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(Version 2.0 réécrite)


Cela commença par un simple tressaillement qui prit de l'ampleur pour devenir de véritables convulsions. Zefi se tordait sur la table, maintenu par Luk, qui serrait les dents sous la puissance des mouvements du blessé. Je reculai un peu, comme la vampire blonde qui fixait la table avec stupeur.

Il finit par se calmer sous nos yeux inquiets et commença à dormir. Sa respiration se stabilisa et dans mon cœur elle s'accompagnait d'une explosion de bonheur et de soulagement. Son visage s'était lissé, comme s'il dormait paisiblement. J'aurais presque pu oublier que je l'avais projeté contre un mur peu auparavant.

Mon souffle opprimé se relâcha dans ma poitrine, tout comme ceux de Nary et Luk.

— Donc... Il est guéri ? demandai-je après un petit silence abasourdis.

J'avais du mal à réaliser ce qui venait de se passer... Qu'avais-je fait ?

— Tu l'as guéri.

Nary se tourna vers moi, des étoiles dans les yeux.

— Tu es un vrai miracle...

Je rougis, embarrassée. Pour moi, j'étais surtout la cause de son espèce de coma. Mais c'était vrai, je l'avais sauvé d'une manière dont je n'avais aucune idée du pourquoi et du comment, mais le résultat était là. Il était vivant.

Un immense sourire étira mes lèvres.

— Bon, reprit Nary qui semblait décidément s'y connaître en médecine vampirique, maintenant il doit dormir et ne pas être dérangé. Par contre, nous devrons le surveiller afin de me prévenir si jamais il se passe quoi que ce soit. Nous prendrons des tours de garde, d'accord ?

Nous approuvâmes, Luk et moi, et la blonde sourit.

— Super, alors je propose de prendre le premier tour, comme les prochaines heures sont les plus importantes dans son rétablissement. Allez vous reposer, nous avons eu une bonne journée d'entraînement et toi Ana, ça fait trois mois que tu n'as rien fait, cette journée a dû être épuisante pour ton corps. On a beau le croire, un coma ne repose pas.

J'avais très envie de rester près de Zefi - peut-être pour me racheter et m'assurer qu'il allait se rétablir -, mais la fatigue me rattrapa sans prévenir et je hochai la tête. Mon regard ne quitta pas son corps couché sur la table jusqu'à ce qu'il soit hors de vue. Luk me regarda intensément en souriant et je compris qu'il était reconnaissant.

— De rien, lâchai-je d'une voix soulagée.

Il hocha la tête puis me guida vers ma chambre. J'y pénétrai d'un pas fatigué, puis me retournai le temps d'un remerciement pour le sombre vampire. Il me le rendit d'un hochement de tête et je sus que c'était pour avoir soigné son ami. Luk quitta la pièce l'instant suivant, me laissant seule et fourbue.

Je retirai lentement ma robe noire, les muscles douloureux, et enfilai ma robe de nuit de soie. Après quoi je m'allongeai dans mon lit et m'endormis sur la pensée que Zefi était sauvé, un sourire inconscient encore étiré sur mon visage soulagé.

En contrepartie, semblait-il, le rêve que je fis cette nuit-là fut terrible.

Un orage déversait ses trombes d'eau sur le paysage autour de moi. L'herbe était couchée par le vent violent et le tonnerre grondait dans les nuages noirs. Le soleil était caché dans l'amas nébuleux et seule une faible part de ses rayons parvenaient jusqu'à la terre.

Je ne voyais pas bien ce qui se passait ici, plisser les yeux ne me servit à rien. Les environs me semblaient déserts. Rien ne bougeait, aucun bruit ne se faisait entendre par dessus le fracas des éclairs et le roulement du tonnerre.

— Alors te voici.

La voix féminine et forte, pleine d'assurance, appartenait à la femme capuchonnée qui était apparue à la faveur d'un éclair. Je ne voyais pas son visage, seulement son long manteau noir usé et ses ailes de chauve-souris, ainsi que la faux immense qu'elle tenait dans la main. La pluie ne me permettait pas de voir tout cela de façon nette, je n'en devinais que les contours.

— Qui êtes-vous ? criai-je parmi les bourrasques de la tempête.

La femme sourit et une bouche se dessina sur son visage de brume. Ses dents étaient pointues, mais pas à la manière d'un vampire.

Un frisson de peur me traversa.

— Je suis ton destin, ricana l'inconnue. Je suis celle qui écrira la dernière page de ton histoire, et ce, quelle que soit l'issue de notre combat. Quoi que tu fasses... Tu finiras entre mes mains. Et là, je te briserai.

