• DIX-HUIT •
« La mort, le maître absolu »
- Friedrich Hegel.
☾
1er mai 1998, Poudlard.
La mort rodait dans les couloirs mornes de l'école. Hermione, le cœur serré, s'avançait en son sein. Elle descendit les marches, unes à unes, rejoignant douloureusement le groupe de combattant. Devant elle, des silhouettes s'agitaient violemment.
Une boule au ventre, la jeune femme s'approcha. Sa gorge se nouait amèrement, tandis que ses poings se contractaient nerveusement.
— Endoloris ! cria une silhouette encapuchonnée.
Un jet lumineux s'échappa de la baguette et vint s'écraser contre le mur, le brisant violemment.
— Vous ne pourrez pas fuir éternellement, vermines !
Hermione grimaça. En face d'elle, deux adolescents tentaient de s'échapper des bras menaçants de la faucheuse qui les scrutait.
— Par-là ! dit un autre mangemort.
En sortant de la chambre des secrets, le couple était tombé nez à nez avec deux mangemorts. Instinctivement, ils avaient couru, et s'étaient cachés. Là, derrière ce mur épais prêt à s'effondrer, se tenaient Ronald Weasley et Hermione Granger, sous ses yeux déjà irrités.
Au fond, son cœur savait pertinemment ce qu'il allait se passer, mais son esprit avait volontairement mis ce souvenir de côté. Son corps gardait encore les traces de ce jour si douloureux, mais son âme semblait ne jamais avoir vu cette scène.
— Alors le rouquin, tu pensais pouvoir te cacher ? demanda un mangemort qui venait d'arriver.
L'homme au yeux couverts et au corps enveloppé dans une cape sombre dessina un sourire maléfique, dévoilant des dents noires.
— Expelliarmus ! s'écria Ron la voix tremblante.
Le mangemort contra le sort sans aucune difficulté, éclatant de rire.
— « Expelliarmus », l'imita l'homme.
Il fit mine de pleurer, faisant une grimace pour se moquer. L'autre mangemort ricana à son tour.
— Bloclang ! cria le roux.
L'homme en face de lui écarquilla les yeux, évitant le sortilège.
— Tu veux me faire fermer ma gueule ? À moi ?
Les adolescents se mirent en garde, tendant leurs baguettes en direction des ennemis qui s'approchaient, le regard noir.
— Expulso ! dit Hermione.
Le sol devant eux explosa en mille morceaux, provoquant un bruit sourd. Le couple se remit en course, accélérant le pas. Leurs fronts dégoulinaient, laissant perler des gouttes de sueur noirâtres le long de leurs visages épuisés et meurtris par la guerre. Hermione les suivit de près.
Il ne restait plus que quelques minutes de souffrance, qui paraissaient déjà durer des heures. Elle prit une grande inspiration, suivant les adolescents dans leur course dangereuse.
— Vous allez crever ! Avada Kedavra !
— Elasticus, dit la jeune fille.
En une fraction de secondes, le couple se retrouva dans les airs, évitant de justesse le sortilège impardonnable lancé par le mangemort.
— Impero ! cria un mangemort.
Ron fut touché de plein fouet, tombant violemment au sol.
— Ron ! hurla Hermione.
Ron...
Son cœur battait rapidement face à cette scène qui dégénérait beaucoup trop rapidement. Les corps se tordaient de douleurs, le sang coulait davantage, tandis que les quatre sorciers s'affrontaient impitoyablement. C'est à ce moment que tout s'enchaîna ; Hermione parvint à désarmer un mangemort, tandis que l'autre abattait un coup fatal à Ronald Weasley.
Le roux s'effondra au sol, le regard éteint, sous les cris stridents de la jeune fille impuissante. Instinctivement, elle se jeta sur son corps, le secouant et implorant le ciel de bien vouloir lui venir en aide. Mais la vie avait quitté son amant. Son regard remplit de larmes se dirigea vers les deux mangemorts. Se relevant et attrapant sa baguette, Hermione se dressa une dernière fois en face d'eux.
— Expulso...
