25 - Avoir l'air

Jersey PDV

J'attends une réponse de sa part depuis une petite heure mais je ne me fais plus de souci puisque je vois qu'ils sont en plein concerts à Washington. Je ne savais pas qu'il parcourait l'Amérique, à ce point, c'est complètement fou ; je trouve. Ils commencent par l'Est et finissent à l'Ouest et petit à petit, ils continuent comme ça en partant d'un côté du pays puis à l'autre en descendant. Ils vont bientôt commencer à descendre. Je n'ose même pas imaginer à quel point ils doivent être fatigués et épuisés. Mais ils continuent d'enchaîner les concerts avec parfois, une pause que de 6 heures entre les deux. Je pousse un soupire alors qu'un sourire niais prend possession de mes lèvres.

-Qu'est-ce qui te prends Jersey ? Me demande Stacey, une nouvelle collègue qui passe devant mon bureau pour rejoindre le sien juste à droite du mien.

Je me redresse de ma chaise et la regarde avec les sourcils froncés. Qu'est-ce qui me prends ? Je n'en sais rien moi, je crois que tout va bien avec moi aujourd'hui. Je montre une mine agacée et essaye de le faire poursuivre ce qu'elle pense. Stacey me regarde fixement, les yeux écarquillés alors que sa beauté froide et naturelle me glace le sang. J'ai toujours détesté les femmes belles et bien foutues qui le savent et n'arrêtent pas de mettre leurs atouts en avant. Ne pourraient-elles pas avoir un peu de considération pour celles qui se sentent mal dans leur peau ou qui ne sont pas aussi bien foutues et belles ? Non, parce que la beauté est une guerre sans relâche ou plaire aux autres est la clé qui récompense tout.

-Tu souris, niaisement en plus ; ce n'est pas habituel chez toi, poursuit-elle en se pinçant les lèvres.

-Connais-tu Niall Horan des One Direction ? Demandais-je soudainement, la coupant presque.

Stacey ouvre la bouche et écarquille légèrement les yeux. Sauf que bien évidemment, elle ne voit clairement pas le lien entre mon sourire niais et cette question. Qui le verrait de toute manière, hein ? Personne ne pourrait jamais se douter que moi, Jersey Balkui ; jeune femme renfermée, solitaire, isolée, seule et presque allergique à la race humaine alors qu'elle a besoin de se sentir importante aux yeux d'au moins une personne ; puisse connaître le seul irlandais d'un groupe britannique produisant principalement de la musique pop/rock mondialement connu et qui, pour le moment, sillonne les routes américaines. Personne ne pourrait jamais y croire, à cette histoire débile, mais pourtant, c'est bien le cas. Personne, et encore moins Stacey.

-Ouais, même qu'avec U2, il fait la fierté de notre pays, expliqua-t-elle. Pourquoi cette question ? Tu ne le savais pas ? Faudrait peut-être que tu sortes de temps en temps ton nez en dehors des bouquins pour voir le milieu extérieur, me conseilla-t-elle assez froidement même si ce n'était pas son but d'être méchante.

Je lève les yeux au ciel et la regarde durement. Depuis quand se mêle-t-elle de ma vie celle-là ? N'aurait-elle pas d'autre chat à fouetter, par hasard ? Stacey reste plantée devant la porte de mon bureau et j'ai beau faire une tête insistante pour lui dire de dégager, elle fait tout le contraire. Elle entre dans mon bureau et referme la porte derrière elle. Elle prend une chaise qui trônait dans un coin et la poste juste en face de moi, de l'autre côté du beau comme si elle avait peur que je lui fasse du mal. Et à sa place, j'aurais peur, ça je l'assure.

-Jersey ? Regarde-moi, s'il te plaît, m'ordonna-t-elle tout en me suppliant. On dirait que tu es amoureuse et si tu as besoin de te confier ou de conseils, je suis là pour ça même si on ne se connait pas vraiment, renchérit-t-elle.

Je fronce les sourcils. Ça se voit tant que cela que je suis amoureuse ? Putain, je ne m'en doutais pas du tout parce qu'après Jérold, maintenant Stacey qui me dit ça ; c'est perturbant. C'est perturbant, surtout parce que je ne suis pas amoureuse. C'est juste que j'ai un garçon dans la tête et dont je n'arrive pas à me passer, mais je ne suis pas amoureuse. Non, parce que l'amour, c'est beaucoup plus fort que ça. C'est tellement fort que la simple présence de quelqu'un dans ses pensées. C'est tellement plus puissant que de ne plus pouvoir se passer de quelqu'un. Non ça, c'est encore dans le niveau de l'amitié alors que l'Amour, c'est tellement plus fort et puissant.

-Je n'ai besoin de personne, lâchais-je avec détachement et nonchalance.

Je fais un mouvement de tête pour replacer une mèche qui m'obstruait la vue. Je vois Stacey lever les yeux au ciel et soupirer légèrement. Ce n'est pas moi qui l'aie obligé à venir dans mon bureau pour me parler, donc elle peut très bien en sortir si elle veut et si je l'exaspère. Comme elle l'a si bien dit elle-même, on ne se connaît pas vraiment, alors je ne vois pas pourquoi je devrais me confier à elle comme à une meilleure amie que je n'ai plus depuis 8 ans. Parce que oui, ça fait environ 8 ans que ma meilleure amie, Nina Clark, s'est suicidée.

-Jersey, je sais que tu ne me portes pas beaucoup dans ton cœur. Tu n'as même pas besoin de le dire, ça se voit mais je te demanderais juste de si un jour tu as besoin de parler à quelqu'un, de savoir que je suis là pour toi si tu voudras bien de moi à ce moment-là. Parce que je ne suis pas méchante et je veux bien t'écouter. Je sais très bien que c'est tellement plus simple de garder les choses en soi plutôt que de se confier aux autres, mais sache que ce n'est pas bon. Puis, c'est parfois plus facile de se confier à des personnes qu'on ne connaît pas beaucoup, voire même à des parfaits inconnus, plutôt qu'à des personnes dont nous sommes proches, s'enquit-elle en se mordant plusieurs fois les lèvres inférieures et en accrochant son regard dans le mien.

J'acquiesce simplement et alors qu'elle remarque qu'elle n'aura rien de supplémentaire venant de moi, parce que je suis plus têtue qu'une mule et que je ne lui dirais rien, elle se lèvre et quitte mon bureau après m'avoir lancé un signe de la main, un mince sourire peiné et un regard en biais. Mais pour qui elle se prend ? Comme elle l'a si bien dit, je ne la porte pas spécialement dans mon cœur –comme la Terre entière, j'ai envie d'ajouter- alors pourquoi j'irais me confier à elle ? C'est complètement absurde, comme moi qui vient seulement de me rendre compte après 20 ans de vie, que je me suis murée dans une solitude presque totalement alors que tout ce dont j'ai besoin pour me sentir bien, c'est de savoir que je compte un minimum pour quelqu'un.

***

Musique ; Colors - Halsey

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