20 - Les joies des dortoirs ★

La ville de Karaduc ressemblait beaucoup à celle de Thulé mais, n'étant pas une capitale de province, elle ne pouvait rivaliser par la taille et se retrouvait dépourvue de toute administration majeure.

Entièrement prise dans les falaises et tournée principalement sur la mer, dont l'exploitation demeurait la principale ressource. Elle était située dans une large crique dont l'accès se faisait seulement par trois entrées au nord, à l'ouest et au sud, aménagées dans la roche. Aucun fort n'y avait jamais été construit mais un gigantesque bâtiment, édifié en plein centre de la ville, présentait des caractéristiques similaires.

Tous les ans à la même période, un spectacle identique se déroulait aux portes et à l'intérieur de celui-ci. Chaque soir précédent la rentrée des classes, tous les élèves de l'île y étaient regroupés afin d'être transférés, dès le lendemain, de l'autre côté du bras de mer qui les séparaient de leurs écoles. La plupart d'entre-eux venaient des Villages du Sud où le climat et la vie en général étaient davantage propices au développement de grandes familles. Contrairement au reste du pays, le gouvernement local était organisé de façon tribale, le pouvoir étant réparti entre les chefs des plus grandes parentés appelées aussi, de façon plus généraliste, clans.

La famille des Reily, dont Kyle incarnait la descendance, et de manière plus large Max, dont il était un cousin éloigné, régnait sur les différentes tribus. Son nom possédait une réelle aura sur l'île et dans certains milieux, mais le commun de la population nourrissait un ressentiment prononcé contre ces nomades aux cheveux flamboyants.

Le jeune homme se gardait de faire étalage d'un tel statut, plus que relatif à ses yeux, et se comportait toujours de la façon la plus humble qui soit. Ce comportement le poussait constamment à être entouré de ses amis et il ne se séparait jamais de Max. Raison pour laquelle les deux compagnons, arrivés à Karaduc en milieu d'après-midi, attendaient avec impatience l'arrivée du convoi de Front de Mer, sur les escaliers extérieurs du dortoir.

– Ben dis donc, ils en mettent du temps, se plaignit Max.

Kyle, qui n'en pensait pas moins, garda cependant le silence. Il ne servait à rien d'ergoter sans arrêt. Ce n'était tout simplement pas dans sa nature.

Pour passer le temps, il aimait regarder le monde qui l'entourait. Toujours très observateur et l'esprit vif, les petites scènes de la vie quotidienne ne manquaient jamais de le surprendre. Ça pouvait être une dispute de cœur sur le trottoir d'en face, les facéties d'un garçon d'une dizaine d'années qui cherchait à amuser ses amis, un mime cherchant son public sur la grande place qui jouxtait le dortoir... ou tout autre chose.

En tournant la tête, il vit que de nombreux autres jeunes attendaient comme eux, assis sur les mêmes marches où ils se trouvaient avec Max, l'arrivée d'un ami ou d'un proche.

– Tu ne cesseras jamais d'être dans les nuages, hum ?

Kyle se tourna vers son lointain cousin. Ce dernier lui souriait, comprenant parfaitement ce qu'il se passait dans la tête de son ami.

– Chacun a sa façon de passer le temps, répondit-il. Toi tu ne fais que parler et moi j'observe ce qui m'entoure.

Max, grand adepte des boutades en tout genre et sachant toujours apprécier une bonne répartie quand il en entendait une, donna une grande claque dans le dos du rêveur.

Un bruit se fit entendre au bout de la rue, semblable au martèlement de dizaines de fer à cheval sur le sol pavé. Les bâtiments masquèrent le cortège mais les deux amis savaient très bien que cela ne pouvait être que l'arrivée d'un convoi venu de l'ouest de l'île. Au bout d'un moment, des chariots entourés d'une bonne escorte débouchèrent sur l'esplanade, incitant les deux jeunes impatients à se lever pour aller saluer leurs amis. Tout le monde en fit de même et le brusque mouvement de foule ainsi créé les prit de court. Des dizaines de jeunes s'agglutinèrent autour des chariots, obligeant même les soldats à faire preuve de prudence devant tant d'enthousiasme.

