~ 15 ~

Esteban :

Lundi 6 mars 2017, 12h

Une partie de ma bande de pote et moi venons d'arriver au self, Tanguy veut nous placer derrière la table de Jeanne et je souffle.

- Quoi, un problème ?

- Non non Tanguy, c'est juste que...

- Que quoi ?, demande le blond.

- Qu'on est tout le temps vers elles, on peut pas genre se décaler ?

- Mais qu'est-ce que tu es chiant Truchet !

Résigné il se met deux tables derrière la sienne et se place de façon à la voir, bon ok il lui veut quoi ?

- Quoi encore ?

- Bah tu peux pas te mettre dos à elle là ?

- Nope, je veux voir comment est ta copine.

- C'est pas ma copine...

- Roh ça marche pas avec moi, pourquoi tu parles plus avec ta première ? À cause d'elle cherche pas. L'amour ça ne s'explique pas.

- Justement, commencé-je en mettant mon entrée devant moi, je voulais vous parler d'un truc en fait.

- Nous sommes tout ouïe ! Clament mes potes.

- Mais arrêtez de me regarder comme ça ! Comment voulez-vous que j'articule quoi que ce soit !

Leurs regards s'adoucissent, je prends une grande respiration et je débute mon petit monologue :

- Ok bon, je vais vous parler de Jeanne, des yeux commencent à pétiller, depuis un petit moment voire assez longtemps en fait je suis attiré par elle, fin je crois... Et c'est vraiment bizarre mais je connaissais pas trop ça avant, je suis pas doué pour dire ce genre de choses, je vous avoue que je n'aurais jamais imaginé vous dire ça. En gros je la trouve super en tout, super jolie, drôle, attentive, intelligente et naturelle !

Mes amis se retournent de temps en temps vers elle et ses trois amis : Cassie, Lisebeth et Kate.

- C'est sûr que par rapport à ta Julia ya du changement, rigolent Tanguy et Thomas.

- Ouais mais bon on s'en fiche de celle-là, c'est pas elle qui m'importe. Bref, mon problème c'est que je sais pas comment faire, comment agir, quoi lui dire, comment être pour qu'elle m'aime bien...

- Gars elle en kiffe sur toi ça se voit, depuis tout à l'heure elle ne fait que te regarder et sinon elle ne t'enverrait pas de messages les soirs si elle ne pensait pas un temps soit peu à toi...

- Oui mais on est jamais sûr de rien !

- Mais t'inquiète pas Truchet on le savait depuis bien longtemps ! Pourquoi on ne fait que regarder leur groupe à ton avis ? C'est pour mieux la comprendre. Pourquoi on arrête pas de mettre en face d'elle, hein pourquoi ? Pour que tu puisses la voir. On t'embête en te disant qu'on la trouve belle et tout mais en fait c'est pour que tu te rendes compte qu'il n'y a que toi qui s'intéresse à elle, que toi qui est jaloux quand un gars lui parle ou autre. En fait on veut te faire comprendre que tu es à fond sur cette fille laissant le reste du monde loin de tes préoccupations. Car quand les hommes ont quelqu'un en tête le reste passe inaperçu et ça tu le sais, inconsciemment. On fait ça pour ton bien Truchet, vraiment.

- Hmm vous avez raison.

Je l'observe, un air ahuri sur le visage, je détourne le regard et vois Julia la tuer du regard. Mais pourquoi ? Elle n'y est pour rien dans l'histoire, c'est moi le fautif pas elle. Je tourne mon attention sur Jeanne, elle regarde son plateau et lève ses yeux dans ma direction. Je lui lance un regard signifiant un "ça va ?" et ne réponds rien, elle préfère parler avec ses amies...

- Putain mais c'est pas possible elles doivent avoir un problème à la fin !, crie Kate, sa pote.

Instinctivement on se retourne tous et on sait, enfin je sais, immédiatement de qui elle parle...

*

Notre repas terminé, on part du réfectoire -après Jeanne- et on se dirige vers le foyer.

- Pff le monde qu'il y a !, me lamenté-je.

- Au pire on reste debout, propose Alex.

- Jusqu'à 14h ? Non merci ! Au pire on va en étude.

- Pourquoi pas mais ya pas mal de monde entre midi et deux aussi non ?

- On verra bien.

