14 - Partir
Jersey PDV
Je suppose qu'il fallait que je m'y attende et que je m'y prépare mais c'est quand même trop dur. Et surtout, complètement débile. Je trouve ça débile sûrement parce que c'est la première fois que ça m'arrive. Enfin non, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Ça m'était déjà arrivée avec Nina, mais là, elle n'était plus en vie alors que le blondinet, il est bien en chair et en os devant moi. Je n'ai pas envie qu'il parte, simplement parce que j'ai peur qu'il ne revienne pas. Je lui ai ouvert mon cœur, et maintenant il va s'en aller comme si de rien n'était. Et moi qui était plutôt à m'en contrefoutre des humains, et bien là, je l'ai bien profond.
-Ca va ? S'enquiert le blond, s'inquiétant visiblement de mon état.
-Euh... Ouais, j'ai juste besoin de prendre l'air, fût tout ce que j'ai réussis à répondre.
Je tourne les talons directement, pour me diriger vers la sortie. Pendant quelques secondes, l'irlandais reste sur place avec les sourcils froncés. Puis, lorsque l'information est probablement enfin arrivée à son cerveau, il prend le plus même chemin que moi et me suit sur les talons. J'aurais du me douter qu'il voudrait me suivre. Je pousse la porte machinalement et inspire fortement lorsque je suis enfin dehors. L'air frais de l'extérieur ainsi que les rayons chauds du soleil me font du bien. Énormément de bien.
-Ca va mieux maintenant ? Demanda-t-il directement, visiblement encore inquiet pour moi.
J'acquiesce parce que je suis tout bonne incapable de faire quoique ce soit d'autre. Le fait de savoir qu'il part demain après-midi m'a foutu un choc. Je m'en suis étouffée avec le peu d'oxygène qu'il me restait. J'inspire profondément parce que je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre tandis qu'un silence pesant s'installe autour de nous et nous enveloppe. J'aimerais bien le faire voler en éclat, ce silence, mais je n'en suis pas capable. Je manque encore trop d'air que pour parler à nouveau normalement. Puis, je suis trop gênée. Le pire, c'est que c'est presque si je ne lui en veux pas, alors qu'il n'est en rien responsable de son départ pour un autre pays ni dans le fait que nous nous sommes connus. Le truc dont il est le responsable c'est qu'il a tenu à me connaître et à m'a fait m'attacher à lui.
-Tu reviens quand en Irlande après ? Le questionnais-je avec toute l'amertume que j'ai en me mordant la lèvre inférieure.
Niall fronce les sourcils et se frotte les mains sur son pantalon, gêné. Il est assez sexy comme ça, je trouve mais je ne dois pas le montrer parce que je suis censée être insensible aux humains. Moi qui croyais m'y connaître en musique, je ne connaissais pas son groupe et je crois bien que j'en suis heureuse sinon j'aurais réagis différemment face à lui. Je le regarde dans le blanc des yeux et je vois dans sa manière de détourner les yeux qu'il ne sait plus où se mettre et qu'il aimerait bien être n'importe sauf ici. Je détourne le regard à mon tour tandis que je sens les perles salées me monter aux yeux. Je les ravale en une inspiration et tourne à nouveau la tête vers lui pour le voir me regarder complètement perdu mais aussi peu sûr de lui.
-Je ne sais pas, à vrai dire. Pas avant au moins un mois et demi puisqu'on va sillonner toute l'Amérique, répondit-il en se pinçant les lèvres ensembles.
Et moi qui croyais que j'étais tombée de haut auparavant, là je me suis bien gourée. Nous ne sommes même pas encore amis –enfin je ne sais même pas ce que nous sommes l'un pour l'autre- et il me fait déjà du mal. J'espère qu'il n'est pas étonné que je ne m'ouvre pas plus à lui, qu'il sait qu'il me rend mon cœur dans tous ses états. Il ne devrait pas avoir un impact sur moi ainsi. Il ne devrait pas pouvoir me faire autant d'effet. Il n'en a pas le droit, parce que ce n'est pas normal.
Il ne devrait me faire ce genre d'effet, il n'en a pas le droit. Mais pourtant, c'est exactement ce qu'il me fait. C'est exactement les effets que je redoutais sentir en m'ouvrant à lui que je ressens maintenant. Je gardais ma douleur au fond de moi et je me tenais à une certaine distance des autres, pour ne pas faire souffrir les autres et pour ne pas que les autres me fassent souffrir. C'était pourquoi j'évitais le monde entier, pour ne pas que les aléas de la vie fassent en sorte que je m'attache à toutes les personnes qui vont forcément quittés ma vie précipitamment.
-Jersey ? S'inquiète à nouveau l'irlandais.
Je ne le regarde pas. Je ne peux pas le regarder, parce qu'ou sinon, je vais me mettre à pleurer. Je me suis attachée trop vite, trop rapidement, trop maladroitement et maintenant, je ne peux pas le laisser partir, je ne peux pas le laisser me filer entre les doigts. Pour une fois qu'il y a un humain qui s'inquiète pour moi, qui se fait du souci, qui s'intéresse à moi, qui désire me connaître et bien il faut qu'il parte dès le surlendemain de notre rencontre.
J'aurais cru qu'on aurait eu un peu plus de temps pour devenir des amis, mais là je ne suis pas sûre qu'on soit quoique ce soit l'un pour l'autre. J'aurais dû m'y attendre aussi, un bel irlandais pareil, ça ne peut être qu'un coup de vent dans ma vie et rien de plus. Il fait sûrement parti de ses gens qui débarquent dans votre vie du jour au lendemain, comme une bourrasque et repart aussitôt après avoir creuser sa petite place dans votre cœur.
Je dépose un furtif baiser sur sa joue et commence à m'éloigner de lui à reculons en le regardant dans les yeux. L'incompréhension se mélange parfaitement à la peine sur son visage, le tout déformant ses traits. Le tableau est magnifique, mais je ne dois pas succomber à nouveau. Je dois m'éloigner de lui avant qu'il en me fasse à nouveau du mal et avant que je ne lui fasse du mal à mon tour même si je crois que c'est déjà le cas en ce moment-même. Mais je suppose que si je réagis ainsi, c'est que c'était la bonne chose à faire. Je ferme les yeux durement et me retourne pour qu'il ne voie plus que mon dos. Je sens son regard sur moi tandis que mes pieds foulent de plus en plus rapidement le béton.
-Au revoir ! Cria-t-il à mon attention.
Je ne me retourne pas et continue de fouler le bitume le plus rapidement que je le peux. C'est presque si je ne cours pas et heureusement qu'il fait moins chaud qu'hier parce que je serais incapable de courir sous un degré de plus. Ça me fait de la peine qu'il croit qu'on pourra se revoir une nouvelle fois. Ça me fait de la belle, parce que son « au revoir » était emplit d'espoir tandis que je n'y crois pas du tout. Je ne crois pas du tout dans le fait de le revoir un de ces jours, parce qu'il est différent des autres, certes, mais ce n'est pas en restant avec moi qu'il va le rester. S'il veut rester en vie, il faut à tout prix qu'il prenne ses distances parce que je risque de le briser autant qu'il risque de me réduire en miettes.
***
Musique ; When Love Hurts - JoJo
NDA ; Bonjour ! Comment allez-vous ? Voici un nouveau chapitre ! Qu'en pensez-vous ? Comme d'habitude, le "meilleur" commentaire aura le droit à la dédicace du prochain chapitre.
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