Trop conscient de cette soudaine agitation, Kyle décida qu'il serait plus judicieux d'attendre là où ils étaient, sur le haut des marches. Max, trop fatigué pour jouer des bras, resta auprès de lui. Ils firent tous les deux de grands signes quand ils aperçurent Zach et Chris au milieu de la cohue générale. Ces derniers finirent par les voir et ils se démenèrent pour sortir du flot d'étudiants qui se dirigeait tout droit vers l'intérieur du bâtiment.

Haletants, ils parvinrent finalement à rejoindre leurs amis.

– Pourquoi faut-il qu'à chaque fois ça se passe comme ça ? demanda Chris.

– Que veux-tu... il y aura toujours des personnes plus excitées et énergiques que toi. Il faudra te faire une raison, le nargua Max.

Le jeune blond eut grand plaisir à retrouver son comparse et ils se saluèrent chaleureusement. Zach et Kyle firent de même mais à leur façon, moins énergique et bruyante, éloignée des grosses brutes telles que Chris et Max.

– Besoin d'aide pour vos affaires ? demanda Kyle.

Zach déclina poliment l'offre mais Chris s'en donna à cœur joie. Il balançât aussi sec ses affaires sur Max qui n'eut pas le temps de lui dire ce qu'il en pensait.

– Merci beaucoup, l'ami !

La foule avait commencé à se disperser et l'entrée du bâtiment était à nouveau facilement accessible. Les quatre amis décidèrent de profiter de l'accalmie pour entrer à leur tour dans la bâtisse. Cette dernière, d'aspect quelconque, presque grossier, restait de taille impressionnante.

C'était de loin le plus grand bâtiment de la ville. Construit il y a plusieurs dizaines d'années, si ce n'était plus, il avait servi de dortoir pour les troupes pendant les grands conflits qui avaient opposé le pays à divers groupes de pirateries. Son utilisation, par des garnisons successives, avaient modelé son architecture et des traces de fortifications étaient encore visibles à certains endroits.

La menace des pirates sévissant dans le Sud balayée depuis bien longtemps, cette partie de l'archipel sombra dans l'insouciance et le bâtiment fut abandonné. Il fut repris par l'administration centrale au moment de la réforme de l'instruction, il y a de cela une vingtaine d'années, prétextant qu'un regroupement des organismes d'éducation serait des plus bénéfiques.

A partir de ce moment, il fut réaffecté pour les élèves de l'île qui devait embarquer vers l'île d'Albufera où se tenaient dorénavant les cours. Autant dire que la bâtisse, qui n'avait jamais fait l'objet de grandes rénovations, tombait peu à peu dans un état de délabrement critique. Mais cela n'avait jamais inquiété les centaines de jeunes gens qui y avaient foulé le sol. Au contraire, malgré son état de décrépitude, le dortoir se montrait chaleureux et rempli de vie. Les murs possédaient une âme, et le simple fait de marcher dans les couloirs insufflait quelque chose d'extraordinaire, une énergie positive, à quiconque se donnait la peine de le considérer.

Après que Zach et Chris eurent déposés leurs affaires, sur le lit superposé qui jouxtait celui de leurs amis, les quatre compagnons descendirent au réfectoire pour se restaurer. Comme d'habitude, et cela ne les surprit guère, la salle avait été prise d'assaut par le reste des élèves qui les avait devancé. Zach estima qu'ils en auraient pour une bonne heure avant d'avoir quelque chose dans le ventre. Kyle de son côté remarqua qu'une femme, occupée à servir à manger derrière le grand établi, lui fit un signe énergique de la main pour les inciter à se rapprocher.

Il fallut un certain temps au jeune homme pour reconnaître l'une de ses nombreuses parentes. L'étonnement passé, il porta l'information à ses amis avant de s'avancer en direction de cette dernière, suivi de peu par le reste de la bande.

– Bonjour Kyle, dit-elle chaleureusement. Alors, comment va l'aîné des Reily ?

Le jeune homme tiqua. Encore une fois, on faisait référence à sa famille plutôt qu'à sa propre personne, ce qui ne manquait pas de l'énerver.

– Salut, dit-il sobrement.

La jeune femme comprit qu'elle l'avait mis dans l'embarras et passa à autre chose.

