« Le pardon est la plus belle fleur de la victoire. »

- Proverbe arabe.

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1999, Appartement de Drago Malefoy.

Jamais Hermione n'aurait cru être un jour si proche de son ancien ennemi. Jamais elle n'aurait imaginé l'embrasser, le tenir contre elle, le soutenir. Jamais elle n'aurait cru voir toutes ces atrocités. 

Jamais.

C'était comme si, en un clin d'œil, Ronald Weasley les avait rapprochés. Comme si son fantôme invisible les avait jetés, l'un dans les bras de l'autre, à tour de rôles. 

C'était une sensation étrange, que de sortir d'un deuil. On se sentait léger et brisé à la fois. Comme flottant tel un nuage, gris, près à faire tomber un torrent de pluie. Aujourd'hui, Hermione était prête à laisser passer le soleil, celui qui, autrefois, colorait sa vie.

La brune se sentait à la fois morte et vivante, froide et chaude, triste et heureuse, comme si une nouvelle vie grandissait en elle. Car c'était ça, le deuil ; perdre une partie de soi, pour en faire naître une autre. 

Un cœur léger, un corps faible, des yeux irrités... La blessure semblait à la fois morale et physique. Pourtant, un brin d'énergie grandissait de jour en jour. Elle se relevait douloureusement de cette bataille.

Ronald Weasley. L'avait-elle oublié ? Non, impossible. 

Un an. Un an qu'elle tentait de s'en remettre. Et voici que Drago Malefoy, en l'espace de quelques semaines, la sortait du trou.

Le choc et le déni n'avaient pas duré longtemps pour elle, quelques jours seulement. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour accepter la situation. 

La douleur et la culpabilité, elles, avaient duré une éternité. Hermione s'en était voulu atrocement de ne pas être tombée à ses côtés, ce jour-là. Contrairement aux autres êtres humains, à cette étape de son deuil, la brune n'avait pas sombré dans l'alcool. Non, son addiction était bien pire. La pensine. Cet objet tant désirable et douloureux à la fois.

La colère, troisième étape du deuil. Quelques jours seulement, et pourtant, Drago en avait payé les frais.

Assise dans le salon de Drago Malefoy, agenouillée contre lui, Hermione pensait. Était-elle dans la sixième, ou la septième étape ? Était-elle dans la reconstruction, ou dans l'acceptation ? Difficile à dire. Tout ce qu'elle savait, c'était que la peine du blond comptait désormais plus que tout. Elle s'ouvrait au monde, appréciait les couleurs de cette réalité longtemps oubliée.

Elle l'observa un instant, son regard d'un bleu glacial posé dans le vide. Comment arrivait-il à lire aussi bien en elle alors qu'il était impossible à déchiffrer ? À quoi pensait-il à cet instant précis ? 

- Drago ? brisa-t-elle le silence.

Il la questionna du regard, toujours silencieux.

- Merci.

Il fronça les sourcils. Alors qu'il grimaça, elle pu voir ses lèvres se craquer.

- Merci d'avoir partagé ces souvenirs avec moi, reprit-elle. Ça me touche, énormément.

- Je ne suis pas sûr que tu puisses me remercier pour avoir vu de telles horreurs, marmonna-t-il.

Elle secoua la tête, souriant timidement. Ce qu'il pouvait être de mauvaise foi quand il le voulait.

- Comment te sens-tu ?

- C'est quoi cette question ? demanda-t-il en riant nerveusement.

- Elle est sincère, gronda Hermione. Comment te sens-tu ? Quel effet ça t'a fait, de me partager tout ça ?

Il haussa les épaules. Un court silence les sépara glacialement, faisant frissonner Hermione. 

- J'ai eu peur, dit-il alors.

- Peur de quoi ? le questionna-t-elle.

- Que tu me vois comme un monstre.

- Comment pourrais-je te voir comme tel ? s'empressa-t-elle de demander. 

Il haussa de nouveau les épaules, légèrement. Il mordillait sa lèvre nerveusement.

- J'ai eu peur de te perde, dit-elle alors.

Leurs regards rougis se croisèrent, douloureusement, laissant le silence parler pour eux. 

- Me perdre ?

- Je ne voulais pas formuler comme ça... bégaya Hermione.

Il sourit tendrement, caressant sa joue : 

- Je trouve cette formulation belle, dit-il comme pour apaiser la tension qui la faisait rougir.

Elle écarquilla les yeux, reculant légèrement.

