26 - T.W
*
Je pleure encore. Pour changer.
Les larmes dévalent mes joues à une vitesse inimaginable. Mes yeux s'assèchent, mais ce n'est pas pour autant que les centaines de perles salées s'arrêtent d'en sortir. Non, bien au contraire. J'ai l'impression que c'est de pire en pire.
Plus le temps passe plus je pleure.
Je suis vulnérable. Faible. Pathétique.
À quand remonte la dernière fois où j'ai pleuré ainsi ? Longtemps, mais j'ai l'impression que c'était à peine hier.
Je me sens si nul, si faible, si fragile. Je déteste ça.
Pourquoi ça m'arrive maintenant ?
Pourquoi je n'arrive pas à m'arrêter ? Qu'est-ce qui a tout déclenché ?
Pourquoi ça revient ? Je croyais que tout étais fini, que je n'aurais plus jamais ce genre de pensée, alors pourquoi est-ce la seule chose qui occupe mon esprit actuellement ?
Pourquoi maintenant ?
Pourquoi alors que je pensais être heureux ?
Pourquoi je me sens aussi vide ?
Pourquoi pourquoi pourquoi ?
Sortez de ma tête, saleté d'idées noires, laissez-moi tranquille ! Pas aujourd'hui j'vous en supplie ! Je ne veux pas y penser, je ne veux pas me rappeler... Pas maintenant... Vous n'allez pas gagner, pas cette fois...
Automatiquement mon corps se soulève, et je n'arrive pas à m'en empêcher. Je me lève et je tourne en rond dans ma chambre. Je tourne en rond, je fais les cent pas, je m'arrache les cheveux, je hurle, je frappe dans les murs. Je n'arrive pas à m'apaiser. La douleur n'est pas assez forte, ou alors vient de la mauvaise source.
Je ne dois pas céder, je le sais.
Mais c'est plus fort que moi. Je dois retrouver le contrôle. Et je sais que le seul moyen à ma portée est d'utiliser la douleur. La douleur physique pour dissiper le mal-être intérieur. Stupide...
J'ai envie de hurler, je passe mon temps à m'accroupir et me relever, marchant en rond inlassablement. Je n'arrête pas de passer mes mains sur mon visage en balançant la tête en arrière, mes doigts s'emmêlent dans les nœuds de mes cheveux et je les tire sans aucun ménagement.
Putain qu'est-ce qui m'arrive ?
C'est quoi cette impression que j'ai ?
C'est quoi ce sentiment qui me gagne ?
Qu'est-ce qu'il se passe à la fin ?
Pourquoi je ne m'en sort pas, pourquoi je n'y arrive pas ?
Pourquoi je me tortures comme ça ?
Pourquoi c'est revenu ?
Pourquoi j'ai toutes ces idées en tête ?
Pourquoi ça m'apparaît comme étant la seule solution ?
Pourquoi ça m'arrive maintenant ?
Sortez de ma tête saloperie d'idées noires !
J'ai plus envie de rien, j'ai plus aucune motivation. Je continue de bouger, je refuses de m'arrêter, je ne sais même pas pourquoi. C'est ridicule. Littéralement, complètement. Ma tête est à la fois vide tout et pleine de rien, je ne comprends pas.
J'ai l'âme en peine, la tête en implosion, le cœur en souffrance et le corps en explosion.
Je n'arrive pas à me calmer, chacune de mes tentatives échoue lamentablement, et tout s'empire. C'est un cercle vicieux, une boucle infinie. Et je suis rentré dedans comme un apprenti, comme un novice en la matière. Je suis tombé dedans et je laisse le temps faire. Je suis simple spectateur et je me regarde succomber en silence, comme le con que je suis. Je me regarde étouffer, sentant un poids sur ma poitrine. J'ai la tête qui bourdonne et qui me fait mal, la poitrine qui brûle, les yeux humides et la gorge serrée.
J'ai mal.
Et dire ça est un total euphémisme. Je n'ai plus de mots, plus d'air, plus de voix. Dire que je ne saurai pas quoi faire pour me gérer serait faux, je sais très bien ce que je veux au fond, mais c'est hors de question. Je vais pas tout gâcher, pas maintenant, pas pour ça. Je sais très bien que si j'arrive à résister maintenant je m'en serais sorti pour toujours. Je dois juste résister.
