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(Version 2.0 réécrite)
— Anastasia ?
J'ouvris les yeux et tombai nez à nez avec deux pupilles glacées. Je poussai le drap qui me couvrait pour me lever et prendre mon tour de garde.
Chaque nuit, nous nous relayions. Chaque trois heures, le garde réveillait celui qui venait ensuite. Nary, Luk, Zefi, moi, et on recommençait. Nos horaires étaient si chamboulés que nous mangions à n'importe quelle heure, nous croisions dans les couloirs en se saluant d'un bref bonjour avant de retourner soit se coucher, soit prendre son tour.
Nous dormions tous ensemble dans l'infirmerie encombrée de lits pliants pour l'occasion. Ils étaient plutôt durs, mais la pièce avait l'avantage d'être plus proche de la porte vers la Terre si l'alerte devait être donnée. Alors je ne disais rien, comme les Gardiens.
Je m'extirpais donc du lit de fortune et Zefi me souffla pour ne pas réveiller les autres :
— Anastasia, viens, il faut que je te montre un truc avant ton tour.
— Mais... On ne doit pas laisser le poste sans surveillance... marmonnai-je en bâillant.
— C'est quelque chose à laquelle tu devrais faire attention lors de ton tour de garde, ne t'inquiète pas, répondit le vampire avant de sortir de l'infirmerie sur la pointe des pieds.
Je le rejoignis donc sans bruit, et il m'entraîna dans les couloirs tout en m'expliquant sa découverte.
— La Tour Eiffel me semblait le lieu choisi par la Mort mais j'ai quelques doutes finalement. Une étrange présence de magie funéraire se dégage d'un endroit plus haut, que j'ai situé en Belgique, à Bruxelles, la capitale dévastée en premier par les zombies sortis de la Mer du Nord. La moitié est partie aux Pays-Bas, l'autre a traversé le plat pays directement vers la capitale, apparemment sans raison précise et s'est dispersée une fois la ville détruite. On n'y avait pas prêté attention, puisque Paris avait été attaquée et que le nombre de zombies était plus important là-bas.
— Donc je dois vérifier Bruxelles aussi, résumai-je, soudainement parfaitement réveillée. Ok.
— Tu n'as pas l'air en forme, si tu veux je prends ton tour... proposa Zefi lorsque nous arrivâmes devant la porte ornée de glyphes verts.
Je lorgnai vers les cernes marqués qui se dessinaient sur son visage, vers ses paupières lourdes de fatigue qui s'écartaient avec peine de ses pupilles bleues. Nous étions tous dans un sale état.
— Pas question, va dormir ! rétorquai-je malgré mon corps qui hurlait au sommeil. Je peux assurer mon tour cette nuit.
Il hocha la tête et ouvrit la porte à demi. Par la fente verticale ainsi apparue, je pouvais observer n'importe quel endroit sur la Terre, ce que nous avions appris quelques jours plus tôt en épluchant les ouvrages de la bibliothèque. Il suffisait de se concentrer, de visualiser l'endroit, et il apparaissait dans une image plus ou moins floue en fonction de la concentration et de la précision des souvenirs. J'avais du mal lorsque j'étais particulièrement fatiguée, mais j'arrivais toujours à voir assez net pour observer des mouvements inhabituels. La vraie torture n'était pas de rester éveillé, mais d'assister à la mort de centaines de personnes sans pouvoir rien faire...
Chaque zombie qui surgissait provoquait cris, effroi, les hommes et les femmes se ruaient sur les armes de fortune à portée de leurs mains. Mais ils ne pouvaient que ralentir les êtres sans vie. Les zombies ne pouvaient pas mourir. Mais les humains, oui...
Je mourais d'envie d'aller les aider. De tuer les zombies à coup de boules de magie. De les éradiquer. Mais je devais rester là, dans le Manoir Sombre. En attendant que le boss final apparaisse. La Mort, dans toute sa cruauté, dans son manteau de nuit, telle que je l'avais vue en rêve.
Zefi me laissa avec un « Courage... » que je le soupçonnais de s'adresser à lui-même. Puis, je portai mon regard douloureux sur la Terre, prête à vivre les cauchemars de tous les êtres humains pendant trois longues heures.
