(Version 2.0 réécrite)

— C'est faux ! proclama Zefi avec force.

Il se dressa au-devant du Métamorphe et le fusilla du regard. Les billes rougeâtres qui servaient d'yeux à l'homme brillèrent sous la colère.

— Ose m'accuser de mentir, vampire ! Les zombies sont en marche vers notre monde, et à ton avis, qui leur a permis de le localiser ?

— Cela n'a rien à voir avec nous ! Lors des précédentes invasions de la Mort, ils ont touché les mondes des Métamorphes également. Vous n'ignorez pas le déroulement des invasions, alors oui, vous annoncez des choses dont vous ne savez rien ! répliqua le-dit vampire.

Son adversaire verbal lui jeta, serrant les poings :

— Je vous demande de partir. Ne revenez pas avant d'avoir vaincu la Mort, en espérant que vous y arriverez. Sinon, ce sera notre fin à tous. Et nous nous retrouverons dans l'Au-delà, vampire. Alors, je vous ferai manger votre arrogance sur mon territoire !

Les mains de Zefi se crispèrent. Il releva la tête.

— J'ignorais que les Alphas des Métamorphes chassaient leurs alliés en temps de guerre, jeta-t-il d'un ton sombre, les crocs à la lumière.

Mais il ne poursuivit pas la joute et me saisit le bras, avant de me tirer vers la salle intérieure. Nous quittâmes le balcon dans un silence de mort. Les danseurs s'étaient figés, les musiciens, tus. Tous les regards étaient sur nous et Zefi me souffla :

— Redresse-toi.

Je fis donc ce qu'il demandait et bombai le torse tout en relevant le menton. Les Métamorphes fixaient leurs yeux atypiques sur nous et je sentis le stress m'envahir, mais je ne fléchis pas et continuai à marcher au bras de Zefi.

Nous montâmes les escaliers jusqu'à la grande porte couverte de symboles. Je savais qu'elle donnait sur le Manoir.

Avant de la toucher, Zefi se retourna vers l'assemblée massée sous les marches de marbre.

— Métamorphes, nous vaincrons la Mort. Vous, essayez de ne pas vous faire tuer avant.

Et il franchit la porte en me tirant avec lui.

***

— Tu les as provoqués.

Nary fixa Zefi de son regard accusateur. Ses yeux brillaient de colère.

— Ce sont eux qui ont commencé, grommela Zefi en enfournant un pain dans sa bouche.

La vampire leva les yeux au ciel. Elle croisa les bras et s'exclama :

— Nan mais je rêve ! Tu voulais frimer ou quoi ? Il ne fallait pas entrer dans son jeu.

L'autre ne répondit pas et continua à manger. Je le fixai, plongée dans mes pensées. Il releva le regard et m'apostropha.

— Quoi ?

— Pourquoi t'as frimé ?

La question avait franchi mes lèvres sans que je ne puisse l'en empêcher. Je la regrettai aussitôt. Zefi fronça les sourcils.

— Tu vas pas t'y mettre aussi ! Il m'a cherché, il m'a trouvé.

Je ne répondis rien et sirotai mon verre d'eau, sous le regard étonné de Nary.

— Ana, on va aller à la salle d'entraînement après le repas, me dit-elle après un silence.

Je hochai la tête. Piochant quelques morceaux de pomme, je chassai un matou noir de la table et croquai dans les fruits, laissant Zefi et Nary discuter un peu des points faibles des zombies pour le reste du repas. Vraiment, c'était un sujet super intéressant à table...

Lorsqu'enfin la jeune vampire se leva et rajusta sa ceinture sur sa combinaison couleur nuit, je la suivis hors de la pièce. Nous parcourûmes quelques couloirs puis entrâmes dans la salle d'entraînement. Nary me guida vers les tapis de lutte, au fond, près du ring de boxe.

— Alors... fit-elle avec malice, c'était bien, le bal ? Tu t'es changée si vite que je n'ai pas pu admirer ta robe !

— Oui, à ce propos, il y a une armoire cachée dans chaque chambre ou juste la mienne ? fis-je.

