38 - Se revoir

Jersey PDV

Niall vient de m'envoyer un message, m'invitant à venir le rejoindre au parc où l'on s'est vu pour la première fois dans moins d'une demie heure minimum. J'ai manqué de m'étouffer avec tout l'oxygène qui entrait dans ma bouche et mes poumons à ce moment-là. J'ai manqué de faire de l'hyperventilation aussi. Cet homme me rend complètement dingue et même si je déteste l'avouer et que je me dégoûte en quelque sorte, je suis amoureuse de lui. Je ne suis pas habituée à ressentir des émotions et sentiments aussi forts et aussi puissants, parce que jusqu'à présent je n'ai fais qu'aimer ces adolescents devenus hommes maintenant alors que je suis littéralement et éperdument amoureuse de cet irlandais à la fausse chevelure cuivrée.

J'inspire un grand coup et me rends dans ma salle de bain pour me faire un brin de toilette histoire de ne pas avoir l'air d'un homme de Cro-Magnon tout droit sortit de sa grotte après avoir allumé un feu et égorger un pauvre animal. Je me passe simplement un peu d'eau sur le visage, mettant une touche de mascara et une touche de baume à lèvre avant de m'en aller. J'attrape mes chaussures et mon sac au passage, enfilant les premières à la hâte et n'importe comment sur le chemin entre ma chambre et la porte d'entrée et le second, je le passe sur mon épaule jusqu'à ce que je me rende compte que je n'ai pas encore enfilé ma jacket et que donc, je dois la mettre et ensuite passer mon sac sur mon épaule. Lorsque le tout est fait, je regarde une dernière fois l'heure sur mon cellulaire avant de le ranger dans ma poche et avoir mit les écouteurs dans mes oreilles puis lancer la musique, bien évidemment.

J'ouvre la porte d'entrée et la referme à clé derrière moi. Mon carnet vert est encore une fois dans mon sac et si j'ai le temps avant qu'il n'arrive mais cela m'étonnerait, je pense bien que je vais un peu écrire dedans parce que j'étais tellement stressée et excitée aujourd'hui que me pensées étaient dans un bordel au début du capharnaüm ingérable. Alors j'ai préféré ne pas souiller des pages de mon cahier pour rien, cela aurait été con, et je n'ai donc encore rien écris de la journée alors que j'écris au moins une phrase par jour. Ça fait une semaine et un mois, maintenant. Ça fait une semaine que j'ai eu mes pensées sur la différence entre aimer et être amoureux. Et je n'ai toujours pas changé mes positions, je campe encore sur les mêmes. Je ne suis pas prête de les changer d'ailleurs, ses positions par rapport à mon avis sur cela.

Je me mets en route et rapidement –plus vite que je ne l'espérais que je croyais-, j'arrive devant l'entrée du parc. Il n'y a pas grand monde dans les environs, parce qu'ils viennent pratiquement tous de sûrement rentrer chez eux pour préparer le repas du soir. Je souris doucement et je me rends lentement –enfin moins rapidement que de mon appartement jusqu'à l'entrée du parc- vers mon arbre. Oui, car maintenant il est un peu devenu mon arbre et bientôt aussi notre arbre. Si je ne m'étais pas mise là et qu'ils n'étaient pas allés jouer au football un peu plus loin, nous ne nous saurions probablement jamais ni rencontrer ni croiser. Ou bien j'aurais été une parfaite inconnue dans la rue et ou simplement j'aurais été rien du tout. Jamais ses yeux ne se seraient posés sur moi et jamais nous n'en serions ici.

