~ 19 ~
Jeanne :
- Je crois que je t'aime Jeanne, m'avoue-t-il en m'embrassant de nouveau.
- Je crois que c'est réciproque, lui dis-je en riant.
Il nous reste cinq/dix minutes avant la sonnerie et au lieu de sortir directement nous restons enlacés tranquillement dans le silence et le calme, nos respirations ponctuant le tout. Nous ne disons rien mais mon ventre me fait étrangement mal, ce genre de douleur qui ne vous fait que du bien et qui vous fait sentir vous tout entier. Ouais c'est ça je suis moi tout entière, il est encore trop tôt pour affirmer quoi que ce soit mais j'ai l'impression qu'il me complète et me remplit, en fait il est ma moitié tout simplement.
- On devrait y aller avant que la fourmilière ne bouge pour de bon, propose-t-il en embrassant mon front.
- Oh je trouve qu'on est bien là, non ?
- Trop mais bon...
Je me lève de lui tranquillement, il fait semblant de dire que je pèse une tonne et je lui donne une petite tape gentille sur l'épaule, il rigole puis on se fixe pendant un petit moment, il attend son bisou mais je ne lui fais pas ce plaisir.
- Allez grand zigoteau on se lève ! lui souris-je en tendant ma main pour qu'il la saisisse.
Il la prend et on s'en va de notre banc. Tandis que nous marchons vers la sortie du lycée il me l'attrape de nouveaux puis nous entrecroisons nos doigts ensemble tout en continuant de se diriger vers le portail. Nous voilà à l'extérieur, Candice, Arthur et Lola sont là dehors, nous les rejoignons main dans la main encore et à peine arrivés vers le petit groupe que des exclamations se profilent.
- Oh mon dieu dites-moi que c'est bien vous ?! s'extasie Candice en serrant Esteban dans ses bras, puis moi aussi.
- Je pense que de garder un secret pareil est impossible avec vous autour, se désespère mon copain.
- Carrément même ! Et dire que nous sommes des VIP ! sautille Candice heureuse. J'en étais sûre ! Et en plus vous êtes trop mimis !
- Oui c'est bon, déclarons Esteban et moi en même temps.
Lola me sourit de toutes ses dents et me lance un clin d'œil, son petit-ami, Arthur, nous fait un grand sourire et prend sa copine par les hanches.
- Désolée de ne pas avoir cru que cela soit possible, s'excuse la belle brune auprès de moi.
- Ne t'inquiète pas Lola, on s'en fiche mais en même temps deux personnes un peu timide qui veulent se parler c'est compliqué de faire avancer les choses !
- C'est sûr, lance la bande incomplète.
La sonnerie de la fin de journée retentit enfin et la fourmilière s'active avec entrain, Mathis, Tanguy et Tristan arrivent près de nous et en voyant nos mains liées de grands sourires prennent possession sur la fatigue.
- Putain je rêve ou pas ? se frotte les yeux Tanguy.
- Nope ! acquiesce Candice, la seule blonde.
Mathis prend un sourire soulagé et Tristan souffle un "enfin c'est pas trop tôt", nous rigolons suite à ces remarques et Esteban en profite pour me rapprocher de lui afin qu'il enroule ses bras contre mes hanches et qu'il pose sa tête sur mon épaule gauche.
- Bonjour petite-amie de Esteban, commence Tanguy suivi d'une incompréhension totale de ma part et du rire des autres. Tu ne peux pas savoir comment nous sommes honorés de faire ENFIN ta connaissance et surtout de te voir dans les bras de cette fine et grande baguette de pain ! Non en vrai on en avait marre de résonner Truchet et de lui faire des leçons de morale, il était tellement hésitant qu'on a tous cru que ce moment n'allait jamais se réaliser ! Mais si en fait et c'est cool car Esteban qui n'arrêtait pas de parler de toi H24 sans qu'il ne fasse rien c'était chiant !
Je rigole et mon beau et grand petit-ami déclare solennellement :
- Et bien sache Tanguy que je n'arrêterai pas de parler de cette merveille à mes côtés.
- Ouah ! Merveille carrément, Jeanne je crois qu'il t'aime vraiment beaucoup ! annonce Mathis sous le rire d'autres personnes.
- Bon sorry les gars mais j'y vais moi ! salue Candice.
- No problem ! De toute façon on va tous y aller, notifie Tristan.
- Tchouss à demain !
Nous nous disons tous au revoir et nous nous dirigeons vers nos bus respectifs. Tristan et Esteban me suivent, nous avons tous les trois un bus qui passe plus tard que les autres donc nous y allons ensemble. Cette semaine-là je ne suis pas avec Tristan dans le moyen de locomotion étant donné que je suis chez mon père cette semaine mais nos bus arrivent tard quoi qu'il en soit.
- Je suis content pour toi Truchet et surtout heureux pour vous deux, nous confie le grand roux.
- Merci gros mais pourquoi tu annonces ça comme ça ?
- Parce que c'est cool que tu aies mûri et que tu te sois rendu compte que c'est LA bonne, c'est vraiment cool que tu n'aies pas fait ce pari finalement.
