• ONZE •

« Si la nuit les étoiles relaient le soleil, c'est pour ne pas laisser s'éteindre l'espérance »

- Brigitte Jacques. 



1999, Maison d'Hermione Granger. 

S'aimer. Un concept bien étrange que Drago avait du mal à comprendre. Assis dans le fauteuil du salon, plongé dans l'obscurité de la nuit, l'homme pensait. Les paroles d'Hermione Granger l'avaient touché en plein cœur, le frappant en plein dans le mille. Il soupira.

Comment avait-elle fait pour lire en lui comme dans un livre ouvert ? Était-ce si flagrant que ça, que Drago se trouvait lâche ?

Mais tu l'es, mon pauvre type.

Il lâcha un nouveau soupir. Dehors, le croissant de lune illuminait le ciel, laissant apparaître de fins nuages éphémères.

« Ce n'est pas parce que tu te trouves lâche que le monde entier le pense » résonnèrent les paroles de la jeune femme.

Quelqu'un d'autre dans ce monde pouvait-il bien trouver Drago Malefoy bon ? Hermione Granger sûrement pas, elle qui avait tant souffert de son comportement de gamin quelques années auparavant. Pourtant, elle le lui avait dit : « Je ne me suis jamais dit ça ».

Son regard se dirigea vers le mur d'en face, sur lequel se reflétait la luminosité nocturne. Là-bas se trouvait la pensine, objet de toutes les souffrances de la jeune femme. Sans ce stupide récipient, Drago ne serait pas assis là, et passerait sûrement une bonne nuit de sommeil, ou du moins, il en rêvait.

Cela faisait plusieurs jours que le jeune homme n'avait pas dormi ; depuis qu'il avait accepté de se charger du cas d'Hermione Granger, Drago peinait à trouver le sommeil, d'anciens cauchemars refaisant surface.

Il en avait vu des choses, entendues aussi, mais jamais personne ne lui avait coupé le sommeil de la sorte. C'était comme si elle éveillait en lui les pires cauchemars qui hantaient son être. Était-ce parce que sa cliente lui était familière ? Lui rappelait-elle des vieux souvenirs, des erreurs de jeunesses ? Ou tout simplement : n'était-ce pas parce que c'était elle ? Hermione Granger ?

Un nouveau soupire s'échappa de sa bouche, cette fois plus bruyant que les autres.

S'aimer. À en croire les apparences, beaucoup de personnes arrivaient à la conclusion que Drago était un narcissique ; en réalité, ce narcissisme était une carapace, une façon d'exprimer ses complexes et peurs. Il ne s'était jamais aimé, non, bien au contraire. Pourtant, la moitié du monde des sorciers était convaincue que Drago Malefoy était le plus grand narcissique – l'autre moitié ne le connaissait tout bonnement pas.

Il faisait attention à son apparence, certes, soignait ses costumes, sa coiffure et son visage, mais cela faisait-il de lui une personne qui s'aime ?

Une autre question le hantait : comment Hermione Granger avait-elle vu en lui le complexe que des milliers de personnes ne voyaient pas ? Il avait toujours su qu'elle était la plus intelligente des sorcières qu'il n'ait jamais croisées, mais jamais il n'avait vu en elle autant d'humanité. Tout cela avait-il un lien avec ses parents moldus ? Après tout, Hermione était bien différente des personnes qu'elle croisait dans son quotidien, et pourtant, elle semblait s'y épanouir. Hermione Granger était un caméléon, capable de s'adapter à chaque situation, avec chaque personne – ou du moins, ce fut la seule image qui vint en tête au jeune homme.

Étalé dans le fauteuil du salon, Drago bailla.

Tu vas finir par crever d'épuisement, mon vieux.

Il était épuisé, il rêvait de dormir ; mais son corps ne suivait plus ses volontés.

- Tu ne dors pas ? demanda une voix derrière lui.

Drago sursauta. Dans un rebond vif, il fit volte-face, émettant un bruit sourd de peur. Dans l'ombre, Hermione Granger venait d'apparaître.