C'est alors que nous prenons la direction du bâtiment C.

*

Thomas nous ouvre la porte du bâtiment, nous laisse passer et je fais deux pas afin d'ouvrir l'accès de l'étude. En posant la main sur la poignée, celle-ci bouge et la porte de bois s'ouvre laissant place à... Jeanne ? Elle se décale, me fait un sourire et je lui rends, elle se dirige vers les toilettes et avant ça je lui articule avec toute la force que j'ai un pauvre merci qui valait même pas la peine d'être prononcé...

Je la regarde aller aux toilettes, puis mes potes impatients me poussent à l'intérieur de la salle, Tanguy se met derrière moi et en profite pour me chuchoter :

- Dépêche de poser tes affaires et va la rejoindre, essaye pour une fois de pas faire le timide et d'avoir une conversation orale et potable avec elle.

Je hausse les épaules, trouve une table, me débarrasse de mon sac et de mon manteau et réfléchis à sa proposition. Tanguy, lui, me fait les gros yeux, bon ok j'y vais !

- Je vais aux toilettes, prétexté-je, Tanguy sourit en coin fier de son conseil.

J'arrive aux toilettes et tombe directement sur elle, elle est en train de se laver les mains. Finalement j'irai bien aux toilettes après ! Elle se retourne et je lui souris, on se regarde et mon cœur palpite dans mon thorax comme jamais. Cette nouvelle sensation se propage, de l'adrénaline me donne la force de combattre cela et de pouvoir enfin lui parler.

- Hey ! dis-je pas très sûr de moi.

- Euh, sa... salut ! finit-elle par dire légèrement surprise et désorientée.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Hein ? J'ai vraiment dit ça ! Oh seigneur... Ma question est stupide, tellement débile !! Bon faut que je rattrape le coup car là elle me regarde d'un air bizarre et franchement ya de quoi !

- Euh non je voulais pas dire ça, elle était débile ma question !

Elle rit et affirme ce que je viens de dire, puis elle se moque de moi gentiment en me posant la même question. On rit tout les deux et franchement je me sens bien là, avec elle, bon l'endroit n'est pas le plus adéquat pour discuter mais c'est mieux que rien. À la base je ne voulais pas lui poser ça comme question... Après un sourire j'enchaîne alors :

- Non plus sérieusement, je voulais savoir si ça allait tu avais l'air étrange à midi, m'inquiétè-je.

Elle change instinctivement de tête et agit comme la plupart des personnes, elle se cache derrière un sourire et un "ça va, t'inquiète", ces trois mots qui malheureusement sont bien trop vagues et très peu significatifs.

- Sûre ?

- Ouais ouais, je pensais à mon grand-père, m'annonce-t-elle d'une petite voix triste.

Mince c'est vrai qu'elle m'en avait parlé il n'y a pas super longtemps, le même jour où j'ai dû casser mon tel...

- Toujours à l'hôpital ?

- Ouais, branché de partout... C'est horrible mais bon...

Qu'est-ce que j'aimerais la prendre dans mes bras et la réconforter pour lui remonter le moral, mais comme un con je dis simplement :

- Je suis désolé je suis tellement pas doué pour remonter le moral des gens.

Ce à quoi elle me répond :

- Oh non mais t'inquiète pas, je vais me débrouiller... comme toujours.

Ah non tu ne seras pas seule dans cette épreuve, pas encore une fois !

- Tu as besoin tu n'hésites pas hein ! lancé-je pour lui signifier que je serai avec elle.

- Oui, j'éviterai de te déranger.

Pardon ? Bien sûr que non !

Je lui réponds que je ne serai pas occupé puis elle me remercie en souriant.

- C'était cool !

- De ? demandé-je perdu.

- Parler, en vrai.

Elle rit et me fait aussi lâcher un petit rire et oui c'était cool ! Carrément même ! Je souris de toutes mes dents tel un enfant heureux. Oui je suis heureux ! Mais dans la foulée elle s'approche de moi -trop près- et m'y dépose un rapide bisou sur la joue.

