26.25 - T.W
J'ai mal.
J'ai tellement mal.
J'essaye de tenir debout, du mieux possible, mais c'est tellement dur. Je suis fatigué, tellement fatigué.
J'aimerais que tout s'arrête, j'aimerais abandonner.
J'aimerais tellement, mais je ne peux pas. Je l'ai promis, à tant de monde. Je dois arrêter de briser toutes mes promesses. Je n'arrive même plus à savoir à qui je l'ai promis exactement, tout est flou dans ma tête.
Une seul envie est claire, elle clignote en rouge dans mon esprit. Elle est là, en grand et écrite en majuscule.
JE VEUX MOURIR.
Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à oublier ces pensées ? Pourquoi je n'arrive pas à entrevoir ne serait-ce qu'un peu d'espoir dans ce moment de crise ?
Ma tête est tenue par mes mains, mes yeux sont rands ouverts. Je tombe petit à petit à genoux. Je plie face à la force de l'assaut.
J'ai mal, tellement mal.
Mes phalanges me brûlent, mais la douleur est minime face à ma torture interne. Mon crâne me vrille littéralement de douleur. Je ne réponds plus de moi, je ne maîtrise plus rien. Garder un minimum de contrôle sur mon corps, sur mon intégrité physique me coûte énormément d'effort.
Je suis addict, un addict pur et dur, et mon cas est désespéré.
Je ne pourrais pas m'en sortir, j'en suis persuadé. J'ai l'impression d'être possédé par une autre partie de moi-même. Mon subconscient a le pouvoir sur moi, et je refuse ça. Alors je me bats, je me bats de toute mes forces. C'est bien la première fois que c'est aussi dur ; et c'est peut-être aussi la première fois que je m'oppose à mes envies malsaines. Je ne veux pas replonger, ça ne m'apportera rien et j'irai trop loin, je le sais. Quand je commence je ne m'arrête pas, et je m'en toujours compte trop tard. Je refuse de revoir autant de sang autour de moi, je refuse d'à nouveau planer et de ne pas distinguer la réalité. J'ai déjà essayé la clope, mais l'effet n'est pas assez fort pour moi. La drogue ? Ça empire le tout. C'est la seule solution que j'ai trouvée à l'époque, et j'y suis totalement accro. Je sais que je dois arrêter, mais le combat est perdue d'avance. Pourtant je m'obstine, je m'entête.
Mais j'ai mal, j'ai tellement mal.
J'attends le prochain de moment de lucidité, je dois me soigner et je dois prendre un cachet contre la douleur. Hors de question que je le fasse maintenant, je sais très bien que je risquerais de prendre une trop haute dose.
̶ Résiste, résiste, résiste. Aller Taylor, tu peux le faire. Concentre-toi, écarte la douleur, écarte le mal. Focalise-toi sur un air, sur une musique. Bouge ta main et enclenche le son sur ton téléphone. Aller Taylor, vas-y tu peux le faire.
Je me le répète en boucle dans ma tête, à voix haute, mais je n'y arrive pas. J'essaie pourtant, mais mon téléphone, bien au chaud dans ma poche, me paraît hors d'atteinte.
J'ai la tête qui tourne, je vois flou, j'ai mal partout.
J'ai l'impression que je vais m'effondrer à n'importe quel moment, et je n'arrive pas à savoir si il vaut mieux ça que de rester conscient. Le néant m'attire, j'ai l'impression qu'il pourrait me sauver de l'incendie que s'est déclenché en moi. Je brûle, je me consume intérieurement. J'ai besoin d'aide, et personne n'est en mesure de m'en apporter. Dans tous les cas, à qui est-ce que je pourrais en demander ? Personne ne comprends ce qu'il se passe dans ma tête, personne ne peut savoir à quel point c'est douloureux.
Souffrance.
