• QUATRE •

« Les morts vivent tant qu'un seul vivant les porte encore en lui »

- Dormesson.





1996, Salle commune de Gryffondor.

Hermione avait toujours aimé passer du temps ici, dans cette pièce pleine de souvenirs. Ces lieux, chargés d'histoire, étaient comme son jardin secret ; elle s'y plongeait, y passait des heures, puis en ressortait. C'était pour elle un moyen de se ressourcer, de voyager, d'oublier toute la tristesse de sa vie.

La Gryffondor s'installa sur le fauteuil vide. Elle ne le ressentait pas, mais elle pouvait se rappeler à quel point ce dernier était moelleux. Elle se souvenait de sa couleur vive et de sa douceur. Il fallait dire qu'ils y avaient passé des heures, avec Harry et Ron, à parler de diverses choses.

Ron... soupira-t-elle.

Aussitôt que son prénom résonna dans sa mémoire, les souvenirs refirent instantanément surface. Elle vit son sourire, ses yeux pétillants et entendit sa voix. Cela faisait un an qu'elle ne l'avait plus vu.

Le bruit de la pluie qui frappait les carreaux vitrés entraîna Hermione dans une nostalgie profonde. Son cœur se mit à battre rapidement, sa gorge se noua et ses membres tremblèrent frénétiquement.

Ron Weasley était mort durant la Seconde Guerre du Monde Magique. Alors qu'ils sortaient de la chambre des secrets, Hermione et Ron s'étaient retrouvés piégés par deux mangemorts. Elle avait réussi à en vaincre un, mais celui que Ron avait affronté était bien trop puissant. Il était tombé sous le jet lumineux de la baguette de l'homme encapuchonné, sous les yeux d'Hermione.

Les larmes lui montèrent aux yeux. Elle prit une grande inspiration.

Depuis que Ron l'avait quitté, Hermione n'était plus la même. Elle le savait, elle le voyait et surtout, elle le ressentait. De nature motivée, elle n'était plus qu'un corps en vie, tentant de survivre. Jamais elle n'aurait cru que la mort la toucherait un jour d'aussi près.

« Tu préfères donc te cacher dans ces souvenirs plutôt que d'affronter la réalité de la vie ? »

Ces paroles résonnèrent dans son esprit tandis que l'image de la mort s'évaporait lentement.

Pourquoi Harry avait-il fait appel à ce lâche ? Pourquoi ne lui avait-il pas parlé par lui-même ? Tant de questions la bouleversaient. Tant de questions auxquelles elle n'avait aucune réponse. Juste le néant.

« Tu te renfermes dans ta tête pour éviter toute la tristesse du monde. »

Il avait beau ne pas la connaître, il fallait dire que Drago Malefoy avait tapé en plein dans le mille. Oui, en s'enfermant dans cette pensine, Hermione tentait de fuir la réalité. Sa réalité.

« Tu es lâche. »

Les battements de son cœur s'accélérèrent douloureusement. Et si il n'avait pas tort ? Si elle n'était pas si courageuse qu'elle le croyait ?

Elle soupira. Depuis quand écoutait-elle Drago Malefoy ?

Mais elle ne put s'empêcher de ressasser en boucle les mots du blond. Il n'avait pas pris de pincettes pour le lui dire, mais n'aurait-il pas dit la vérité ?

Fuyait-elle la vie, ou simplement la mort ? Une question étrange qu'Hermione se posa en boucle durant de longues minutes, dans ce fauteuil morne.

Au fond, la réponse lui serrait le cœur. Si Hermione Granger ne vivait pas, c'était parce qu'elle ne s'en sentait pas légitime. Pourquoi avait-elle le droit de vivre ? Pourquoi vivait-elle et pas lui ? Pourquoi n'était-elle pas morte ce jour-là, aux côtés de son cher et tendre Ronald Weasley ?

Un nouveau soupir.