Ouah ! Putain de merde ! C'était quoi ça ? C'était quoi cette sensation curieuse, cette puissance électrique qui vient de parcourir mon corps de long en large, ces bourdonnements dans mon ventre et mon bas-ventre, ce cœur affolé, c'était quoi ça ? Je la regarde surpris d'abord puis apaisé ensuite, sachant que mon visage est passé de tiède à brûlant en une fraction de seconde. Je lui souris amicalement, elle part rejoindre la salle d'étude et j'en profite pour la détailler du regard, l'examiner et la comprendre, du moins essayer car ce n'est pas évident. Et là je souris comme un con, enfin j'ai cette impression, un sourire niait sur la face mais je m'en fous je suis heureux.

Bon, si j'allais pisser moi !

De retour en étude je vois tous les regards de mes potes et de ses amies se poser sur moi. Je décide de les ignorer sauf celui de Jeanne, à elle je lui souris c'est tout, ma petite tribu bien sympathique semble m'avoir cramé, d'ailleurs elle me zieute avec insistance. Bon les explications ça peut attendre que je sois assis non ? Arrivé à ma place j'ai le droit à un questionnaire, auquel je ne réponds qu'à moitié car je suis trop occupé par Mademoiselle Prévot. En effet, elle aussi subit un espèce d'interrogatoire en ce moment même mais elle me fait rire puisqu'elle reste clouée sur ses fiches en faisant semblant de travailler donc éviter les interrogations de ses camarades.

Ah là là !

*

Le lendemain, au foyer vers 13h50,

- Bon Truchet, tu vas devoir leur demander.

- Je suis obligé Alex ?

- Ouais ! Nous on a court et en plus ça te permettra de te rapprocher de ta meuf.

- Alors de un : j'ai cours aussi je vous signale, de deux : je vais les déranger en pleine conversation, et de trois : c'est pas ma meuf.

- Bientôt bientôt...

Je souffle à la réaction de Thomas le psychopathe -oui j'ai bien dit psychopathe car en soirée s'en est un-, du regard je fais des aller-retours entre leur groupe et Thomas et Axel, je souffle de nouveau, j'inspire un grand coup et me lance. En les rejoignant, il y a mes amis qui partent incognito, la Julia me regardant avec envie puis rage mais je l'ignore totalement, et il y a Kate qui me regarde avec surprise se demandant sûrement ce que je vais foutre vers elles.

Bon ok, je mets mes mains sur le dossier du fauteuil bleu de Jeanne, rassemble mes forces et leur demande si ce soir on fait histoire ou géo, Lisebeth me répond géo.

Et merde ça veut dire croquis, et croquis signifie crayons de couleur... Pour être bien sûr je pose quand même la question et remarque que la néerlandaise et la métisse ont fait comme mes potes : elles se sont tirées.

- Putain fais chier, juré-je, je les ai oublié, le con...

- Je peux t'en prêter si tu veux ?

- Tu ferais ça ?!

Intérieurement je saute de joie, non seulement je vais pas me faire engueuler mais en plus elle me prête volontairement et sans broncher ses crayons de couleur, les siens.

- Tu as deux minutes ?

La sonnerie couvre légèrement sa voix mais je l'entends tout de même et réponds :

- Ouais, tu sais pour de l'éco approfondie on s'en fout.

Elle lâche un rire et cherche dans son sac sa trousse, une fois trouvée elle recherche les crayons en double et me les tend au fur et à mesure. Je les lui prends délicatement et finis avec les principales couleurs nécessaires à un croquis. Je ne les fourre pas dans mes poches mais garde les huit aux creux de mes mains. Je la remercie comme il se doit et l'informe qu'ils verront leur propriétaire dans 4h, soit à 18h après le cours.

- Bonne éco !

- Haha merci bien !

Je sors du foyer en marchant vite, monte les escaliers du bâtiment B quatre à quatre jusqu'au deuxième étage, m'engouffre dans le couloir et toque à la salle correspondante. Merde les crayons, bon tant pis.

- Ah Esteban ! Remarque notre PP, la prof d'économie. Tu sais qu'on est en cours d'éco et non de coloriage quand même ?

- Ouais ouais, j'ai juste oublié de les ranger, dis-je en allant m'asseoir à côté de Thomas.

- Bon je disais...

- Qu'est-ce que tu fous avec ces crayons ? chuchote le blond.

- Ils sont à Jeanne c'est pas les miens.

- Oh monsieur se fait prêter des crayons par la demoiselle maintenant ? C'est quoi la prochaine étape ? sourit-il en coin en effectuant une danse des sourcils.

