23.5

Nda : j'ai mis deux fois la même chanson parce qu'elle tout simplement divine.

̶  Tu as le droit de partir mon chéri. C'est vrai, c'est ton droit. Je m'y prépare un peu à vrai dire, non pas que je ne te fasse pas confiance, juste que c'est une possibilité et que je sais aussi que tu ne prends jamais les choses à la légère alors si tu as fait ça, c'est que tu étais arrivé à un point de non-retour depuis longtemps.

Je m'y prépare, j'essaye d'y préparer ton père.

J'essaye de parler avec Aaron mais c'est difficile. Je sais bien que maintenant il arrive à te voir, j'ai en quelque forces fait en sorte de dégoûter une des aide-soignantes qui s'occupe de toi pour qu'elle l'emmène te visiter.

Et j'ai réussi.

Je le vois à son sourire, à ses cernes qui sont moins creuses. Il tourne moins en rond, il est moins sur les nerfs. Il n'essaye plus de répondre aux menaces de ton père quand celui-ci le croise.

Il est changé.

Alors oui, j'ai deviné qu'il pouvait à nouveau te voir, qu'il pouvait enfin avoir des nouvelles de ton état. Maintenant je crains juste que ton père s'en rende compte. Tu sais très bien qu'il a toujours eu du mal avec tes relations vis-à-vis des autres garçons, qu'ils soient seulement des amis ou bien des petits-amis. Comme il était heureux lorsque Mae venait à la maison ! Comme il était heureux lorsqu'il vous voyait passer tout votre temps ensemble ! Il s'imaginait que vous alliez vous marier et former un magnifique couple cliché et parfait.

Comme il avait tort !

Tu sais, j'aurais vraiment voulu que tu puisse la revoir. Vraiment. Mais les seules nouvelles que l'on avait d'elle, elle nous interdisait de te les transmettre. Oui, encore un point où j'ai failli à ma mission de parent aimant. Cependant, j'ai rempli celle de parent protecteur. Enfin pas vraiment. On a juste respecté sa volonté, et cela impliquait de te mentir. J'en suis désolée. Vraiment. Tu dois énormément m'en vouloir, oui, et crois moi, ton père n'a rien à voir là dedans, pour une fois. Il voulait te prévenir, mais je l'en ai empêché. Je ne voulais pas te voir imploser. Je savais que tu lui en voulais, alors moins tu entendais parler d'elle, mieux c'était.

Je t'entendais passer tous les soirs, tous les jours, toutes les heures, toutes les minutes cette même musique. Je l'ai entendu tellement de fois que je pourrais te la chanter. J'ai immédiatement compris ces paroles, j'ai immédiatement compris son sens et celui que tu lui donnais.

J'ai immédiatement compris que tu lui adressais.

Instinct maternelle à ce qu'il paraît. Mais ton père ne l'a pas vu lui, il ne s'en est pas douté une seule seconde. Il n'a pas compris. Il n'a pas entendu. Ou bien il a simplement refusé d'entendre. Je ne sais pas, et à vrai dire je n'ai pas vraiment envie de comprendre. J'ai beau aimer ton père, je n'accepte pas certaines de ces pensées, de ces idées, de ces actions. Je n'ai pas vraiment envie d'épiloguer sur son comportement désastreux.

Cependant je ne veux pas partir pour l'instant. Je veux continuer à te parler, mais les idées et les sujets me manquent. J'avais tellement de choses à te dire, à t'avouer. Je dois profiter de ce moment de solitude que m'accorde ton père, même si je suis sûre qu'à l'heure qu'il est il doit m'observer fixement pour savoir ce sue je fais, peut-être même qu'il essaye de deviner ce que je dis. Sûrement en fait.

Que faire, que dire ?

Que dire à quelqu'un que l'on aime d'un amour inconditionnel ?

Que dire à la chair de notre chaire lorsqu'elle est plongé dans le coma depuis bientôt 8 mois ?

Que faire, que dire ?

Je ne sais pas. Je ne vais pas tarder à perdre mon calme et à partir dans une crise de larmes. Le fait de ne pas réussir à te parler m'insupporte tellement si tu savais. Je ne comprends pas pourquoi. J'ai l'impression que je vais faire une erreur dans mes dires qui te sera fatale. C'est insupportable comme sentiment, comme situation. Vraiment. Comment faire ?

Dis moi, toi qui es si mature, toi qui es si intelligent, toi qui es en quelque sorte la voix de la raison.

Dis moi comment faire.

Parle moi. Ouvre les yeux. Regarde moi.

Je t'en pris mon cœur, bouge.

un sanglot lui échappe à nouveau, et je n'arrive pas à lui en vouloir de me prier de revenir ainsi. Je la comprends je pense. Et d'un côté j'apprécie qu'elle me montre ainsi un signe de faiblesse.

̶ J'ai recommencé. Excuse moi. Ça ne doit pas t'aider de nous entendre te dire de te réveiller, te supplier de soulever tes paupières. Mais c'est la seule chose qui voulait bien sortir. Je pense que le désespoir s'empare de plus en plus de moi et me fait faire des choses que je me suis promise de ne plus recommencer. Je m'en veux, mais en même temps, c'est mon cœur qui parle et je ne peux rien contre lui.

