gauche et me retiens de m'en mettre une tellement que je suis con. Je n'aurais jamais dû intervenir de cette façon, parce que maintenant j'ai l'impression de l'avoir perdue.
Et j'espère que ce n'est pas pour du bon puisque je ne me le pardonnerais jamais alors. Ma main est toujours sur la table, cherchant désespérément –enfin attendant plutôt- après celle de la belle brunette que j'ai en face de moi. Je viens encore de tout gâcher, mais j'ai besoin de connaître ce genre de choses sur elle. Cela m'est indispensable. Sinon je vais devenir fou. J'ai vraiment de besoin de savoir, parce que ce serait la meilleure preuve de confiance qu'elle pourrait me faire. Elle se racle la gorge et alors que je m'attendais à ce qu'elle fasse une grimace, elle se lance.
-Mes parents se disputaient tout le temps lorsque j'étais petite. Et même s'ils pouvaient divorcer, ils ne l'ont jamais faits et sont restés ensembles jusqu'à leur mort à deux jours de mes 18 ans. J'avais vécu un enfer presque toute ma vie à cause d'eux, parce qu'ils me prennent souvent comme fautives ou me prenaient dans la dispute et je ne savais pas comment en sortir. Tout ce dont j'avais envie, c'était le silence et d'avoir la paix, mais c'était trop leur demander. Ma mère faisait une fixation sur mon physique et mon père sur mes études. Alors qu'en réalité, ils n'en avaient rien à foutre de moi, tout ce qui comptait pour eux c'était de faire bonne figure face à autre. Et pour finir, je me suis laissé emporter par ce flot durant mon enfance, mais à mon adolescence –sûrement à cause de la maturité- j'avais remarqué que c'était complètement stupide de se comporter ainsi. Et je me suis donc enfuie dans les mots, le silence, l'isolation. C'était la meilleure façon pour moi de ne pas subir toutes ces horreurs, de pouvoir m'en débarrasser pendant quelques minutes. J'étais trop jeune que pour me bourrer la gueule et en ce qui concerne la nicotine, j'ai commencé plus tard. Et c'est comme ça que je sais que tu es un fumeur, tu sens la nicotine à des mètres à la ronde. Je reconnais parfaitement ce genre d'odeur. Voilà, en ce qui concerne ma « famille », commença-t-elle en faisant les guillemets avec ses doigts. Pour ce qui concerne mes amis, j'ai eu une meilleure amie qui s'est suicidée lorsqu'elle avait 13 ans et que j'en avais 12 ans. Elle était mauvaise pour moi, je le savais, mais je ne pouvais pas m'empêcher de la suivre dans tous ces coups foireux. C'est avec elle que j'ai eu ma première clope, mon premier verre, mes premiers mots, mes premières lèvres, mes premiers baisers, mes premières sorties en douce. C'est avec elle que j'ai fais les pires quatre cents coups de l'histoire, comme prendre de la drogue, sauf qu'elle était complètement folle et pas du tout stable psychologiquement. Elle m'a tiré vers le bas jusqu'au bout et encore maintenant, elle continue de m'entraîner dans sa chute. J'ai une autre, une bibliothécaire mais elle est plus âgée que nous. J'allais la voir lorsque ça pétait des câbles chez moi et que je n'en pouvais plus. Elle m'écoutait sans m'interrompre et ne me jugeait pas. C'est principalement grâce à elle que j'ai commencé à avoir cette passion pour les mots, la lecture, l'écriture, continue-t-elle. Et sur le reste de mon passé, je n'ai pas grand-chose à dire à part que j'ai eu trois petits amis jusqu'à présent, que j'étais une asociale endurcie, que je détestais déjà les compliments et les câlins, que je passais mon temps à fuir le monde et surtout, que je n'arrivais pas à m'ouvrir aux autres contrairement qu'à toi, termina-t-elle avec une once de larme dans la voix.
C'était donc cela, sa vie sans moi. Je n'arrive pas à y croire. Je me pince les lèvres et capture enfin son regard. Lorsque sa main se tend timidement vers la mienne, je la saisis rapidement et fermement comme pour lui montrer que je ne partirais pas, que je l'ai écouté et que je ne compte pas la jugé. Après tout, c'est sa vie et non la mienne. Et qui je suis pour la juger ? Je ne suis qu'un autre être humain constitué à peu près de la même manière et avec une autre existence. Ce n'est rien d'autre, à la base, on est tous les mêmes. Et c'est grâce à Jersey que je l'ai compris. Nous sommes tous les mêmes à la base, tous fais des mêmes éléments basiques mais c'est juste le milieu dans lequel on vit et on grandit qui nous diversifie et qui nous façonne aussi. Merci Jersey, merci pour cette putain de leçon de vie.
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Musique ; Midnight Memories - One Direction
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