- C'est pas tes affaires, murmuré-je en même temps que je sens mon téléphone vibrer à plusieurs reprises.

Je le pris et regarde les notifications : un message de Tanguy et un d'Alex, qu'est-ce qu'ils me veulent ?

De Tanguy :

"Ta meuf elle est pas bien..."

Hein, quoi ?? Jeanne, qu'est-ce qu'elle a ?

De Alex :

"À la pause on parle c'est important et ça concerne Jeanne"

Putain mais qu'est-ce qu'il se passe ?!

- Qu'est-ce qu'il y a ? chuchote Thomas.

Je ne lui réponds rien mais serre juste les points. Génial je suis remonté et maintenant l'heure et demie va défiler tellement lentement que je vais me faire des hypothèses débiles sur ce qu'il se passe...

*

Effectivement je ne m'étais pas trompé, l'heure et demie est passée trèèès lentement, en plus j'aurais pu parler avec Alex de 15h30 à la pause comme on faisait rien mais introuvable, putain fait chié !

La sonnerie de la pause retentit enfin et je vois mes potes arriver un par un, bien sûr ce n'est pas ceux je veux... Ce n'est que deux minutes plus tard qu'Alex, Tanguy et deux autres arrivent au foyer ; la 2000 n'est pas là et heureusement car si j'apprends qu'elle est dans cette histoire que je ne connais pour l'instant pas ça va pas être joli à voir ! Une Jeanne livide entre dans le foyer accompagnée de ses amies, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

- Crachez le morceau, aboyé-je aux deux témoins.

- J'avoue, il était pas bien et en colère durant toute la spé ! s'impatiente le "psychopathe". En plus c'est moi qui me le suis coltiné...

- Calmez-vous !

- Je suis pas trop serein là... Répondis-je nerveux.

- Ok, commence Tanguy, je voulais aller au foyer à 14h et j'ai croisé ta meuf là, mais en fait elle m'est rentré dedans sans me dire pardon et une larme a coulé le long de sa joue. Elle avait l'air vachement en colère. Du coup je suis rentré dans le foyer et j'ai vu la 2000 que tu fréquentais avant, elle était en train de rire. J'ai pas fait attention mais je suis allé me poser sur un fauteuil au fond, finit-il de témoigner en l'ayant regardé de temps en temps.

- Pourquoi elle pleurait ? Dites-moi pas qu'on lui a fait du mal ? m'inquiétè-je en crescendo.

- Bah je sais pas mais ce que je peux te dire c'est qu'en sciences po quand elle est arrivée elle avait les yeux tout rouge, et j'ai entendu une conversation entre elle et sa pote. Elle a dit que la 2000, sûrement Julia je sais pas, l'avais insulté de salope et que-

- Que quoi ?

Mon regard se change et devient méchant, agressif et... inquiet.

- Que Jeanne couchait avec toi.

- Putain la pute ! Je vais aller la voir moi et-

- Et tu feras rien du tout ! Sois plus malin qu'elle, c'est une gamine ! me retient Lorenzo.

- Elle est jalouse cte meuf ! Ça se voit comme de l'eau de roche et n'entre pas dans son jeu car elle n'attend que ça... Continue Tristan.

Ils ont raison, mais quand même ça ne se fait pas d'insulter gratuitement une fille comme elle, si gentille et adorable ! Elle ne lui a rien fait et voilà qu'elle s'en prend après sa peau, sa belle-mère a suffit amplement pas besoin d'une meuf hautaine pourrie gâtée par dessus !

Je la cherche dans le foyer, je la cherche en vain et ne la trouve pas... Où est-elle ? Même ses amies ne sont pas là... Où es-tu Jeanne ?... Et dire que c'est ma faute, je n'aurais pas dû m'en aller aussi vite, j'aurais dû l'attendre, j'aurais dû la protéger, j'aurais dû la prendre dans mes bras pour la consoler, j'aurais dû refuser ses crayons, je n'aurais pas dû aller leur parler. Putain c'est de ma faute, à cause de mon comportement et de moi elle s'est faite insulter, elle a pleuré, elle va mal et elle est partie... Pourquoi ?

- Le sol ne répondra pas à tes questions Esteban.

- Je sais Mathis.

