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(Version 2.0 réécrite)



Décrire l'ambiance qui régna après toutes ces révélations et ces bonnes nouvelles serait compliqué.

Zefi et moi ne nous parlions pas vraiment, cherchant sans doute l'un et l'autre à intégrer cette étape franchie, ces aveux réalisés avec plus ou moins de facilité. Moi-même je ne savais pas vraiment comment je me sentais. Libérée ? Non, mes épaules étaient toujours chargées du poids de la menace de la Mort. Alors, anxieuse ? Plutôt, oui.

J'étais heureuse, dans une certaine mesure. Si j'occultais l'information capitale du combat imminent, de mes appréhensions, alors oui, j'étais heureuse. À vrai dire, j'étais entourée d'amis, Nary et Luk s'étaient réveillés, j'avais trouvé un moyen de décupler ma puissance... Alors comment ne pas ressentir l'euphorie d'une étape franchie ?

À présent, je me sentais capable d'affronter la Mort. J'étais sereine quant à mes chances de survie. En effet, elles avaient sans doute triplé ! Grâce à ma partie Dark, cachée au fond de mon être mais toujours affleurant la surface, comme pour se mettre à ma disposition. Je sentais l'énergie magique vampirique pulser en moi. Une énergie que je voyais à présent comme rassurante.

— Ana !

Je laissai mon regard retomber du plafond que je contemplais depuis quelques minutes pour le fixer sur la silhouette élancée de Nary, qui se tenait dans l'embrasure de la porte. La vampire avait repris des couleurs, et surtout une vivacité et un optimisme contagieux. Son sourire la faisait rayonner de joie, et les boucles blondes qui encadraient son visage brillaient comme autant de fils d'or.

— Ana, il paraît qu'il s'est passé quelque chose entre toi et Zefi ? minauda-t-elle en s'approchant du lit sur lequel j'étais étendue.

Je cachai mes joues rougies en détournant la tête, mais Nary émit un rire cristallin et vint s'assoir sur le matelas.

— Eh, si tu fuis, j'irai le lui demander à lui ! menaça la blonde. Alors ?...

Je plongeai mon visage dans l'ample coussin épais tandis que la gêne s'emparait de moi. Nary me saisit l'épaule et me fit tourner vers elle facilement. Je lui jetai un regard penaud.

— Bon, si tu veux je joue aux devinettes...

Je la regardai avec perplexité. Elle n'allait pas quand même pas ?...

— Tu lui as arraché le...

— STOP ! hurlai-je en devenant soudainement aussi rouge qu'une pivoine.

Nary me fit un sourire machiavélique.

— Mais enfin, j'allais dire que tu lui as arraché un morceau de sa manche ! s'exclama-t-elle d'un ton innocent. À quoi pensais-tu, esprit pervers ?

Cela ne me fit que rougir encore plus.

— Arrête d'essayer de me faire tourner en bourrique, marmonnai-je.

— Alors raconte-moi !

— Il lui manque un bout de manche, tu dis ? relevai-je soudain.

— Oui, dit Nary en levant les yeux au ciel. Mais tu ne te défileras pas !

Je ne l'écoutai pas et me levai rapidement, prête à foncer dans le couloir. Nary tenta de me retenir mais je me dirigeai vers la porte. Lorsqu'elle fut franchie, j'arpentai les corridors labyrinthiques, à la recherche d'un certain vampire qui m'avait caché quelque chose de très important.

Nary me suivit en soufflant d'exaspération, ce qui me fit sourire. Elle me pourchassa dans les couloirs, criant que je devais lui dire, mais je l'ignorais et finalement, nous parvînmes à destination.

La salle d'entraînement retentissait des bruits de lutte. Lorsque nous entrâmes, j'aperçus deux corps rouler ensemble sur les tatamis, dans un combat farouche et violent.

Je décidai d'attendre qu'ils aient fini leur entraînement quotidien, et m'assis sur un banc en rongeant mon frein. Nary me suivit et m'accabla de questions.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu n'as pas répondu ? Ana !

— Nary, attends, claquai-je en retournant à ma contemplation des deux vampires engagés dans une sorte d'affrontement « tout est permis ».

Ils grimpaient aux murs grâce aux cordages et aux espaliers, sautaient dans les airs pour retomber agilement sur les tapis en roulades pour amortir les chocs. Zefi pourchassait Luk et les deux adversaires couraient dans tout l'espace disponible à une vitesse vertigineuse.

