26.75 - T.W

Les larmes viennent à nouveau inonder mes joues, le plaisir laisse place à la colère. Je cris sans m'arrêter, que se soit des choses sans aucun sens ou que se soit mes tourments. Je me lâche entièrement. Je n'ai de cesse de vouloir augmenter le flux de sang qui s'écoule de mes coupures. J'ai mal, j'ai mal dans tout mon corps, je me sens faible, mais le plus douloureux c'est mon cœur. Mon cœur n'est pas satisfait et je ne le suis pas non plus. Je veux la voir, je veux l'entendre me parler. Mais elle n'est pas là, pourtant avant il ne fallait qu'une dizaine de coupures pour que je la rencontre à nouveau. 

Et ça me met hors de moi. 

J'ai commencé à assouvir mes envies il y a seulement un dizaine ou une quinzaine de minutes, pourtant ma peau est déjà presque entièrement tranchée. Mais ce n'est pas assez, vraisemblablement. Plus le temps passe, plus la colère monte, moins je suis satisfait. Et je cris, je hurle encore :

̶  Pourquoi tu n'es pas là hein ?! Dis-moi pourquoi tu n'es pas encore arrivée ! Je veux te parler, je veux te voir ! Alors viens bordel ! Dis-moi Mae, pourquoi tu ne m'es pas encore apparue putain ?! Pourquoi t'es pas là avec la mort à tes côtés pour m'emmener ?! Tu sais très bien ce que je veux Mae, alors arrête de te cacher ! Je veux te rejoindre Mae, alors viens ! Mae ! 

Et je continue, tout en me coupant de plus en plus profondément. J'écris son nom sur mon corps, un peu partout. Je passe très vite à mes chevilles, à mes mollets. Je m'attaque à des parties de peau que je n'ai encore jamais touchées, sans me préoccuper du niveau de l'eau qui monte légèrement. La couleur a tourné du transparent au rouge vif, et je m'en fou. Je cris toujours, un peu moins fort cependant :

̶  Pourquoi hein ? Pourquoi te n'es pas là ? Pourquoi tu ne m'aides pas ? Pourquoi je te vois pas ? Viens ! Rejoins-moi ! Je n'attends que ça ! Je ferais tout ce qu'il faut pour réussir à te revoir Mae ! Je ne veux pas attendre ! 

Ma voix se casse, ma gorge me brûle. Ma tête tourne de plus en plus, et j'ai de plus en plus de mal à enfoncer ma lame dans ma peau. L'air se fait rare dans ms poumons. Je n'arrive plus à sourire, je n'arrive plus à me délecter du spectacle. Je perds mes forces, et j'ai envie de me laisser aller. Mes mains tremblent, et je n'ai pas la force de me lever pour me soigner. J'ai envie de rester dans mon bain encore quelque instants, et j'ai envie de la voir. Et je sais que si je m'arrête maintenant je ne réussirais pas. Je change l'objet de main, m'attaquant ainsi à mon deuxième bras, et j'essaye.

J'essaye de tracer un trait, mais je n'y arrive pas.

 La douleur a prit le dessus et me vrille la tête. Je tremble beaucoup trop pour ne tracer ne serait-ce qu'un trait de plus. j'ai échoué. 

J'ai mal. 

Tout mon corps et douloureux. Je suis fatigué et la salle tourne autour de moi. Je l'implore de venir, à voix basse :

̶  Mae... Mae s'il-te-plaît... 

La lame tombe sur le sol, juste à côté du rebords de la baignoire. Je me laisse aller en arrière, reposant mon dos sur la surface froide et je tourne la tête. Elle gît au sol, des gouttes de sang la recouvrant. Elle est si loin et pourtant si proche. Elle a fait un bruit sourd en tombant, un bruit qui a briser le silence qui m'entourait. Mon regard dévie lentement sur mon bras et je souris légèrement. Il est dans un piteux état, et j'aime ça. J'ai essayé de déverser ma colère, et le voir ainsi me rappelle la satisfaction que ça m'a provoquer. Mon cœur est lourd, il bat lentement, mais il ne me fait pus mal. 

Je ne suis plus vide et la douleur interne a disparu. 

J'ai réussi, et mieux que les fois précédentes. Je ferme les yeux en laissant ma tête tomber en arrière. Je soupire légèrement. Mon téléphone sonne encore, mais je l'entends à peine. J'entends à peine ma respiration aussi. J'ouvre légèrement mes paupières, c'est de plus en plus difficile. Je fais un effort de plus et tourne ma tête vers le lavabo et je souris.

 Elle est là. 

Elle est là et elle s'approche de moi, les yeux grands ouverts, horrifiée et murmurant :

̶  Mais qu'est-ce que tu as fait Tayly'... ? Regarde-toi, tu peux à peine ouvrir ouvrir les yeux... Mais, pourquoi... ? 

J'avale difficilement ma salive et forme des mots qui résonnent doucement dans la pièce. Ma voix est basse, encore plus basse que le bruit des battements de mon cœur, et ça me plaît :

̶  Parce que je voulais te voir Mae. Je n'en pouvais plus d'être loin de toi, et puis rien aller... Je le méritais aussi, tu sais... 

Elle s'agenouille et s'appuie sur le rebord de la baignoire, hésite à me toucher :

̶  Mais Tayly', non... Je t'avais fait promettre de ne pas recommencer... Je t'avais dit d'arrêter de faire ça... Tayly'... 

Je cligne difficilement des paupières, je me sens un peu partir, son image tangue légèrement et sa voix m'est difficilement audible :

̶  Non Tayly', reste réveillé. Tu m'entends ? Il faut que tu restes réveiller jusqu'à ce que quelqu'un arrive d'accord ? Ça va aller, tu va... 

Son image se dissipe et Aaron apparaît à sa place. Il me prend par les épaules sans hésiter et me secoue. Il a l'air encore plus inquiet que Mae, et je souris légèrement. Je cligne encore une fois des yeux, j'essaye de chasser les larmes qui me brouillent la vue et j'essaye de me concentrer sur ses lèvres :

̶  Hep Taylor ! Non, non, non ; tu restes avec moi okay ? Écoutes-moi, écoutes-moi ! Reste concentrer sur ma voix okay ? 

Je le vois fouiller dans sa poche et prendre son téléphone. Il compose un numéro tout en continuant de me parler. Mon sourire ne quitte pas mon visage, mais son image s'efface peu à peu, en même temps que mes paupières se ferment :

- Oui, une tentative de suicide je vous dis, oui faîtes vite s'il-vous-plaît.

Ses yeux se tournent brièvement vers moi alors qu'il recommence à me secouer :

̶  Non Taylor reste avec moi okay ? He he, garde le yeux ouverts ! 

Il reporte son téléphone à son oreille et je ne peux m'empêcher de remarquer su'il le serre tellement dans sa main qu'il en a les jointures blanches :

̶  Faîtes vite s'il-vous-plaît...

Je le vois hocher la tête sans pour autant raccrocher. Il écoute attentivement mais son attention est toujours sur moi.

Tout est noir autour de moi, mais je peux encore l'entendre :

̶  Non Taylor ouvre les yeux ! Reste avec moi !

Et puis plus rien.

Le silence.

L'Obscurité.

*

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