2. Retrouvailles
PDV Chiara
Quand nous entrons, l'endroit est quasiment plein. Ethel et moi nous asseyons à une table et je cherche désespérément Raphaël du regard. C'est là que je le vois. Il est en train de servir un café à un business man.
Il n'a vraiment pas changé. Sa gentillesse, sa façon d'être...Non, rien a changé.
Son allure athlétique contraste avec sa tenue. Ce dernier porte un T-shirt blanc ainsi qu'un tablier noir. Ce tablier en question comporte des poches pour y mettre un bloc note et un stylo, qui sont en ce moment dans ses mains.
Lorsqu'il remarque notre présence, son sourire déjà présent s'élargit. Il se dirige instinctivement vers nous, tout en passant la main dans ses cheveux blond vénitien.
— Alors ça, je ne m'y attendais pas ! Comment vous allez, vous deux ?
Il pose vivement sa question et m'adresse un coup d'œil, comme s'il ne s'adressait qu'à moi. Je soutiens son regard. À cet instant, je jurerai voir ses joues rosir.
Nous lui répondons positivement et je lui retourne la question. Il me dit qu'il va bien et que cela lui fait plaisir de me voir. Suite à l'entente de ces mots, Ethel me donne une œillade complice.
Il finit par nous demander ce que l'on veut prendre. Je commande un latte macchiato et Ethel, un thé noir aromatisé à la mûre. Aussitôt la commande passée, Raphaël nous sourit et s'éclipse. Pendant que nous attendons d'être servies, Ethel me demande :
— Alors ?
Elle jubile. Je ne comprends pas. Où veut-elle en venir?
— Alors quoi ?
Elle souffle et remet une mèche de ses cheveux aux reflets blonds derrière son oreille.
— C'est le coup de foudre ?
Je soupire. Elle sait très bien ce que j'en pense et elle continue de m'interroger.
— Ethel...
Celle-ci lève ses deux mains, en signe de capitulation.
— Ok...Ok! J'arrête. Changeons de sujet.
Elle reprend un air sérieux et poursuit en me questionnant sur l'emménagement dans mon nouvel appart.
En effet, je ne vis actuellement pas dans mon propre appartement, comme le seraient peut-être pratiquement toutes les personnes de mon âge. Non, je vis encore chez mes parents, à Brooklyn. Suite au drame, j'avais encore besoin d'eux, de leur chaleur humaine. Mais à présent, je ressens un tout autre besoin : celui de voler de mes propres ailes.
Je leur ai donc annoncé il y a quelques mois que je voulais me prendre un appartement, et contre toute attente, ils ont su se montrer compréhensifs. Grâce à mes économies, j'emménagerai d'ici deux mois dans un quartier de l'île de Manhattan. J'ai beaucoup de chance de voir mon rêve se réaliser.
Niveau boulot, j'ai mis mes études de côté depuis deux ans. Je ne me sentais pas capable de continuer ni d'affronter le regard des gens. Pour combler le manque d'expérience professionnelle, j'aide ma mère dans une petite supérette à Greenwich Village, toujours à Manhattan. Et sans mentir, c'est comme si j'avais mis ma vie entre parenthèses. Comme si elle était en pause depuis l'accident. Mais elle n'attend maintenant qu'une chose : du changement.
Raphaël revient vers nous avec notre commande. Le latte est délicieux quant à Ethel, elle n'a pas l'air d'être déçue de son thé. De toute façon, cette cafette est une valeur sûre. C'est indéniable.
Nous continuons de discuter pendant une bonne demi-heure. Ethel se montre curieuse et émotive. Je peux en dire autant à mon égard ; il faut avouer que mon amie a le sens de la conversation.
Avant que l'on parte, Raphaël me propose de le revoir la semaine prochaine et de lui confirmer par texto, au cas où je ne pourrai pas venir à cause d'un éventuel empêchement.
Sur le point de se quitter, Ethel regarde ses ongles vernis. Elle repose ensuite ses yeux gris sur moi puis ouvre la bouche. On dirait qu'elle s'apprête à me parler, mais aucun son ne sort. Tout ce que j'entends sont les klaxons des voitures, qui font écho dans la rue.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Je lui demande.
