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(Version 2.0 réécrite)
La salle d'entraînement était formée de deux parties distinctes. L'une, parsemée de mannequins et pourvue d'un tapis, était prévue pour le combat. L'autre, meublée d'engins de musculation et d'autres ateliers, devait servir au renforcement musculaire.
— On va commencer par tester tes capacités, m'expliqua Nary, auto-proclamée entraîneuse depuis hier matin.
Toute la journée précédente je l'avais passée à me mettre au courant des événements passés lors de mes trois mois d'absence. Et ce qu'on m'avait dit s'était révélé terrifiant...
Ils avaient combattu des zombies de plus en plus nombreux dans le Monde des Vivants et la Mort ne cessait de prendre plus de pouvoir. La Terre notamment étouffait sous les avalanches de morts-vivants, les habitants paniquaient et les Gardiens ne pouvaient pas tous les sauver, d'autant plus que d'autres mondes avaient besoin d'aide également. Nous le sentions tous, comme si une alarme retentissait à l'intérieur de nos corps. Elle arrivait.
Et ça m'emplissait de terreur. Je ne savais pas me battre, et dire que tous comptaient sur moi !... Une horde de Gardiens aurait mieux fallu. Pourquoi les Darks, au juste ? J'allais tous les décevoir.
Et puis, comme me l'avait jeté à la figure Zefi trois mois plus tôt, pourquoi le destin m'aurait-il choisie ? Je n'avais rien de spécial. Être morte jeune ne justifiait pas une réincarnation. Et, de surcroît, en Dark. Il fallait que ça tombe sur moi, une novice sans atout particulier.
Lors de l'entraînement qui dura trois bonnes heures, je dus réaliser toute sorte d'exercices plus compliqués les uns que les autres, pendant que Nary m'observait d'un œil attentif et sérieux. Pendant qu'elle comptait mes pompes, qu'elle mesurait mes temps dans les parcours d'obstacles où je découvrais mes forces décuplées, moi, mes pensées revenaient vers une information entendue la veille.
Nary m'avait expliqué à demi-mot que Zefi lui avait crié dessus un soir, alors qu'ils avaient passé la journée à tuer des zombies. Elle n'avait pas semblé avoir conscience de sa responsabilité et il avait craqué. Il lui avait jeté toutes ses vérités à la figure. Elle s'était enfermée pendant plusieurs jours. Elle ne voulait pas combattre, elle ne voulait que rester avec ses chats et profiter de sa seconde chance de vivre, c'était ce qu'elle avait hurlé à tue-tête...
Il avait fallu toute la patience de Luk pour la faire sortir de sa réclusion. Personne ne m'avait révélé ce qu'il lui avait signé et je ne voulais pas le savoir, mais Nary avait pris conscience pleinement qu'elle avait aussi été choisie en tant que Gardienne du Manoir, comme les autres. Elle devait endosser ses responsabilités et Luk lui avait expliqué que Zefi en avait eu plus que marre qu'elle ne se dérobe. Ce dernier s'était excusé.
Depuis, elle avait changé. Mais, au fond, elle restait la jeune fille qui voulait profiter de la vie, et, avec ses amis, lorsqu'il ne fallait pas s'entraîner ou combattre, elle redevenait la joyeuse drille naïve qu'elle avait enfoui sous un nouveau sérieux.
***
— Bon, les gars. Il semblerait qu'Anastasia ici présente ait une excellente condition de base, ces derniers jours j'ai pu tout tester et c'est officiel : notre amie est une bête de course.
— La chance ! signa Luk, ce que traduisit Nary.
— Ouais, toi, tu ne dois pas t'entraîner, bougonna Zefi depuis son coin de table.
— C'est pas comme si tu avais eu du mal à atteindre ton excellente forme, Zefi, taquina la jeune blonde.
Et, à mon grand étonnement, il sourit.
— C'est parce que je suis parfait.
Cette réplique si clichée me remua. Où était passé le bloc de glace ? Depuis quelques jours, il avait fondu et je me demandais toujours pourquoi.
Nous rîmes tous ensemble, pleins de bonne humeur. Les yeux de Zefi, si bleus qu'ils me semblaient irréels, scintillaient. Je ne pouvais m'empêcher de le fixer. Il s'en aperçut et je rougis en baissant la tête un peu trop brusquement. Un sourire ironique étira ses lèvres mais il ne fit aucune remarque.
Après le repas au cours duquel Nary avait annoncé le bilan de ma séance, nous allâmes tous ensemble nous entraîner de bon cœur, même si nous ne perdions pas de vue son objectif. Je me sentais bien, à ma place. Un peu plus confiante.
Je m'étais aussi habituée à mon corps et à mon apparence. J'avais intégré ma condition de vampire sans peine, mais je n'acceptais pas encore mon rôle de meneuse. Je préférais largement laisser les autres décider.
— Ana ! m'appela Zefi en sortant de la salle, après la séance.
J'étais sortie en dernière, Nary et Luk s'étaient éclipsés. Je me demandais d'ailleurs si quelque chose s'était développé entre eux pendant mon absence... Mais ça ne me regardait pas.
Je me retournai vers le garçon aux yeux de glace. Il s'approcha d'un air plutôt timide, ce qui me surprit. Il me fixa et lança :
— Et si... Tu venais jouer du piano ?
Je souris, remis une mèche en place d'un geste habitué, et lui répondis :
— Bonne idée! Tu me guides ? Je ne sais plus où il se trouve.