Le sol explosa sous les pieds des deux hommes encapuchonnés, les envoyant valser des mètres plus loin. Hermione fut propulsée elle aussi, loin en arrière, sa tête cognant violemment les escaliers froids. Son sang se mit à couler, puis tout devint flou. À quelques mètres de là, Hermione observait les dernières secondes de la scène, la vue floutée.
Il avait fallu une simple fraction de secondes pour que les choses dégénèrent. Une simple fraction de secondes pour que Ronald Weasley perde la vie. Le souvenir s'assombrit, alors qu'au loin, son souvenir d'elle s'évanouissait.
Elle ferma les yeux, comme pour retenir la tristesse qui l'envahissait de nouveau. Son pouls s'accélérait tandis que ses poumons s'écrasaient douloureusement dans sa cage thoracique. Hermione contracta la mâchoire, contenant difficilement la colère qui la rongeait depuis cette longue année de deuil.
— Hermione...
Elle ouvrit enfin les yeux, difficilement. La lumière et les couleurs brûlèrent péniblement sa vision, la forçant à plisser les yeux. En face d'elle, Drago Malefoy la fixait, inquiet.
— Drago...
— Chut, ne parle pas.
Il la serra fort contre lui, ne pouvant s'empêcher d'embrasser tendrement son front. Elle sourit difficilement, éclatant en sanglots.
— Je m'en veux tellement...
Hermione parvint à peine à prononcer ces mots tant ses maux étaient douloureux. Le teint cadavérique du roux, son regard vide et ses lèvres violettes la hantaient, comme au premier jour.
— Ce souvenir... Il m'a semblé tellement plus douloureux qu'au moment où je l'ai vraiment vécu.
— Je sais, souffla-t-il à son oreille. Je sais.
Il resserra son étreinte.
— Les souvenirs sont la pire chose que l'on puisse avoir d'une personne défunte, finit-il par dire.
Elle releva les yeux vers lui, comme pour l'interroger.
— Ils te rongent de l'intérieur, découpant ton cœur minutieusement.
— Pourquoi je m'en suis sortie, et pas lui ?
Drago baissa les yeux. Hermione se redressa, se mettant à crier :
— Pourquoi ? Pourquoi moi ? Hein ?
Elle frappa son poing droit contre le mur en brique, laissant s'échapper un léger gémissement de douleur.
— Hermione...
— Pourquoi il a fallu que ça tombe sur lui ? Tu peux me dire ça ?
— Hermione, il faut que je te montre quelque chose.
Elle fronça les sourcils.
— Drago... Ce n'est pas le moment....
Il secoua la tête, lui tendant la main.
— Le moment n'a jamais été aussi bon. Laisse-moi t'emporter une dernière fois dans cette pensine, avec moi.
— Je ne veux plus voir quoi que ce soit...
— Même si ça vient de moi ?
Elle l'interrogea du regard, attrapant sa main de façon confiante. Il l'entraîna devant l'objet de torture qui avait gâché ses jours et ses nuits. D'un geste de baguette, Drago produisit de doux filaments argentés, qu'il déposa soigneusement dans le récipient.
— Il y a quelque chose que je veux te montrer, quelque chose que tu dois voir.
— Pourquoi maintenant ?
— Tu me fais confiance ?
Elle hocha la tête.
— Plonge-toi dans ce souvenir, avec moi.
— Drago...
Mais elle n'eut le temps d'ajouter quoi que ce soit ; le blond venait de noyer son visage dans la pensine, s'évadant pour un monde lointain. Elle resta figée là quelques secondes, l'observant.
« Il y a quelque chose que tu dois voir » résonnèrent ses paroles.
Elle prit une grande inspiration, et le rejoignit dans le pays douloureux des sombres souvenirs.
☽
Le chapitre tant attendu de la mort de Ron... Il a été difficile à écrire, mais c'est vrai qu'il va pas mal faire avancer les choses.
Qu'en avez-vous pensé ?
Que va lui montrer Drago selon vous ?
À bientôt pour le prochain chapitre...
• Marina ♡
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