31 - Sous cet arbre
Jersey PDV
Je rouvre les yeux d'un seul coup. Je tourne dans mon lit et alors que je croyais me retrouver au milieu de ce dernier, j'étais en faite sur le bord gauche et comme je tournais vers la droite, je me fracasse le cul au sol. Comment bien commencer la journée ! Déjà que j'ai du convaincre un irlandais d'arrêter de boire et d'aller se coucher hier soir, alors que je matais le beau Derek Morgan d'Esprits criminels, et bien je suis complètement épuisé. J'ai demandé pour prendre un jour de congé et ils ont acceptés grâce à un prétexte de maladie.
-Tu n'as pas raté ton coup, Jersey, m'auto-complimentais-je.
Je soupire et me laisse retomber sur le sol, bien enroulé dans ma couette. Je ferme un instant les yeux et les rouvre en papillonnant doucement des paupières ensuite. Allongée comme ça sur le sol avec ma couette qui m'entoure n'importe comment, on pourrait vraiment croire que j'ai dormis là ou que j'y ais finis la nuit. Je me redresse et finis pas balancer l'amas de tissu sur mon lit, n'importe comment et tant pis parce que de toute manière, ce soir, lorsque je dormirais mon lit sera à nouveau dans un bordel géant.
Je me rends jusque dans ma cuisine où je me prends un bol de céréales et du lait ainsi qu'une pomme pour accompagner le tout. Je prends un verre de jus de fruits, du multivitaminé cette fois. Je ferme les paupières et lève les yeux au ciel lorsque je commence à mâcher quelques pétales de céréales. Je suis presque au paradis, grâce à des céréales. Je continue de manger, terminant mon bol en trois cuillères et ma pomme en six bouchées. Mon verre de jus multivitaminé ne dure pas longtemps, parce qu'en deux gorgées, il est terminé. J'avais vraiment faim et soif, je crois.
Je m'attèle aux tâches quotidiennes du matin, donc après le petit déjeuner, j'enchaîne avec la douche. J'en prends une brève et rapide, pour ne pas durer trois heures non plus alors que ça n'en vaut vraiment pas la peine. Je laisse l'eau coulée sur mon corps, de la musique dans les oreilles me rappelant Niall une nouvelle fois. Sauf que cette fois-ci, ça ne me fait presque rien. Je n'ai pas envie de péter de câble ou quoique ce soit d'autre. Je me laisse bercer par ces voix toutes plus exceptionnelles les unes que les autres. Ça fait du bien de se sentir légère et non tourmentée.
Je m'essuie vigoureusement avec mon essuie et enfile rapidement mes vêtements. Je n'ai pas envie de faire dans le compliqué en ce moment, donc je porte un simple short en jeans avec quelques motifs en dentelle blancs accrochés au bord du tissu. Je porte aussi un chemisier blanc, centré à la poitrine et complètement évasé au bout, dès le dessous de la poitrine. Il vole lorsqu'il y a du vent. J'accroche la sangle de ma paire de sandale favorite.
Elles sont beiges, simples et peuvent suivre avec n'importe quoi. Elles ont quelques motifs de dentelles blanches mais sans plus. Elles passent juste au-dessus de mon pied, pile en-dessous de mes orteils. J'attache mes cheveux dans un chignon décoiffé parce que je n'ai clairement pas envie de faire plus. Puis, une touche de mascara –c'est-à-dire deux coups de brosse à chaque cil et on s'arrête là- et un petit passage de baume à lèvre rose.
Pour quelqu'un qui est censée être malade, j'ai quand même l'air de bonne mine. Et je me surprends même à sourire inconsciemment. Je préférerais vraiment que Niall me voit ainsi que lors de notre rencontre. Mais c'est un peu grâce à lui que je suis ainsi, que je me comporte ainsi. Je me regarde une dernière fois dans le miroir et ensuite enfile mes lunettes de soleil et sors de la salle d'eau. Je prends mon sac au passage et file dehors, descendant les escaliers quatre à quatre. Je me sens vraiment bien aujourd'hui malgré mon réveil un peu... Estival. J'arrive dehors et comme il fait encore bon aujourd'hui, je décide de me rendre au même parc que celui où j'ai rencontré Niall.
C'est fou comment grâce à une seule personne, les choses peuvent prendre une certaine importance qu'ils n'avaient pas forcément avant. Ce parc, c'était un parc comme les autres auparavant. Mais maintenant, c'est le parc de notre rencontre. C'est notre parc. Je ferme un instant les yeux et respire l'air le temps que le petit bonhomme du passage pour piéton sur son poteau de signalisation passe du rouge au vert. Je continue mon chemin, en attendant. Les écouteurs dans mes oreilles, la chanson « Quand on n'a que l'amour » de Jacques Brel passe. C'est une playlist aléatoire de toutes les chansons que j'ai sur mon cellulaire et je souris en repensant que j'écoutais cette chanson –il me semble- lorsque l'irlandais m'a percuté avec son vélo. Ou alors, c'était tout proche de cet événement mais en tout cas, maintenant cette chanson sera à jamais lié à cet accident.
Je me mords la lèvre inférieure lorsque j'arrive devant le parc. Je reste plantée devant l'entrée pendant environ une minute, le temps de me remémorer en hyper vitesse toute cette fameuse journée qui restera à jamais dans ma mémoire je crois. Enfin, les souvenirs resteront jusqu'à se faire remplacer d'autres encore meilleurs. Je souris tout le temps jusqu'à ce fameux arbre où j'étais lorsque j'ai reçu cette balle de football dans la face et lorsque j'ai vu pour la première fois mon irlandais préféré.
Je m'assois sur l'herbe, à l'ombre comme la dernière fois. Je ferme les yeux et inspire une grande goulée d'air. Je me sens vraiment bien, écartée de la population et au milieu de la nature avec le chant des oiseaux comme magnifique compagnie. Je sors mon carnet m'adosse à l'arbre. Je sors mon stylo à bille et m'attaque à une nouvelle page puisque la précédente a été clôturée hier. Je n'ai pas envie de souiller mon caner vert si précieux avec des pensées morbides aujourd'hui. J'ai envie d'y glisser comme une sorte de rayon de soleil. Alors je m'inspire de ma bonne humeur et les mots coulent sur le papier, à l'encre de mon stylo à bille bleue claire.
***
Musique ; Happy - Pharrell Williams
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