• HUIT •

« Parler de ces peines, c'est déjà se consoler »

- Albert Camus





1999, Maison d'Hermione Granger.

Les souvenirs étaient comme une drogue, ils rendaient dépendants. Hermione était devenue accro à sa pensine, et le pire, c'est qu'elle en était consciente. Comment le savait-elle ? Parce qu'elle ne pouvait s'empêcher de se plonger à l'intérieur, de retomber dans cette spirale infinie de souvenirs.

Assise dans son salon, elle attendait la venue de Drago, le regard rivé sur l'objet qui se trouvait en face d'elle. Elle le fixait avec envie, avec désespoir, mais elle ne devait pas y toucher. Le blond le lui avait dit ; si elle se plongeait dans un souvenir, elle ne sortirait jamais de son deuil. Alors elle prenait sur elle.

Accueillir son ancien camarade de classe dans cette lourde épreuve s'était avéré plus facile qu'elle ne l'avait pensé. Il y avait entre eux quelque chose de spécial, un lien que la jeune femme ne saurait expliquer. Il la comprenait, et quelque part, elle le comprenait aussi. Aussi étrange que cela puisse paraître, Drago et Hermione se complétaient parfaitement, eux qui étaient pourtant si incompatibles.

Elle se questionna longuement : lui faisait-elle confiance ? Arriverait-elle à oublier ce qu'il lui avait fait vivre durant toute sa scolarité ? Regrettait-il ?

Quelqu'un toqua, la faisant sortir de ses pensées. Elle prit une grande inspiration, se redressant.

- Entre, dit-elle en ouvrant la porte à Drago.

Dehors, le temps faisait des siennes. Les nuages gris assombrissaient le ciel, laissant couler des flots rapides de pluie. Le blond pénétra dans les lieux, retirant ses chaussures en cuir et son manteau noir. Sa chevelure trempée faisait dégouliner quelques gouttes de pluie sur son visage.

- Quel temps de chien ! râla-t-il.

Elle sourit, amusée.

Sourire, elle ne l'avait pas fait depuis bien longtemps. S'en était presque devenu pas naturel, douloureux. Son sourire devait sûrement plus ressembler à une grimace. 

- Tu m'as l'air en forme, Granger, fit remarquer le blond en examinant la jeune femme.

- Tu ne vas pas t'en plaindre, répliqua-t-elle.

- Ah ça, non ! s'exclama-t-il.

Ils se dirigèrent silencieusement vers le salon. Hermione lui proposa de s'asseoir, mais ce dernier refusa poliment, s'approchant de la pensine.

- Où stockes-tu tes souvenirs ?

Elle écarquilla les yeux :

- Pourquoi cette question ?

- Réponds-moi, dit-il froidement.

La voix de Drago était grave, sérieuse, mais Hermione ne se laissa pas déstabiliser. Elle n'avait aucune envie de lui montrer où se situait sa cachette de souvenirs.

- Par-là ? demanda-t-il en touchant la bibliothèque.

Elle secoua la tête. Mensonge, bien-sûr que sa bibliothèque de souvenirs n'était nulle part ailleurs que derrière sa bibliothèque. Après réflexion, cette cachette n'était pas la plus réfléchie.

- Tes yeux ont regardé l'encadrement, j'en juge donc que c'est derrière...

Alors qu'il s'apprêtait à trouver le lieu du trésor caché d'Hermione, cette dernière s'approcha rapidement de lui et posa sa main sur la sienne comme pour le retenir. Le contact de sa peau avec le corps chaud de Drago la fit frissonner.

- Pourquoi souhaites-tu la voir ?

- Laisse-moi voir, et enfin je t'expliquerai.

Lui faisait-elle confiance ? Elle n'en savait trop rien. C'était étrange de se dire qu'elle était capable de tout lui dévoiler seulement après quelques jours. Pourtant, c'est ce qu'elle fit ; elle laissa tomber sa main de la sienne, le laissant appuyer sur l'encadrement. La bibliothèque se décolla du mur et se retourna comme par magie, sous les yeux pétillants de Drago.