Il me sourit légèrement à son tour et me guida en silence jusqu'à l'instrument. Le dédale de couloirs me perdit encore et je fixais le dos de mon guide. Il portait, comme à l'habitude des garçons du Manoir, une sorte de complet composé d'une chemise blanche, d'un pantalon noir et du veston assorti orné de dentelle au col. Une fois, il avait même enfilé une sorte de tissu soyeux dans son col. Le tout me faisait à chaque fois penser aux vampires clichés en habits du dix-neuvième siècle.
Il s'arrêta devant la porte, puis entra, ce que je fis sur ses talons.
Le piano était toujours à la même place. Majestueux, il n'attendait que le pianiste qui viendrait en tirer des sons, lui donner vie. Tirant le tabouret, Zefi s'y installa, et me parla sans me regarder.
— Et si on jouait ensemble ?
Je ne sus que répondre. En avais-je envie ? Clairement, oui. Je brûlais d'effleurer à nouveau les touches d'ivoire. Mais il y avait une chose que je ne comprenais pas : Pourquoi me le proposait-il ?
— Euh, oui bien sûr. Que veux-tu faire ? demandai-je.
Il passa une main dans ses cheveux, toujours sans me regarder, et me répondit.
— Tu improvises et je t'accompagne, puis on change?
— Ça marche.
Je le rejoignis et m'assis à ses côtés. Le tabouret était assez étroit, ce qui faisait que nos jambes se touchaient. Une brusque chaleur me prit. Pourquoi faisait-il si chaud ? Je sentis mes joues rougir un peu. Sûrement la chaleur, justement. Quelle idée de rester dans ma combinaison de cuir noir, aussi.
— Hem, tu commences ? fit Zefi, interrompant mes pensées.
Je posai mes doigts sur le clavier en silence. Il posa les siens sur les notes graves. J'inspirai, puis appuyai. La mélodie résonna de toute mon âme, j'y mis tout mon coeur. Mes yeux fermés, je ne voyais pas où mes mains se dirigeaient mais je savais, comme si ça avait été inscrit dans mon corps, dans ma mémoire, ce que je devais jouer, à quel moment, avec quelle intensité, tout cela me semblait naturel. J'aurais pensé qu'improviser se serait avéré plus complexe.
Les sons s'arrêtèrent brusquement, Zefi et moi enlevant nos doigts en parfaite synchronisation. La pièce sembla vide sans la musique que nous avions fait naître ensemble.
— La deuxième partie de la Sonate à Zoraka, siffla le vampire.
Zefi avait de nouveau ce visage fermé que je commençais à détester, car cela voulait dire qu'il avait une idée qu'il ne voudrait pas partager. Mais cette fois, j'allais insister. Pas question de me satisfaire bon-gré mal-gré de ces demi-réponses.
— Est-ce que tu peux me dire pourquoi, chaque fois que je touche ce piano, je joue cette sonate que je n'ai jamais entendue ? demandai-je, fermement décidée à connaître la vérité.
Il posa son regard bleu sur moi, plus froid que jamais. Je ne comprenais pas ce brusque changement d'expression. Le bloc de glace était de retour. Qu'est-ce qui avait bien pu congeler Zefi ? La mention de la sonate ? Non, cela n'avait aucune logique.
— Une Dark possède des connaissances innées qui ne sont connues que de son espèce. Jouer cette Sonate semble faire partie de l'héritage des Darks même si je n'en vois pas l'utilité.
— Quelles autres connaissances pourrais-je développer ? interrogeai-je pour tenter d'éclairer ma lanterne.
— Le style de combat des Darks, je suppose, lâcha-t-il.
— Qu'a-t-il de particulier ?
— Mais qu'est-ce que j'en sais, moi ? s'énerva le Gardien.
— J'essaie de comprendre, tu pourrais être plus indulgent ! rétorquai-je.
Il se leva brusquement, me faisant tomber par la même occasion. J'atterris au sol sans la moindre douleur et me relevai à toute vitesse pour le toiser de mes iris noirs.
La colère s'insinuait dans mon coeur. Je tentais de l'arrêter mais c'était peine perdue, le contrecoup de ce que j'avais vécu et appris dernièrement m'assaillait en une fois, profitant d'un début de colère pour me contrôler. Un torrent furieux dévala mes veines, carbonisa les dernières gouttelettes de calme qui s'y trouvaient.
Zefi me regardait calmement, en tout cas son apparence restait impassible. Il ne savait pas ce qui se passait en moi. Il ignorait l'étendue de ma colère envers lui et tout le monde entier. Il ne savait pas ce qu'il risquait en restant ici.
Mes poings se serrèrent brusquement. Mon regard se durcit. Mes muscles se tendirent. Je n'étais plus que rage.
Dans un bond puissant, je plongeai sur Zefi, crocs découverts.
ARCHIVES
Coucou !
Alors... Je vais vous faire remplir un petit interrogatoire XD
Avez-vous aimé ? 😍
Que pensez-vous qu'il va se passer ? Ana a perdu le contrôle ! 😱
Est-ce que votre personnage préféré a changé ? 🤔
Pensez-vous qu'Ana va mettre le pauvre Zefi en pièces ? L'aurait-il mérité ?... 😏
Êtes-vous impatients de connaître la suite ? 🤗
Une question ? 😶
À bientôt ! Merci encore de lire, merci de répondre à mes questions débiles et merci de voter ! C'est ça qui motive quelqu'un à écrire avec le cœur, et une histoire écrite avec les sentiments, elle ne peut que plaire à la fois aux lecteurs et à l'auteur !
Franchement, c'est trop beau et vrai ce que j'ai écrit 😍😍😍
Bref. Bye ! 👋
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