J'arrive à l'arbre et il n'y a encore personne. Je ne suis pas déçue pour autant parce que c'est sûrement normal qu'il n'est pas encore arrivé. Je ne m'arrête pas de sourire légèrement et je m'assois sur l'herbe fine, déposant d'abord mon sac sur le sol. Je ne sors pas mon carnet vert parce que je n'ai pas vraiment envie qu'il tombe dessus. Je préfère garder le secret de l'existence de ce bout de moi pendant encore un moment. Et peut-même à jamais puisque ce serait probablement la fin du monde s'il tombait dessus puisqu'il connaîtrait toutes mes pensées et mes plus intimes secrets. Je m'adosse à l'arbre et rapproche mes jambes de mon buste, collant ainsi presque mes genoux à ma poitrine.

-Salut ! S'enquit une voix près de moi que je reconnais immédiatement.

Je sursaute et pose ma main droite sur mon cœur parce que je ne l'avais pas attendu arriver, pensant un peu trop fortement que pour ne pas partir dans mes pensées sur la réaction qu'il pourrait avoir en apprenant l'existence de ce carnet et surtout son contenu. Je relève la tête parce que je voyais ces genoux et tombe directement dans ses yeux. Et ce n'est pas une façon de parler. Je me perds et chute littéralement dans l'océan de ses yeux. Je me mords la lèvre inférieure alors qu'il me sourit timidement, les mains dans les poches avant de son jean. Et il me fait la bise simplement, sur les deux joues près de la commissure de mes lèvres –trop proche même. Il n'a pas l'air de voir la gêne et le tremblement de terre qui vient de se faire en moi à cause de ses lèvres qui se sont attardées un peu trop que pour cela paraisse normal et amical et un peu trop proche du coin de mes lèvres pour que cela paraisse aussi amical et normal.

-Salut, répliquais-je timidement et surtout mollement.

Niall prend place sur ma gauche, étendant ses jambes devant lui avec nos corps qui se frôlent. Cette proximité me met mal à l'aise, parce que déjà je n'y suis pas habituée mais aussi vu l'ampleur de mes sentiments et de comment ils sont tournés, ça me pose un sérieux problème. Et j'ai la nette impression qu'il le fait exprès. Mais aussi que si on tournait tous les deux la tête l'un vers l'autre, on pourrait pratiquement s'embrasser –voire même pas pratiquement du tout et carrément s'embrasser-, ou encore sentir le souffle de l'autre tout proche du notre.

-Comment ça va depuis ce matin ? J'espère au moins que je ne t'ai pas réveillé..., demande-t-il. J'ai même hésite à t'envoyer le message mais pour finir, je l'ai fais parce que je n'avais pas envie de créer un quelconque problème puisque c'était ce qu'on avait convenu, avoue-t-il ensuite un sourire dans la voix.

-Non, ça va. Je n'arrivais pas à dormir de toute manière donc tu ne m'as aucunement réveillé, répondis-je avec un léger sourire en coin lorsque je repense au fait que je suis restée éveillée toute la nuit exprès pour son message me niquant les yeux à cause de la lumière éblouissante de l'écran de mon cellulaire dans l'obscurité de ma chambre la nuit. Ton voyage s'est bien passé ? S'enquiers-je ensuite pour ne pas qu'il y ait un blanc dans la conversation.

-Oui, très bien et même mieux que je ne le pensais. Sûrement parce que j'allais revoir ma famille et te revoir toi aussi, rétorqua-t-il en tournant la tête vers moi.

Je manque de m'étouffer avec ma salive alors je me racle la gorge pour faire croire que j'ai besoin de m'éclaircir la voix pour reparler ensuite. L'addition de son regard intense posé sur moi, de ses paroles, du ton chaleureux de sa voix, de sa putain de proximité fait que je suis toute gênée et mal à l'aise. Je crois que je serais capable de me jeter à son cou et de l'embrasser langoureusement mais je me retiens parce que ce n'est pas poli et respectueux. Puis, ça ne se fait pas de faire ça avec quelqu'un qui ne nous aime pas de la même manière. Je vire au rouge cramoisi avant de dire ses paroles, en montant d'une octave, forcément :

-Moi aussi je suis contente de te revoir.

***

Musique ; Barry White - My First, My Last, My Everything

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