• TREIZE •
« Il est doux de pleurer,
Il est doux de sourire
Au souvenir des maux qu'on pourrait oublier. »
- Alfred de Musset.
☾
1999, Appartement de Drago Malefoy.
Qu'est-ce que tu as foutu...
Alors qu'il s'agitait nerveusement dans tout son appartement, Drago Malefoy se tirait les cheveux en contractant sa mâchoire. Son cœur battait rapidement, ses mains étaient moites, et son corps tout entier semblait réagir à son acte.
T'es con putain !
Il envoya une chaise contre le mur d'un coup de pied brutal, tenant toujours ses cheveux dans la paume de ses mains. Il tremblait, voyait flou et avait chaud.
Putain, putain, putain...
Les larmes lui montaient douloureusement, et, affaibli, il ne put les retenir. Elles coulèrent le long de ses joues froides et pâles, le faisant frissonner. Il s'accroupit au sol, lâchant sa chevelure blonde pour venir enfouir son visage humide dans ses mains transpirantes.
Drago Malefoy pleurait, de tout son cœur, de ton son corps, de tout son être. Il pleurait, hurlait, jurait autant qu'il le pouvait.
- Tu foires tout le temps... siffla-t-il tel un serpent. Tu es un bon à rien.
Que lui avait-il pris ? Pourquoi avait-il fait ça ? Embrasser sa cliente, et plus, embrasser Hermione Granger. Pourquoi en avait-il eu envie ? Et pire : pourquoi avait-il aimé ?
Car oui, Drago Malefoy avait eu envie de l'embrasser, comme si leurs lèvres s'appelaient désespérément depuis des années, et oui, il avait aimé. À l'instant où sa bouche avait touché celle de la jeune femme, le blond avait ressenti des milliers d'émotions ; de la tristesse, de la joie, de l'apaisement, et... de l'Amour ?
Qu'était-ce, ce sentiment qui l'avait rendu faible ? Était-ce réellement de l'Amour ? Pourquoi aurait-il ressenti un tel sentiment, si puissant et mythique ?
Bordel...
Quelqu'un toqua à la porte.
- Drago, tu es là ?
- Dégage, Granger.
Ces mots lui brisèrent le cœur. Comment pouvait-il lui dire de telles atrocités alors que son corps l'appelait ? Comment pouvait-il la repousser aussi loin de lui alors qu'il aurait aimé la tenir la plus près possible ?
- Ouvre-moi, s'il te plaît.
- Je t'ai demandé de partir ! hurla-t-il.
Un silence lourd les sépara douloureusement. Il s'accroupit au milieu de son salon sombre, pressant ses bras contre son ventre où des millions de papillons s'agitaient. Que faisait-il réellement ? Essayait-il de cacher quelque chose, ou plutôt de s'en protéger ?
Derrière la porte, la jeune femme ne parlait plus.
Est-elle partie ?
Drago se redressa en grimaçant, s'approchant de la porte. Sa main s'y posa délicatement, caressant la poignée. Était-elle toujours là ?
- Je suis désolé, soupira-t-il en collant son front contre le bois épais qui le séparait. Tellement désolé...
- Pourquoi ? murmura une petite voix de l'autre côté. Pourquoi es-tu désolé, Drago ?
Il se tut.
- Dis le moi, je t'en prie...
- Pour tout... chuchota-t-il.
Et il explosa de l'intérieur. Toutes ces émotions qu'il gardait pour lui depuis des années éclatèrent au plus profond de lui, provoquant un torrent de larmes froides. Son cœur, lui, était souffrant, comme si une lame fine et brûlante venait de le transpercer. Son corps s'écroula contre la porte dans un bruit sourd.
- Drago, ouvre-moi !
Il ne parlait plus. Totalement muet, Drago Malefoy était recroquevillé au sol, le visage dans ses mains. Mais rien ne pouvait retenir ses larmes. Il avait la sensation atroce qu'il ne pourrait jamais se relever, que son monde venait de s'effondrer avec lui.
- Je suis là, tu peux me parler...
- Crois-moi, tu ne veux pas entendre toutes ces choses qui me hantent... arriva-t-il à peine à chuchoter entre deux sanglots.
- Je le veux, dit-elle calmement. Je veux être là.
Il ne répondit pas. Que pouvait-il bien lui dire ? Qu'il s'en voulait ? Qu'il ne s'aimait pas ? Qu'il était le pire humain que le monde puisse rencontrer ? Ce monde qui avait payé les frais de son imbécilité.
- Je vais entrer, chuchota-t-elle.
Il ferma les yeux, mais le mal continuait de sortir de lui en une cascade glacée et douloureuse.
- Alohomora...
Dans un petit bruit discret, la porte s'ouvrit, laissant la jeune femme pénétrer dans la pièce sombre. Il fallut quelques secondes à ses yeux pour s'habituer à la pénombre massacrante du salon, et quelques unes supplémentaires pour trouver le jeune homme. Accroupi contre le mur derrière la porte, Drago ne parlait pas. Il l'observait au loin, les yeux brillants et les joues mouillées.
- Drago... dit-elle avec toute la douceur du monde.
Elle s'approcha délicatement, il recula craintivement tel un enfant. De quoi pouvait-il avoir si peur ?
