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Jeanne :
Et voilà que je souris comme une idiote juste parce qu'il m'a rendue ces foutus crayons, je dois être rouge pivoine d'ailleurs, bon ça changera pas de d'habitude. D'un pas pressé je sors de la salle un vaste sourire aux lèvres, alors que mes amies me questionnent sur le "comment ça s'est passé" et il se trouve que je suis dans mes pensées à penser à je ne sais trop quoi. Esteban est devant nous et à l'air heureux, il rigole avec ses potes et se retourne de temps en temps dans notre direction pour nous regarder, me regarder d'après les dires de Kate sur le trottoir en attendant nos bus respectifs.
Ah là là quelle journée n'empêche ! C'est incroyable tout ce que j'ai pu "vivre" au cours de ces dernières huit heures, mes sentiments ont réellement fait les montagnes russes ! Pourquoi ? Et bien, on peut dire qu'entre la rencontre avec Esteban en étude, la conversation avec lui aux toilettes, le passage avec "La Moche" et l'épisode des crayons de couleurs ce n'était pas de tout repos pour mon pauvre petit cœur...
Depuis que je suis dans le bus, avec Alone d'Alan Walker dans les oreilles, je ne fais que de penser à cette journée, cette journée si intéressante et étrange en même temps... Elle était tellement... spéciale.
*
Arrivée chez moi vers les 19h, je dis bonjour à mon père et monte quatre à quatre les marches afin de gagner ma chambre et par conséquent travailler un peu : ces fiches de révisions en sciences po ne vont pas se faire toutes seules...
20h45, le repas est terminé et mon corps douché. Je m'empresse d'allumer la Wi-Fi et pars demander conseils auprès d'une très bonne amie : Luna Kole. Je la connais depuis quelques mois et je ne l'ai pas encore vu car oui c'est une amie virtuelle.
Bref, tandis que nous parlions sur un sujet que vous connaissez l'existence, je reçois une notification Instagram, après avoir cliqué dessus je remarque que Thomas Spoon -grand ami d'Esteban aux airs de psychopathe- vient de me suivre et d'aimer plusieurs de mes photos. Interdite, je le suis effectivement, je me demande bien pourquoi il a fait ça alors qu'il est sur cette appli depuis un bail ? Ça ne doit pas être si grave. J'annonce à Luna ce qu'il se passe et elle paraît aussi étonnée que moi d'après ses messages. Vient le moment où elle me sort une théorie tout à fait bancale et complètement farfelue du style "et si Thomas vient de te suivre parce qu'Esteban lui avait demandé", oui c'est surréaliste je sais !
Il est pas loin de minuit lorsque que je décide d'éteindre Internet pour pouvoir dormir, Luna m'a bien aidée ! En effet, elle pense qu'il est bien énigmatique mais selon elle il ne resterait pas indifférent car ses réactions et agissements ne sont pas anodins et sans importance. Ce qui est sûr c'est qu'elle prône avec ferveur le "Estanne" -un mix des prénoms Esteban et Jeanne. Peut-être a-t-elle raison qui sait ? Malheureusement je ne suis pas le genre de personne à devenir optimiste lorsqu'il s'agit de ce genre de questions, positive pour le reste ça ne me pose pas de problème bien au contraire mais alors pour ce qui est des relations amoureuses absolument pas !...
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Mercredi 8 mars, 10h02
Comme si la bande Esteban ne suffisait pas, il faut maintenant que "la moche" et ses copines fassent pareil, autrement dit elles nous fixent sans arrêt avec cet air de vengeance sur le visage. Esteban n'a pas l'air d'apprécier puisqu'il contracte sa mâchoire et la regarde d'un regard à en faire trembler plus d'un ! Les filles et moi nous nous sommes un peu plus habituées à cette pression et ce concours de regards que nous lance la bande mais c'est toujours aussi dérangeant... Menfin.
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Samedi 25 mars
14h13, la nouvelle tombe, ou devrais-je dire l'horrible nouvelle annoncée par téléphone tombe. Soudain c'est un picotement dans la gorge qui prend de l'ampleur et s'impose dans tout mon larynx, une difficulté horrible à pouvoir déglutir, des souvenirs qui reviennent par milliers puis le trou noir, ma mère a mes côtés pleure, mon frère indifférent mais n'en pense pas moins. Mon père au bout du fil qui pleure, qui nous rassure nous disant "vous inquiétez pas il est parti entouré". Je déglutis tant bien que mal et ne réalise pas, je n'arrive pas à réaliser, mon grand-père est parti, il nous a quittés pour un meilleur monde j'espère. Stoïque comme une statue de pierre froide je ne dis rien, je ne pense pas, je reste là à ne rien faire, déglutir et ravaler mes larmes, larmes qui n'ont pas coulé depuis un an. Rien à faire elles ne coulent pas, elles restent là tapies à contempler la scène. Soudain je daigne enfin de parler à mon père.
