5.5

Je pense rester sur mon ancienne position comme quoi la vie est injuste. Je me conforte de plus en plus sur cette option. Ça me paraît la meilleure position possible non ? À l'époque ce n'était pas pour les mêmes raisons, même loin de là, et entre avant et maintenant mon opinion avait probablement changé mais finalement il revient au même. Ironique comme situation je trouve. La vie est quand même bien compliquée pour les adolescents de nos jours. Comment peut-on espérer qu'ils soient responsables, et deviennent de parfaits adultes qui rentrent dans les cases de la société si on les fait passer par une tonne d'émotions et d'épreuves, et qu'on leur bourre le crâne de bêtises ? C'est tout bonnement impossible, de plus, on est pas des imbéciles non plus, et on a des tendances rebelles, du moins cette génération-là, alors on ne risque certainement pas de se soumettre au règlement bien gentiment comme de parfaits robots. Faut pas en demander trop non plus. Déjà qu'on fait un effort pour s'intégrer et qu'en plus on accepte et suis la mode. Les gens sont stupides. Toujours là à créer des préjugés et des stéréotypes, ne pouvant malheureusement pas s'empêcher de juger les autres. Le jugement n'est pas une mince affaire, et quand on le subit c'est encore pire. Notre jugement peut causer tellement de tort au monde. Il pleut blesser, faire perdre la confiance en soi de certaines personnes. Il peut même tuer.

Parce que les jugements sont des mots, des rires des gestes et autres. Et que les mots tuent. Bien plus que tout ce qu'il y à sur terre, les mots blessent si profondément, s'infiltrent de partout dans nos têtes, et tuent ou marquent à vie ceux qui, à la longue, ne peuvent plus subir une aussi grosse dose de critiques, d'insultes et de plus encore. Les adolescents sont bêtes. Bien trop bêtes pour s'en rendre compte.

Il y a un chiffre qui me tourne dans la tête depuis que ma mémoire revient petit à petit, et je n'arrive pas a mn oublier. En moyenne, 80 000 adolescents par an essayent de se suicider et 1 000 arrivent à leur fin.
Ce nombre me heurtent peut-être plus qu'il ne le devrait, mais je n'y peut rien. Il est énorme, bien trop grand pour être négligé comme il l'est. Et puis rien qu'en me rendant compte de ça, je me demande pourquoi il y a tant de gens pour blesser ces personnes.

La société est décevante, mais beaucoup moins que ma génération. Je ne peux pas l'accuser de nous avoir rendue si méchant et si... classé ? Évidemment, en soit je pourrais l'accuser car c'est la société qui décident des normes de tenue et de bonne conduite, mais... non pas de mais finalement, c'est clairement sa faute. Ma génération se contente juste d'essayer de faire rentrer dans la norme — certes avec les mauvais moyens — ceux mis en marge. J'entends par là ceux qui ne respectent pas les normes de beauté, de sexualité et j'en passe. Notre société à un état d'esprit fermé. Et c'est flagrant lorsque l'on voyage. Nous ne sommes pas pires, heureusement, mais qui n'à jamais rêvé d'habiter dans un pays où ceux qui aiment le rock et le métal ne sont pas directement associés à de la violence ? Où les garçons sont libres d'être efféminés ou de se maquiller ? Où les filles peuvent être masculine ? Je suis conscient qu'il n'existe pas d'endroit ou tout le monde vis sans jamais se faire insulter ou mal regarder, mais il faut avouer que les français n'aiment pas endorment la différence bien qu'ils disent le contraire. Les français et le jugement, les français et leur cases, les français et les stéréotypes, les français et leur état d'esprit.

Tout le monde n'est pas comme ça je le sais, je n'accuse personne, mais il faut se rende à l'évidence, une grande partie de la population ne peut s'empêcher d'être fermée.

Mais dans tous les cas, tout ce que je pense n'est rien d'autre que des mots, des réflexions sans intérêt qui me permettent d'oublier que je suis seul. Bien que je pense que je vais finir par tomber dans la folie avec cette technique. Se parler à soi-même en permanence pour une durée indéterminée c'est usant et je pense que je peux vite pouvoir divaguer et ne plus savoir ce qui est vrai, ce qui est réel, ce que j'entends et ce que j'imagine. La démence ne m'attire pas, pourtant elle plane au-dessus de moi comme une épée de Damoclès dont je ne sais pas me défaire. C'est insupportable cette situation.

Au-delà de la folie qui me guette, il y a l'ennui. Je suis en proie à un ennui profond que je ne sais pas contrer. Je passe des heures et des heures seul, avec mes pensées, enfermé dans tête maintenant bien trop pleine, sans rien à écouter pour me divertir ou m'accorder un peu de répit. Alors forcément je m'ennuie. Et j'avais depuis longtemps oublier cette sensation j'ai l'impression.

Je m'ennuie et je commence même à radoter, et je déteste ça. Je redis en permanence les même choses. C'est comme une impression de déjà entendu, qui arrive en continu. Enfin, pas que de déjà entendu, puisque parfois mes souvenirs sont de la partie quand e peux enfin m'accorder un peu de repos, et là c'est une impression de déjà vu. Ce n'est pas une vie d'être comme ça : condamné à être enfermé dans ta tête avec tes pensées et tes remords, tes regrets, tes sentiments et j'en passe. Ce n'est pas une vie.

Ce que je dis n'a plus aucun sens, ça m'énervé de plus en plus. Comment est-ce que je peux en être arrivé au point qu'il n'y ait plus de sens dans ce que je pense ? J'ai toujours eu, d'après mes souvenirs, un certain pouvoir avec les mots, j'ai toujours su m'exprimer, j'ai toujours su comment dire les choses. Maintenant... j'ai l'impression que c'est une époque plus lointaine que jamais. Certes ça devait probablement avoir tendance à m'exaspérer de toujours savoir tout dire, mais là je crois bien que dans cette situation, ça me manque. Ça me manque plus qu'autre chose.

Je n'ai plus qu'un trou dans ma poitrine, dans ma tête. J'ai besoin de manier les mots, de les associer ou dissocier, de former des phrases, des paragraphes, des pages, des livres, des chansons, des débats, pour combattre ce qu'il m'arrive. Parce que les mots étaient mon échappatoire et que je sais qu'ils le sont encore ; parce que les mots étaient mes amis ; parce que je suis doué avec les mots. Parce que si certaines personnes tuent de leurs mots, mon pouvoir et bien différent. Je ne tue pas avec mes mots, loin de là. Moi je rends espoir. Moi, je rends goût à la vie. Je suis un magicien des mots, je suis un manieur de mots. Je les associe et les dissocie à ma guise créant à chaque fois une nouvelle phrase contenant une nouvelle émotion. Je transmets des sentiments à travers ma plume, j'en transmets le plus possible, le mieux possible, quand il faut et comme il faut. Du moins j'essaye. Loin d'être de l'arrogance, j'ai fini par comprendre que réussir à faire pleurer quelqu'un, même s'il est dit intouchable, en deux phrases, ce n'est pas commun.

Au même titre qu'un manieur de sabre je suis un manieur de mots. Je les fait danser, chanter, rouler. Chacun de leur alliement est plus beau que le précédent. C'est mon pouvoir, ma passion, mon échappatoire. Je manie les mots. Je les contrôle. Et bon dieu que j'aime ça.

Pourtant, j'en suis privé, et ça me fait presque aussi mal que l'absence d'Aaron.






H.

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