- Et ce n'est pas de ta faute, tu ne peux pas protéger tout le monde comme tu l'aimerais ! Tu ne peux pas être un héro tout le temps, à chaque seconde, un héro doit savoir se reposer pour après rebondir, m'annonce calmement Candice.

- Je le sais bien mais c'est plus fort que moi tout ça !

- Possible mais dit-toi que quoique tu aurais fait elle ne se serait pas gênée pour le faire quand même. Cette fille est un poison qui te bouffe et te tue Esteban. J'ai essayé de te le dire mais tu tenais absolument à faire ce pari.

- Comment tu le sais ?

- Je vous ai surpris et Lorenzo m'a tout expliqué. C'est quand même honteux tu ne trouves pas ?

- Si...

- Heureusement que Jeanne est là. Parce que sans elle je sais pas où tu serais...

- Je me le demande aussi.

- Un conseil : accroche-toi.

- Pourquoi tu dis ça ?

- Cette fille t'aime bien, dit ma meilleure amie en s'en allant rejoindre le cours de maths.

Elle m'aime bien ?

- Bon on arrête ? proposé-je.

- Quoi ?

- Le pari ? Si vous le faites, moi je le fais plus. Je suis désolé les gars j'ai trop donné.

- Je suis fier de toi ! annoncent Tanguy et Lorenzo.

- Mais moi je l'avais trouvé ma première !

- On s'en fout Thomas, continue si tu veux.

Puis on rigole ensemble et regagnons nos classes respectives car la sonnerie vient de retentir.

*

Pendant l'heure entière de maths je n'ai pas arrêté de la regarder, de ne pas suivre le cours, de ne pas me préoccuper du prof et de ses mimiques, de m'en foutre de Kate qui se retournait et voyait mes regards en direction de sa grande amie. Bref, je pensais, je pensais à tout et à rien en même temps mais je pensais surtout à elle.

*

17h52

Comment je vais lui rendre ses crayons de couleur ? C'est bien la question que je me pose depuis dix minutes mais en vain je n'ai pas la réponse. Je veux la trouver seul car si j'en apprends Lorenzo le prof me remarquera et ça me prouverait à quel point je suis nul et empoté... Au pire j'improvise, de toute façon Alex, Thomas et Lorenzo vont m'attendre à la sortie donc bon je peux prendre mon temps.

- Tu as trouvé ?

- Si tu parles de lui rendre ses machins-là c'est en cours.

Lorenzo lâche un petit rire et se retourne dans sa direction, moi aussi. Elle semble occupée à colorier mais en même temps ça la soûle, son visage fait des bouilles pas très sereines et légèrement agacées c'est assez marrant. N'empêche, elle est mimi comme ça.

Driiing

Merde !

Lorenzo part en me tapotant l'épaule et mes deux autres potes me font un clin d'œil de soutien alors que je prends les fameux crayons de couleur dans le creux de mes paumes.

C'est bon c'est pas comme si j'allais lui demander la lune non plus !

Je me dirige vers elle, Jeanne m'aperçoit et je lui souris. Elle me rend un rapide sourire et je m'approche près d'elle, nous sommes assez proche, je lui tends les crayons et les prends un par un concentré par ce qu'elle fait. Moi je souris bêtement, je suis un idiot et ça n'a pas changé ! Un frisson me parcourt tout le corps quand elle me touche involontairement dès qu'elle prend le crayon rouge. Elle aussi le ressent, elle me regarde à ce moment-là, je lui souris et nos visages prennent des teintes rosées, désolé mais c'est indescriptible cette sensation ! J'ai l'impression que ça fait au moins quinze minutes qu'on est là, tous les deux, alors que pas du tout, il y a encore pas mal de personnes mais je m'en fiche d'eux, mais alors littéralement ! Ce qui m'importe c'est maintenant, nous peut-être, ouais c'est ça nous.

- Merci Jeanne, chuchoté-je en la regardant dans les yeux.

- Merci Esteban, me répond-elle de sa douce voix.

On sort de la salle, nos amis respectifs nous attendaient patiemment s'échangeant de temps à autre des sourires. Finalement cette journée n'était pas si mal...

J'emboîte le pas avec mes trois compères et rions de diverses choses, je suis heureux, je me sens bien et tout ça c'est grâce à elle ! Ah là là Jeanne !

Qu'est-ce que tu me fais Jeanne Prévot ?

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