- Et, et ce sera quand ?
- Quand quoi ? questionne mon père en s'essuyant les larmes à travers le combiné.
- Bah tu sais la cérémonie à l'église là, continué-je avec un mal horrible, un mal qui me fait perdre mes mots.
- Jeudi, demande à ta mère de faire un mot à toi et à ton frère pour vous dispensez de cours l'après-midi. D'ailleurs, si vous voulez pas aller en cours lundi vous pouvez.
- Très bien merci, répondis-je avant de raccrocher.
- Je vais prévenir mes amies que je ne viendrai pas en cours lundi, informé-je ma mère avant de partir dans ma chambre.
Livide je pars chercher mon carnet de correspondance, le remplis sans grands sentiments et envoie un rapide message groupé.
- Tu veux me parler Jeanne ?
- Ya rien à dire, répliqué-je en tendant mon carnet.
- Si justement, rétorque Esther, ma mère, en le signant.
- De toute façon on s'en fiche de mon état, c'est pas le mien qui importe mais plutôt celui de mamie...
Elle ne répond rien mais laisse entrevoir un petit sourire de compassion derrière ses larmes. Prise d'un élan je décide de lui faire un câlin réconfortant, mon frère nous rejoint et nous restons là tous les trois à nous enlacer tendrement dans la douleur et la tristesse de la perte d'un être cher.
Ma mère avait certes divorcé de mon père mais elle avait toujours éprouvé un sentiment de respect envers notre famille et mon grand-père. Elle l'aimait beaucoup et le considérait comme quelqu'un de bien et de cultivé. Comme dit le proverbe, ce sont toujours les personnes biens qui partent avant les autres...
*
Dimanche 26 mars
Je suis dans mon lit à écouter de la musique et à lire quand je reçois un message. Je regarde mon portable, le déverrouille, et lis le message d'Esteban :
"Je suis désolé pour ce qui est arrivé à ton grand-père... Si tu as besoin de quoi que ce soit dis-le-moi, je suis là pour toi t'inquiète pas
18h10
Tu n'y es pour rien t'inquiète pas.. Merci c'est gentil mais tu as sûrement d'autres choses plus passionnantes à faire, merci pour ton aide mais ça ira
18h12
Non justement, j'aime pas voir les personnes tristes surtout si je les aime bien, en tout cas hésite pas
18h13
Je n'y manquerai pas alors 😊
18h14
Je l'avais oublié, avec ce qu'il s'est passé hier je l'avais mis de côté mais je viens de me rendre compte que cette personne compte énormément pour moi, elle vient de me rendre le sourire, de la gaieté, du moins une partie. En fait Esteban a fait bien plus que ça, il vient de remplir le vide que j'ai à l'intérieur.
*
Le lundi est passé, le mardi, le mercredi et le jeudi : la semaine était presque terminée, heureusement nous sommes en week-end.
Le mardi quand je suis retournée en cours ma meilleure amie Marion m'a sautée au cou et s'est effondrée en larmes dans mes bras à la pause de 10h au foyer, je l'ai suivi aussi et j'ai séché mes larmes. Mais je ne me doutais pas qu'Esteban et une partie de son équipe nous avaient regardées intensément, lui avec compassion et les quelques autres avec sérieux.
Ces regards étaient de trop, je déteste que quelqu'un éprouve une quelconque pitié à mon égard, je dois être forte et ne pas renvoyer l'image de compassion et de pauvre petite, c'est donc pour cela que j'avais quitté le foyer et attendu devant notre prochaine salle de cours. Mes amies avaient décidé de ne pas me rejoindre et de me laisser seule et je les ai remercié.