Enfin, le vampire aux yeux de glace plaqua son ami au sol et gagna la manche. Ils se relevèrent mutuellement et se congratulèrent, alors que je ne pouvais empêcher mon pied de battre contre le sol. C'était pas bientôt fini ?!

— Salut les filles ! lança Zefi avec un sourire en se dirigeant vers nous.

Je ne répondis pas à son salut, mais hochai la tête en direction de Luk lorsqu'il fit de même. Ensuite, je m'avançai face au jeune homme et m'arrêtai à quelques centimètres, la colère affluant déjà dans mes veines. Je plantai mes yeux déterminés dans les iris glacés de Zefi et commençai.

— Quand est-ce que tu y es allé ?

Le vampire ne répondit pas et tenta de partir, mais je le retins d'une main ferme.

— Zefi...

— Il y a deux jours, lâcha-t-il rapidement avant de se dégager de ma poigne.

Je levai les yeux au ciel tout en le suivant du regard. Il s'arrêta devant la porte de sortie, soupira, et revint vers nous. Il planta des yeux résignés dans nos regards inquisiteurs et débuta.

— Je suis allé jeter un œil sur Terre, pour repérer des indices qui permettraient de localiser l'endroit précis où apparaîtra la Mort.

Je serrai les poings tout en me retenant de hurler.

— Tu y es allé seul, bien évidemment.

— Nary et Luk étaient en convalescence. Et toi, il est impensable de te faire apparaître sur Terre alors que tu n'es pas encore prête, rétorqua Zefi.

— Arrête de me protéger ! Comment savoir si je suis prête, alors ? Tu ne me laisses pas sortir d'ici, alors forcément je ne serai jamais prête ! explosai-je. Et en plus, il s'est passé quelque chose là-bas, hein ? Tu n'as pas jugé important de nous en faire part, non, bien sûr. Tu joues cavalier seul ? Pourquoi tu es parti sans le dire ?

— Tu allais vouloir me suivre ! s'écria-t-il. Et oui, il s'est passé quelque chose mais rien de grave !

— Bah voyons ! Et quoi donc ?

— Une mini-attaque de zombies. C'est tout ! souffla-t-il.

— Tu as failli mourir, c'est tout ? m'étouffai-je.

Il se répondit rien et souffla en passant une main sur son visage.

— Et donc ? Qu'as-tu trouvé ? intervint Nary d'une petite voix.

Je me détournai un moment pour calmer mes nerfs tendus à leur paroxysme. Je pensais que le stress m'avait désertée en grande partie. J'avais dû me tromper. La colère, la frustration, la peur aussi enflaient.

Et je ne pouvais rien y faire. Tous ces sentiments ne disparaîtraient que lors de la bataille finale.

— Elle va apparaître sous la Tour Eiffel, marmonna Zefi, les yeux rivés au sol.

— Ce qu'il en reste, soupira Nary. Bon, nous avons une estimation approximative du temps qu'il nous reste pour nous préparer. D'ici deux jours, nous devons être prêts. Nous posterons un Gardien devant la porte de la Terre, à l'affût. Les autres devront être sur le qui-vive. Je pense que tout le monde sait... enfin... (Nary bredouillait soudain. Elle leva un regard flou en continuant) Tout le monde s'attend au pire, je pense. Alors, au moins, nous pourrons être surpris et heureux si la moindre chose résulte de bien, après la bataille. En tout cas, que ce soit clair pour tous ici : c'est notre devoir. Personne ne doit regretter ce qu'il va faire, ni être paralysé de peur au moment d'agir. Nous devons protéger Anastasia, nous organiser autour d'elle pour qu'elle atteigne la Mort et la renvoie.

Elle inspira dans un silence de mort. J'étais suspendue à ses lèvres, anxieuse, le ventre tordu d'appréhension.

— Une dernière chose... souffla-t-elle. S'il devait y avoir des victimes collatérales... Faites taire votre conscience... Elles ont donné leur vie pour toutes les autres, termina Nary à grand peine, les mots arrachant sa gorge à mesure qu'elle les prononçait.

Mais au fond, quelqu'un devait les prononcer. Car si jamais nous commettions une seule faute, ne fut-ce pour épargner une vie... Nous aurions échoué à protéger les milliards d'autres.




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