En même temps, qui d'autre pouvait-il être là imbécile ?

Il secoua la tête, reprenant peu à peu ses esprits. Son pouls, en une fraction de secondes, s'était accéléré douloureusement, lui provoquant quelques crampes.

- Je peux ? questionna-t-elle en désignant le fauteuil d'un geste de tête.

Il acquiesça silencieusement, se décalant légèrement pour lui faire une place. La jeune femme s'installa, regardant quelques secondes par la fenêtre.

- Tu m'as fait une peur bleue, soupira Drago. Tu vas me faire mourir un jour.

Elle ne répondit pas. Il baissa les yeux.

Avec la discussion de la veille, il paraissait totalement normal qu'Hermione ne veuille plus lui adresser la parole. Il émit un nouveau soupir.

- Tu sais que tu soupires beaucoup ?

Il écarquilla les yeux, qu'il plongea aussitôt dans ceux de la jeune femme qui s'était tournée vers lui. Il voulut soupirer en voyant son air désespéré, mais se retint.

- Je n'y peux rien, répondit-il.

- C'est très agaçant.

Elle se tourna de nouveau, dressant son dos fin entre eux comme l'on dresserait un mur entre deux frontières. Il retint un nouveau soupir.

- Écoute, je...

- Garde tes excuses pour toi Malefoy, le coupa-t-elle.

Il se tut, baissant les yeux vers ses mains qui s'entremêlaient nerveusement. Ses doigts, tremblants, se serraient les uns contre les autres dans un mouvement sec.

- Je n'allais pas m'excuser, dit-il.

Hermione se mit à rire :

- Oh, mes excuses monsieur, j'avais oublié qu'un Malefoy ne s'abaissait jamais à de telles bêtises.

Il leva les yeux au ciel :

- Arrête...

- C'est à moi d'arrêter ? demanda-t-elle sur un ton ironique qui ne plut pas à Drago.

Il secoua la tête :

- Je sais que je me suis comporté comme un égoïste hier, mais ce n'est pas la peine de le prendre comme ça. Tu peux comprendre.

- Tu sais Drago, je commençais à apprécier le temps passé avec toi, et à vouloir t'aider aussi, pour que toi et moi nous puissions ressortir plus forts de cette aventure.

Drago resta muet.

« Toi aussi, tu as besoin d'aide ». Ces paroles, Hermione les avaient tenues il y a des jours de là. N'avait-elle pas oublié cette discussion ? Visiblement, elle avait pris ses mots très au sérieux.

- Tu n'es pas perdu, dit-elle. Tu essayes juste de te faire croire à toi-même que tu ne le mérites pas.

Il plongea ses yeux clairs dans ceux sombres de la jeune femme. Ils se regardèrent là un instant, silencieusement. Ils n'avaient pas besoin de parler, leurs yeux étaient suffisants. On dit souvent qu'il est possible de communiquer par le regard ; cette idée n'avait jamais été aussi vraie qu'à cet instant. Pendant de courtes secondes, Drago laissa toutes ses émotions s'envoler dans le regard brisé de la jeune femme, qui semblait lire en lui mieux que n'importe qui.

- Pourquoi ne veux-tu pas te laisser de seconde chance ?

- C'est moi le client maintenant ? ironisa-t-il.

Elle leva les yeux au ciel.

- Tu te braques dès qu'on parle de toi, mais je ne te laisserai pas faire, Malefoy. Que tu le veuilles ou non, je te guérirai de ce Mal qui te ronge de l'intérieur.

Il sourit, amusé. La jeune femme, sérieuse, se redressa et quitta la pièce. Une larme coula le long de la joue de Drago. Il avait besoin d'aide, mais la voulait-il vraiment ? Ou du moins, la réelle question était : la méritait-il ?



Et c'est déjà la fin du chapitre... Mais vous n'êtes pas prêts pour celui de la semaine prochaine ! 👀

Que pourrait-il bien se passer dans les prochains chapitres ? Une idée ?

Ce chapitre onze vous a plu ? 😘

À mercredi prochain (et j'ai hâte) !


• Marina ♡


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