Je tombe à genoux au sol en lâchant un hurlement de rage. Personne n'est à la maison et c'est tant mieux. J'ai les yeux grand ouverts, mes mains n'ont pas quitte mes cheveux. J'ai chaud, je suis en sueur. Ma respiration est difficile, saccadée.
Bordel ce que j'ai mal.
C'est en moi, ancré à l'intérieur et ça me bouffe littéralement. Je n'arrive pas et je n'arriverai pas à m'en débarrasser. La seule solution provoquera ma perte et c'est hors de question.
Pourquoi je ne peux pas revenir à ces jours heureux, juste quelques semaines en arrière ?
Pourquoi je ne peux pas remonter le temps et revenir jusqu'à avant la perte de mon étoile ?
Pourquoi je n'arrive pas à tout gérer ?
Pourquoi ça m'apparaît impossible ?
Je ne m'en sors pas, je m'enfonce, de plus en plus et c'est indéniable. C'est horrible, une véritable horreur, un véritable supplice. C'est insupportable, insurmontable. Une véritable épreuve, un véritable échec. Cuisant, violent. Et je n'y peux rien, strictement rien.
Je suis seul. Seul chez moi, seul dans ma vie, seul dans mon cœur et ma peine, mais nous sommes nombreux dans ma tête. Tout mes démons m'assaillent, de toutes part. Le répit ? Non, il ne connaissent pas ce mot, à mon plus grand malheur.
Je retrouve mon vocabulaire,
comme une faveur qu'ils s'amusent à me faire.
Je suis entièrement à leur merci,
ils ont l'entier contrôle sur ma vie.
Triste à dire,
difficile d'en rire.
Mes rimes reviennent,
il faut pour sûr que je les retienne.
Elles représentent ma deuxième solution,
les utiliser est mon atout hors convention.
Le sens est là malgré tout,
maintenant je peux rendre chacun de leur coup.
Chaque nouvelle douleur enclenche de nouveaux mots.
L'irréel contre le réel, l'immatériel contre la parole, l'intérieur contre l'extérieur.
Débat interne.
L'ange contre les démons, le héros contre les monstres.
Seul face à tout, seul contre tous.
Me bercer d'illusion. C'est tout ce que je fais. Je sais que je vais perdre, c'est inévitable. Parce que mon corps n'est plus sous mon contrôle, et que vraisemblablement la volonté est loin de suffire.
Dans un élan de force, je reprends le dessus et me relève, je jette des regards autour de moi. La peur revient au galop. Est-ce réellement ma chambre ? Du sang sur les murs, le sol et mes poings. Du verre brisé, plus de bougie, nulle part. Les vêtements par terre, les instruments renversés.
Qu'est-ce que j'ai fait ?
Je n'étais pas moi, non. Ce n'était pas moi, c'était une partie sombre de mon âme, et elle m'effraie. Elle est sur le point de gagner, mais je refuse de plier face à elle. La vision qui s'offre à moi est horrible. Combien de choses ayant de l'importance ai-je détruites dans ma folie destructrice ? Beaucoup trop. Je ne vois que ça, partout autour de moi. Et mes démons s'en servent contre moi-même. Ils ne laissent aucune place au reste et me montre seulement mes objets précieux entièrement brisés. Ça pompe toute ma force, je vois déjà la défaite arriver. La volonté ne me sert plus à rien. De toute façon, la seule envie qu'il me reste c'est de mourir, alors pourquoi lutter ? Ce combat intérieur ne sert à rien. Il est voué à l'échec, tout comme moi, ma vie. Je ne peux rien faire contre cette force, elle n'est pas mienne mai appartient tout de même à mon âme. Bipolaire ? Schizophrène ? Non, juste hanté.
Hanté depuis tant d'années.
Je n'arrive plus à me battre, j'en ai pris l'habitude pourtant, mais ça devient lassant. Ça devient inutile. Toujours la même routine, et ça fini toujours de la même manière.
Je perds.
Enfin, en un sens. Et je me rate, c'est seulement lorsque je me réveille à nouveau que je sais que j'aie perdu, entièrement. Les deux partie de moi, enfin plutôt toutes les parties de moi. Les sombres et les claires.
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