̶ Je crois que je recommence à m'égarer.

Je parle, je parle, je parle.

Je déblatère encore et encore, sans m'arrêter, pour combler cet horrible silence qui nous entoure lorsque ma voix ne perce pas l'air.

Je parle, je parle, je parle.

Je laisse ma gorge s'assécher, tout comme mes lèvres, et je laisse mon vocabulaire et mes tournures de phrases tant aimées m'échapper et s'enfuir loin de moi et de mon esprit. Je ne sais pas si c'est toi qui me fait cet effet Taylor, mais je n'aime pas ça. Bien sûr, de ton conscient tu me faisait perdre mes moyens, sauf que là ce n'est plus aussi agréable. Actuellement, j'ai besoin de toutes mes capacité, du meilleur de moi-même, pour essayer de te transmettre la force nécessaire pour ouvrir tes yeux. Et sans mes chers mots, c'est impossible. Pourquoi doivent-ils me faire faux bond maintenant ? J'en ai cruellement besoin, et ils ne sont pas là. J'ai l'impression d'être à ta place lorsque tu t'énervais parce que tu n'arrivais pas à trouver des rimes ou des paroles pour tes chansons.

Moi, je n'ai jamais manqué de vocabulaire, j'ai toujours réussi à écrire, mais là, je ne peux pas. La page reste blanche, le silence reste totale et c'est littéralement le néant dans ma tête. Mon stylo refuse de laisser son encre couler, ma voix refuse de s'élever et mes capacités refuse de rester. Je ne suis plus bon à rien. C'est indéniable, je me suis perdu en route, durant ta perpétuelle absence à mes côtés.

Je ne sais pas Tay', je ne sais pas, je ne sais plus, et j'ai l'impression que je ne saurais plus jamais comment faire.

Je suis désespéré, aucune solution ne m'apparaît, il n'y a aucune issue, aucun remède à mon mal. Du moins, je sais très bien celui qui existe, et pour ça j'ai besoin de toi.

Ton réveil.

Ton réveil m'apparaît comme étant le seul élément déclencheur pouvant me sortir de ma torpeur.

Je déteste qu'il soit dans cet état à cause de moi, je déteste qu'il doute tant, je déteste qu'il perde sa passion, je déteste être la cause de tout ça. Je me réveillerai, pour toi.

̶ Ton réveil me hante littéralement. Chacun des mots qui veulent bien m'accompagner sont par rapport à ta revenue à la vie. Il fallait que je les extériorise. Mais... je voulais aussi te faire plaisir, je voulais que ça te donne de la force. C'est pour ça que je t'ai préparer cette surprise. Pour me libérer et pour t'aider. Alors, j'ai fait comme j'ai pu, avec les moyens du bord. Je me suis aussi permis de t'emprunter ta guitare – oui, j'ai piqué ton petit bébé, moi celui qui ne sait pas s'en servir – et je me suis débrouillé pour jouer et créer une mélodie digne de ce nom. Les paroles sont en anglais, contrairement à mes textes habituels. Les mots sont bancals, ça n'a pas réellement de sens dans la continuité, mais dans le fond je pense que tu arriveras à le saisir, parce que tu es le meilleur à ça. Tu es et tu seras toujours le meilleur en décryptage de chanson et de paroles. Juste, je t'en supplie, sois indulgent. Je ne sais pas chanter, je dois avoir la voix cassée à force d'avoir autant pleuré. Juste... Essaye de comprendre okay ?

Il bouge à nouveau, sa chaise craque. Je n'ai pas tout compris à son monologue, j'ai plein de remarque à faire, mais j'aurais trop peur de rater cette fameuse surprise. Je suis étonné de son initiative, je suis étonné qu'il ait écrit une chanson – si j'ai raison dans mes déductions –, je suis étonné de toutes le révélations qu'il m'a faites. Il me réservera toujours des surprises apparemment. Et puis... Je suis sûr que si j'avais été conscient durant sa tirade, je me serais mis à rougir violemment et incontrôlablement.

Il toussote, j'ai l'impression qu'il se replace. Le bruit de la guitare résonne et je pense deviner qu'il l'accorde. Ça fait bizarre d'entendre une guitare, une vraie, proche de moi. Et ça me fait encore plus bizarre que se ne soit pas moi qui en joue. c'est un peu frustrant aussi je dois l'avouer, mais ça fait tellement de temps que je n'ai entendu de musique que je ne vais pas me plaindre.

Non. Là, sur l'instant, la seule chose qui m'intéresse c'est Aaron.

Aaron et sa voix, Aaron et ses mots, Aaron et ses mélodies.

C'est la première fois que je vais réellement l'entendre chanter, c'est la première fois que je vais l'entendre jouer d'un instrument. Comme il l'a dit, j'ai remarqué que sa voix était cassée mais contrairement à lui, je ne trouve pas sa désagréable. Je trouverais presque ça sexy.

̶ Elle s'appelle Promise, et elle est pour toutes les promesses que je t'aie faîtes, que je te ferais, que – à ton tour – tu m'as faîtes, et que tu me feras. Sans oublier celle que je te demande de me faire.

Il toussote légèrement, commence à jouer le rythme avec son pied et sa main, puis commence.

̶ Thank's God you're alive

I really thought that you will die

Tell me why have you tried ?

I know you thought the solution was the suicide

But baby please,

You have to breath

We need you to live

Oh no baby you can't leave

Promise, promise, promise it

You're not going to try again

Promise, promise, promise it

You're not going to die anyway

Baby You're not alone

Pick up your phone

And look on your side

Don't ever say goodbye

You're not in the Hell

And if yesterday you fell

Baby today you'll win

Think about all through you've been

Promise, promise, promise it

You know you can't lie

Promise, promise, promise it

You know can't try

Why don't you believe me ?

I swear you, you're free

I'm here to help you

'Cause I need you too

Baby You're awesome

And today I bring you back home

So please baby

Just talk to me

Promise, promise, promise it

I want to be with you

Promise, promise, promise it

I love you

Babe Forget them,

It's not a shame

They're disguting

So Please keep living

Everything's over,

No, No more monster,

You can smile again

oh, No more rain

Promise, promise, promise it

We are two now

Promise, promise, promise it

And don't ask how

Promise, promise, promise it

We are two now

Promise, promise, promise it

I'm with you now.

La mélodie continue encore un peu. J'entends quelque reniflements, il pleure légèrement et je déteste ça.

Sa chanson est magnifique, il ne s'en rend sans doute pas compte et ça me tue.

Ça me rappelle des choses, des mauvais souvenirs que je ne veux pas revivre refont surface.

Aaron, sauve-moi.

̶ Je... Je suis désolé Taylor... Je... Je dois y aller... Juste... j'espère que tu a fait attention aux paroles et que tu leur donnes le bon sens, même si je n'en doute pas. Encore désolé pour la qualité je... Je vais y aller... à plus.

Un courant d'air, un bruit.

La porte a claqué, le silence m'a entouré.

Encore.

Et il alors qu'il devait probablement courir loin de moi et de toute la douleur que je lui cause sans faire attention à mon corps, je me suis renfermé, au plus profond de moi-même, bien caché, protégé comme je le peux.

On me reproche de ne pas bouger, de ne pas parler. Pourtant je suis prêt à jurer que, sur ma joue, j'ai senti une larme couler.