La semaine n'était pas encore achevée que je voulais passer ce moment, cette longue et fatigante semaine. Malheureusement le jeudi, hier, n'a pas été de tout repos, l'enterrement était difficile et long, mes perles salées se sont une fois de plus versées telles des torrents qui ne s'étaient pas déversés depuis des mois. La surprise a été de découvrir Tristan Dubois, ami d'Esteban, à l'enterrement me regardant avec un air désolé, un air de miséricorde, placé dans le cœur avec sa mère faisant partie de la même paroisse que nous. Il était en face de moi et avait l'air triste. Pourquoi n'était-il pas en cours comme les autres ? Rater une aprem pour assister à une cérémonie aussi funeste que celle-ci n'était pas un plan intéressant, surtout pour se trouver avec des madeleines... Cette question restera sans réponse je le crains.
Ding !
La sonnerie d'une notification Messenger vient de me faire sortir de mes pensées, je prends donc mon téléphone et appuie sur la bulle, Esteban me demande quelque chose, quelque chose qui provoque le battement incessant de mon cœur et le rouge de mes joues. Bordel... Qui l'aurait cru ?
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Esteban :
Et ça y est, il manquait plus que Thomas s'en mêle ! Et pour de bon en plus...
*conversation téléphonique*
Esteban: Putain tu fais chier Spoon ! Ce n'est pas parce que je t'ai dit qu-
Thomas: Roh c'est pas la mort si je la suis ! Pourquoi ça t'emmerde tant que ça ?
Esteban: Non mais-
Thomas: Voilà je t'ai rendu un service, en plus il y a plusieurs photos d'elle et de paysage c'est super joli ! Et si tu veux tout savoir il y a pas de mecs sur les photos.
Esteban: Tu vas pas l'espionner non plus ?
Thomas: Et pourquoi pas ?
Esteban: On t'a déjà dit que tu étais un psychopathe gros ?
Thomas: Ouais bien sûr ! D'ailleurs, je vais chez Honorine demain soir.
Esteban: Cool pour toi.
Thomas: Tu es sûr que tu veux plus faire part-
Esteban: Non, c'est terminé. En parlant de première je vais devoir en engueuler une.
Thomas: Explain.
Esteban: L'histoire avec Julia.
Thomas: Et dire que ça a commencé avec des crayons de couleurs ! Des putains de crayons !
Esteban: Arrête de rire c'est pas drôle. C'est même ignoble ce qu'elle lui a fait !
Thomas: Tu trouves ? Ya que les garces qui font ça de toute façon...
Esteban: Ouais, Jeanne est tellement pas comme ça, pourquoi elle lui a fait ça ? Elle a rien demandé...
Thomas: Chais pas je suis pas dans sa tête. Par contre ce que je sais c'est que cette Jeanne te monte au cerveau !
Esteban: Qu'est-ce que tu dis encore...
Thomas: Déjà tu arrêtes pas de la regarder-
Esteban: Vous aussi je vous signale ! T'es chanceux si elle a rien remarqué !
Thomas: Vu qu'elle te dévore des yeux aussi je dirai qu'on s'en fout de se faire remarquer. Bref, je disais... Oui ! Donc tu ne fais que de la regarder, ensuite tu ne fais que de parler d'elle et avec elle par messages, en plus tu rougis comme une pivoine, t'es pas crédible du coup et aussi tu verrais quand tu lui as rendu ses crayons tu étais tout timide et intimidé, elle aussi. Tu aurais vu ça vous étiez trop choux !
Esteban: N'importe quoi Spoon...
Thomas: Bref, et le plus marrant c'était une fois que tu les lui avais rendus tu étais super content et vu que le prof vous a remarqué c'était encre plus drôle car il vous regardait avec un air du style "ah là là les jeunes...!"
Esteban: En tout cas ils ont été utiles ses crayons !
Thomas: C'est ça cherche une excuse Truchet !
Esteban: Bon je te laisse j'ai une madame maquillage à aller engueuler, si tu me permets.
Thomas: Je t'en pris preux chevalier va sauver ta princesse de la sorcière.
Esteban: Ta gueule.
*fin de la conversation téléphonique*
Qu'est-ce qu'il m'énerve... En même temps il a un peu raison, Jeanne me monte à la tête mais dans le bon sens, en fait elle me rend heureux j'ai l'impression, c'est pas si mal finalement. Le truc c'est que je me sens bien quand elle est heureuse, et quand elle va pas bien je suis une bombe à retardement qui a envie de massacrer tout le monde, ça c'est bizarre...
Mes réflexions terminées sur la fille qui hante mes pensées jour et nuit, je décide d'envoyer un message pas très amical à cette Julia de mes deux. Elle me répond rapidement en disant qu'elle ne voyait absolument pas de quoi je parlais, bien sûr je suis remonté à bloc, j'ai même l'envie soudaine de soulager mes poings, je l'appelle alors et prends un air agressif dès le début pour mettre les points sur les "i".