Elle me sourit. Mais ce sourire n'est pas comme d'habitude, joyeux, communicatif... Non. Il est plein d'émotion.
— Non...Rien. C'est juste que...
Je prends sa main dans la mienne pour l'encourager à poursuivre.
— Tu peux tout me dire.
— En fait, je voulais te dire que j'étais heureuse de t'avoir rencontrée. T'es vraiment une personne en or.
Je l'observe quelques instants, sans dire le moindre mot. C'est la première fois qu'elle me dit une telle chose. Elle ne peut pas savoir à quel point ça me donne du baume au cœur d'entendre son aveu.
— Toi aussi, Ethel.
***
Enfin arrivée devant ma résidence, j'ouvre la porte principale et monte plusieurs escaliers. Je me retrouve au dernier étage et introduis ma clé dans la serrure. J'entre. C'est ici, dans cet appartement de taille moyenne que mes parents, ma petite sœur âgée de dix-sept ans et moi habitons. Sans compter notre chien, Pepper. C'est un cavalier King Charles.
J'enlève mes Converses et les mets dans le coin à chaussures. Je salue ensuite ma mère et mon père qui sont assis sur le canapé, regardant un film d'action. Ils sont en week-end, tout comme moi. Ces derniers tournent la tête vers moi, et me demandent si la thérapie s'est bien passée. Comme à mon habitude, je leur réponds par un "oui" affirmatif. Puis Pepper vient me faire la fête et demande des caresses, que je lui donne volontiers. Il est très câlin.
Concernant ma sœur, elle est à son cours de danse contemporaine. Elle n'a d'yeux que pour cette discipline depuis son enfance. Son rêve est d'intégrer la plus prestigieuse des écoles de danse de New York; c'est-à-dire la Juilliard School. C'est tout ce que je lui souhaite.
Lorsque j'entre dans ma chambre, la première idée qui me vient en tête est de lâcher mon sac et de m'affaler sur mon lit. Mon corps rebondit sur la surface moelleuse. Je souffle quelques instants. Entre temps, je repense à ce qu'Ethel m'a dit tout à l'heure.
《 T'es vraiment une personne en or. 》
Je souris. Elle est tellement adorable...Adorable et toujours positive, malgré ce qu'elle a dû endurer ces dernières années. C'est une vraie battante.
Je finis par me mettre en position assise, et essaye de relever mes cheveux noirs en un chignon.
Une fois fait, je sors mon portable du sac. J'appuie sur le bouton d'accueil et regarde l'heure qui est affichée sur l'écran. Il est dix-huit heures. Déjà ? Le temps passe vite.
J'enlève ma veste en jean afin de me mettre plus à l'aise et la met sur un cintre, que je range ensuite dans ma petite armoire en bois.
En voulant me diriger vers mon piano, je trébuche malencontreusement sur un carton. Je grimace. Il n'y a pratiquement que ça dans ma chambre dû à mon déménagement, mais non, je réussis quand même à manquer de tomber à cause d'un fichu carton. Que je peux être maladroite, parfois.
Je finis par m'installer confortablement contre le siège situé juste en face du piano. Je commence à jouer les premières notes du titre «Fly» de Ludovico Einaudi. C'est une composition difficile à maitriser, mais elle représente beaucoup pour moi. Elle transmet un tas d'émotions. Elle me transporte dans un autre monde. Au fur et à mesure que je continue le morceau, la hargne et la nostalgie me gagnent. Je repense à tous ces moments de complicité que je pouvais avoir avec ceux qui ne sont maintenant plus.
Le piano est une véritable échappatoire.
J'avais déjà testé le conservatoire lors de mes onze ans, mais ça ne me plaisait pas. Je préférais davantage apprendre seule. Et la détermination ainsi que l'envie de ressentir des émotions à travers cet instrument ont fait de moi une jeune femme passionnée.
_____________________________________________
Hey!
J'espère que ce chapitre vous a plu!
Alors non, Hadrien n'est toujours pas là ;) Mais c'est pour bientôt hehe.
Il n'y a pas eu beaucoup de dialogue. En effet, j'ai voulu "poser" la situation, le contexte.
Dites moi ce que vous avez pensé de ce chapitre ici 😘
À plus pour la suite 😏🔥🔥🔥
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top