18.70
̶ Oh mon cœur, dit-elle doucement en me caressant les cheveux. Tu sais, ce n'est pas vraiment quelque chose qui s'apprend. Tu t'endurcies avec le temps, avec les différentes épreuves que tu vis. Mais je penses que tu en as certainement déjà vécu plus que moi, alors je ne peux pas t'aider. Je n'ai jamais ressenti ce chaos intérieur qui te submerge. Je n'ai jamais eu ce regard fou et paniqué que tu as. Je peux juste être là et t'empêcher de faire es bêtises, je peux juste être là et te parler des bonnes choses de la vie, je peux juste être là et te prendre dans mes bras.
̶ Mais maman, tu es toujours tellement souriante, tellement optimiste. Mais maman, tu te disputes toujours avec papa, tu n'as aucun contact avec la moitié de ta famille dont papy et mamie, alors maman dis-moi comment tu fais, car tout ça, ça me paraît horrible aussi. Enfin, je ne sais pas si je veux une réponse... Maman je suis perdu ! Je me suis perdu dans le labyrinthe de mes pensées, j'arrive plus à y voire clair ! Maman j'ai tellement mal bordel ! Si seulement tu savais ! Je t'en supplie, me lâche pas...
̶ Je fais avec tu sais, ça va, ça vient. C'est ainsi la vie.Tu dois forcément souffrir à un moment, après à toi de réussir à le surmonter. Après, c'est vrai que c'est injuste parfois, parce que justement c'est beaucoup pour une seule personne, pour un seul cœur. Comme toi maintenant.
̶ J'y arrive plus maman, sangloté-je, je ne sais pas comment faire. J'absorbe tout autour de moi, chaque parcelle de malheur, je la capte et je la garde. Je suis une éponge gorgée d'eau. Ça déborde maman, j'arrive pas à le gérer. Je ne peux pas gérer tout ce flot, tout ce flux, d'émotions.
̶ Mon grand, tu l'as toujours fait avec la musique, alors vas-y. Écoute encore et encore tes chansons de sauvage, me glisse-t-elle en riant légèrement sur la fin.
Et je fais ce qu'elle dit. Je me laisse aller contre elle, je ferme les yeux et j'essaye de calmer mes tremblements. Je la sens prendre la télécommande, sans doute pour monter le volume, et la reposer. J'essaye de distinguer chaque notes, chaque instruments, chaque voix. J'essaye de me laisser bercer par les mélodies. J'essaye de ne pas comprendre les paroles, j'essaye de calmer mes pleurs. J'entends ma mère fredonner l'air de la musique qui passe, à croire qu'elle le connaît par cœur maintenant que je les passe en boucle.
J'essaye de reconnaître à mon tour le titre, mais mes pensées sont tellement floues que j'ai énormément de mal.
Je veux aller bien, je veux chanter, je veux écrire.
Bordel ! Mais je n'y arrive pas.
Si je me lève, je tombe, je le sais.
Si je sors des bras de ma mère, je m'écroule.
Je ne peux rien faire.
Je n'ai plus de voix à force de crier.
Je ne peux rien faire, je suis dans une impasse.
Mon seul échappatoire est d'écouter. Je peux essayer de chanter dans ma tête aussi. C'est tout. Je dois faire e vide dans mon esprit, absolument, ou bien je serais perdu pendant un temps bien trop long à mon goût. Concentre-toi, concentre-toi, concentre-toi.
Quelle musique ?
Quelle groupe ?
Quel chanteur ?
Quel style ?
Je dirais... Rock/pop-rock, 5 seconds of summer, et... Oh. Évidemment. Close as strangers. Je ne dois pas me concentrer sur les paroles. Absolument pas. Elles représentent un peu trop la situation actuelle.
Le téléphone sonne au loin, je l'entends vaguement, par contre j'entends très bien le cri d'horreur étouffé de mon père. Je l'entends très bien dire qu'il est désolé. J'entends très bien sa voix tremblante. Et moi j'ai de plus en plus peur. Alors je me concentre à nouveau sur la chanson quand il commence à monter l'escalier. J'ai toujours ce mauvais pressentiment. Je ferme mes yeux, je me persuade que je dors, que c'est un cauchemar. Et c'est plus fort que moi, je fini par me mettre à chanter en cœur avec Calum.
