Chapitre 18
PDV Thomas
-Tu te souviens quand on venait ici le soir à la tombée de la nuit ?
Léa se tourne vers moi, le sourire aux lèvres.
-Bien sûr. Comment je pourrais oublier, me répond-elle. Après le dîner, on fermait nos chambres à clé et on faisait le mur pour se retrouver ici parce que nos parents considéraient que c'était trop tard pour sortir.
-On s'est jamais fait griller, complétais-je en rigolant.
Me retrouver ici, devant le parc situé pas loin de ma maison d'enfance, fait remonter un paquet de souvenir en moi. Les balançoires où on aimait se retrouver Léa et moi sont toujours là. Leurs couleurs ont perdu de leurs éclats depuis le temps mais elles tiennent bon. Je nous revois tous les deux, en train de nous balancer sur ces balançoires, après avoir filé en douce de chez nous une fois la nuit tombée. On se retrouvait ici pour échapper à nos parents et tous leurs problèmes un petit instant. C'était notre moyen à nous de nous couper du monde et tout oublier. On regardait les étoiles dans le ciel obscur et on se balançait le plus haut possible comme pour essayer de les attraper.
Puis rapidement on rentrait chez nous avant qu'on ne découvre notre disparition. Ce moment était toujours le plus difficile. Mais à chaque fois on se promettait de revenir le lendemain.
Mais tout ça s'est arrêté le jour où nos problèmes ont décidé de nous écraser pour de bon. Depuis ce jour là, on n'est plus jamais revenu ici le soir.
Aujourd'hui, en revoyant cet endroit, la magie de ce lieu a disparue pour faire place à de la nostalgie. Parfois j'aimerais remonter le temps pour retrouver ces moments d'intimité qu'on avait. Mais d'un autre côté je ne savais pas encore tout ce qui allait me tomber sur la tête et je me dis qu'aujourd'hui, le plus dur est passé.
Léa s'approche des balançoires et s'assoit sur l'une d'elle avant de me faire signe de la rejoindre. Je m'approche doucement et m'assois sur celle à côté. Les chaînes ont rouillé et grincent lorsqu'on bouge.
-Ça a beaucoup changé, fait-elle remarquer en brisant le silence.
-On a beaucoup changé, ajoutais-je.
-C'est pas faux.
Nous nous taisons à nouveau pour savourer ce moment. Léa se met alors à se balancer. D'abord lentement puis de plus en plus fort.
-Aller Thomas !! s'exclame-t-elle pour me pousser à l'imiter.
Je secoue la tête en rigolant.
-Ne me dis pas que t'es trop vieux pour ça, sinon ma chaussure va accidentellement arriver sur ta tête ! réplique-t-elle en appuyant bien sur le mot accidentellement.
J'attrape les chaînes et commence à me bercer doucement. Quelques minutes plus tard nous nous retrouvons, comme quand nous étions petits, à nous chamailler pour savoir qui arrive le plus haut. Nous nous arrêtons quand nous rigolons tellement, que nous sommes essoufflés et n'avons plus de force.
Après avoir récupéré notre souffle, Léa reprend la parole.
-Ça m'avait manqué...
-Moi aussi, confiais-je.
-Bon ! On va rester là toute la journée ?!Ou on continue notre balade ?! s'exclame-t-elle tout à coup en se levant.
-À vos ordres commandant, me moquais-je en me levant à mon tour.
Le fort caractère de Léa m'a toujours plu et fait rire. Elle dit toujours ce qu'elle pense et ne se laisse jamais faire. Elle peut tenir tête à un mec qui fait deux têtes de plus qu'elle et ne pas flancher.
On reprend alors notre balade en ville en se remémorant des passages de notre enfance qui nous ont marqués, comme la boulangerie à laquelle on allait acheter nos goûter en rentrant de l'école. Aujourd'hui la boulangerie n'existe plus et l'endroit a été transformé en agence immobilière.
On décide de s'arrêter à un café. Je commande pour ma part un smoothie et une gaufre et pour Léa un chocolat chaud et un brownie. Je me surprends à penser à Julia qui aurait commandé la même chose. Ces deux là se ressemblent beaucoup quand j'y pense. Je me demande ce qu'elle est en train de faire en ce moment ? Est-ce qu'elle est en train de faire un bowling avec les autres ? Ils nous ont invités également à venir, Léa et moi, mais nous avons préféré rester tous les deux aujourd'hui. Pour retrouver ces moments d'enfance que nous avons perdu.
-Ah d'ailleurs, j'ai oublié, t'as le bonjour de mes parents, m'annonce Léa en me coupant de mes pensées.
-Tu les salueras de ma part en rentrant, lui répondis-je.