- Je sais que tu es là, Malefoy, ne reste pas dans l'ombre.

Drago apparut alors dans son champ de vision. Elle le scruta un instant, de la tête au pied, le dévisageant. Bien que leur dernière séance avait été une catastrophe, Hermione savait pertinemment que le blond ne lâcherait pas l'affaire. D'ailleurs, cela la surprenait légèrement ; elle ne le pensait pas si déterminé que ça.

- Bonjour, dit-il tout bas.

Elle le salua d'un simple geste de tête.

- Je peux ? demanda-t-il poliment en montrant le fauteuil.

Elle acquiesça.

- Je te... dirent-ils en chœur.

Un petit rire gêné s'échappa de la bouche d'Hermione tandis qu'elle se pinçait la lèvre. Elle plongea son regard sombre dans celui du garçon installé à sa droite, attendant silencieusement qu'il reprenne la parole.

- Je te présente mes excuses, finit-il par dire.

Elle écarquilla les yeux. Drago Malefoy qui s'excusait ? Devait-elle l'étrangler pour le faire revenir à la réalité ?

- Qu'allais-tu dire ? demanda-t-il naturellement.

Il agissait étrangement depuis le début, avait-il pitié pour elle ?

- La même chose que toi, répondit-elle.

Ils ne parlèrent plus durant de longues minutes, qui parurent durer des années. Durant ce court instant de calme, Hermione prit le temps de l'examiner de plus près.

Drago Malefoy avait changé ; son éternelle mèche laquée avait disparu, laissant place à une coupe plus décontractée. Étrangement, sans cette couche collante, ses cheveux paraissaient d'une douceur agréable. Elle aurait presque eu envie d'y plonger ses mains pâles.

Le Vert et Argent portait un costume noir, sous lequel se trouvait une chemise blanche parfaitement repassée. De ce qu'elle pouvait voir, il faisait toujours autant attention à son apparence.

- Je sais que ce n'est pas facile pour toi, dit-il, désolé que ce soit moi qui te tombe dessus.

Elle fronça les sourcils. Que voulait-il dire par là ? Drago se sentait-il coupable de sa tristesse ? Était-il en train de s'excuser indirectement ? Une nouvelle fois ?

Elle haussa les épaules :

- Au moins, tu as été sincère avec moi.

Un petit sourire amusé se dessina sur le visage du garçon. Hermione se demanda alors si ce n'était pas la première fois qu'elle voyait Drago Malefoy sourire, lui qui était habituellement assez froid.

- Tu sais, personne ne m'avait remise à ma place avant toi.

Ces paroles flottèrent naturellement dans la pièce humide.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il l'air perplexe.

- Je veux dire qu'au moins, toi, tu n'as pas pris de pincettes pour me dire les choses.

Hermione soupira. Plus cette conversation avançait, plus les choses devenaient étranges.

- Ça ne sert à rien de prendre des pincettes, répliqua-t-il, ça blesse plus qu'autre chose.

Elle fronça les sourcils. La Gryffondor arrivait à sentir une forme de rancœur dans la voix brisée du blond. Parlait-il d'expérience ?

- Dans quel souvenir sommes-nous aujourd'hui ? changea-t-il de sujet.

- Ce n'est pas vraiment un souvenir, plutôt un instant.

Il la questionna du regard.

- Nous sommes simplement dans la salle commune de Gryffondor, reprit-elle, j'aime venir ici pour me détendre.

- Ne peux-tu pas te détendre dans le monde réel ?

Elle secoua la tête :

- Le monde coloré me rappelle combien le sien est terne désormais.

Un silence s'installa dans la pièce, et ne la quitta plus.





Merci d'avoir lu ce chapitre ! ♡

Alors, vous pensez quoi de ce petit moment ? Les choses vont-elles rester aussi paisibles selon vous ?

Ce chapitre du côté d'Hermione vous a plu ?

À bientôt pour le chapitre cinq !


• Marina ♡


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