chantilly.

Hey !! Surprise, la publication d'un chapitre, j'espère qu'il vous plaira !
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09 Novembre 2034.

Main dans la main, je l'entraine dans l'ascenseur de mon immeuble. Depuis que nous avons quitté la ruelle, nous ne nous sommes pas adressé la parole, ce qui n'est pas étonnant puisque nous étions sur un vélo. Cependant, à présent, je ressens comme une gêne entre nous qu'il n'y avait pas tout à l'heure. Je la vois à sa manière de baisser les yeux vers Crumpet, pour ne pas croiser les miens.

Le bouton de mon étage s'écrase sous mes doigts dans un grincement métallique puis les portes se referment sur nous. Même si l'ascension dure à peine une minute, j'ai le temps d'avoir l'impression de suffoquer à cause de ce malaise entre nous. Mes sourcils se froncent, cherchant une explication ou mieux une solution pour le faire disparaître rapidement.

Quand nous atteignons notre destination, nous sortons de la cage sans nous parler, sans qu'il m'ait jeté un seul coup d'œil. Je m'attends presque à ce qu'il s'enfuie dans les escaliers à tout instant. Sur le palier, j'essaie de trouver quelque chose pour détendre l'atmosphère. Mais j'ignore quels mots pourraient nous venir en aide dans cette situation.

Du coup, à la place, j'efface la distance qu'il y a entre nous et comme pour le rassurer, remonte délicatement la capuche de son hoodie sur sa tête. Il relève aussitôt le regard vers moi, interrogateur, ne saisissant pas mon geste. Je suis d'habitude le premier à lui demander de l'enlever, mais j'ai bien compris que cette capuche était son bouclier, sa barrière entre lui et l'univers. Alors si ça peut l'aider à se sentir mieux à mes côtés, je lui laisse son refuge.

— Tout va bien, lui soufflé-je.

En attendant qu'il m'accepte à nouveau dans son monde, je me contente de lui sourire en lui caressant le dos de la main avec mon pouce. Les détails de son visage sont à ma merci et je m'en délecte pendant quelques secondes. Il n'y a aucun bouton, aucune cicatrice d'enfance, aucune imperfection. Juste de la beauté à l'état pur... ça m'émerveille.

— Je n'ai pas l'habitude de... ça, dit-il soudainement.

Il presse ma main pour signifier à quoi il fait référence alors que ses joues rougissent. Avec son âge, mais surtout sa personnalité, je ne m'attendais pas à une autre vérité. Mais de toute manière, cela n'a aucune importance pour moi. Son passé amoureux ne me concerne pas.

— On va à ton rythme, je ne te force à rien.

Son léger sourire revient et ses yeux pétillent après ma déclaration. J'ajoute, tout bas :

— Tout ce que je veux, c'est être avec toi !

J'adorerais recommencer ce que nous avons fait dans notre ruelle, mais je ne sais pas si j'en ai le droit alors je me mordille la lèvre à la place. Puis je me penche vers lui, posant mon front contre le sien et fermant les paupières, juste pour profiter du fait qu'il soit près de moi.

— Moi aussi...

Sa bouche s'empare de la mienne sans que je m'y attende. Il y a plus de retenues et d'incertitudes que pour les précédents. Mais il m'embrasse et c'est tout ce qui compte. Pendant de longues secondes, je savoure cet instant puis y mets fin pour lui prouver que je ne suis pas exigeant.

— Je suis frigorifié, déclaré-je en faisant bouger mon corps comme si un frisson me parcourrait.

Il lâche ma main et me frictionne le bras pour me réchauffer en disant :

— On mérite bien un chocolat chaud !

Je tâtonne mes poches de pantalon pour trouver mes clés et me dépêche d'ouvrir la porte. La suite se fait sans un mot, sans concertation, avec naturel, comme si nous avions l'habitude d'agir ainsi. Nous retirons nos chaussures et Ezra laisse Crumpet descendre. Je me dirige vers la cuisine pour nous préparer un petit encas revigorant pendant qu'il rejoint le salon pour s'occuper du film.

Je verse le lait dans la casserole tout en observant Ezra essayer d'atteindre le meuble alors que Pancake lui réclame des caresses. Il sourit, il rit même quand mon chat pose ses pattes sur son bras, l'empêchant d'attraper les Blurays. Il finit par céder, sous le regard impassible de son chien.

Pendant quelques secondes, je suis happé par ces présences, cette vie qu'il y a dans mon salon. Mon sourire est immense. Instinctivement, je jette un coup d'œil en direction de la chambre de Dae. La porte est fermée donc à priori, il est à la maison. Le rire d'Ezra résonne et je reporte aussitôt mon attention sur lui.

— Je crois qu'il est content de nous voir, affirme-t-il.

En effet, Pancake a à présent décidé que monter sur le dos d'un Crumpet tranquillement allongé au pied du canapé était la meilleure chose au monde. Mais le plus génial, c'est que le petit chien le laisse faire, sans rien dire.

— Je crois aussi.