Après 6 mois sans avoir laissé sortir une seule note de ma bouche, je fais à nouveau retentir ma voix, en espérant étouffer la peur. Et je chante, je chante vraiment. J'y met l'émotion et la justesse. Et je suis sûr que n'importe qui aurait pleuré en m'entendant.
̶ Through the tears
I can hear that I shouldn't have gone
Every day, gets harder to stay away from you
So tell me are we wasting time
talking on a broken line
Telling you I haven't seen your face in ages
I feel like we're as close as strangers
Mon père arrive, je l'entends, mais je refuse d'ouvrir les yeux, je refuse de l'écouter, d'entendre ce qu'il a à me dire, à nous dire. J'étais sur le point de me calmer, et je suis sûr que ce qu'il va dire va littéralement me faire basculer.
̶ Wasting time
talking on a broken line
telling you I haven't seen your face in ages
I feel like we're as close as strangers
Il est devant la porte, j'entends sa respiration. Il chuchote quelque chose que seule ma mère entend, alors que moi je perçois qu'elle maintient son souffle sous le choc de la nouvelle. Tout mais pas ça, je vous en supplie.
̶ I won't give up
Even though it hurts so much
Every night, I'm losing you in a thousand faces
Now it feels we're as close as strangers
Elle me chuchote des excuses à l'oreille, me dis que ça va aller, elle essaye de me rassurer, et moi je refuse toujours de sortir de cette obscurité volontaire, je refuse de faire taire ma voix.
Puis J'entends.
J'entends les quelques mots qui me faisaient faire des cauchemars depuis 6 mois.
Ces quelques mots qui m'effrayaient et qui m'effraient toujours.
Maintenant qu'il ont été prononcés, ils me font encore plus peur.
Cette fois-ci j'ai belle et bien arrêté de chanter, j'ai les yeux grands ouverts et je regarde mon père. Je murmure un non inaudible. Je ne veux pas y croire, ça ne peut pas, pas maintenant.
6 months since I went away.
La musique continu de tourner, et c'est le pire couplet de tous.
I didn't know everything has changed .
Oh que non, je ne savais pas. Non, je refuse.
Non.
Non.
Non.
Je vais exploser, je suis au bord de la rupture.
Mae ne peut pas nous avoir quitté.
But tomorrow I'll be coming back to you.
C'est faux ! C'est forcément faux ! C'est impossible !
Je suis vide, vide de tout sentiments, de tout émotions. Mais Dieu que j'ai mal.
Ce n'est pas normal. Je meurs de douleur et de chagrin, littéralement.
C'est faux, elle ne peut pas être partie, elle ne peut pas être morte !
̶ Je suis vraiment désolé Taylor, son... Son père vient de m'appeler... Elle... Mae vient de... Elle vient de rendre son dernier souffle, ils n'ont rien pu faire...
Non ! Elle ne peut pas me laisser ! Non ! Elle ne peut pas être partie ! Non ! Je n'ai même pas pu lui dire au revoir !
J'envoie mon oreiller dans la chaîne hi-fi, je veux faire taire la musique. Je pète les plombs, ça y est. Le point de non-retour a été atteint, personne ne pourra m'arrêter. Personne à part elle, sauf qu'elle n'est plus là. Elle n'est plus là putain ! Et qu'est-ce qu'il me reste à moi ? Rien ! Oh si pardon, une misérable lettre et quelques photos !
Je me lève et envoie un coup dans les enceintes, faisant à peine attention aux mais qui essayent de me retenir, de me calmer. Je ne les entends pas.
La ferme ! Stop !
Arrêtez putain ! Je veux tout détruire, tout casser. Je dois me défouler. Parce que non, demain elle ne sera pas de retour près de moi.
Elle ne le sera jamais.
*
H.
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