06 - Café
Jersey PDV
Nous sommes assis l'un en face de l'autre dans un petit café de quartier. Je suppose qu'il ne voulait pas vraiment qu'on se retrouve dans l'un de ses cafés de centre ville bondé de monde et où il n'y a plus aucune table de libre. Et je peux le comprendre, je peux l'accepter et si c'est ça qui s'est passé dans son esprit et bien je l'en remercie fortement parce que cet endroit est magnifique. Il me plaît énormément et ça change des cafés bondés de gens dans lesquels je manque de m'étouffer avec le peu d'oxygène qu'il me reste. Je l'en remercie mentalement parce que depuis que j'ai accepté son invitation pour boire un café –froid je l'espère-, nous n'avons pas prononcé un seul mot.
Je le regarde à peine, relevant doucement les yeux avant de baisser à nouveau le regard lorsque je croise le sien. Ses yeux bleus sont tellement prenants que je m'y perds, que je me perds dedans. Je rougis sans le vouloir et je me déteste de réagir comme ça. C'est juste un homme, pas l'une des sept merveilles de ce monde. Je me mets une claque mentalement tandis que le silence règne toujours entre nous. Je ne sais pas vraiment comment décrire ce silence, parce qu'il est à la fois positif et négatif. Je ne sais pas vraiment comment expliquer cela, sûrement parce que c'est tellement différent de tous les silences que j'ai connu jusqu'à présent dans ma vie. Ou le nombre de fois où j'aurais aimé avoir le silence.
-Il faut chaud aujourd'hui, non ? S'enquiert-il soudainement en coupant le silence entre nous.
Je relève la tête vers lui alors que je regardais mes doigts avec lesquels je jouais en silence. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre. Bien sûr que oui, il fait chaud sinon je ne me retrouverais pas en short alors que je suis une fan inconditionnelle des jeans. Sauf que ça, il ne le sait pas du tout et il ne peut pas le deviner non plus. Je grimace légèrement essayant de trouver une réponse qui pourrait ne pas mettre un plat dans la conversation. Non que je tienne absolument à connaître tout de sa vie, mais je ne tiens pas non plus à ce que nous nous échangions trois mots et que nous partions chacun de notre côté sans plus jamais nous revoir comme si on s'était quitté sur un malentendu. Je racle légèrement la gorge pour m'éclaircir la voix et prendre ensuite la parole avec ces mots :
-Ouais, je te trouve aussi. C'est quoi ton nom ? Demandais-je.
Je pince mes lèvres entre elles tandis qu'il me fixe intensément, plus intensément que toute à l'heure je tiens quand même à préciser. Je dois quand même avouer que je suis assez étonnée de la vitesse à laquelle je parle mais aussi des mots que j'emploie. Habituellement, j'aurais simplement hoché la tête pour affirmer ou nier ses propos, mais là j'ouvre carrément la bouche et en plus, je lui pose une question assez personnelle. Qu'est-ce qui ne peut pas être plus personnel qu'un prénom ? Sûrement sa vie en général, mais je me vois mal lui poser des questions sur sa vie privée alors que je ne connais même pas encore son prénom. Il ne paraît même pas interloqué, choqué ou étonné ; il devait sûrement s'y attendre à ce que je pose la question.
-Niall Horan, et toi ? Me retourne-il la question après quelques secondes de torture psychologique.
-Jersey Balkui, répondis-je simplement.
Niall –qui est un joli nom au passage- opine de la tête. Il me sourit tendrement et je suis presque surprise face à la tendresse et la douceur de ce geste. Pour le peu de sourires auxquels j'ai eu le droit, c'était plus par amabilité que par gentillesse ou encore par envie. Ils s'obligeaient à me sourire, comme ils s'obligeaient à sourire pour les autres. Sauf qu'avec ce bel irlandais, j'ai l'impression que je ne suis pas une cliente de plus au supermarché du coin. Je n'ai pas non plus l'impression d'être la pauvre fille pour qui il avait de la peine parce qu'un ballon lui était arrivé dans la gueule et parce qu'il l'avait renversé avec son vélo. Alors que c'est l'impression que j'ai de moi-même, d'être cette pauvre fille malchanceuse. Je crois que je vaux plus à ces yeux qu'à mes propres yeux et c'est triste à l'avouer mais c'est la vérité.
-Et bien ravi de te rencontrer Jersey, dit-il en souriant grandement.
-De même, Niall, rétorquais-je avant même que les mots ne traversent mon esprit.
Avec lui, j'ai l'impression que quelque chose de mes habitudes. J'ai la nette impression que je fais tout presque spontanément sans vraiment tout le temps réfléchir que je réfléchis tout le temps de base. Je me pose constamment des questions et peste tout le temps contre le monde entier. Mais là, aujourd'hui est différent. Aujourd'hui est différent parce que j'ai croisé cet irlandais aux allures atypiques alors que je m'en rends compte maintenant, mais il n'est clairement pas comme les autres. Quelque chose de différent –qui change la donne- émane de lui.
Niall me sourit et je ne peux m'empêcher de lui rendre son sourire. Les joues sûrement plus rouges que des tomates, mes lèvres s'étirent pour laisser apparaître des dents parfaitement alignées et blanches comme dans les publicités de dentifrice. Je dois avouer que ses dents sont pareilles, mais que son sourire est tellement beau. Tellement plus beau, même. Je baisse inconsciemment les yeux parce que je suis subjuguée par cette beauté naturelle et je ne veux pas l'avouer, pas l'accepter. Je ne dois pas commencer à m'attacher avec quelqu'un, parce que ça ne me ressemble. Il n'y avait que Nina et il n'y a plus que Nael qui a le droit d'avoir un impact sur moi. Les autres humains, je n'en veux pas. Sauf que ce blondinet pourrait bien faire changer tous les plans que je m'étais fait depuis la suicide de ma meilleure amie.
-Tu désirerais quoi à boire ? S'enquiert-il en se levant de sa chaise normalement.
-Un soda, s'il te plaît, répondis-je.
Niall bloqua pendant quelques secondes, sûrement le temps d'assimiler l'information. Mais je ne crois pas que c'était réellement pour cette raison. Je pense plutôt que c'était pour mon « S'il te plaît » qu'il ne devait pas avoir l'habitude d'entendre apparemment. Même si à cause de lui –d'une certaine manière-je me suis pris un ballon en pleine face et qu'en plus, quelques heures plus tard, il m'écrase avec son vélo ; je me dois quand même d'être poli avec lui, parce que c'est lui qui m'a invité à boire un verre et en plus, c'est lui qui paye donc c'est la moindre des choses. J'ai été bien éduqué. Il finit par enfin tourner les talons pour se rendre au comptoir du petit café en me laissant seul sur ma chaise.
***
Musique ; Avril Lavigne - Give You What You Like
NDA ; Bonjour ! Comment allez-vous ? Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Etait-il à la hauteur ? Comme d'habitude, le "meilleur" commentaire sur cette partie aura le droit à la dédicace du prochain. Aussi, avez-vous écouté la nouvelle chanson d'Harry Styles, Sign Of The Times ? Personnellement, je n'arrive pas du tout à m'en lasser !
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