~ 6 ~

Jeanne:

- Bref je t'aime, me déclare-t-il tout gêné mais heureux de l'avoir clamé tout haut.

- Je crois que moi aussi Esteban, avouais-je en regardant dans ses yeux verts foncés. En fait ça fait déjà un petit moment que je ressens ce truc, tu vois, cette chose qui me submerge quand-

Et il dépose délicatement ses lèvres sur les miennes pour me faire taire.

- Jeanne, prononce-t-il en rompant le baiser, cette chose et bien je l'ai aus-

Driing driing

- Putain de réveil ! Pourquoi tu existes toi ?, m'énervais-je. Génial je vais être de mauvaise humeur toute la journée maintenant. En plus j'ai le conseil du premier trimestre jusqu'à tard ce soir. Pauvre de moi..., maugréais-je une énième fois.

Il est précisément 6h30 du matin, nous sommes le mardi 6 décembre et au lycée tout se passe de façon normal, enfin il y a juste un petit truc qui diffère, excepté la fixette que le groupe fait toujours sur nous...
En fait, je crois que je me suis trop attachée à Esteban alors que je ne lui parle pas, aussi bien par message que dans la réalité, d'ailleurs mes amies ne le savent pour l'instant pas. Ce sentiment d'attirance et d'attachement je le constate par les rêves que je fais, par les coups d'œil que je dirige dans sa direction ainsi que par les battements rapides de mon cœur quand je croise son regard.
Et moi qui me suis jurée de ne jamais retomber amoureuse d'un gars que je ne connais pas et ce si facilement...

Bref, la phase nostalgie passée je me lève de mon lit, ouvre le volet, descends au rez-de-chaussée et commence de petit-déjeuner. Mon frère, Jules, a pris le bus ce matin et moi c'est Marion qui m'emmène au lycée comme toutes le semaines où je suis chez mon père, enfin c'est plutôt sa mère qui nous y dépose vu qu'elle travaille pas trop loin. Oui la blonde habite dans le même patelin que moi et n'a pas encore son permis, donc niveau trajet c'est assez pratique. Ça m'évite de me lever tôt le matin pour prendre le bus; même si ça ne me dérange pas en soit car j'ai ma musique et mon phone avec moi. Franck mon père est déjà autour de la table à manger et fait comme tous les matins ces sudoku en attendant l'heure pour partir au travail.
Pendant ce temps je mange, me brosse les dents, après avoir rangé la table, et file me préparer. J'enfile alors la même tenue qu'hier soit un jean noir que je remonte, un t-shirt blanc écrit en noir "Je suis infernale" et un pull gris en grosse maille remonté au niveau de ma montre, mes converses, une écharpe grise et blanche ainsi que ma parka et ça fera l'affaire.

Arrivée chez Marion et après avoir dit bonjour on pouvait enfin y aller, on arrive alors au lycée 5 minutes avant la sonnerie. Comme chaque matin je passe ma carte de cantine pour réserver mon repas et vais rejoindre mes amies posées sur un radiateur, seulement Kate car Lisebeth est interne, Lola externe et Cassie malade.

- Il est chaud ?, demandais-je à Kate.

- Ouaip, trop même, rigole-t-elle. Tu sais pas ce qu'il sait passé dès que tu es rentrée dans le hall avec ta pote ?

- Euh non.

- Et bien une bonne partie du groupe s'est retournée et ils t'ont fixé on va dire.

- Tu déconnes là ?

- Du tout, tient en parlant des loups.

Je me retourne alors et affronte leurs puissants regards, celui d'Esteban en fait. Mais je le détourne au bout de deux secondes, deux intenses secondes. Et dire que je dois le prendre pour le conseil de classe de ce soir... Comment je vais faire pour lui parler sans trembler comme une feuille tout en lui répétant ce que les profs lui ont dit ? Je sais pas, je n'en sais rien.

- D'ailleurs Jeanne tu préfères lequel de la bande ?, ajoute Kate.

- Pourquoi cette question ?, répondis-je toute fébrile.

- Je sais pas tu ne fais que les regarder depuis ton arrivée. On y va ?, enchaîne-t-elle en se levant, c'est qu'il est chaud ce foutu radiateur.

- Effectivement, essayais-je en tentant d'esquiver la question.

- Je t'écoute ?

Merde.

- Aucun, ils ont tous quelque chose qui me perturbe.

- Au début d'année tu avais porté ton choix sur Excalibur et maintenant c'est personne alors que chaque jour tu ne fais que de regarder dans leur direction ? Au bout d'un moment ils vont débarquer et on va rien comprendre à notre vie.

- Bien résumé, bon let's go, dis-je en poussant la porte menant sur la cour intérieure du lycée. Et toi ?, poursuivis-je.