Nary rit légèrement et monta sur un tapis, pieds nus. J'enlevai mes chaussures et la suivis.

— Eh bien, il y a une armoire avec des tenues en cas d'invasion ou quoi que ce soit. Au cas où.

— Hem, il y a des robes de soirée dans la liste des habits de survie ? répliquai-je.

La blonde sourit d'un air mystérieux. Je levai les yeux au ciel.

— Nous avons une tenue chic dans l'armoire, oui. Maintenant, j'aimerais savoir si tu as... apprécié la soirée ?

Je rougis légèrement et détournai le visage vers le mur pour camoufler la couleur écarlate qu'avaient prise mes joues. Je répliquai.

— Nary, on fait quoi ?

Elle ne releva pas mon changement de sujet peu subtil et m'annonça :

— On va voir si tu sais survivre.

— Pardon ? hoquetai-je.

— Je suis une zombie. Survis !

Et elle se jeta sur moi avec violence. Je parai son assaut maladroitement et évitai un puissant coup visant ma mâchoire. Reculant toujours sous ses attaques, je sentis soudain la froideur du mur gris contre mon dos. Nary me hurla :

— Bouge ! Je vais te tuer !

Je pris un instant pour me concentrer, puis répliquai avec quelques enchaînements timides et mal assurés. Le combat au corps-à-corps n'avait jamais été mon fort, si tant était que j'en eus un. Je préférais lancer des mini-balles de magie contre un mannequin, il y avait franchement moins de risques.

Mais j'étais déconcentrée et bientôt Nary m'explosa le flanc d'un coup de pied. Sa force de vampire me fit voler contre un pantin d'entraînement et j'eus le souffle coupé en retombant lourdement au sol.

Je restai immobile, haletante, essayant péniblement de reprendre une respiration plutôt régulière. Ma joue frotta contre le sol lorsque Nary me tordit le bras pour me retourner sur le dos.

— Alors ? Tu dors ?!

Je hoquetai sous la douleur de mon bras prisonnier d'une clef. La vampire me lâcha brusquement et partit quelques mètres plus loin. Je repris mon souffle tout doucement. Couchée au sol, je parvenais peu à peu à reprendre un fonctionnement normal. Lorsque je pus me lever, je vis le regard furieux de Nary.

— À quoi ont servi tous ces entraînements si tu es incapable de survivre plus de deux minutes ? La Mort n'a aucune pitié ! Elle te tuera.

Elle fit quelques pas vers moi, enragée, hors d'elle, tellement en colère que je ne la reconnus pas.

— Mais c'est qu'il a eu une bonne idée, Zefi ! ironisa-t-elle. Emmener mademoiselle au bal ! Pourquoi pas ! Mais si elle sait danser et pas se battre, on est tous morts ! Tu comprends ça ?! Tu es la seule à pouvoir nous sauver ! Et tu n'es pas capable de survivre deux secondes !

Je baissai la tête. Une douleur désormais familière me prit. J'aurais dû pleurer. Mais j'en étais incapable. Mon cœur se ratatina sous les yeux de Nary. Ses pupilles vertes brûlaient de colère.

Soudain, elle se ressaisit. Elle recula de quelques pas et soupira. Ses iris verts reprirent leur aspect normal.

— Je suis désolée. Ana, je n'aurais pas dû te dire ça, c'est juste que... je suis à cran. J'ai peur. Je fais des rêves, et...

Elle frissonna. Ses bras vinrent enserrer son buste comme pour le protéger. Elle ancra son regard dans le mien et lâcha :

— Chaque nuit, je me vois mourir face à la Mort. Et tu ne peux rien y faire. 


ARCHIVES octobre 2018

J'ai décidé de reprendre cette histoire ! Bonjour ! ☺️

Comme j'ai terminé le premier tome de Prédation, mon histoire de loups-garous, j'ai décidé de reprendre la publication de celle-ci, à un rythme assez lent toutefois. 🦇😁

Donc ! Vos avis ?

À bientôt ! 😊