• SEPT •

« Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit »

- Khalil Gibran



1999, Appartement de Drago Malefoy. 

Le deuil était constitué de sept étapes, linéaires, obligatoires et pour certains, longues.

La première, le choc, était souvent courte ; elle ne durait pas plus d'un mois chez les plus faibles, et plus de quelques jours chez les plus forts.

Ensuite, le deuil entraînait pour tous l'étape du déni, c'est-à-dire le fait de ne pas croire en ce qui s'est passé. Bien souvent, le déni était source de blocage.

Dans un troisième temps venait la phase de colère, d'incompréhension ; la victime, la personne endeuillée, se confronte à elle-même et au monde qui l'entoure. Elle est en colère, susceptible, et bien souvent bipolaire.

La quatrième étape est celle de la tristesse, et plus simplement celle de la réalisation de la réalité : c'est l'état de désespérance. Hermione Granger en était à la quatrième étape de son deuil, ne lui restait plus qu'à la passer, pour ensuite vaincre les trois suivantes.

La résignation, l'acceptation et la reconstruction. Le plus dur n'était pas passé mais était à venir, et c'est ce qu'avait craint Drago en découvrant à quel point la Gryffondor était attachée à ses souvenirs. Si son deuil était si long, c'était parce qu'Hermione avait à sa disposition une arme qui la tuait à petits feux, un objet qui la maintenait bloquée à chaque pallier de ce chemin douloureux.

Drago, assis sur le tapis doré, lisait, attendant patiemment le réveil de la brune. Cette dernière, toujours étalée dans son vieux fauteuil, dormait paisiblement. Cela faisait si longtemps qu'elle roupillait que le blond s'en était demandé si elle n'était pas morte dans son sommeil. Mais non, Hermione Granger respirait toujours.

Depuis combien de temps n'avait-elle pas fermé l'œil de la sorte ? Des jours ? Des mois ? À en voir ses longues heures de sommeil, Drago aurait plutôt parié sur des mois.

Elle avait maigri ; ses mains, auparavant douces et pâles, paraissaient désormais plus squelettiques que jamais. Ses joues étaient creusées, abîmée par les traits de fatigue qui tiraient son visage. Les yeux autrefois si pétillants de la Gryffondor étaient entourés de noir, un noir inquiétant et effrayant. Ces cercles bleuâtres qui entouraient ces yeux étaient affreusement vilains. Sa peau, jadis semblable à celle d'une poupée de cire, était devenue blême. Hermione était blafarde.

Alors qu'il l'observait, la jeune fille ouvrit péniblement ses yeux collés. Elle plissa ces derniers, comme pour affronter la lumière trop intense qui inondait la pièce, et examina cette dernière dans ses moindres détails. Hermione cherchait ses repères. Leurs regards se croisèrent, et Drago se rendit compte combien le monde était, aux yeux de la Rouge et Or, insupportable.

- Bonjour, souffla-t-il en se redressant.

Elle ne répondit pas, son regard toujours rivé sur lui. Il grimaça.

- Bien dormi ? demanda-t-il maladroitement.

Elle agita la tête, mais Drago ne parvint pas à comprendre ce que cela signifiait. Il haussa les épaules.

- Qu'es-tu ? l'agressa-t-elle.

Il fronça les sourcils, l'interrogeant du regard.

- Que fais-tu ? Pourquoi Harry a fait appel à toi ?

Il s'accroupit en face d'elle, plongeant son regard intense dans celui terne de la jeune femme.

- Je suis legilimens, répondit-il sincèrement.

- Es-tu entré dans ma tête ? demanda-t-elle en pleurant.

Il secoua la tête :

- Je ne le ferai jamais sans ton accord.

- Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'en empêche ?

- Je ne pénètre jamais dans l'esprit de mes clients sans leur accord.

Elle le dévisagea :

- Harry ne t'a pas donné son accord ?

- Harry n'est pas mon client, dit-il.