- Pourquoi m'aurais-tu perdu ? reprit-il.

Elle secoua la tête : 

- Je ne sais pas... Je disais ça comme ça.

Il rit vivement, provoquant l'interrogation dans le regard perdu d'Hermione. Elle l'observa un instant. Il était adorable, quand il riait. Ça lui réchauffait le cœur.

- Menteuse, soupira-t-il une fois calmé.

- Moi ?! 

- Non, l'autre fille dans la pièce.

Elle leva les yeux au ciel tandis qu'il lui tapait le front gentiment. 

- Idiote, reprit-il.

Elle dessina un sourire sur son visage, riant alors de vive voix. Depuis combien de temps n'avait-elle pas ri de la sorte ? Des jours, des mois, une année ? Elle avait perdu le compte. 

- Moi aussi, j'ai eu peur de te perdre. Je me suis dit qu'en te montrant mes souvenirs, tu fuirais. Je m'étais préparé à ce scénario. Je te voyais déjà claquer la porte sans m'adresser le moindre regard.

- Jamais je n'aurais fait une telle chose... Tu me vois comme ça ?

Il secoua la tête, la regardant tendrement : 

- N'importe qui aurait réagi comme tel.

Elle soupira. Certes les images qu'elle avait vues l'avaient choquée, mais était-ce une raison pour laisser Drago avec son mal-être ? Était-il réellement responsable de ce qu'elle venait de voir ? Pas le moins du monde.

- Ce sont des choses atroces, oui, mais elles ne font pas de toi une personne atroce.

Il la questionna du regard, l'examinant avec douceur.

- Tu n'as pas eu le choix, Drago, et je savais tout ça bien avant que tu ne me montres ces souvenirs qui te hantent.

- Le penses-tu réellement ?

- Non, je mens.

- Ton humour est bien loin du mien, rit-il. 

Elle leva de nouveau les yeux au ciel.

- Tu fais souvent ça, fit-il remarquer.

- Faire quoi ? demanda-t-elle froidement.

- Lever les yeux au ciel.

Elle secoua la tête en haussant les épaules : 

- Et que je veux tu j'y fasses ? Ça t'insupporte à ce point ?

Il sourit un instant, laissant le silence les rapprocher davantage.

- Non, je trouve ça adorable, dit-il en attrapant une mèche de ses cheveux.

Il la fit tourner autour de ses doigts tendres, provoquant une vague de frissons chez la jeune femme.

- Tu penses que c'est le destin qui nous a réunis ?

- Tu crois en ces choses ? demanda Drago.

Hermione haussa les épaules, signe qu'elle n'en savait rien. Il l'observa un instant, détaillant son visage doucement. Il ne l'avait jamais remarqué, mais le regard de la Rouge et Or était envoûtant. 

- Peut-être. Dans ce cas, si c'est bien lui, j'aimerais le remercier.

- Pour ?

- Pour avoir pu goûter à tes lèvres après tout ce temps...

Et sans plus attendre, Drago s'approcha d'Hermione énergiquement, lui arrachant un nouveau baiser. Leurs lèvres s'entrechoquèrent plus violemment que les fois précédentes, mais ne se séparèrent pas. Au contraire. Leurs langues s'appelèrent de nouveau, échangeant un nouvel instant de douceur tandis que la main de Drago s'enfonçait dans la chevelure féline de la jeune femme. Hermione sentit son pouls s'accélérer, rapidement, douloureusement et fiévreusement, tandis que le corps du blond se rapprochait dangereusement. 

- Drago... chuchota-t-elle en posant un doigt sur ses lèvres humides.

Il la dévora du regard.

- Est-ce que c'est normal ? la questionna-t-elle.

- Quoi donc ? soupira-t-il en se rapprochant de nouveau.

- D'avoir tourné la page si vite.

Il sourit tendrement, lui caressant la joue.

- Tu n'as pas tourné la page, tu as juste appris à vivre avec.

Elle sourit à son tour tandis qu'il déposait un dernier baiser sur son front bouillant. 

☽

Déjà la fin de ce seizième chapitre... J'aurais voulu qu'il dure une éternité. Il est comme une petite bulle, un petit cocon intime, dans lequel Hermione et Drago se trouvent le temps d'un chapitre...

Alors, vous en avez pensé quoi ?

Croyez-vous au destin ? 

Hâte de vous poster la suite mercredi prochain...

• Marina ♡