Encore et encore. Toujours plus forte. Elle arrive par vague, elle me submerge. J'essaye de fermer les yeux, mais j'ai peur de perdre tout lien avec la réalité après ça. Je ne sais pas comment m'en sortir, et je ne sais pas si je vais y arriver. C'est un cercle vicieux, une boucle infinie, et j'ai plongé dedans sans savoir pourquoi, tout seul, attiré comme un aimant. Je suis prisonnier. Je ne peux pas m'évader, je ne peux que lutter et retarder l'inévitable. Je lutte et j'attends.
L'attente.
Encore et encore, inlassablement. L'attente dans la souffrance. c'est simple à dire, juste quelques mots. Mais putain, que quelqu'un vienne et prenne ma place juste pour voir l'espace de quelques minutes ce que ça fait réellement. C'est une véritable horreur, un véritable cauchemar. C'est exactement ça, je cauchemarde, et je n'arrive pas à me réveiller, je n'arrive pas à reprendre conscience.
̶ Réveille-toi Taylor !
Moment de lucidité. Je reprends quelques forces, je respire à peu près normalement. J'en profite. Je me relève rapidement et je me dirige directement vers la salle de bain. Je fouille les placards avec frénésie.
Je dois réussir à mettre la main sur ces foutus cachets le plus vite possible, avant que je ne perde mon partiel contrôle sur mon corps.
Je dois garder des forces pour le moments où je vais devoir choisir la dose.
J'ouvre chacune des portes, je fais tomber chacun des paquets avant d'enfin trouver ceux que je cherche.
Ibuprofène et Doliprane.
Chacun seul n'est pas assez fort. La dernière fois que j'en ai pris ne dois pas remonter à longtemps, deux ou trois heures tout au plus, et la douleur n'est pas passée. Je ne réfléchis pas, luttant seulement contre l'envie de prendre la boîte entière de chacun et de faire d'autres mélanges, en glisse deux de chaque dans ma main, ou peut-être plus, et le avale sans plus de cérémonies avec un peu d'eau.
Je manque de m'étouffer, avale de travers, tousse un peu et fini par m'asseoir contre la baignoire. Je respire rapidement, gardant mes yeux fermés et la tête en l'air.
Et j'attends. j'attends que le mélange fasse effet.
J'espère un peu aussi.
J'espère que cette fois je vais arrêter d'avoir mal.
J'espère que ma mère va rentrer et qu'elle va me trouver dans cette foutue salle de bain, j'espère qu'elle va m'aider.
Parce que je ne peux plus faire que ça, espérer.
Et j'attends comme ça.
Dix minutes, quinze minutes, vingtminutes.
Une heure peut-être.
Mais ça refuse de partir. Je me sens toujours aussi mal, j'ai envie de vomir, j'ai la tête qui tourne, des vertiges. Je suis sûr que je suis incapable de tenir debout. Je me concentre sur ce mal, j'essaye de le garder en tête pour ne pas perdre le petit contrôle que j'ai réussi à retrouver. Même si je sais que je vais le laisser m'échapper, je veux le garder le plus longtemps possible. Mais c'est tellement dur de ne pas se laisser submerger.
La douleur est à la fois dans le vide de mon cœur et de ma tête, dans mes membres et dans tout le reste de mon corps.
Mais qu'est-ce qui m'arrive ?
J'ai envie de tout et de rien. J'ai envie de m'enfiler un paquet entier de clopes, j'ai envie de m'enfiler shots de vodka sur shots de vodka.
J'ai envie de battre la douleur par la douleur.
Stupide. Je suis stupide. Incompréhensible aussi, et pas qu'un peu.
Je suis divisé en deux, je me bats pour ne pas perdre et pourtant j'abandonne parce que je suis sûr de ma défaite.
Je suis illogique.
La douleur ne réglera rien, mais je ne commande pas mes envies. Je ne réponds plus de rien. Je suis retranché au fin fond de mon esprit, roulé en boule en position fœtale, me noyant dans mes pleurs. Tout ça parce que mon subconscient, la partie sombre de mon âme, a décidé de me torturer aujourd'hui, maintenant.
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