Ça fait longtemps que je ne les ai pas vu. Depuis qu'ils sont parti en France en fait. Il y a six ans. Et ils ne sont jamais revenu ici. Pas une seule fois. Même s'ils prennent de mes nouvelles de temps en temps. Quand j'étais petit je passais beaucoup de temps chez Léa. C'était devenu comme ma deuxième maison. Ça ne les dérangeait pas que je vienne chez eux. Ils avaient l'habitude.
-Et toi..., reprend-elle un peu plus tendue.
Je relève la tête de mon smoothie pour la fixer. Son ton est étrange.
-Ton père est toujours...
-Oui, la coupais-je sèchement en sachant déjà la suite de la question.
Le silence retombe instantanément tandis que Léa fixe sa tasse.
-Je suis désolé, je voulais pas... reprend-elle doucement.
-Non, c'est moi qui suis désolé... C'est juste que je veux pas en parler c'est tout, expliquais-je plus calmement en passant ma main dans mes cheveux.
Elle hoche la tête avant de prendre une bouchée de son brownie. Je l'imite en mordant dans ma gaufre et notre pause goûter se termine dans le silence le plus complet.
Une fois terminé on sort dehors pour continuer notre promenade. Tandis que nous marchons en discutant, le malaise présent disparaît totalement pour laisser place à nouveau à notre complicité habituelle.
On est interrompu par la sonnerie de mon téléphone qui m'indique l'arrivée d'un nouveau message. Je le sors et le lis.
-C'est un message de Maxime qui me dit qu'ils ont fini leur partie de bowling et qu'ils vont chez lui. Il nous dit qu'on peut venir si on veut.
Je relève la tête pour l'observer et voir ce qu'elle en dit.
-J'aurais adoré, commence-t-elle, mais mes parents m'ont demandé d'apporter des papiers à leur anciens collègues de travail. Je dois bientôt y aller.
-Tu joues au facteur ? ricanais-je.
-On peut dire ça comme ça, rétorque-t-elle en me frappant gentiment.
-Je te dépose ? la questionnais-je.
Elle accepte et on se dirige donc vers le parking ou l'on s'est garés en venant. On monte et je démarre. Durant le trajet on continue de discuter de tout et de rien jusqu'à ce qu'on arrive devant le cabinet d'avocat de la ville.
-À ce soir, fait-elle en descendant de voiture, on se retrouve chez toi.
-Ok, t'as les clés c'est bon ? l'interrogeais-je pour être sûr qu'elle ne se retrouve pas bloquée dehors en rentrant.
Elle sort son trousseau de clés et le secoue devant mon visage pour me les montrer.
Je secoue la tête en rigolant et elle se détourne pour entrer dans le bâtiment. Je redémarre et roule en direction de la maison de Maxime.
Je me gare et entre dans la maison sans frapper. Ça fait bien longtemps que Maxime et moi rentrons chez l'autre comme si c'était chez sois.
Des cris et des rires se font entendre un peu partout dans la maison. J'entends la télé en fond sonore. J'arrive dans le salon et vois Maxime qui porte Julia sur son dos. Il court dans tous les sens en sautant partout. Et elle, se cramponne le plus possible à lui pour ne pas tomber. Voir cette scène me rembruni. Ils ont l'air tellement proche. Et Aaron et Cathy qui ne font que les encourager en rigolant n'arrange pas les choses.
Je reprends contenance rapidement. Ce ne sont pas mes affaires. Ils font se qu'ils veulent. Plus Julia sera loin de moi mieux ça sera. Pour elle comme pour moi.
-Ah Thomas t'es là ! s'écrie Cathy en m'apercevant.
-Ouais j'ai eu le message de Maxime.
-Léa n'est pas là ? me demande ce dernier en s'approchant.
Il a reposé Julia au sol et cette dernière reste un peu en retrait.
-Non elle avait un truc à faire, annonçais-je sans entrer dans les détails. Vous vous êtes bien amusés ?
-Je suis arrivée dernière au bowling, me rapporte Cathy. Mais ça c'est pas nouveau.
Ils continuent de me décrire dans les détails leur après-midi tandis que nous nous dirigeons vers les canapés pour nous installer. Mais alors que Maxime raconte une anecdote, Aaron l'interrompt soudainement.
-Hé ! Écoutez !!
Il attrape la télécommande de la télévision et augmente le son du journal télévisé qui passe actuellement.
-... a été retrouvé en début d'après midi au fond d'un lac, au Nord Ouest de la ville de Brighton, par des plongeurs. D'après la police scientifique il s'agirait du corps de Wyatt Davis, porté disparu il y a plus de deux mois et toujours introuvable. Il faudra attendre le retour de l'autopsie avant de pouvoir être certain de l'identité de l'individu. Quand au coupable, la police espère avoir quelques pistes rapidement et recommence à interroger les habitants pour pouvoir continuer l'enquête...
Un silence de plomb tombe sur le salon. Chacun encaisse le coup et tout ce que cela implique.
Je me prend le visage entre les mains et reste immobile.
Tout ça ne sent pas bon. Pas bon du tout.
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