*conversation téléphonique*
Julia: Quoi ?
Esteban: Quoi ? Quoi ? Mais t'es sérieuse là ? Tu peux arrêter de faire ta débile deux minutes et m'expliquer ce qu'il t'a pris par la tête pour l'insulter ?
Julia: Qui ça ? Ta petite protégée ? Oh t'inquiète pas je l'ai pas tué si ça peut te rassurer.
Esteban: Y'a plutôt intérêt car je suis pas sûr que me voir débarquer chez toi et te faire bouffer les murs de ta baraque t'aurait apprécié... Je deviens de plus en plus énervé.
Julia: Oh calme-toi, je lui ai rien fait.
Esteban: Rien fait ?! Parce que tu crois que l'insulter de salope et lui dire que je me la tapais c'était rien peut-être ?
Julia: C'était pour déconner.
Esteban: Refais-le encore pour déconner et tu vas voir comment tu vas finir après sale garce.
Julia: Pas la peine de m'engueuler.
Esteban: C'est sûr que t'es ange ! La bonne blague... Pourquoi ? repris-je d'un air plus menaçant.
Julia: Quoi pourquoi ?
Esteban: Tu vois très bien de quoi je parle.
Julia: Parce que cette s-, cette conne a tout pour elle, le terminale sur qui j'ai flashé a des vues sur elle et c'est réciproque alors que moi tu me prenais pour de la merde, une meuf d'un pari rien d'autre.
Esteban: Et tu crois que la vengeance règle tout peut-être ?
Julia: C'est utile.
Esteban: En fait cherche pas c'est toi la conne, la pourrie gâtée, tu vois elle, contrairement à toi, elle a un cœur, une âme, quelque chose qui l'a rend unique et merveilleuse alors que toi tu fais tout dans la vengeance et la méprise. Tu sais ce qui fait mal c'est la façon dont tu agis avec les autres, la façon dont tu traites les autres. Faire ta chef et ta salope -car je crois que c'est plutôt toi en fait- à tout bout de champs va pas arranger la situation Julia.
Julia: C'est toi le connard dans l'histoire en fait.
Esteban: Peut-être que oui mais sauf que j'utilise pas l'insulte et la vengeance pour arriver à mes fins. Je m'explique avec la personne au lieu de l'insulter sans la connaître... Parce que ce qui me tue chez toi ce sont tes réflexions et ton jugement sur les autres alors que tu ne les connais pas. Jeanne a eu une belle-mère qui l'insultait pour rien juste par jalousie, maintenant c'est toi pour la même raison. Ya rien de plus dégueulasse que la jalousie comme défaut, ça détruit tout. Et elle est bien ancrée chez toi j'en ai bien peur...
Julia: Possible mais toi c'est une meuf que tu as la place.
Esteban: Ouais mais elle me rend heureux et ça c'est pas toi et ta jalousie qui vont me rendre heureux. Elle ne répond pas, je reprends. Fait gaffe à toi car la prochaine fois c'est pas un coup de téléphone que tu auras...
Julia: C'est bon j'ai saisi le refrain, je fais plus rien.
Esteban: Tu vois t'es pas si débile quand tu veux.
*fin de la conversation téléphonique*
Bon je crois que j'ai réglé un soucis, ça fait du bien n'empêche ! Débarrassé de cette meuf, enfin ! Bref, c'est pas tout ça mais faut que je file à la douche moi...
*
Jeudi 30 mars
Une coque vide, sans âme, sans sentiment, une coque qui a envie de rien faire, qui a sur sa face de la tristesse envers une personne qui lui tient à cœur. Cette coque c'est moi, j'ai appris via Candice que son grand-père est décédé samedi et depuis je sais qu'elle est triste, qu'une partie d'elle souffre et ne va pas bien, c'est pour cela que je lui ai envoyé ce message de soutien dimanche, ce message qui l'a peut-être fait sourire ou donner un peu de gaieté. Je sais que c'est dur mais deux journées sans elle c'est horrible, surtout la voir pleurer dans les bras d'une amie. Elle fait comme si tout allait pour le mieux alors qu'elle sait que c'est faux, je l'admire pour ça néanmoins j'ai envie de rien faire, intérieurement je suis triste aussi, triste parce que je sais qu'elle ne va pas bien. J'ai envie d'être auprès d'elle et de la réconforter comme je le peux, j'ai envie de revoir ce si joli sourire sur ses lèvres rosées, envie de la voir rire et heureuse mais pour l'instant c'est loin d'être le cas... Je sais que mes potes n'aiment pas me voir comme ça, si vide et malheureusement ils savent pourquoi je suis comme ça. Tristan m'a dit qu'il serait à l'enterrement jeudi, j'aurais fait pareil si c'était moi, j'y serais allé sans même réfléchir, j'y serais allé et je l'aurais réconfortée, prise dans mes bras, j'aurais essayé de lui rendre cette si belle joie de vivre mais je ne suis pas Tristan. Je crois que cette funeste cérémonie est terminée et qu'il est rentré chez lui d'ail-
- Esteban ? Qu'est-ce qu'il ne va pas aujourd'hui ? Je veux dire depuis le début de la semaine, m'interrompt ma prof d'éco.
