Chapitre 25 ( nouvelle version )
Engy
— Écarte-toi, je vais tirer sur la chaîne. On va se dépêcher, on pourra partir avant qu'il arrive.
Mon ami remarque que je ne m'écarte pas. Il ne comprend pas et perd patience. Il m'attrape les épaules et me secoue.
— Qu'est-ce qui te prend ? T'abandonnes ? Qu'est-ce qui t'arrive ?! Bouge !
— Je ne viens pas avec toi, Dustin.
Le son de la Challenger se rapproche dangereusement.
Elle doit filer à vive allure dans le sentier.
— T'as le putain de syndrome de Stockholm ou quoi ?!
— Absolument pas !
— Mais réveille-toi ! T'es enchaînée ! Bordel ! Tu viens avec moi !
Il s'écarte pour tirer sur la chaîne qui traîne sur le plancher. La première balle ricoche à côté. Agité, il appuie une seconde fois sur la détente et rate encore sa cible.
— Arrête, Dustin ! Tu ne comprends pas ! Il arrive ! Si on fuit, il me rattrapera ! J'ai déjà essayé, crois-moi ! T'as plus de chance en étant seul !
— Je suis armé ! fulmine-t-il.
— Mais lui aussi ! Et c'est son job de traquer et de tuer ! Je veux pas te voir mourir !
— Je vais pas mourir ! Lui, si !
— Tu vas mourir, Dustin !
Je me laisse tomber sur les genoux, réalisant la gravité de sa présence ici. Jamais Jaylen ne va le laisser repartir chez lui.
— Putain, Engy ! Arrête de pleurer ! Je vais... laisse-moi réfléchir ! Je vais... regarde... je vais me placer devant la porte d'entrée, et quand il entrera, je le buterai ! D'accord ?!
— La meilleure chose que tu puisses faire, c'est t'enfuir sans moi. Je t'assure ; et sans ta voiture, sinon il va faire sauter ta caisse ou te pourchasser jusqu'à ce que tu fasses une embardée et que tu meures.
— Déconne pas !
— Dustin, ils m'ont laissé savoir que peut-être ils auraient installé un dispositif sous ta caisse. Si jamais tu causes problème, ils te feront disparaître. Dustin... C'est plus compliqué que tu ne le penses. Il y a aussi leur père. Ces gens trempent dans un réseau criminel.
Énervé, il commence à faire les cent pas.
Il ouvre le chargeur de son arme et commence à jurer.
— Putain ! Fait chier ! Putain de merde ! C'est pas vrai !
Il hurle nerveusement comme je ne l'ai jamais entendu.
Même son timbre de voix ne lui ressemble plus.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
— J'ai plus de munitions ! C'est le pistolet de mon père, j'ai pas regardé combien de balles y'avait !
— Dustin, va-t'en. Je vais le retenir le plus longtemps possible. Trouve la ville, alerte les flics. Y'a aucune issue.
— Et ce fils de pute va en profiter pour te tuer ! Y'a ma bagnole devant ! Il va savoir que tu m'as laissé filer ! Que je vais alerter les flics ! Et il a été clair : si je vais voir les autorités, il te tue ! J'ai même dû mentir à ta mère pour pas qu'elle s'inquiète de ton absence, en lui disant que tu passais du temps chez moi, pour être sûr qu'elle ne soupçonne pas qu'il t'est arrivé quelque chose et qu'elle contacte les flics ! Sinon tu serais morte ! J'ai pris l'arme de mon père et j'ai choisi de te retrouver ; le seul moyen, c'est de mettre un terme à sa vie ! Il savait que j'allais venir, c'est lui-même qui m'a laissé ta localisation. Le souci, là, c'est que je n'ai rien pour me défendre !
Ses yeux sont injectés de sang. Une veine décore son front.
Je ne savais pas qu'il avait déjà parlé avec Jaylen...
Il est en train de craquer.
— Dust...
Il est trop tard, la Challenger se gare prestement à côté de la cabane. Les aboiements de Box ne cessent pas une seule seconde. Ça en devient étourdissant. J'ai du mal à réfléchir.
Je fixe mon ami. Est-ce la dernière fois que je le vois ? Je n'entends pas la portière, ni les pas de Jaylen, ni même la porte d'entrée s'ouvrir.
Dustin va pour s'approcher de la porte et je le retiens, en sortant de la chambre.
— Attends ! J'ai un couteau...
— Donne-le-moi, je vais égorger ce salopard.
Je pars dans la chambre, Dustin me suit, mais il reste dans l'encadrement de la porte tout en gardant un œil sur l'entrée en la visant de son arme, afin de surprendre Jaylen.
Je relève le drap et commence à fouiller dans le trou du matelas quand soudain, un bruit me fait sursauter : je découvre avec stupeur Jaylen qui enfonce une aiguille dans le cou de Dustin et celui-ci s'effondre lourdement par terre !
Je ne sais pas d'où il vient, mais Jaylen n'est pas passé par l'entrée principale.
Je réalise que j'ai le couteau dans la main alors sans attendre, je le cache dans mon dos. Lorsqu'il relève la tête vers moi, ses yeux m'incendient. Une sueur perle sur son front. Il passe une main dans sa tignasse noire pour replacer les mèches qui tombent sur son front.
— Ne lui fais pas de mal, je...
— Ferme ta gueule, me somme-t-il.
— Je ferai tout ce que tu voudras si tu le laisses partir ! Il ne dira rien !
Voyant que je riposte, Jaylen enjambe le corps inconscient de mon ami et charge vers moi. Je recule, mon dos heurte le mur, je suis à deux doigts de laisser échapper le couteau dissimulé dans ma main. Jaylen saisit ma mâchoire. Les doigts tatoués de sa main droite écrasent mes joues. C'est à quelques centimètres de mon visage qu'il exhorte :
— Je crois qu'il y a un truc que tu ne piges pas. Quand je te dis de te taire, bah alors, trésor, tu fermes ta putain de gueule, sinon je te bâillonne. Ton ami et moi, on va gentiment aller discuter.
En me relâchant brusquement, il me laisse avec une crampe à la mâchoire. J'observe Jaylen attraper les chevilles de mon ami, tirant son corps vers la sortie.
Je suis poussée par mon instinct : je fonce vers Jaylen, brandissant le couteau. Soudain, il fait volte-face et frappe mon bras. Dans mon élan, le poignard m'échappe et plane dans la pièce. Sa main s'enroule autour de ma gorge et la seconde suivante, mon dos heurte violemment le mur, laissant la charpente de la cabane tremblante. Mes poumons émettent un gémissement de supplice avant de se bloquer sous le choc.
Son visage n'est qu'à un centimètre du mien. Sa respiration est si puissante que mes cheveux s'écartent de mon visage.
Il se retient à un tel point qu'une veine serpente son front. Son visage est presque rouge de colère. Il envoie un coup de poing dans le mur, tout près de ma tête.
Je ne réalisais pas que mes pieds ne touchaient pas le sol jusqu'au moment où il relâche ma gorge et que je m'effondre par terre.
Ma vision est trouble, mon souffle toujours compressé. J'essaie de reprendre mon air tout en regardant Jaylen s'approcher à nouveau de Dustin, balancer son corps sur son épaule et disparaître...
Quand ma vision devient plus claire, je constate qu'il m'a laissé le couteau sur le parquet. Il ne me croit vraiment pas capable de l'atteindre. J'arriverai à faire couler son sang.
Il me met au défi...
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