🦇11🦇
(Version 2.0 réécrite)
Je me retournai lentement d'un air faussement ennuyé. Zefi me faisait face. Son regard de glace me happa aussitôt.
— Anastasia, suis-moi.
Il fit volte-face, emportant ses magnifiques yeux, et je secouai la tête. Non mais sérieusement, il fallait que j'arrête cette obsession pour ses iris... C'était ridicule.
N'ayant pas d'autre choix que de le suivre, je laissai la blonde et son ami dans la pièce et suivit le ténébreux Zefi dans le couloir. Il ne m'accorda pas un mot et me mena dans le labyrinthe de corridors où je commençais seulement à me repérer.
Je fixai son costume noir et m'empêchai de parler, car je mourrais d'envie de connaître notre destination. Je me doutais qu'il allait la jouer mystérieux, je ne tenais pas à lui donner satisfaction en quémandant une réponse...
Finalement, il me laissa devant ma chambre et me parla d'une voix dénuée d'émotion.
— Je te laisse de te changer, mets une des robes de la seconde armoire, celle qui est cachée dans la salle de bain.
Je fis ce qu'il demandait, n'ayant pas vraiment idée de ce qu'il tramait. Et comment pouvait-il savoir qu'une armoire était cachée dans ma salle de bain ?! Derrière le miroir, lorsque je le fis pivoter, se dévoila une armoire toute blanche. Je saisis sa poignée de métal et la tournai. Un bref cliquetis atteignit mes oreilles et elle s'ouvrit sur une penderie immense.
Un cri de surprise s'échappa de mes lèvres et je saisis dans mes doigts tremblants une robe vaporeuse entièrement rouge sang. Son décolleté en V mettait les formes féminines en avant et quelques broches d'or rehaussaient la splendeur du tissu soyeux. Une pure merveille !
Cette armoire ne semblait contenir que des robes semblables dans différentes teintes et différents tissus, mais seule la rouge accrochait mon regard à ce point. Je la trouvais plus belle que les autres...
Charmée, je l'enfilai prestement et me regardai dans mon miroir. Je ne croyais pas ce que je voyais : une belle jeune fille aux boucles d'obsidienne et aux yeux de charbon me dévisageait dans une robe rouge et or, ses joues légèrement rosées, avec un grand sourire étincelant. Ma fine cicatrice ne se voyait plus, éclipsée par le reste.
Je sortis les yeux rivés au sol de ma chambre. N'était-ce pas un peu trop ? Pourquoi m'avoir demandé de me changer ? Le stress commença à me tordre les tripes, discrètement. Je sortis de ma suite et vins vers Zefi, adossé à un mur. Je regardai furtivement son visage mais il serrait les dents et avait ce dernier tourné vers l'opposé du couloir. Je ne sus si je devais me sentir vexée ou triste. Pourquoi s'obstiner à se détourner ? Pourquoi tant de mystère ?
Il avança alors en me faisant signe de le suivre. Je lui emboitai le pas en me promettant de lui donner une bonne gifle. Ça ne se faisait pas d'ignorer les gens !
Je soufflai en apaisant la soudaine fureur qui était montée dans mon corps. Je ne devais pas perdre le contrôle... S'il se prenait un nouveau mur, je finirais par mourir de culpabilité.
Il s'arrêta devant une porte simple gravée d'un mot, mais je ne su pas le lire. Il entra sans frapper et je pénétrai à sa suite dans une chambre.
Toutes les couleurs, ici, étaient harmonieusement mariées entre elles. Le bleu et le gris s'assortissaient au noir dans un magnifique dégradé. Ce devait être la suite de Zefi, pensai-je en le voyant saisir une cruche d'eau et verser celle-ci dans deux verres de cristal.
— Je vais me changer aussi, attends ici. Ne touche à rien.
Et sur ces mots, il s'enferma dans la chambre, me laissant seule et en guise d'explications, des ordres. Je réfrénai mon envie furieuse de tout casser rien que pour me venger et bus une gorgée de l'eau fraîche mise vraisemblablement à ma disposition. Elle était délicieuse.
Reposant mon verre, je portai un regard curieux autour de moi. C'était un salon tout ce qu'il y avait de plus normal. Le canapé me sembla irrésistiblement confortable et je m'y assis avec délice. Là, je tendis l'oreille, guettant le moindre bruit signalant le retour de cet abruti. Tout de même, me planter là sans rien d'autre que « ne touche à rien »...