- Ah c'était vrai du coup ? demandé-je en serrant plus la main d'Esteban.
- De quoi ? me regardent-ils étonnés comme si de rien n'était.
Je lâche sa main et les fixe avec un air d'impatience et d'irritation.
- Le pari, il était vrai ? deviens-je froide. Ne le niez pas car tu viens de le dire Tristan...
Esteban me regarde désolé et commence un monologue qui certifie le pari, il le finit par des excuses et une confession qui affirme l'authenticité de ses sentiments.
- Je suis désolé Jeanne... J'aurais dû t'en parler avant... Au début j'avais en vue miss maquillage sauf que c'était juste pas possible mais ce que personne ne comprend c'est que tu étais là depuis le tout début avant tout le monde et j'ai fait ce pari parce que je suis débile et je me disais que tu ne voudrais jamais de moi et surtout je ne comprenais pas ce qu'il clochait avec toi... Pourquoi tu m'attirais tant. Pardonne-moi s'il te plaît, j'ai été con je sais, cette Julia n'était qu'une remplaçante...
- Je le savais pour le pari.
Tristan et Esteban me lancent simultanément des regards étonnés.
- Oui il y avait des rumeurs et je le savais pour "la moche", mon copain aux yeux verts sourit à l'entente de mon surnom, c'est pour ça qu'elle ne m'aime pas d'ailleurs... Mais je m'en fiche car je ne sors pas avec elle mais avec toi, lui dis-je en mettant mes mains derrière son cou. Tu ne peux pas savoir comme tu es important pour moi, comme tu me combles et me rends heureuse alors que ça ne fait même pas trente minutes que nous sommes ensemble. Néanmoins, ce que je souhaite à l'avenir c'est plus de secrets.
- Toi aussi tu m'es importante comme personne et je te promets plus de secrets, déclare-t-il en fixant mes prunelles marrons de ces magnifiques iris verts puis en m'embrassant tendrement.
- Je suis à fond Estanne, sourit de toutes ses dents Tristan en montrant ses muscles. Et au fait il y a Julia qui vous regarde méchamment derrière.
- On n'en a rien à faire, déballe-t-on.
- C'est bien. Je crois que vous êtes prêts pour finir votre vie ensemble, nous avoue toujours le roux à lunettes.
- J'aimerai que ce soit le cas, admet le brun en me serrant dans ses bras. Même si ça fait long quand même.
Je rigole et sans préavis il me dépose un baiser sur le front. Ensuite, nous parlons tous les trois les deux minutes qui s'ensuivent, les bus d'Esteban, de Tristan et de la moche arrivent. J'embrasse ma moitié sous le regard attendri de Tristan, sous le regard contrarié de Julia et les regards étonnés du frère d'Esteban et du mien. Je lui fais un coucou du dehors, il me le renvoie et j'attends patiemment mon bus aux côtés de mon frère qui vient d'arriver.
- Tu m'expliques ?
- Je crois qu'il n'y a rien à expliquer, lui souris-je.
- Si justement. C'est lui ton Esteban ?
- Oui, un problème ?
- Non.
- C'est bizarre ce n'est pas l'impression que ça rend pourtant.
- Du moment que tu es heureuse et qu'il ne te fait pas souffrir ça me va, me confesse mon frère très honnêtement regardant en face de lui le sol.
- Je le suis.
- Ça se voit que vous vous aimez, me fait-il part en me regardant de ses yeux bleus. Ça se voit qu'il est sincère avec toi, il te regarde comme si tu étais la plus belle chose au monde c'est incroyable. Stuve je ne le dis pas à la famille.
- Merci. Mais ne t'inquiète pas je t'aime aussi Jules.
- Mais tu es polygame en plus ? se moque mon petit frère châtain.
- Faut croire, ris-je en passant rapidement ma main dans ses cheveux.
- Je suis content pour toi.
Mon frère me regarde, sourit et semble satisfait que sa sœur ait trouvé quelqu'un qui l'aime. Il aurait pu très mal le prendre ou s'en foutre complètement mais il m'a montré qu'il m'aimait et qu'il me protègerait comme un frère le ferait avec sa sœur. Ce qu'il doit savoir c'est que je ne cesserai pas de l'aimer au détriment de mon copain, bien sûr que non.
Nous restons encore une minute debout avant que le bus n'arrive à 18h25, nous montons dedans et j'enfile mes écouteurs pour écouter ma musique et être dans ma bulle, repenser aux évènements de cette longue et belle journée mouvementée. Cette journée restera à jamais gravé dans mon cœur, et ce pour toujours. Il ne reste plus qu'à savoir si l'an prochain nous allons nous retrouver dans la même ville ou si l'on nous allons vivre une relation à distance... En revanche, pour l'instant ce qui est sûr c'est que je l'aime et que rien n'entravera mes sentiments.
Bref, je l'aime.
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Esteban :
Se sentir exister, se sentir complet, vibrer, vivre pour quelqu'un, tout partager, rire avec sa moitié, sourire avec elle et se trouver perdu sans elle, l'aimer et donner tout ce que l'on a. C'est elle et moi maintenant. Depuis que je lui ai avoué mes sentiments tout a changé et je l'aime à mourir, elle me complète et a contribué à ce que je devienne une meilleure version de moi-même et ça rien ni personne ne pourra le nier. Je l'aime, je t'aime Jeanne.