– Tiens, voilà quatre minjoc pour toi et tes amis. Ça vous évitera de faire la queue, dit-elle avec un grand sourire.

– Merci beaucoup, répondit Max à la place de Kyle.

Ce dernier finit par sourire à la jeune femme, avant de partir avec ses amis vers la salle où ils avaient l'habitude de se poser. Tous autant qu'ils étaient, ils n'appréciaient guère de rester plus que de raison dans le réfectoire constamment agité et bruyant.

– Ça a du bon d'être un membre de ta famille, remarqua Chris.

– Pas toujours, répondit Max le sourire aux lèvres. Regarde-moi, j'en fais parti, mais je suis tellement éloigné de la branche principale qu'on ne me remarque même pas. Les faveurs ne sont pas pour tout le monde.

Il donna un coup de coude à son lointain cousin qui ruminait. Cela le préoccupait quand ce dernier s'énervait avec ce genre de futilités.

– Arrête un peu, tu veux. T'aurais préféré attendre comme du bétail ?

– On devrait plutôt te remercier de nous avoir fait gagner du temps, remarqua Zach.

– Restons-en là alors, les coupa-t-il. Le fait d'être né dans une certaine famille n'a pas à interférer avec la vie de tous les jours et je déteste quand c'est le cas. Que ce soit en bien, ou en mal.

Ils ne dirent plus un mot, préférant laisser leur ami tranquille, et rejoignirent une table vide dans une salle qu'ils affectionnaient particulièrement, à l'est du bâtiment.

Zach aimait beaucoup cette pièce qui, pendant l'occupation du bâtiment par les soldats, devait être une de leurs rares bibliothèques. Dès que l'on y pénétrait, on ne pouvait s'empêcher de remarquer que l'architecture y différait. L'intérieur de la salle, entièrement boisé, ne comptait que quelques anciens rayonnages, toujours présents mais vides de tout ouvrage. Le plafond, plus bas que dans n'importe quelle autre section, donnait à l'espace une dimension plus humaine et intimiste. Des tapisseries, évoquant principalement des batailles anciennes, restaient tant bien que mal accrochées aux murs, malgré le fait qu'elles fussent fortement délavées par les affres du temps.

Zach ne cessait de découvrir, années après années, d'autres scènes plus communes, basées sur la vie de tous les jours, telles que la pêche, le commerce ou encore les études. Lui permettant de s'évader plus facilement, le jeune homme ne se lassait jamais de les regarder.

Le sol, fait d'un assemblage de gros blocs de granit, avait été si finement travaillé qu'il paraissait lisse et sans imperfections. Dès leur première venue dans ces lieux, la petite bande avait constaté que ce dernier avait été un temps recouvert par de grandes gravures, aujourd'hui pratiquement effacées. Certaines d'entre-elles, se glissant sous les rayonnages, laissait à penser qu'elles avaient été présentes bien avant l'agencement final de l'endroit, opéré par les soldats presque un siècle plus tôt.

Au-delà de la salle en elle-même, ce que les quatre compagnons appréciaient par dessus tout, c'était le fait que cette dernière soit la plupart du temps désertée par les autres élèves.

– Alors, où étiez-vous le soir du bal ?

Kyle avait retrouvé un peu de son calme habituel.

– On est arrivé très tôt mais on s'est fait souffler dans les bronches par des jeunes nobliaux qui m'ont fait comprendre que je n'étais pas le bienvenu parmi eux, dit-il en se passant machinalement la main dans les cheveux. Du coup, on est allé dans une salle annexe où l'on a retrouvé d'autres personnes des Villages du Sud. On s'est enivré assez vite et on a pas pensé à ressortir de là.

– Y'a vraiment des cons ! s'indigna Chris sans perdre l'appétit.

– Vous auriez pu le leur faire comprendre, à grands coups d'arguments, continua t-il en envoyant avec précision ses poings serrés dans le vide.

– Ça n'aurait pas fait avancer le débat, répondit-il amusé. On aurait juste fini par se faire sortir du bal... Et vous de votre côté, ça s'est passé comment ?

– M'en souviens pas trop... Heureusement que Zach était là pour me rafraîchir la mémoire le lendemain !