- Moi ? Rien tout va pour le mieux, souris-je faussement, sûrement le sourire le plus faux du monde.
- Difficile à te croire surtout que tu n'arrêtes pas de te retourner vers la place vide de ta camarade absente et que tu regardes dehors sans prendre de notes.
- Si je vais bien, je comprenais juste pas et je regardais Candice.
La spécialiste en économie me lance un regard, le genre de regard qui dit "ne me ment pas, je sais que c'est à cause d'elle que ça va pas" et franchement cette prof a raison et je sais pas comment elle sait ça, franchement je vois pas...
- Bon et si tu prenais des notes maintenant ? propose-t-elle gentiment.
- Ouais bien sûr.
La sonnerie retentit et indique la fin de la journée, sortir prendre l'air et rentrer chez moi me fera du bien. Nous sortons de la classe tandis que la prof me demande. Et merde...
Une fois tout le monde sorti elle me regarde dans les yeux et m'analyse avant de me poser la question suivante :
- Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Honnêtement, je vois que rien ne va je suis pas aveugle...
- C'est une longue histoire.
- Tu sais je suis ta prof principale, je peux t'aider.
- Possible mais je veux pas, je pense qu'il faudrait plus s'inquiéter sur l'état actuel de Jeanne plutôt que sur le mien qui n'a pas d'importance en ce moment.
- J'ai l'impression que tu l'aimes bien, je me trompe ?
- Non enfin si.
- Confus. Ce que je veux te dire c'est que tu dois foncer et ne pas avoir peur de ce qu'il va arriver.
Je la regarde bizarrement et elle répond :
- Tu vois très bien de quoi je parle, elle va pas te manger et je pense qu'elle t'aime bien aussi. Les filles sont pas super discrètes quand elles regardent quelqu'un, j'étais pareil, et puis il y a cette histoire qui circule en salle des profs.
- Quelle histoire ? paniqué-je.
- Celle des crayons de couleurs.
Pardon ?
- Bon allez va, j'en ai fini avec toi, mais ne tarde pas trop parce qu'un Esteban qui suit pas les cours à cause d'une fille ça va bien six mois mais pas dix, tu as le BAC en juin.
Je quitte la salle sous une mine totalement pleine d'interrogations. Alors comme ça les profs nous surveillent ? Mais c'est débile !
Le soir à la maison je reçois plusieurs messages de mes potes me demandant comment l'espèce d'entretien s'est passé et je leur baragouine une fausse histoire sur les prises de note. Je m'endors épuisé sans même manger.
*
Le week-end vient de commencer, alors que les autres étudiants pensent à leur grasse matinée moi je me triture la tête avec une bonne formulation. La prof d'éco a raison je dois agir, je dois lui envoyer un message mais lequel ? Une bonne vingtaine d'essais et de minutes plus tard je tape enfin le message idéal, sans plus tarder je lui envoie et un poids s'efface de mes épaules, il n'y a plus qu'à attendre sa réaction, sa réaction face à ce message :
"Il faut que je te parle d'un truc important, lundi ça te dit qu'on mange ensemble ?"
~ Lorsque le bonheur de quelqu'un d'autre représente votre bonheur c'est de l'amour ~
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Cela faisait deux mois que je n'avais pas publié mais voilà le chapitre ! Long je sais !
Les deux points de vue sont de retour et je pense que vous attendez le prochain chapitre avec engouement !
Anyway, je n'ai rien à dire mis à part que leurs pensées sont plus claires et un triste événement a pris possession de cette histoire mais il nous montre comment Esteban s'attache à Jeanne.
Bonne nuit!
Chloé 🙈❤
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