I - L'homme qu'on appelait Sombre-Lame (3/6)
Il se réveilla au son des oiseaux dans les branches. Ouvrant les yeux, il comprit que le jour s'était levé, car sa nyctalopie, née de son hybridation, s'était éteinte comme la flamme d'une bougie. Il en était ainsi chaque fois que le soleil s'arrachait à son lit oriental et que ses rayons perçaient les plus profondes ténèbres.
Son ventre le rappela à l'ordre par quelques gargouillements. La faim le tenailla, autant qu'une envie soudaine d'uriner. C'était en cela qu'il ne différait guère des humains dont il ne faisait plus partie.
Il s'échappa de sous le dolmen, laissant ses yeux fendus verticalement s'habituer à la clarté nouvelle de la forêt. La neige brillait, un vent frais soufflait, faisant choir la couche blanche des branches sur sa consœur à même le sol. Tout en se soulageant, il guetta les arbres et ne mit guère longtemps avant de dénicher sa proie. L'écureuil grimpait vivement le tronc d'un chêne en quête de glands ou de noisettes, mais pas assez pour échapper au carreau de l'arbalète qu'il tira sans à peine prendre le temps de viser. La créature au pelage roux restait empalée sur le tronc, arrachée à cette vie à l'aube d'un jour sous les auspices d'un beau soleil réchauffant.
À deux toises du sol, le guerrier bondit en prenant appui sur le tronc et saisit le carreau et l'écureuil avec sa main droite. Cet exploit aussi le différenciait des humains dont il ne faisait plus partie.
Il préférait manger la viande cuite, mais il ne possédait guère de briquet à silex lui permettant de faire un feu sous le dolmen. Cette neige, de toute façon, le handicapait, car le bois restait mouillé aussi bien au sol qu'en hauteur dans les arbres. Il se contenta donc de dépiauter l'écureuil et croqua à pleines dents la chair fraîche. Le sang se fraya une voie salvatrice dans sa gorge et il se surprit à en apprécier le goût. Il dévora goulûment sa maigre pitance, ne laissant pas un reliquat de chair sur les os. L'écureuil ne suffisait pas à totalement apaiser sa faim, mais il se contenterait de cela pour le moment. Il devait partir, car cela faisait trop longtemps qu'il se trouvait en un même lieu.
Il retourna sous le dolmen, plia sa peau dans l'unique besace qu'il possédait, fit passer sa lance dans son dos sous l'arbalète et vérifia que son baudrier était lesté de son épée, de sa dague et de ses couteaux de lancer.
Fin prêt, il se dirigea vers le sud. Vers la population, vers les humanoïdes qui lui ressemblaient bien plus, sans jamais être ses égaux.
(partie 4 en suivant...)
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