Zach leur fit un rapide résumé de ce qu'il avait entendu et de ce qu'Owen leur avait dit le lendemain tandis qu'ils engloutissaient leur repas.

– Owen m'a fait promettre de ne pas le répéter... Alors je compte sur vous.

Kyle et Max, devant le regard insistant de Zach, hochèrent gravement la tête sans chercher à plaisanter.

– Et cette tempête incroyable qui a suivi ! reprit Chris. Du jamais vu. Et bam ! Encore une attaque dans la foulée...

– A croire que ça va de paire, dit Kyle.

– Et puis quoi encore ? Personne ne peut contrôler le temps. On arrive déjà pas à le comprendre...

– Je suis stupéfait de voir que tu es parfois capable de raisonner normalement, Max !

– Enfin bon, coupa Kyle. Il n'y a pas non plus de quoi fouetter un chat... Regardez où nous sommes et regardez où tous ces problèmes se passent. Personne ne viendra jusqu'à chez nous. Ils mourront avant où feront demi-tour en voyant dans quel pétrin ils se sont mis en arrivant jusqu'ici. On est pauvre, mais vaillant dans le coin !

– Oï ! s'écrièrent en cœur Chris et Max.

– Et puis, s'ils veulent venir compter fleurette à Fort d'Alberg, ils seront bien reçus ! On est littéralement parqué dans la plus grande place forte du pays, avec des milliers de soldats tout autour. Je ne connais pas un lieu plus sûr, à part Mercantile et son château, bien entendu.

– Tout de même... dit Zach. Il faut penser au reste du pays. Si les conflits perdurent dans le nord, on ne va pas tarder à y voir partir les garnisons du sud.

– Et si c'est le cas, ces pirates et tout ce qui les accompagne seront rayés définitivement de la carte, reprit patiemment Kyle. Toujours pas de quoi en faire tout un plat et encore moins de perdre des moyens à mettre des soldats partout. Du pur gaspillage, je te dis. Et quelle contrainte !

À ce moment précis, des bruits de pas réguliers se firent entendre dans le couloir et quelques soldats en armures entrèrent dans la salle. L'un d'eux se plaça devant leur table et les toisa de haut.

– Il a été décrété, à titre exceptionnel, qu'un couvre-feu serait effectif ce soir. Vous devez impérativement regagner vos lits dès maintenant.

Zach devina aux cris qui provenaient des autres salles que l'annonce avait été faite partout.

– Mais voyons, faut arrêter ! s'écria à son tour Chris. On n'est plus des jeunes pucelles pré-pubères qu'on a besoin de cajoler ! Et puis, qui viendrait nous chercher dans cette baraque de seconde zone ?

Le soldat, qui en avait vu bien d'autres, ne s'offusqua pas du ton du jeune homme. Sa posture devint cependant légèrement plus raide.

– J'ai des ordres et ces derniers me disent d'aller vous mettre au lit. Autant vous dire que je n'apprécie aucunement une mission de ce genre, alors que certains de mes camarades sont au combat pour défendre cette nation, dit-il d'un ton sec.

Les quatre amis, ne voulant pas s'attirer les foudres de la junte militaire et comprenant la situation, décidèrent de rejoindre d'un même pas leurs congénères dans les dortoirs. L'euphorie et la bonne humeur générale du dernier soir sur l'île, à laquelle ils s'étaient habitués depuis des années, laissait pour la première fois place à l'ordre et à la discipline.

Zach et ses amis comprirent que les choses avaient changé et que ça serait loin d'être la fête ce soir. Ils défirent leurs sacs et allèrent faire leur toilette, de manière tout aussi millimétrée et sous bonne surveillance, avant d'aller se coucher dans le plus grand calme.

De mémoires d'étudiants, jamais le dortoir n'avait été aussi silencieux après la tombée de la nuit. Les soldats veillaient au grain et ne quittaient pas des yeux les éventuels renégats. Zach se demanda comment ça se passait à l'étage des filles, juste en dessous du leur, étant donné qu'il n'y avait pas de femmes dans les ordres militaires.

– Bien, dit un des soldats une fois que tout les élèves de leur étage furent dans leurs lits. Extinction des feux !

Ils fixaient tous les quatre le plafond, immobiles sur leurs matelas.