Ces paroles n'avaient aucun lien pour moi, cependant elles résonnaient d'un sens profond et caché, empreint de magie et de puissance, ainsi que de vérité. Cela me glaça plus efficacement que la pluie et le vent.

— Je ne comprends rien à ce que vous me dites, expliquai-je d'une voix tremblante que je maîtrisais avec peine.

— Demande à tes amis pitoyables, ils sauront. Mais sache que je ferai tout pour t'empêcher de parvenir à tes fins.

Sur ces mots, elle disparut dans une tornade d'ombres avant que je ne puisse la rappeler.

Ses mots me faisaient peur. Je ne pouvais pas me voiler la face, cette femme me donnait la frousse ! De plus, elle avait qualifié les Gardiens de « pitoyables », ce qui me révoltait et faisait monter la colère dans mon cœur. Je me forçai à me calmer, même si j'étais dans un rêve, je ne devais pas perdre le contrôle... Pas quand j'avais vu ce qui dormait au fond de moi.

La plaine était toujours enveloppée de la tornade sifflante et je tentai de remettre mes cheveux en place par réflexe, sans succès. Le vent était bien trop fort.

Ma robe volait et battait contre mes jambes. Je ne savais pas quoi faire, j'étais seule, et je ne me réveillais pas. Mes dents se mirent à claquer bruyamment. Pourquoi ce rêve durait-il si longtemps ? Le froid commençait à engourdir mes doigts et mes pieds sans pitié.

Et si j'étais réellement autre part que dans mon lit ? Et si ce n'était pas un songe ?

La panique commença son ascension folle dans ma tête. Je ne devais pas perdre pieds, je ne devais pas m'emballer... Les battements frénétiques de mon coeur ne m'aidaient pas, ma respiration accéléra. Je me tournais de tous les côtés, affolée. Rien, rien hormis la brume et les éclairs, rien hormis la pluie battante et les nuages noirs.

Un cri retentit soudain et une créature émergea du brouillard. Son visage aux yeux globuleux rougis se grava dans ma rétine. Je hurlai alors que le zombie me fonçait dessus, les bras tendus vers moi.

Mes yeux s'ouvrirent brusquement. J'haletai en me débattant dans mes couvertures pendant quelques secondes, avant de me calmer en effaçant l'image de mon rêve de mon esprit. Ce zombie semblait ne plus vouloir disparaître, malheureusement.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?... murmurai-je pour moi-même.

N'ayant aucune réponse, je me levai, sûre que je n'arriverais pas à me rendormir. Une horloge au mur que je remarquais pour la première fois m'indiqua que le matin pointait le nez. Je me levai, me dévêtis pour enfiler une des robes de dentelle noire de ma garde-robe et sortis dans le couloir. Mes mouvements n'étaient à présent plus trop entravés par cette tenue et j'avais de la place pour courir à mon aise, ce que j'avais pu faire en me sauvant trois mois auparavant. Je m'étais vite habituée à ces robes du dix-huitième, même si je soupçonnais quelques améliorations d'avoir été apportées depuis.

Je me rappelais plus ou moins du chemin que j'avais parcouru avec Luk hier. Donc je pris le même couloir et finis par arriver devant la porte de la pièce que j'avais identifiée comme l'infirmerie. Heureusement que je ne m'étais pas perdue, j'aurais eu l'air fine à appeler désespérément quelqu'un dans le Manoir.

Je la poussai silencieusement et trouvai Nary au chevet de Zefi, toujours endormi. Elle était pâle et fatiguée, avachie sur sa chaise.

— Va dormir. Je prends le relais.

Elle me jeta un regard reconnaissant, se leva de sa chaise et me chuchota en passant à côté de moi :

— Il est stable, mais s'il ne respire plus il faut lui donner une gorgée de cette fiole là-bas.

Après qu'elle m'ait désigné la bonne potion - ou le bon médicament, je n'en savais trop rien - je hochai la tête et elle sourit avant de me laisser.

Mon regard se fixa sur Zefi, détaillant les moindre contours de sa silhouette. Ses cheveux corbeau étaient brillants, comme s'ils avaient été lavés récemment, et ses yeux bleu glace me manquèrent brusquement. Mon cœur se serra. J'avais hâte qu'il se réveille, d'autant plus que je me sentais toujours coupable de son état.