Elle l'interrogea du regard. Il reprit :

- Tu es ma cliente, et sans ton accord, je ne ferai rien à ton esprit.

Elle resta silencieuse quelques instants. Visiblement, Hermione était toujours en transition entre la troisième et la quatrième phase de son deuil ; toujours sur les nerfs, mais à la fois affligée.

- Nous sommes chez toi, ou dans ton cabinet ?

- Je n'ai pas de cabinet, dit-il, je pratique seulement chez les gens.

Elle hocha la tête, faisant mine de comprendre.

- Que leur fais-tu ?

- De quoi me parles-tu ? demanda-t-il perplexe.

Le ton d'Hermione le tourmentait, il sentait comme une forme d'accusation dans ce dernier.

- Comment fais-tu pour aider tes clients ? Que fais-tu réellement ?

Il soupira :

- Tout dépend de leur demande. Mon rôle premier est d'accompagner les sorciers dans leurs moments difficiles comme...

- Le deuil, le coupa-t-elle.

- C'est ça, reprit-il, et s'ils me le demandent, je peux entrer dans leur esprit pour changer leurs souvenirs, leurs pensées voire leurs émotions... Mais comme je te disais, tout dépend de ce qu'ils cherchent.

- Que t'a demandé Harry ?

Il l'observa un instant. Les yeux d'Hermione étaient plein de questionnements.

- De t'accompagner dans ton deuil.

- Et pourquoi as-tu accepté ?

Drago se figea. Cette question, il se l'était posée des milliers de fois depuis qu'Harry Potter avait toqué à sa porte il y a des mois de là. Cette question l'avait tourmenté, et surtout, il n'en avait aucune réponse. Il avait accepté, et c'était comme ça. Il ne savait pas pourquoi, mais il était là, et il devait guérir Hermione Granger.

- Je ne sais pas, répondit-il sérieusement, je suppose que c'est parce que ton histoire ma touché, quelque part.

Hermione plissa les yeux, comme pour tenter d'y voir clair à travers ses paroles. Drago haussa les sourcils, amusé par le comportement de son ancienne camarade.

- L'interrogatoire est terminé ? ricana-t-il.

- Je ne veux pas que tu rentres dans ma tête, dit-elle sèchement.

Il effaça son sourire, reprenant son air sérieux et froid.

- Entendu, répondit-il simplement.

- Je ne veux pas modifier mes émotions ni mes souvenirs, reprit-elle.

- C'est très courageux, la complimenta-t-il.

Elle le questionna du regard.

- D'habitudes, les gens me demandent simplement de leur effacer des bouts de mémoires, ou de mettre fin à leurs émotions.

Hermione écarquilla les yeux, visiblement surprise.

- C'est trop facile de faire comme ça, souffla-t-elle.

Il hocha simplement la tête, approuvant ses paroles. Drago et Hermione n'étaient pas si différents que ça, au final. Peut-être se ressemblaient même ils plus que ce qu'ils ne soupçonnaient.

- Mais l'autre chemin semble si difficile...

- Tout se passera bien, la rassura-t-il.

Drago se surprenait ; jamais il ne se serait cru avoir tant de douceur. Pourtant, le voilà là, accroupi en face de la jeune femme, à tenter de la rassurer sur ses inquiétudes, ses peurs et ses pleurs.

« Toi aussi, tu as besoin d'aide »

Les paroles de la veille lui serrèrent le cœur. Pourquoi cette vérité lui avait fait si mal ? Peut-être parce qu'elle était la première à lire en lui comme dans un livre ouvert.

Il plongea son regard dans le sien, elle sourit timidement :

- Tout se passera bien, chuchota-t-il de nouveau. 


J'espère que ce chapitre vous aura plu ! 

Alors, quelles sont vos impressions ? Que va-t-il se passer par la suite ?

À bientôt pour un prochain chapitre...


• Marina ♡



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