– Bon... Ben bonne nuit les gars, chuchota Max.

– Bonne nuit... lui répondirent sans enthousiasme les trois autres.

Leur maigre conversation ne tint pas bien longtemps car un soldat s'était fait un devoir de se ruer vers eux pour leur intimer de se taire.


Le lendemain fut bien pire. Les soldats étaient venus les lever aux aurores et, de façon mécanique, ils les firent s'habiller, préparer leurs affaires et descendre au réfectoire pour prendre un rapide petit-déjeuner.

– Ça remet sérieusement en question mon envie de faire parti de l'armée, dit Chris d'un air bougon.

Ses trois amis lui sourirent.

Au moins, ils ne réprimandent pas encore l'humour, se dit Zach.

Kyle le vit se masser la tempe d'un air songeur.

– Toujours des mots de tête au réveil, à ce que je vois. Ça fait combien de temps maintenant, six mois ?

Zach enleva sa main et se concentra sur les marches qui descendaient devant lui.

– Oui, ça doit être à peu près ça...

– Va bien falloir que tu trouves une solution. C'est chaque fois une plaie de te faire lever le matin. Et je n'ai pas envie de faire la nounou cette année.

– J'ai déjà Chris pour ça, dit-il avec un clin d'œil. Ne t'en fais pas.

Tout aussi machinalement, les élèves formèrent des files d'attente rectilignes, supervisées par les soldats, pour aller prendre leur maigre petit-déjeuner. Zach constata que les choses allèrent beaucoup plus vite de cette façon et, en moins d'une demi-heure, ils eurent tous de quoi manger.

– Vous avez une heure, décréta un soldat. Après vous irez récupérer vos paquetages et direction le port.

– Mais c'est de pire en pire ! s'écria Chris complètement abasourdi.

– Entièrement d'accord avec toi, mon ami, dit Max.

Ils s'assirent tous les quatre à la même table que la veille et mangèrent leur repas dans un silence morose. Ce réveil avait eu raison de leurs dernières forces et ils étaient, à cette heure-ci, bien trop fatigués pour tenir une discussion qui aurait eu le mérite d'être intéressante.

Une heure plus tard donc, ils remontèrent à leur étage, se saisirent de leurs affaires et redescendirent pour prendre la direction des docks, tels des êtres sans vies.

– Et voilà comment en quelques heures, on se fait endoctriner par le pouvoir militaire, râla Kyle.

– Dire que c'est un dimanche matin... En temps normal, on se serait levé à l'heure qu'on voulait et on aurait pris n'importe quel navire, renchérit Chris.

– Commencerais-tu à renier la toute puissance de l'armée ? On ne peut pas dire que ce comportement soit digne d'un futur soldat, le railla Max.

Chris essaya de lui balançait un coup de poing, amical bien entendu, mais ce dernier était bien meilleur en esquive que Zach et son poing se perdit dans le vide.

Un soldat s'approcha d'eux à grand pas.

– Du calme dans les rangs, leur intima-t-il.

L'homme relevait du parfait petit soldat aux yeux de Zach : bien propre sur lui, complètement imbu de sa personne, voulant user de chaque goutte de sa maigre autorité, doué d'un ego surdimensionné et, surtout, qui ne se rendait absolument pas compte quand il passait pour un imbécile. Kyle, qui appréciait aussi peu la remarque de cet homme, le fixait avec un relent de dégoût. Le soldat le remarqua mais ne dit rien pour autant. Il se contenta de tourner les talons sans un mot et de rejoindre son unité.

Et en plus, c'est un pleutre. Eh ben, il va être beau au combat celui-là, pensa-t-il.

Ils arrivèrent enfin sur les quais, où les élèves furent répartis en plusieurs groupes par les soldats. La petite bande d'amis resta ensemble, ce qui suffit à leur redonner un peu le moral, et embarqua sur le même navire. La traversée en elle-même n'était pas très longue car la mer formait un passage plus étroit à cet endroit, mais ils devraient encore composer avec l'autorité militaire. Il faudra attendre d'être arrivé à Fort d'Alberg et à leur internat avant d'être définitivement débarrassé d'eux.

Un mal pour un autre... pensa Zach.

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