1. Confessions

" La perte d'un être cher fait dans le cœur un trou béant qui ne se refermera jamais entièrement."

PDV Chiara

—  Alors, qui veut commencer ?

Andrew Flynn, l'organisateur de ces rencontres, attend une réaction de notre part. Ce dernier a la trentaine, est assez petit et porte des lunettes. Il a une bonté inestimable et j'en suis très reconnaissante. C'est en réalité l'un des hommes les plus admirés de New York.

Je regarde autour de moi. Personne n'a l'air de vouloir sauter le pas. Certains visages sont fermés, peut-être rongés par la peur de devoir se confier pour la première fois. Contrairement à eux, j'y suis bien habituée.

Après de longues secondes qui paraissent durer une éternité, une main se lève.

—  Moi, fait une blonde aux yeux verrons.

—  Je vous en prie, levez-vous, répond Andrew avec un sourire bienveillant.

La concernée se lève de sa chaise et remet maladroitement sa jupe en place. Elle est très mince. C'est la première fois que je la vois ici.

—  Présentez-vous au groupe, poursuit Andrew.

La jeune blonde prend une grande inspiration. Elle entremêle ses doigts par nervosité.

—  Ok...Donc je m'appelle Felicia Monroe, j'ai dix-huit ans et je suis atteinte d'anorexie depuis quelques années.

Elle fait une pause, puis continue d'une manière crispée:

—  Je ne compte plus le nombre de fois où j'ai été hospitalisée et critiquée à cause de ma maladie.

—  Et comment vous sentez-vous aujourd'hui ? Questionne le thérapeute.

—  Plutôt bien. Enfin ce qui est sûr, c'est que je suis sur la bonne voie. J'essaye d'avancer, et de prendre du poids. C'est toujours un peu difficile, mais je pense que j'ai fait un bon choix de m'inscrire ici, répond-elle calmement.

Andrew bouge légèrement sa tête, en signe de compréhension.

—  Je comprends. En tout cas je vous souhaite la bienvenue dans ce groupe.

Sur ces mots, cette dernière sourit timidement et reprend sa place.

—  Quelqu'un d'autre veut s'exprimer ? Reprend-il.

—  Moi.

L'homme relève instinctivement sa tête dans ma direction et hausse les sourcils, étonné par cette spontanéité que j'avais un peu perdue ces derniers temps.

—  Allez-y Mademoiselle Davidson.

Je me lève.

—  Je suis Chiara Davidson, j'ai vingt-et-un ans, articulé-je.

Je marque un temps d'arrêt. Le groupe attend que je poursuive, alors je me lance.

—  Il y a un peu plus de deux ans, le jour de mon anniversaire, deux personnes qui m'étaient très chères ont succombé à un accident de voiture. Je n'ai pas réussi à m'en remettre. C'était comme si on m'avait déchiré le cœur en mille morceaux.

Même si je vais bien mieux, je ne veux pas en dire plus. Ce qui s'est passé cette soirée-là était assez traumatisant comme ça. De toute façon je n'ai jamais rien raconté dans les détails...Je garde ça pour moi.

Je remarque que les quelques nouvelles personnes semblent être choquées, attristées. Les autres, Andrew y compris, n'éprouvent rien d'autre que de la compassion. Ils me connaissent depuis longtemps et savent ce que j'ai traversé.

Depuis que ma mère m'a inscrite à cette thérapie de groupe, je me suis fait quelques amis, dont Ethel Brown. Elle est en ce moment même assise juste à côté de moi.
Cette dernière a un an de plus que moi, et a sombré dans la drogue il y a quelques années suite au divorce de ses parents. Depuis, elle s'est rétablie. Elle a peut-être eu des mauvaises passes, certes, mais elle en a fini avec toute cette merde. Désormais, tout ça est derrière elle.

Au départ, je pensais que ce genre de thérapie était une idée complètement inutile, qui n'améliorerait en rien mon état. Mais je me suis trompée sur toute la ligne. S'en était même devenu une nécessité.