Me détournant du spectacle, j'ajoute le chocolat et mets ma préparation sur le feu. Avec une cuiller en bois, je remue lentement jusqu'à ce que des mains glissent sur mes flancs. Je sursaute, surpris. La tête d'Ezra vient se caler entre mes omoplates et sa voix s'élève, douce et un brin enfantine :

— Avant de te connaître, j'ignorais qu'on pouvait passer autant de temps dans une cuisine. Ma famille n'était pas très adepte des petits plats...

Ma main libre va retrouver les siennes liées au niveau de mon ventre. Je les caresse avec tendresse alors que sa dernière phrase résonne dans mon esprit sans que je comprenne pourquoi. Est-ce le fait qu'il n'ait pas vécu, comme moi, des moments de complicité que la cuisine permet ? Ou est-ce l'utilisation du passé ? Je n'ose rien dire au début, mais finalement, ma curiosité est trop forte.

— N'était pas ? répété-je.

Ce n'était qu'un murmure comme si parler à voix haute pouvait l'effrayer. Il garde le silence, se contentant de me câliner. Je ne le force pas, n'insiste pas. Ça ne servirait à rien à part le braquer, voire le blesser, et ce sont les dernières choses que je souhaite.

— On doit avoir de la crème fouettée au frigo, soufflé-je pour changer de conversation. Avec le chocolat chaud, ça va être délicieux.

— Je n'ai plus de famille, me confie-t-il, tout bas en me serrant un peu plus dans ses bras.

Sa déclaration me broie le cœur. Surtout qu'il n'y a pas trente minutes, il me parlait de son frère qui lui avait payé son piercing à l'oreille. Où est ce frère ? Et ses parents ? Il ne me laisse pas le temps de poser la moindre question et poursuit :

— J'ai passé ces dernières années dans des foyers. En juin, j'ai pu... prendre le large. C'est comme ça que je suis tombé sur mon patron.

— Je suis désolé...

C'est la seule chose qui me vient à l'esprit après une telle nouvelle.

— C'est mieux ainsi. Mes parents... n'étaient pas des gens bien de toute façon.

Mes doigts se lient aux siens et ses lèvres m'embrassent le dos à travers les habits. Je déglutis difficilement, mal à l'aise. Je réalise alors que mon comportement est peut-être égocentrique et puéril à me plaindre de ma situation. Devoir suivre les traditions. Devoir m'occuper de Dae à Londres. N'avoir jamais eu mon mot à dire sur le métier que je ferais et ma vie future. Mais je sais qu'au fond, j'ai une famille qui m'aime. Et ça, c'est un sentiment que Blue ne connaîtra jamais avec la sienne.

— Blue, tu...

— Je suis vraiment bien avec toi, me coupe-t-il. C'est tout ce dont j'ai besoin.

Son aveu sonne la fin des révélations et de ce moment d'intimité. Il se recule de notre étreinte. Du coin de l'œil, je le vois s'accroupir pour ouvrir tous les placards sous le comptoir. Il trouve enfin le bon duquel il sort le paquet de guimauves. Mon attention se détourne quand le lait chocolaté commence à bouillir. Je récupère deux tasses et nous les remplis. À peine ai-je terminé qu'Ezra noie les marshmallows dedans, tout en me rappelant :

— Tu m'as promis de la crème fouettée !

Malgré ce qu'il vient de m'apprendre, je ne peux empêcher un rictus enjoué d'apparaître. Son ton est enthousiaste. Sa joie est presque palpable avec ses ridules au coin des yeux et son sourire. J'aime le voir ainsi et savoir qu'avec moi, il est peut-être heureux comme je le suis avec lui. Ce gamin me plaît vraiment.

Je secoue la tête en réalisant que tout mon être s'était figé pour l'observer. Dans le frigo, je retrouve la bombe de chantilly et viens en mettre dans nos boissons chaudes. Les yeux de mon Blue pétillent de bonheur pendant qu'il se lèche littéralement les lèvres, gourmand. Je lui embrasse le crâne que sa capuche ne protège plus et lui propose :

— Emmène-nous ça au salon, je dois avoir des cookies qui nous restent.

— À vos ordres, Monsieur j'ai-toujours-peur-que-les-gens-meurent-de-faim-chez-moi ! me taquine-t-il en prenant les tasses pleines.

— Quand tu auras gouté à mes gâteaux, tu te moqueras moins, c'est moi qui te le dis !

Il me fait un sourire avant de s'exécuter. Pendant quelques secondes, mes yeux ne peuvent pas le quitter alors qu'il laisse mon mug sur la table basse, qu'il s'installe sur le canapé avec le sien entre les mains et qu'il appelle Crumpet et Pancake pour qu'ils le rejoignent. Je soupire de bien-être et une fois mes biscuits retrouvés, je vais moi aussi m'asseoir dans le sofa. L'animé se lance après qu'il a appuyé sur un bouton de la télécommande.

— Merci, murmure-t-il en prenant un cookie.

Dans un geste qui me surprend, il se tourne vers moi et dépose un baiser sur ma bouche avant de se blottir dans mes bras. Tout le reste s'évanouit alors.

Il n'y a que nous et notre bonheur simple d'être ensemble.

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