Enfin, lorsque j'eus compté jusqu'à cent, le jeune homme sortit de sa chambre, me laissant stupéfaite.
Il avait revêtu un costume de vampire élégant, noir comme la nuit mais orné d'une broche d'or représentant une tête de panthère. Les yeux de cette dernière brillaient comme s'ils avaient été des rubis, ce qui n'était d'ailleurs pas impossible.
Ce costume semblait avoir été taillé sur mesure, tant il lui allait bien. Il avait les yeux rivés sur sa montre, à nouveau sans m'adresser ne serait-ce qu'un coup d'œil. Une colère sourde et maîtrisée commença à monter.
— Bon, on est dans les temps. Viens. Ah ! J'oubliais. Sur la table, derrière toi, il y a une broche dorée. Fixe-la sur ton cœur. C'est important.
Je saisis la broche en me retournant en coup de vent, furieuse. Je ne savais pas ce qu'il mijotait, mais si ça durait encore longtemps, j'allais cesser de suivre ses indications et lui dire ma façon de penser. Ça ne ressemblait plus à une surprise, il avait dit vouloir me parler mais ne cessait de fuir mon regard et me donner des ordres. Une pensée s'infiltra dans ma tête. C'était peut-être un prétexte pour m'emmener dans un autre but ? ...
Mon regard s'arrêta sur le bijou splendide que je tenais entre les doigts. Ma colère reflua.
L'or fin avait été ciselé délicatement pour figurer des fleurs de lotus. Ces dernières formaient une tête magnifique de panthère, comme la sienne. Maintenant que j'y pensais, la mienne était figurée en fleurs de lotus, la sienne m'avait semblé être faite de plumes.
J'accrochai le bijou fermement au buste de ma robe, à l'emplacement du cœur. Ensuite, je me retournai.
Zefi n'avait pas bougé et fixait la porte d'un air absent. Il dit en l'ouvrant :
— Suis-moi, nous sommes attendus.
Je serrai les poings. Mais avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, il s'était éclipsé dans le couloir. Je me mis le suivre furieusement, ruminant entre mes dents.
Il franchit quelques portes qui menaient à d'autres couloirs, puis, enfin, s'arrêta devant une porte plus grande que les autres. Elle était ornée de symboles jaunes, du même style que ceux sur la porte qui menait à la Terre. Ce n'était pas rose ni vert, aussi je ne sus pas où Zefi comptait me conduire. Nary n'avait pas cité le jaune.
Piquée par la curiosité, je faillis lui demander où elle menait mais il souffla cette envie naissante d'une phrase.
— Ne me demande rien et ferme les yeux Anastasia.
Je gardai ceux-ci ouverts d'un air obstiné.
— S'il te plaît... C'est une surprise.
Je flanchai. Après un soupir, je baissai les paupières. Je sentis une main se glisser dans la mienne et me tirer vers l'avant. Après une brève résistance, je me laissai entraîner et sentis que l'on franchissait la porte lorsque l'impression de chuter me prit à la gorge.
Après m'être réceptionnée maladroitement sur mes pieds, je passai une main sur ma robe pour la lisser - même si elle n'avait sans doute pas bougé et que je ne la voyais pas - et Zefi posa une de ses mains sur mes yeux en soufflant :
— C'est pas encore fini, Anastasia.
Il me poussa doucement dans le bas du dos et je me mis à marcher, le rouge colorant mes joues, accompagné d'une brusque chaleur. Je me mis à avancer afin de rompre le contact avec la main du vampire.
Après quelques mètres, il m'arrêta, et murmura près de mon oreille :
— Tu peux regarder.
Quand ce fut fait, une salle splendide se déroula sous mes yeux émerveillés. Une foule de gens scintillants dansaient, parlaient et riaient dans l'espace qui ressemblait à une salle de bal dorée. Nous étions sur une sorte de balcon, ou de palier, car des escaliers serpentaient de chaque côté pour mener à la piste de danse. Un lustre de cristal ou de diamant illuminait tout d'une lumière douce et chaude, éclairant des fenêtres immenses couvrant tous les murs, avec vue sur la nuit et un jardin décoré de fontaines. Je mis mes mains devant ma bouche en étouffant une exclamation.
— Où sommes-nous ? demandai-je d'une voix exaltée.
Zefi regardait les gens en bas de l'escalier. Il tourna enfin son regard magnifique sur moi, et, alors que je m'y perdais, il répondit.
— Chez les Métamorphes.
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