Ce malheureux événement m'avait complètement détruite. Mes journées n'étaient plus si productives qu'elles l'étaient avant le drame. En effet, je passais soit mes journées cloîtrée dans ma chambre, à ressasser tous les souvenirs que j'avais de mes deux anciens acolytes...Ou alors je me mettais à jouer du piano, sur celui qui m'avait été offert pour mes dix ans. Cela m'aidait à extérioriser ce que je ressentais. Depuis, il ne me quitte plus.

Ces rencontres organisées tous les samedis étaient en fait ma lumière. Mon seul moyen de tourner la page et d'en créer une nouvelle. Grâce à ça, je me suis reconstruite. Je suis devenue plus forte et j'ai recommencé à reprendre goût à la vie, après deux longues années difficiles.

Cette sombre période de ma vie est maintenant devenue une cicatrice du passé.

***

Le reste de la thérapie passe à une vitesse ahurissante. Une heure s'est déjà écoulée depuis mon passage. Je n'ai pas vu le temps passer.

Une fois la réunion finie, je descends les escaliers et me dirige vers la sortie de l'établissement. Je pousse la porte métallique et m'apprête à extirper mon portable et mes écouteurs de mon sac, quand une main se pose sur mon épaule. Je me retourne. C'est Ethel.

Attends ! Ça te dirait qu'on aille se boire quelque chose à la cafette ? Ça fait un bail qu'on y est pas allées ! Elle me demande, toute joyeuse.

Comment refuser une telle proposition quand celle qui demande n'est personne d'autre qu'Ethel ?

—  Oui pourquoi pas. Ton frère est de service, aujourd'hui ?

Cela fait longtemps que je n'ai pas vu Raphaël, son frère âgé de vingt-cinq ans. Contrairement à sa sœur, il a un peu mieux vécu le divorce de ses parents.

Pour être honnête, Raphaël est une personne très attachante et pleine d'humour, malgré le fait qu'il soit de personnalité timide aux premiers abords. Mais ça ne le rend que plus attirant, en soi. Et je dois avouer qu'il me manque un peu. La dernière fois que nous nous sommes vus, c'était pendant une sortie à Central Park, en plein mois de Juin. C'est-à-dire il y a trois mois.

—  Ouais. Il bosse jusqu'à vingt heures je crois, fait-elle d'un ton neutre.

—  Cool. Enfin je veux dire, je serai contente de le revoir.

Ethel reste silencieuse, puis commence à plisser légèrement les yeux. On dirait que quelque chose la perturbe.

—  Mh...T'as un béguin pour lui, c'est ça ? Demande-t-elle avec un léger rictus apparaissant sur ses lèvres.

Depuis notre rencontre, Raphaël a toujours été un homme formidable. Je ne peux pas le nier. Mais de là à avoir le béguin pour lui... ça je ne sais pas. Je suis trop indécise; c'est d'ailleurs l'un de mes principaux défauts. Au final, je me laisse toujours guider par mon cœur. Donc c'est lui qui tranchera.

Je ne sais pas. Peut-être, réponds-je en haussant les épaules.

Elle me sourit.

—  Raphaël saura te rendre heureuse. J'en suis persuadée.

—  Je ne sais même pas si il est intéressé, lui rétorqué-je en arquant un sourcil.

Ethel penche la tête sur le côté.

—  Tu rigoles ou quoi ? Il ne fait que me parler de toi. Faudrait que je l'enregistre un jour pour que je te montre à quel point tu te trompes.

Je roule des yeux tout en ayant un sourire plaqué sur mes lèvres.

—  Tu vas me faire rougir avec ce que tu me dis. Bon, sinon on y va ? L'heure tourne!

—  J'en connais une qui est pressée de le revoir.

Elle me taquine. Je lui donne une tape amicale sur son épaule et elle rigole.

Chut. Allons-y.

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Hey !

J'espère que ce premier chapitre vous a plu. (je sais pas trop quoi en penser)

Mais qui sont ces fameux acolytes? Des idées? Je laisse encore beaucoup de mystère sur leur identité. Pareil pour le "contexte" de l'accident. Donc si vous vous questionnez, c'est normal ;)

Et where is Hadrien? Uhuh il arrive bientôt. Et ça va être fracassant.

Et c'est qui Raphael? Va-t-il être problématique dans l'histoire?

Dites moi ce que vous avez pensé de ce chapitre ici 😘

Instagram📸: Laudazzly

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