Je m'installai sur la chaise que venait de quitter Nary et me mis à fixer le visage endormi du jeune homme qui dormait devant moi. Je notais mentalement tous les traits de son visage. Ça me fit passer le temps pendant quelques minutes.

Lorsque j'en eus assez, j'en profitai alors pour réfléchir à mon rêve bizarre et inquiétant.

Cette femme m'intriguait et en même temps me terrifiait. Elle faisait partie de ce songe bien trop réel pour être anodin et où il me semblait que j'avais failli rester. De plus, je la suspectais de ne pas me vouloir que du bien, au vu de ses menaces...

— Mmmh.

Je sursautai. Perdue dans mes pensées, je n'avais pas vu Zefi ouvrir les yeux.

Il tourna la tête vers moi lorsque je bougeai et me regarda d'un air vide. J'eus un horrible pressentiment. Et s'il avait perdu la mémoire, comme moi en revenant du Royaume des Morts ? Que signifiait ce regard morne et flou ?

— Anastasia ?

Je soufflai, heureuse que mes soupçons ne soient pas confirmés.

— Oui, fis-je d'une petite voix étranglée par les émotions.

— Que... Que s'est-il passé ? me demanda-t-il.

Je lui expliquai alors tout, y compris mon rêve de cette nuit, espérant qu'il me fournisse quelques informations puisqu'il semblait aller bien.

— Quand même, la honte. J'ai failli mourir en tombant contre un mur... marmonna le vampire.

Je pouffai et il me jeta un œil amer.

— Le plus important, c'est que tu sois sauf, dis-je une fois que je me fus calmée. Personne ne t'a vu heurter le mur sauf moi, d'ailleurs. Maintenant, tu es de retour.

— Grâce à toi.

Je rougis. Les compliments me mettaient mal à l'aise en général, mais venant de Zefi, ils prenaient une toute autre valeur. Qui aurait cru d'un tel bloc de glace qu'il allait se mettre à complimenter la nouvelle « bonne à rien » du Manoir ?

— Merci, Anastasia.

Je baissai les yeux, terriblement gênée. J'entendis un bruit de tissu et une main releva ma tête doucement.

Zefi était descendu de la table et se trouvait en face de moi. Il plongea ses magnifiques yeux dans les miens, et murmura.

— Je te dois une fière chandelle, Anastasia. Tu m'as sauvé la vie. C'est quelque chose que je n'oublierai jamais.

— J'ai aussi causé tes ennuis... murmurai-je d'un air peu convaincu.

Malgré ma raison qui me disait de me reprendre, j'étais complètement subjuguée par son regard intense et, pour une fois, émotif. Je n'arrivais pas à déchiffrer les différents sentiments qui s'entremêlaient dans le bleu de ses iris, mais ils formaient un ballet dans lequel je m'absorbais.

Son front se posa contre le mien, tout doucement, et je sentis son souffle sur mon visage. Une douce chaleur se propagea dans mon corps. Mes mains tremblèrent. Je devais être aussi rouge qu'une tomate.

Zefi sourit, d'un air si sincère et profond qu'il me remplit l'estomac de myriades de papillons virevoltants.

Sa main était toujours sur ma joue et la deuxième vint la rejoindre de l'autre côté de mon visage. Il passa un doigt sur ma cicatrice, doucement, délicatement. Je frémis, peu habituée à ressentir quelqu'un effleurer cette ligne blancheâtre. Il était à mon niveau à présent, j'avais glissé de la chaise au sol sans m'en rendre compte. Il était à genoux lui aussi.

Ce fut alors qu'une voix retentit en même temps que la porte s'ouvrait.

— Ana ! On a un problème.










ARCHIVES 2018

Tadaaaaaa ! Non, me frappez pas, sinon vous n'aurez pas la suite X)

Aloooors, vos impressions ?
Avez-vous eu votre dose de romantisme, d'amoooouuuur ? XD

poussiereemeraude je veux que tu viennes lire cette histoire 😇

Bref bref, redevenons sérieux. Comment c'était ? Bien ? Super ? Nul? Nan, pas possible x)

Bon si, vous avez le droit de dire ce que vous voulez du moment que c'est justifié ! ^^

Donc donc, revenons à nos moutons –CHATS ! hurlerait Nary– et dites-moi tout ! 😆

Qu'est-ce que c'était que ce rêve bizarre qu'a fait la pauvre Ana ?... 😱

Zefi s'est réveillé ! Cool ou "zut, lui je l'aimais pas"? 😂😭

Prêts pour la suite ? 👌😁

À bientôt !!!

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