- Ouh ouh Esteban ! appelle Lorenzo en agitant ses mains devant mon visage.
- Hmm ?
- Tu pensais à quoi ?
- Je crois que tu le sais déjà, lui rétorqué-je en souriant niaisement.
- Truchet heureux et amoureux, ça fait du bien ! continue-t-il sous les rires des amis de Jeanne et des miens.
- Oh oui ! lui réponds-je en embrassant ma copine amoureusement.
- Les résultats des vœux dans une heure vous êtes prêts ? devient plus sérieux Tanguy.
- Non du tout, annonce la bande au grand complet.
Aujourd'hui, nous sommes le jeudi huit juin et la première phase d'APB se fait à quatorze heures et croyez-moi nous n'avons tous pas envie, surtout Jeanne et moi. Je n'ai pas envie d'être pris à Bordeaux mais le problème c'est que c'est ma première demande donc si elle est acceptée, impossible de renoncer et de demander les autres... Je saurai tout ça dans une heure mais pour l'instant je profite un max de mes potes !
Nous sommes d'ailleurs assis sur des bancs dehors avec toute la clique, Jeanne à côté de moi sa tête sous mon cou, et les autres sur des bancs et des tables en rigolant. Nous sommes bien là, tous rassemblés ensemble dans une super ambiance ! Heureusement ma classe ne prend les cours qu'à quinze heures donc nous pourrons rester encore un peu au soleil tranquillement. Nous finissons alors de passer ces soixante minutes à parler de tout et de rien, à rire comme des amis de longues dates et à profiter du bon temps.
Deux heures de l'après-midi sonne dans la cour et alors que la plupart de la bande part en cours le nez rivé sur l'écran de leur smartphone pour les résultats d'admission, Jeanne se redresse, allume son téléphone et vérifie, elle aussi, ses résultats.
- Ouiii je suis prise en licence d'anglais ! saute-t-elle de joie sur le banc.
- Félicitations ! disent Alex, Lorenzo, Thomas, Lisebeth, Lola, Candice et Kate.
- Bravo chérie ! la félicité-je en l'embrassant.
- Et toi ? demande-t-elle alors inquiète.
- J'ai pas envie, me plains-je.
Elle me lance les gros yeux, les mains sur ses hanches et je capitule à regarder. Pendant que je cherche et entre tous mes codes pour m'authentifier, tous les autres se congratulent d'être pris là où ils voulaient. Ils vont tous être à La Rochelle et moi sûrement à Bordeaux, pff...
- Putain yes ! me redressé-je rapidement à la vue de l'admission pour La Rochelle et du rejet sur Bordeaux.
- Oh mais ça signifie que ?
- Que je suis sur La Rochelle avec vous tous et toi Jeanne ! sauté-je de joie sur l'herbe.
- Oh mais c'est cool ça !
- Héhé carrément même ! déclaré-je en prenant ma chérie dans mes bras et en la couvrant de baisers sur les cheveux.
- Depuis qu'il est avec toi il est incontrôlable le Truchet... se lamente Thomas.
- M'en fiche, répliqué-je heureux.
- Moi je le préfère comme ça, dit Alex en riant.
- En fait ouais tu as raison.
Nous partons alors dans un fou rire et continuons de discuter ensemble dans la joie.
- Au fait c'est toujours bon les révisions ensemble ?
- Ouaip ouaip ! affirmé-je à Jeanne.
- Oh vous allez réviser ensemble ?... font Kate et Thomas en même temps comme s'ils insinuent quelque chose.
- Euh oui.
- Oh ! reprend toute la bande.
- Quoi, on n'a pas le droit de réviser à deux maintenant ?
- Non non.
- Mouais, annoncé-je pas trop convaincu comprenant très bien leur insinuation.
- Fais pas comme si tu n'avais pas pigé gros, déconne Lorenzo.
Je lève les mains en l'air puis leur dis que j'ai très bien compris là où ils voulaient en venir mais que non il ne se passera rien de plus que des révisions et deux trois bisous.
- Et on plus il est raisonnable.
- Ta gueule Candice.
Nous explosons de rire et vingt minutes plus tard nous allons dans notre dernier cours d'éco rejoindre notre professeure principale heureuse du Estanne.
Encore une seule heure et nous n'avons plus de cours du tout, en revanche nous sommes en semaine de révisions avant le début des épreuves le jeudi quinze juin avec l'inconditionnelle philosophie. C'est officiellement la dernière ligne droite avant le BAC... Courage !
Et dire que ce soir nous avons notre bal de fin d'année ! J'ai hâte de la voir et de danser avec elle, passer un bon moment avant la prise de tête officielle. Hâte de te faire littéralement tourner la tête ce soir.
~ Il me sourit avec une sorte de complicité -qui allait au-delà de la complicité. L'un de ses sourires singuliers que l'on ne rencontre que cinq ou six fois dans une vie, et qui vous rassurent à jamais (F.S. Fitzgerald) ~
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