- Pourquoi as-tu aussi peur de toi ? demanda-t-elle tout bas. Tu ne me feras aucun mal, tu le sais.
Elle tendit sa main dans sa direction, la posant doucement sur la joue brûlante du blond. Il ferma les yeux, grimaçant face au contact de leurs peaux.
- Je ne te laisserai pas me faire du mal, reprit-elle.
Drago rouvrit les yeux, plantant son regard glacial dans celui de la jeune femme. Elle venait de s'installer en face de lui, assise en tailleur sur le parquet froid de son salon.
- Laisse-toi aller, dit-elle. Il n'y a que nous.
Il soupira. Elle lui tendit la main, il accepta ce geste en glissant ses doigts entre les siens. La peau de la jeune femme était chaude, rassurante, calmante. Elle était comme un remède à tous ses maux.
- Tu peux tout me dire...
Ses chuchotements étaient reposants. Le pouls de Drago se ralentit doucement, tandis que tout son corps semblait se détendre douloureusement.
- Drago, ouvre toi à moi.
Elle marqua une pause, comme en attente d'une réponse de sa part, mais, voyant qu'il resterait muet, elle reprit :
- Je t'ai laissé entrer dans mon intimité, dans mes souvenirs et remords les plus sombres... Et tu m'as guérie. Laisse-moi faire la même chose pour toi... Je t'en supplie.
- Pourquoi veux-tu autant me sauver ? demanda-t-il finalement. Pourquoi accordes-tu autant d'importance à mon bien-être, après toutes ces années de haine ?
- De haine ? le questionne-t-elle les sourcils froncés. Tu crois que c'est ce que je ressens à ton égard ?
- Que veux-tu que ce soit d'autre ? Après tant de moqueries, de fourberies, d'injures...
Elle secoua la tête en lui adressant un léger sourire :
- Drago, je ne t'ai jamais haï.
Le cœur du blond se stoppa net.
- Comment est-ce possible ? Comment as-tu fait ? Pourquoi ne me hais-tu pas ?
- Parce que tu le faisais déjà assez bien à ma place... murmura-t-elle en baissant le regard.
Son estomac se tordit tel un chiffon que l'on essorerait. Il grimaça fébrilement.
- Pourquoi te hais-tu autant, Drago ?
Comment faisait-elle pour lire aussi bien en lui ? Comment faisait-elle pour toujours trouver ce qui n'allait pas ? Le flot de larmes s'intensifia légèrement tandis qu'il contractait la mâchoire nerveusement. Il ne pouvait pas répondre à cette question, tout simplement car il lui était impossible de mettre des mots sur ces fantômes sanglants.
- Pourquoi es-tu si dur avec toi ?
- Parce que je ne mérite que ça, grogna-t-il.
- Laisse-moi entrer, dit-elle.
Il fronça les sourcils tandis qu'elle posait une main sur sa poitrine.
- Laisse-moi entrer dans ton cœur, ajouta-t-elle. Laisse-moi aller voir, de mes propres yeux, si tu n'arrives pas à décrire tout ça de tes propres mots.
Il secoua la tête, mais elle ne le laissa pas reprendre la parole :
- Laisse-moi faire ce que tu as fait pour moi, dit-elle sèchement. Laisse-moi voir ces souvenirs qui te hantent, partage-les avec moi.
- Je ne peux pas...
- Tu mens, dit-elle. Entre dans mon esprit, et montre-moi. Montre-moi tout, tout ce qu'il y a à voir et à savoir sur toi, pour te venir en aide.
- Je n'ai pas besoin d'aide, siffla-t-il en reculant.
- Tu n'as pas le choix, le coupa-t-elle. Tu ne m'as pas laissé le choix, à moi.
- C'était ma mission...
- Et désormais, j'en ai une aussi.
Il baissa les yeux. Comment s'ouvrir à elle sans la faire souffrir ?
- Tu ne peux voir ces choses ignobles...
- Je le veux, dit-elle.
- Et comment ferais-tu, si ces choses devenaient trop insupportables à voir ?
- Je retournerai le sort.
- Rentrer dans la tête de quelqu'un pour lui faire voir des choses est une chose complexe, mais pour lui faire voir mes souvenirs, c'est impossible.
- Rien n'est impossible pour le plus grand legilimens du monde magique.
Il baissa les yeux. Elle avait raison.
- Montre-moi, Drago.
Il retira sa main de la sienne, plongeant de nouveau son regard dans celui de la jeune fille. Il sortit sa baguette, la faisant tourner nerveusement entre ses doigts moites.
- Allez, fais-le.
Son cœur battait rapidement. La jeune femme s'approcha de lui, déposant ses lèvres sur son front comme pour le réconforter.
- Je suis prête.
Il baissa les yeux.
- Promets-moi de retourner le sort contre moi si ça devient trop douloureux.
- Je te le promets, chuchota-t-elle.
Il soupira.
- Je suppose que je n'ai plus le choix ?
Elle secoua la tête.
- Legilimens...
☽
Il s'en passe des choses... 👀 J'avais tellement hâte de vous dévoiler ce chapitre et le précédent !
Selon vous, comment tout ça va se passer ? Comment en ressortira Hermione ? Et Drago ?
Ce chapitre vous a plu ?
À mercredi prochain pour le prochain chapitre, qui promet d'être intense...
• Marina ♡
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