- Euh et bien, je sais pas, non personne en fait.

- Grillée meuf ! Allez c'est qui ? Insistais-je avec des petits yeux de chiens battus.

- Bon ok, peut-être je dis bien peut-être Esteban..., hésite mon amie, une brune d'un mètre soixante-cinq au teint hâlé.

Pourquoi est-ce que je ne lui réponds pas ? Je sais pas. Pourquoi est-ce que je reste bloquée là ? Je sais pas non plus. Instinctivement mon cœur fait un triple bond sous ma cage thoracique et mon cerveau imagine toutes les contre-possibilités, le moindre trait d'ironie de Kate mais rien, que du sérieux et un regard d'attente. Aussitôt mon ciboulot baragouine une réponse pas trop compréhensible à voix haute.

- Quoi ?, me fit Kate.

- C'est, c'est cool, mais ça fait combien de temps ?, parvenais-je à articuler sans trop bredouiller.

- Je sais pas, il a juste ce regard qui attire et cette prestance sous ses airs de grand indécis. Et puis quand il nous regarde je sens cette press-

- Stop !, l'arrêtais-je. J'ai compris où tu voulais en venir.

- De quoi est-ce que tu parles ? Tu es zarbe depuis ce matin.

- Normal je fais des rêves étranges sans aucun sens à mon égard, expliquais-je.

J'ai l'impression que ma matière grise veut me dire quelque chose à travers mes rêves..., pensais-je.

- Bon allons dormir en philo pendant deux heures.

- Ouais allons finir notre nuit, dis-je satisfaite.

***

Les deux heures de philosophie étaient finalement passées super vite, contrairement à mes attentes. On a continué le cours sur la conscience et l'inconscient et nous avons abordé Freud et la théorie de l'inconscient durant ces deux heures. Les rêves en font bien sûr partis, voilà pourquoi ces heures sont passées assez vite. Petite précision: d'une part parce que je suivais le cours, d'une autre part car ça m'intéressais énormément et enfin parce que dans la seconde heure il y a eu une alarme incendie qui nous a pris 20 minutes de cours sur les philosophes qui critiquent Freud.

Enfin, ils ne nous restent qu'une heure d'anglais et la matinée est terminée.

L'heure de langue s'était passée aussi vite que la journée, soit d'une lenteur ahurissante. Tellement lente que je m'étais endormie sur ma table en spécialité Sciences Po. C'est misérable n'est-ce pas ?

***

Il est maintenant 19h30, heure à laquelle je sors du conseil de classe avec mon père, parent d'élève.

- Je suis fière de toi ma puce.

- Merci Pap's. J'essaye de faire de mon mieux tu vois.

- Le travail paye toujours et là tu as eu les félicitations du conseil pour ce premier trimestre de terminale. Tu commences bien l'année, annonce-t-il avec un peu de fierté dans ses paroles.

- Et j'espère qu'elle se finira sur une bonne note, souriais-je.

- Il y a intérêt.

De retour à la maison j'allume la Wi-Fi et, mon téléphone portable commence à sonner dans tous les sens, des notifications Messenger envahissent mon cellulaire. La classe demande des précisions sur ce qui a été dit ce soir en A15.
Lorenzo Sánchez m'interroge sur le conseil, je lui transmets alors ce qui a été notifié à son égard et il me remercie. Je reproduis ce même schéma pendant plus d'une heure et ce, à plusieurs reprises. Au bout d'un temps cela devient fatiguant mais bon je suis la déléguée.
Ma mère m'appelle vers les 21h30 et me demande comment s'est passé la réunion, je lui réponds positivement et elle me pose la fameuse question "Sinon les amours comment ça va ?" Je lui raconte alors ma petite histoire inexistante avec Esteban ou devrais-je dire Excalibur, et elle me dit simplement "Envoie lui un message si tu veux mais t'inquiète pas au sujet de Kate, s'il est intéressé par l'une ou l'autre il ne modifiera pas son choix et ça qu'importe les situations. Essaye d'avoir une conversation avec elle aussi". Je la remercie et raccroche après lui avoir souhaité une bonne nuit mais me remets à penser directement.

Qu'est-ce que je pourrais lui envoyer ?
Va-t-il le lire et me répondre au moins ?

Tant de questions sans la moindre réponse à ce jour. Je m'apprête à éteindre ma connexion mais une bulle de conversation vient d'apparaître sur l'écran principal de mon téléphone. J'ouvre la bulle et lu le destinataire et là je n'en crois pas mes yeux car l'impossible se produisit.

On a tous cette personne qui nous plaît, qu'on cherche du regard à la pause mais qu'on n'aura jamais le courage d'aller voir ou de lui parler même si on en meure d'envie 》

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