Tout le monde le sait, on ne peut rien contre ce que le cœur décide.

Je pense savoir de quoi je veux te parler. Et je pense aussi que cela va te plaire.

Et si je te parlais de musique ?

Il s'agit d'une de tes plus grandes – pour ne pas dire ta – passions. Comment pourrais-je te dire tout ce que je pense ? Par quoi commencer ?

Par toi.

Toi et ta voix.

Toi et ta créativité.

Toi et tes chansons.

Toi et tes paroles.

Toi et tes mots.

Toi et tes accords.

Mon chéri, je ne te le dis pas souvent, mais je suis fière de toi. Tellement. Et, oui tu as du talent, oui tu es doué. Ne doute jamais de ça. Ta voix est extraordinaire, tu l'as maîtrise, certes peut-être pas à la perfection, mais ce que tu fais avec est magnifique. Non je ne dis pas tout ça parce que je suis ta mère, peut-être que cela joue un peu dans le choix des mots que j'emploie, mais je suis sincère, je te le jure.

J'aime ta voix, j'aime la façon dont tu transmets des émotions, j'aime les accords que tu fais, j'aime les tonalités et les rythmes que tu utilises, j'aime les textes que tu écris, j'aime leur alliement.

Je t'écoute chanter quad tu penses être seul, et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux et sourire. A chaque fois.

Oh et, ne sous-estime jamais le pouvoir d'une mère, je sais que tu chantais dans la rue. Comment ? J'ai mes contacts, crois moi. Je ne suis pas souvent venu te voir, je ne voulais pas que tu me remarques, donc je restais loin de toi. Mais j'ai réussi à observer que tu étais différent devant tout ces inconnus.

Tu étais libre d'être toi-même puisque de toute façon tu étais jugé pour faire ce que tu faisais. Alors tu te lâchais, beaucoup plus que dans ta chambre.

Et c'était époustouflant.

Alors rien que pour ça tu devrais nous revenir Taylor, rien que pour ça tu devrais ouvrir tes yeux. Pour nous envoûter de ta voix, de tes mélodies. Pour que l'on s'en imprègne et qu'on le sente jusque dans nos cœurs, que ceux-ci battent au même rythme que la musique et à l'unisson. Tu dois revenir, pour nous réunir à nouveau avec tes chansons, avec ton talent, avec ta passion. Crois mon cœur, tu es exceptionnel.

Je vais m'arrêter là sur la musique ou je pense que ton père va finir par me sortir de ta chambre à coups de pieds. Je vais aller le chercher pour qu'il vienne à son tour te parler, je prends juste le temps de me préparer à son interrogatoire imminent.

Elle souffle encore une fois. Elle ne veut pas partie, je le sens. et moi non plus je ne veux pas qu'elle parte.

̶  Mon cœur, tu as le droit de partir d'accord ? Tu peux si tu n'arrives vraiment plus à te battre. Mais je sais que tu peux le faire, tu peux te relever et ouvrir les yeux. Tu peux revenir à la vie, qu'importe le temps que ça te prendra, l'important c'est que tu nous reviennes d'accord ? Je t'aime mon fils, et n'oublie jamais. Je suis fière de toi.

Son contact sur ma main disparaît, je l'entends se lever, respirer un grand coup, ouvrir la porte et appeler mon père. Elle devait avoir raison par rapport à l'interrogatoire parce qu'il ne rentre pas immédiatement dans ma chambre, du moins il n'y plus aucun bruit autour de moi hormis celui des machines. Tant mieux, je vais pouvoir faire le bilan de tout ce que j'aie appris et me calmer. A vrai dire, j'ai énormément envie de me mettre en mode OFF et de ne pas écouter mon père, j'appréhende, oui, mais je pense que savoir ce qu'il se passe dans sa tête peut être intéressant.

Écouter ma mère parler a toujours été quelque chose qui me fascinait. Elle donne toujours de bons conseils, emploi les bons mots, les bonnes expressions, ne ment que très rarement, elle est juste sincère et elle dit les choses de manière tellement douce. C'est une qualité que je lui envie beaucoup à vrai dire. Elle arrive à me captiver, plus encore qu'Aaron.

Ce qui est en soit quelque chose que je pensais impossible.

Mais... Elle, sa voix, ses mots. Se sont juste comme un pansement, une berceuse, et que sais-je encore, pour moi. Je n'ai même pas envie d'analyser ce qu'elle m'a dit, j'aurais trop peur de me rendre compte qu'elle m'a avoué quelque chose de fâcheux. J'aimerais juste profiter du fait d'avoir entendu ses paroles et d'avoir eu droit à une sorte de moment mère-fils privilégié. Pour ne retirer que le meilleur de ce que ma mère m'a dit.

Elle m'accepte, elle m'aime, elle est fière de moi, et elle aidera Aaron si jamais.

Oh et, elle comprendra si jamais je m'en vais.

Elle m'aime.

Et je l'aime aussi.

Ça fait du bien de l'entendre, ça fait du bien de pouvoir y croire. J'aime entendre ce qu'elle sur le cœur. Vraiment. C'est tellement bon. Mais je crains que ce qui va suivre ne soit pas aussi plaisant.

Alors, que va donner ce moment père-fils, ce moment entre hommes ?



H.

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