Rapidement, les vieux bouquins poussiéreux laissèrent place à de nombreuses fioles luisantes, dans lesquelles se trouvaient des morceaux de souvenir de la jeune femme, étiquetés.

- Bal de Noël, lu-t-il, c'est celui de la dernière fois ?

Elle hocha la tête, gênée. Montrer à Drago cette bibliothèque était, pour Hermione, comme se dévoiler nue devant lui. Autrement dit, c'était impensable.

- Pourquoi n'est-il pas marqué ? demanda-t-il en attrapant une fiole vierge.

Hermione se figea. Si elle ne l'avait jamais marquée, c'était parce que cette fiole contenait un souvenir qu'elle n'avait jamais revu depuis des mois. Ce souvenir qu'elle n'avait pas besoin de revoir, qui la hantait jour et nuit. Drago fronça les sourcils :

- Pardon, dit-il en constatant le mal qu'il venait de lui faire.

- Ne t'excuses pas, répondit-elle, c'est parce que c'est mon dernier souvenir avec lui.

Elle n'eut pas besoin de lui expliquer la nature de ce souvenir, la grimace qu'il dessina sur son visage lui laissa comprendre de quoi il s'agissait. Elle sentit les larmes lui monter puis perler le long de ses joues froides.

- Hermione... chuchota-t-il.

Elle recula. Jamais Drago ne l'avait appelée par son prénom. Décidemment, tout ce qu'elle était en train de vivre la déstabilisait fortement. Elle prit une grande inspiration, tentant de se calmer.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? paniqua-t-il. J'ai dit quelque chose de mal ?

Elle secoua la tête. Hermione ne parvenait plus à respirer. Son cœur était douloureux. Elle était en train de perdre le contrôle d'elle-même. Son corps se mit à trembler, les larmes à couler à flot, mais impossible de se calmer.

Elle avait chaud et froid en même temps, transpirait et grelottait. Une sensation de vertige s'éprit d'elle, la faisant chuter violemment sur le parquet.

- Hermione ! cria Drago.

Affolé, le garçon se jeta au sol pour la relever. D'un geste rapide, il attrapa sa tête et la posa sur ses genoux.

- Qu'est-ce qu'il se passe bon sang !

Elle sanglota bruyamment, tandis que sa cage thoracique lui était d'une gêne abominable ; elle avait beau essayer de respirer, tout lui semblait insupportable. Son corps était-il en train de la lâcher ?

- Respire, souffla Drago à son oreille, respire...

Elle inspira péniblement, et expira plus difficilement encore. Hermione avait cette sensation qu'un corps tout entier était étalé sur elle et qu'elle ne pouvait pas le repousser. Ce poids invisible l'étranglait, la bloquait. Était-elle en train de devenir folle ?

- Calme-toi, dit Drago paniqué, je suis là, tu n'es pas seule.

- Je ne me sens pas bien, dit-elle souffrante.

- Je sais, il faut que tu respires calmement...

Respirer, cela lui paraissait totalement impossible. Hermione, étalée sur le sol, avait cette impression de mourir, cette sensation cruelle de ne pas pouvoir se battre. Elle était immobilisée, forcée de subir les douleurs de son corps. Elle inspira une nouvelle fois, puis expira de nouveau.

- C'est bien, dit-il, continue...

Les paroles du blond la réconfortaient, et peu à peu, son corps sembla se détendre doucement. Hermione respira de nouveau, gonflant ses poumons pleinement. Quand son regard croisa celui de Drago, elle enfoui son visage contre son torse et se remit à sangloter. Le garçon la laissa faire, ne la repoussa pas, chuchotant simplement :

- Ce n'était qu'une crise d'angoisse, tout va mieux maintenant...

Ses doigts caressèrent ses cheveux.





Et voilà, c'est déjà la fin du chapitre huit ! J'avais hâte de vous le dévoiler...

Selon vous, que compte faire Drago de la bibliothèque de souvenirs ?

Hermione refera-t-elle des crises d'angoisse ?

À bientôt pour le neuvième chapitre...


• Marina ♡


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