Bruxelles. Paris. Bruxelles. Paris.
Et ainsi de suite. C'était épuisant de visualiser en alternance deux endroits. Je devais me concentrer à chaque fois pour imaginer le lieu suivant. Mes yeux menaçaient de déclarer forfait alors que mon cerveau priait pour que je cesse de le solliciter autant. Mais c'était mon tour de garde, je devais l'assumer. Si je n'arrivais pas à supporter trois heures de surveillance, le combat contre notre ennemie allait être impossible. Or, pas question d'échouer.
Plus qu'une heure. Allez.
La chaise se faisait dure sous mon corps avachi. Mes yeux regardaient dans le vague. Les pavés de Bruxelles dansaient devant mon visage comme autant de fantômes tournoyants, appelés par ma fatigue accablante.
Une ombre. Un tressaillement qui se répandait dans mon corps tout entier.
Je fixai le zombie d'un regard torve, mais lorsqu'il s'assit sur la place que je visualisais, je me réveillai aussitôt. Un zombie ne s'asseyait pas. Le frisson ressenti plus tôt voulait dire quelque chose, j'en étais sûre.
Et si ?...
La panique enfla dans ma poitrine et je tentai de la refouler. Inutile de tirer des conclusions hâtives.
J'observai le zombie avec attention, et notai le moindre de ses gestes. Il s'était assis à même le sol, le visage tourné vers le ciel. L'immense construction de métal le surmontait, bien qu'il n'en reste plus que des vestiges ; une boule brillante manquait dans la construction et gisait à quelques mètres de là, sans doute décrochée par un tir de blindé. Les tanks avaient fini par entrer en jeu mais ne pouvaient rien faire hormis détruire encore un peu plus les bâtiments, et les armées étaient démunies. Les îles étaient prises d'assaut par des zombies venus des mers et des océans, les humains ne pouvaient se cacher nulle part pour espérer être définitivement à l'abri de ces monstres d'outre-tombe...
Je me repris et reportai mon attention sur l'étrange mort-vivant assis sous les ruines. Ses lèvres répugnantes s'ouvrirent alors pour former des mots que je n'entendais pas.
Un second tressaillement me prit. Cette fois, plus aucun doute n'était permis, et je me ruai vers l'infirmerie en courant.
Des lambeaux de magie persistaient dans mon esprit depuis que j'avais assisté à la scène de la place sous l'Atomium de Bruxelles. Ils s'insinuaient en moi, telles des volutes de fumée, empreints d'une promesse mortelle. J'accélérai l'allure.
— C'est le moment ! hurlai-je en envoyant violemment la porte s'écraser sur le mur d'en face.
Les Gardiens se réveillèrent en sursaut. Luk se leva le premier et s'encourut dans le couloir, alors que je restais dans l'embrasure de la porte, hébétée, le souffle court. Nary suivit son ami en laissant un instant sa main traîner sur mon épaule en guise de soutient. Zefi resta à mes côtés, anxieux.
Lorsque les deux vampires revinrent, le visage grave, j'eus la confirmation que j'avais vu juste. Nary me regarda avec une étrange détermination, mêlée de résignation.
— C'est parti.
ARCHIVES novembre 2018
Wow ! L'action est partie !
Alors ? Vous avez hâte ??? Moi oui ! J'ai vraiment envie de vous raconter le combat entre nos amis vampires et la Mort ! 😍
Mais au fond, j'aimerais faire un sondage ! Répondez en commentaire en face de ce que vous voulez.
— Je vote pour une Happy End.
— J'aimerais une Sad End.
— Une entre les deux, c'est toujours mieux !
Ah, et je précise : ça n'influencera peut-être pas la fin de l'histoire parce que j'ai une petite idée... Mais ça influera sûrement un petit peu sur le comment du pourquoi des événements, et puis, j'aime bien savoir ce que vous pensez ! 😁
D'avance merci si vous répondez ! ❤️ Et merci pour les commentaires et les votes, vous êtes géniaux 💝
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